Raid sur la royauté britannique

Par Paul Hechinger – Le 6 juillet 2012 – Source bbamerica.com

L’homme qui devait être Roi meurt en Australie

Michael Hastings, ou Michael I (The Daily Advertiser)

Un Australien de 71 ans appelé Mike Hastings est mort la semaine dernière dans une petite ville de Nouvelle-Galles du Sud. Durant sa vie, il avait été conducteur de chariots élévateurs, vendeur d’encyclopédie au porte à porte et agronome.

Il aurait aussi pu être l’héritier légitime au trône d’Angleterre.

Cette affirmation résonne comme une intrigue historique sortie de l’émission Doctor Who, mais elle est soutenue par une recherche généalogique et des historiens.

Pour comprendre cela, il vous faut retourner à l’époque du roi Edward IV, qui a dirigé l’Angleterre durant la période sujette à contentieux de la Guerre des Roses. De nombreux historiens croient maintenant qu’Edward était illégitime et alors, si c’est vrai, selon les règles strictes de succession, il n’aurait jamais dû être roi. Cette seule erreur commise au milieu du XVe siècle signifie aussi que tous les monarques qui sont venus après Edward (jusqu’à l’actuelle reine Elizabeth) proviennent d’une lignée royale illégitime et qu’aucun d’entre eux n’aurait dû être installé sur le trône.

Comment Mike Hastings ou, dirions-nous plutôt, Michael Ier s’inscrit-t-il dans cette histoire?

Si Edward IV est illégitime, alors la couronne aurait dû aller à son jeune frère George, le Duc de Clarence, qui était un ancêtre direct du contemporain Mike Hastings. Cette histoire familiale emmêlée a été découverte lors des recherches menées pour un documentaire fascinant, Britain’s Real Monarch [le véritable monarque Anglais: NdT] qui a été diffusé sur la chaine Britannique Channel 4 en 2004. Le documentaire, présenté par l’acteur Tony Robinson, traçait l’autre lignage de la couronne, le chemin qu’il aurait suivi si la couronne était allée à Georges plutôt qu’à son frère aîné Edward, en suivant ainsi les règles strictes de succession.

Dans la généalogie révisée, au lieu des Tudors, des Stuarts et des Windsors, il y a plein d’Hastings, issus de la lignée des Plantagenêt ; un fait qui n’était pas inconnu des rois et des reines qui ont succédé à Edward durant un bon siècle, et qui, selon le documentaire, ont eu parfois recours à des précautions brutales contre la famille afin de l’empêcher de faire reconnaître son droit de naissance. Les membres des Plantagenêt ont continué à jouer des rôles significatifs dans d’autres domaines de l’histoire anglaise et, par moment, comme le signale le documentaire, ils se sont croisés de façon remarquable avec la famille royale officielle.

Mike Hastings lui-même était le 14e Comte de Loudon. Il avait eut connaissance de cet arrière-plan aristocratique durant toute sa vie (l’arborant légèrement sur sa manche), mais il ne savait pas qu’il pouvait prétendre au trône britannique jusqu’à ce que Robinson et son équipe se présentent à sa porte en 2004, dans la petite ville de Jerilderie, en pleine brousse australienne.

En apprenant qu’il pourrait être considéré comme le véritable roi d’Angleterre, Hastings, selon les déclarations de Robinson, «a été un peu secoué», surtout qu’il pensait que l’Australie devait être une république et qu’il avait voté contre la monarchie lors du référendum en 1999.

«Je ne suis pas un monarchiste cinglé», avait-il affirmé.

Il a dit que le documentaire l’avait convaincu qu’il pouvait prétendre au trône.

«Plus je regarde le documentaire, disait-il, plus je suis convaincu qu’ils ont raison et que j’aurais probablement dû être le roi d’Angleterre».

Mais il a dit aussi qu’il n’avait jamais pensé réclamer son droit de naissance: «Je n’ai aucune intention de courir après ça par là-bas pour prétendre aux palais et aux joyaux de la couronne», a-t-il ajouté.

Il a tout même plaisanté en disant qu’il pourrait se faire de l’argent avec ça.

«Je pense que je pourrais envoyer une facture pour les arriérés de loyer à Lizzie (la Reine Elizabeth II). La famille de la vieille dame à vécu dans mon satané château durant les 500 dernières années», s’est-il amusé avec un journaliste de l’AFP.

Hastings a dit qu’il aimait bien être un type ordinaire.

«C’est déjà pas terrible d’être un Pom par ici» fait-il remarquer, utilisant une abbréviation pour désigner les Anglais en argot australien, «encore moins d’être un satané noble».

Et selon tous les témoignages, dont le sien propre, il est plus heureux en étant un Mike nature plutôt que Sa Majesté.

Il avait dit à un journaliste qu’être roi «serait une façon pénible de vivre… Ils ne peuvent même pas se tripoter le nez sans que quelqu’un ne l’écrive».

«Je suis très heureux à Jerilderie, poursuivait-il, selon The Telegraph. Il n’y a pas de stress, tous le monde se connaît et les gens sont amicaux».

Et il ne semble pas que son fils aîné cherche à devenir roi, lui non plus.

Traduit par Lionej, relu par jj et Diane pour le Saker Francophone

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