Qui sont ceux intéressés à provoquer la Russie ?


Par The Saker – Le 25 novembre 2021 – Source The Saker’s Blog

De nombreux commentateurs font remarquer que l’Occident ne veut vraiment pas d’une guerre totale avec la Russie, car ce serait, au mieux, une proposition suicidaire. C’est vrai.

Mais certains intérêts spécifiques de l’Occident souhaitent vivement que les tensions soient aussi élevées que possible. Aujourd’hui, je n’en citerai que quelques-uns : (liste partielle)

Le secteur américain de l’énergie

Le secteur de l’énergie est profondément préoccupé par la rhétorique “verte” de Biden, combinée au fait que les pays de l’OPEP+ n’obéissent pas aux exigences américaines en matière de prix. En outre, le gaz de schiste américain est cher. Si une guerre devait éclater entre la Russie et l’Ukraine, elle ferait certainement dérailler les exportations d’énergie russe vers l’UE, ce qui créerait une très forte demande d’énergie américaine en Europe (et dans le monde). Il s’agit là d’un vieil objectif des États-Unis en Europe, qui consiste à forcer l’UE à acheter de l’énergie américaine alors que la Russie peut la fournir à un bien meilleur prix.

OTAN

Celui-ci est simple : L’OTAN n’a aucune raison d’être, mais maintenant les dirigeants de l’OTAN peuvent prétendre être la seule chose qui se tient entre les bons pays de l’UE, épris de liberté, et les hordes de Poutine.

“Première option” Biden

La cote de Biden est presque aussi mauvaise que celle de Zelenskii. Si une provocation anti-russe est exécutée et que la Russie doit intervenir ouvertement en Ukraine, Biden peut devenir un “président de guerre” et il peut agiter le drapeau qui, espérons-le, détournera l’attention de ses immenses problèmes internes et le fera paraître plus “présidentiel” (ce qui, dans le langage américain, signifie “plus disposé à utiliser la force”).

“Deuxième option” Biden

Supposons qu’aucune provocation n’ait lieu et qu’avec le temps, toute cette hystérie finisse par s’éteindre. Biden pourra alors prétendre qu’“il a montré aux Russes qui est le patron” et que la détermination de l’Amérique a “dissuadé et contenu Poutine”, etc. Ce serait comme une souris prétendant qu’elle a dissuadé un ours endormi de l’attaquer. La preuve ? Eh bien, le méchant ours n’a pas attaqué, n’est-ce pas ? Alors quelle preuve supplémentaire vous faut-il ?

Troisième option “Biden”

Comme je l’ai déjà mentionné par le passé, certains signes indiquent que les États-Unis ont confié l’Ukraine aux Européens, ce qui signifie qu’en cas de guerre armée, dont l’issue ne fait aucun doute, “Biden” pourra dire “nous avons essayé d’aider l’Ukraine autant que nous le pouvions, plus que quiconque, mais ils ne peuvent pas s’attendre à ce que nous entrions en guerre contre la Russie pour les soutenir”. En d’autres termes, laisser “Ze” perdre une guerre contre la Russie est une manière très élégante de se débarrasser de “Ze” et de lui faire porter le chapeau de l’actuel chaos généralisé en Ukraine, tout en détournant toute critique à l’égard des États-Unis.

Les politiciens du Royaume-Uni et de l’UE

Les politiciens du Royaume-Uni et de l’UE ont fidèlement répété toute la propagande anti-russe et ils sont maintenant coincés dans leur propre coin idéologique : ils détestent la Russie, mais ils ont besoin de l’énergie russe. Ce dilemme pourrait être “résolu” par une guerre courte mais désagréable qui repolariserait puissamment l’UE contre la Russie et, par conséquent, placerait pleinement et totalement l’UE sous la férule des États-Unis.

Le complexe militaro industriel étasunien

Celle-ci est évidente : plus le croque-mitaine russe est grand et effrayant, plus les États-Unis, épris de paix, peuvent dépenser pour leur “défense”. Et n’oubliez pas que l’objectif des “membres du Congrès” américain (j’adore ce jargon !) n’est pas de contribuer à une politique étrangère américaine saine, mais d’être réélu. Cela signifie donc que le maintien en activité du CMI américain, véritable manne financière pour un pays qui est par ailleurs en très mauvaise posture économique, est l’un des meilleurs moyens d’être réélu tout en projetant l’image d’un élu “patriote”. Ted Cruz, n’est-ce pas ?

L’État profond américain

L’État profond américain a toujours détesté la Russie et a toujours attisé les flammes de la russophobie hystérique. Les néoconservateurs y jouent un rôle majeur, mais ils sont loin d’être les seuls, il est tout à fait clair que, outre la Maison Blanche, l’État profond dirige également le Département d’État, la CIA et le Pentagone.

Les 3B+PU

Il est maintenant clair que les 3B+PU ont tenté de renverser Lukashenko, et qu’ils ont échoué. Comment mieux dissimuler l’ampleur de cet échec au grand public qu’en menant une guerre courte et peu glorieuse contre la Russie, d’autant que les 3B+PU comprennent parfaitement que la Russie ne les attaquera jamais en premier. Je dois ici faire une mention spéciale de la Pologne, qui se sent actuellement comme un géant, debout comme elle est sur les épaules des États-Unis. Pour eux, c’est une situation gagnant-gagnant : si la Russie est vaincue, ils peuvent se proclamer les meilleurs soldats de l’histoire de l’univers, si la Russie gagne, ils peuvent alors se déclarer la nation la plus victime de la planète. Dans tous les cas, les deux options sont une manne salvatrice venue du ciel pour les nationalistes polonais (qui, sinon, ont des problèmes avec l’UE).

Ze

La cote de Zelenskii est encore plus mauvaise que celle de Biden. La plupart de ses anciens alliés se sont retournés contre lui et, à moins d’un coup de théâtre, son avenir politique est pratiquement nul. Il aura de la chance s’il parvient à quitter l’Ukraine à temps, c’est-à-dire avant que quelqu’un ne décide d’entreprendre une action directe contre lui (de nombreux intérêts différents en Ukraine sont désormais ouvertement et profondément hostiles à “Ze”).

L’establishment militaire/sécuritaire britannique

Les Britanniques ont des douleurs fantômes impériales et ils se sentent relativement en sécurité, étant loin de la ligne de contact russo-ukrainienne. Ils estiment également qu’il est tout à fait impensable d’imaginer que la Russie ose frapper un navire ou un avion britannique ou, encore moins, un endroit au Royaume-Uni. Cette dernière conviction est d’ailleurs tout à fait erronée, car les Russes se rendent également compte que s’ils devaient, par exemple, couler un navire britannique, ou même frapper une installation militaire au Royaume-Uni, ce dernier aurait deux options de base : 1) ne rien faire par eux-mêmes et demander la protection de l’oncle Shmuel 2) contre-attaquer eux-mêmes contre la Russie, ce qui ne ferait que s’exposer à davantage de contre-attaques russes. Si cela vous semble être une stratégie perdante, c’est parce que c’est le cas. Mais pour le pays de Litvenenko, de Skripal, de Bellingcat et du “hautement probable”, la réalité n’est jamais un obstacle à l’action. En outre, il semble vraiment que le Royaume-Uni soit dirigé par un Premier ministre mentalement dérangé, entouré de bureaucrates mesquins et d’une reine sénile.

Les nostalgiques du bon vieux temps de l’empire blanc et occidental

Ce sont des gens comme Josep Borrell et tous ceux qui voulaient un monde unipolaire, dirigé par l’Occident, bien sûr, où aucun pays ne pouvait oser défier la domination de l’hégémon mondial unique (peu importe le pays, tant qu’il est occidental). Ce sont ces gens-là qui ont besoin d’être frappés, durement, par l’armée russe tous les siècles environ.

En vérité, il y a beaucoup plus de groupes en Occident qui veulent une sorte de guerre, certains la veulent rapide et petite, d’autres la veulent plus grande, tandis que d’autres veulent arrêter l’escalade juste avant la guerre réelle.

Comme toujours, ce qui se passera ensuite sera le résultat de la somme des nombreux vecteurs influençant ce résultat : chaque partie tirera vers ses intérêts autant que possible, et le vecteur somme de toutes ces politiques étrangères non officielles aboutira à ce que beaucoup d’entre nous appelleront la “politique étrangère américaine”, malgré le fait qu’en tant que telle, une telle politique n’existe pas (autre que la somme de ces différents vecteurs).

Pour finir, la rencontre Poutine-Biden est-elle annulée ?

Hier, Mme Psaki a déclaré qu’elle n’était pas au courant de la préparation d’un sommet entre Biden et Poutine. Par ailleurs, un rapide coup d’œil au calendrier m’amène à m’interroger : entre le prochain Sommet pour la démocratie, les 9 et 10 décembre, et la période des fêtes de fin d’année en Occident (24 décembre – 1er janvier), le temps disponible pour organiser un tel sommet se réduit rapidement. Après l’annonce initiale, la rhétorique en Russie et aux États-Unis au sujet d’un tel sommet est devenue beaucoup plus vague, comme si les deux parties semblaient maintenant avoir des doutes à ce sujet.

Et si ce sommet est prévu pour janvier, cela ne laisse que plus de temps aux Ukrainiens pour inventer n’importe quelle provocation. Si cela se produit, tout sommet sera de toute façon annulé sine die.

Nous pouvons toujours espérer que ce sommet aura lieu, et ce serait un moyen efficace pour “Biden” de montrer à “lui-même” et à ses ennemis (les autres factions du pouvoir américain) qu’il, “Biden”, est toujours aux commandes. Une mauvaise paix est toujours préférable à une bonne guerre. Mais avec autant d’intérêts occidentaux investis dans une telle guerre, je ne suis pas très optimiste.

Andrei

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone

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