Ukraine. Davantage de tirs de missiles, de plans d’attaque, et d’artillerie. Le moral des troupes est atteint


Par Moon of Alabama – Le 17 décembre 2022

Hier :

La Russie a lancé des dizaines de missiles visant l’infrastructure énergétique ukrainienne vendredi matin, mettant hors service les systèmes de chauffage dans les villes du pays, alors que les températures descendent bien en dessous de zéro, et incitant la compagnie nationale d’électricité à imposer des coupures d’urgence généralisées.

La Russie a lancé 76 missiles sur des cibles d’infrastructures critiques dans toute l’Ukraine et les défenses aériennes ont réussi à en abattre 60, a déclaré le commandant en chef des forces armées ukrainiennes, le général Valeriy Zaluzhnyi, dans un communiqué.

Seize missiles ont réussi à atteindre leurs cibles. Le reste du rapport mentionne plusieurs des zones visées. Mais ces chiffres s’additionnent pour donner plus de 16 missiles :

Le ministre ukrainien de l’énergie, Herman Galushchenko, a déclaré que neuf installations de production d’électricité avaient été endommagées, selon l’agence de presse Ukrinform. Il a également déclaré que les stations et sous-stations correspondantes qui transmettent l’électricité avaient subi des dommages.

À Kharkiv, dans le nord-est de l’Ukraine, 10 missiles ont frappé la ville, endommageant des infrastructures essentielles, selon un responsable local.

Des missiles ont également endommagé des infrastructures et touché un immeuble résidentiel dans la ville centrale de Kryvyi Rih, ville natale de M. Zelensky.

L’attaque était manifestement plus importante que ce qu’a affirmé le général Zaluzhnyi. Ou le nombre de missiles abattus était erroné.

Cela devrait également être évident pour les auteurs et les rédacteurs de l’article cité, mais ils n’en disent rien.

Le ministère russe de la défense n’a pas communiqué de chiffres précis, mais a affirmé que des leurres avaient délibérément participé à la frappe :

Le vendredi 16 décembre, les postes de commandement militaire, les systèmes de défense, le complexe industriel de l’Ukraine, ainsi que les installations énergétiques qui les soutiennent, ont été frappés par une frappe massive d’armes de précision à longue portée, aéroportées et maritimes. L’objectif de cette frappe a été atteint. Toutes les cibles assignées ont été neutralisées. La frappe a empêché le transfert d’armes et de munitions de fabrication étrangère, bloqué le mouvement des réserves vers les zones de combat et arrêté les entreprises de défense ukrainiennes qui produisent et réparent des armes, des équipements militaires et des munitions. Pour gêner la riposte des systèmes de défense aérienne ukrainiens et occidentaux, des ressources importantes ont été consacrées à des leurres délibérément lancés.

Dans le même temps, quatre stations radar des systèmes de défense aérienne ukrainiens S-300 dans les localités d’Andrusovka et de Pridneprovskoye (région de Dnepropetrovsk), ainsi que de Novotavricheskaya et de Nikolay-Pole (région de Zaporozhye), ont été repérées et détruites. En raison des actions non professionnelles des unités de défense aérienne ukrainiennes, des infrastructures civiles au sol ont été endommagées.

Les forces russes envoient d’abord des drones bon marché de conception iranienne comme leurres, puis enchaînent avec de véritables missiles de croisière. Si la première salve a incité les défenses aériennes à dévoiler leurs radars, la deuxième salve suivra pour les détruire.

Comme les comptes publiés sur le nombre total d’impacts ne correspondent pas aux totaux revendiqués par l’armée ukrainienne, celle-ci a modifié ses chiffres :

L’état-major ukrainien a déclaré samedi que les Russes avaient lancé 98 missiles et 65 roquettes tirées par des systèmes à roquettes multiples visant des cibles civiles et des infrastructures énergétiques lors de ce tir de barrage. L’armée avait auparavant avancé le chiffre de 76 missiles, et bien que la raison de ce changement n’ait pas été immédiatement claire, les informations fournies dans les premières heures suivant une attaque sont souvent incomplètes.

Aujourd’hui, d’autres frappes sont prévues :

Alors que les Ukrainiens craignent encore de nouvelles frappes, de nouvelles explosions ont retenti au-dessus de la ville portuaire d’Odessa tôt samedi, et des alertes au raid aérien ont retenti dans tout le pays quelques heures plus tard. En milieu de matinée, le commandement général ukrainien a averti que des jets militaires décollaient du Belarus voisin et que l’ensemble de l’Ukraine était une cible potentielle.

Les premiers rapports des responsables ukrainiens, samedi, faisaient état de l’interception de missiles en approche. Le commandement militaire du sud du pays a déclaré que deux missiles russes avaient été interceptés par sa défense aérienne à Odessa, sans faire de victimes.

Hier, le président russe, Vladimir Poutine, a été briefé pendant toute la journée des futurs plans de l’« opération militaire spéciale » :

Le président a passé toute la journée de vendredi à travailler à l’état-major conjoint des branches militaires impliquées dans l’opération militaire spéciale.

Le chef de l’État a été informé des travaux de l’état-major et des progrès réalisés dans le cadre de l’opération militaire spéciale. Il a tenu une réunion générale et des réunions séparées avec les commandants.

Lundi, Poutine rencontrera le président biélorusse, Aleksandr Lukashenko :

Les chefs d’État doivent discuter en détail de la mise en œuvre des programmes de l’État de l’Union adoptés précédemment. Il s’agit tout d’abord de coopération commerciale et économique, de projets communs de substitution des importations. La coopération dans le secteur de l’énergie sera un point important de l’ordre du jour. Les présidents accorderont également une grande attention aux questions de sécurité, échangeront leurs points de vue sur la situation dans la région et dans le monde, et discuteront des mesures conjointes à prendre pour répondre aux nouveaux défis.

Loukachenko souhaite que le gaz russe soit moins cher pour le Belarus, tandis que Poutine veut que le Belarus fasse ce que dit la Russie. Un compromis sera trouvé sur ces deux questions.

La réunion est intéressante car certaines des options pour une opération russe plus étendue impliquent des attaques du Belarus vers l’Ukraine.

Il pourrait s’agir d’un déplacement du nord vers le sud, dans l’ouest de l’Ukraine, sur une ligne située à environ 60 kilomètres de la frontière polonaise. L’objectif serait de couper les livraisons d’armes « occidentales » qui continuent d’affluer. Le colonel Doug Macgregor penche pour un tel mouvement. Un autre mouvement pourrait à nouveau se diriger vers Kiev, comme le prévoit le chef d’état-major ukrainien Zaluzhnyi.

J’ai des doutes quant à ces deux opérations. Si le réseau électrique est totalement en panne, comme il est probable qu’il le sera bientôt, le transport d’armes depuis l’ouest sera suffisamment interrompu car les trains seront à l’arrêt. Kiev n’a pas encore d’importance stratégique. Un nouveau mouvement vers elle ne pourra se produire qu’à la toute fin de la guerre. La tâche principale de toute l’opération reste de démilitariser l’Ukraine et de libérer complètement la région du Donbass. C’est encore une grande tâche à accomplir et cela devrait être l’objectif principal des prochaines opérations.

Il serait judicieux de passer de la région de Mariupol, au sud, que les forces russes tiennent actuellement, au nord, dans le dos des forces ukrainiennes qui combattent actuellement sur la ligne de front orientale de Donetsk. Ces forces ukrainiennes devraient alors soit battre en retraite, soit être prises au piège. Cette action permettrait d’éviter les pertes liées à la percée des lignes lourdement fortifiées de l’est, construites au cours des sept dernières années.

Mais même si un tel mouvement ne se produit pas encore, la démilitarisation de l’Ukraine se poursuit. La destruction ininterrompue des forces ukrainiennes sur la ligne de front se poursuit jour après jour. L’avantage en artillerie dont disposent les forces russes ne fait qu’augmenter au fil du temps.

Les nouvelles ukrainiennes de la ligne de front sont sinistres :

Pour ceux qui défendent Bakhmut, les tactiques plus prudentes de la Russie apportent peu de soulagement, car le bombardement quotidien des positions ukrainiennes se poursuit sans interruption.

À l’extérieur de la ville, la proximité des lignes russes et ukrainiennes, souvent distantes de moins d’un kilomètre, signifie que la Russie n’a même pas besoin d’utiliser autant son artillerie lourde, s’appuyant plutôt sur un flot ininterrompu de tirs de mortiers, de grenades et de lance-roquettes pour pilonner les positions ukrainiennes.

Pour les soldats ukrainiens chargés de tenir la première ligne, il n’y a rien d’autre à faire que d’espérer que leur tranchée ou leur abri ne soit pas touché directement.

« Nos première et deuxième lignes de défense sont relativement stables, mais cela a un coût élevé« , a déclaré Ivan, dont l’unité et l’affectation exacte n’ont pas été divulguées pour des raisons de sécurité.

« Certaines unités sont tout simplement à court de personnel. D’après ce que j’ai vu, dans un seul combat, nous avons eu environ 10 de nos gars tués, sans parler du nombre de blessés. Tout le monde n’a pas pu être extrait du champ de bataille, certains se sont simplement vidés de leur sang là où ils gisaient. »

Dans ces conditions, la croyance commune sur la faible efficacité de la Russie en tant que force de combat peut rapidement fondre.

« Ils (les dirigeants militaires ukrainiens) racontent à tout le monde les énormes pertes subies du côté russe, mais d’après ce que j’ai pu voir autour de Bakhmut, les choses vont plus ou moins bien pour eux« , affirme Ivan.

« En termes de coordination entre leurs brigades et leur artillerie, et de cohésion globale de leurs unités, on peut dire qu’ils s’en sortent très bien dans ce secteur, car il est difficile de se battre contre eux. »

Bien qu’elle ne réalise pas de grandes avancées, l’attaque d’attrition de la Russie s’avère efficace à d’autres égards, selon Ivan.

« Le moral commence à souffrir à cause du manque de personnel« , dit-il. « Il est difficile de parler de bon moral quand il fait moins huit, que vous êtes assis dans une tranchée sous le feu toute la journée et qu’il n’y a tout simplement personne pour vous remplacer pendant des jours et des jours. »

Pourtant, il n’est pas question pour les troupes de se retirer de Bakhmut et de ses faubourgs.

« À cet égard, notre détermination est forte« , a déclaré Ivan, « malgré – et certainement pas grâce à – ce qui se passe sur le champ de bataille. »

Ceux qui refusent toujours la tenue de pourparlers de paix sont responsables de cette situation et du nombre massif de victimes que l’armée ukrainienne enregistre chaque jour.

Moon of Alabama

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone

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