La récession est droit devant… mais cette fois, avec un rebondissement !
Par Chris Hamilton – Le 4 septembre 2018 – Source Econimica
Les maths ne sont généralement pas n’importe quoi. Elles peuvent être tordues et torturées par les statistiques et alambiquées par les formules, mais en général, les mathématiques simples sont à peu près aussi honnêtes qu’elles peuvent l’être. Ainsi, à la fin de 2017, lorsque le Bureau of Labor Statistics (BLS) a suggéré que le nombre d’emplois allait augmenter de 11,5 millions au cours de la prochaine décennie (2016-2026), j’ai pensé à faire le calcul pour voir par moi-même s’il y aurait une croissance démographique suffisante pour soutenir cela. J’ai récemment écrit un article expliquant pourquoi il était mathématiquement improbable que la croissance de l’emploi américain se poursuive et pourquoi la croissance économique sous Trump ne serait qu’illusoire, mais il m’a fallu un certain temps pour réfuter spécifiquement le BLS. En bref, les maths disent qu’il n’y a aucune chance que le BLS ait raison. Mais pourquoi ?
À des fins de comparaison, revenons à la période de 1995 à 2004 et comptons simplement la croissance de la population par groupe d’âge plus le taux de participation de chaque groupe d’âge (disponible sur le site du BLS). Nous constatons que la population américaine âgée de 15 ans et plus a augmenté de 26 millions, et en multipliant chaque tranche d’âge par leur taux de participation, la population active potentielle a augmenté de 16,8 millions. [À noter pour compléter une série actuelle de Lance Welton sur unz.com que le lien du BLS établit très officiellement des statistiques raciales, NdT].
Ensuite, si l’on considère la prochaine décennie (2019 à 2028), la population âgée de 15 ans et plus augmentera pour atteindre environ 80 % de la période de croissance maximale, mais la répartition de cette croissance signifie que la main-d’œuvre potentielle augmentera moins pour atteindre seulement 40 % de la croissance observée il y a 20 ans, c’est-à-dire que 17,6 millions des 21,2 millions de personnes ajoutées seront âgées de 65 ans et plus, avec près de la moitié de la croissance totale de la population chez les 75 ans et plus.
Comme le montrent les bulles au-dessus de chaque groupe d’âge dans le graphique ci-dessous, les taux de participation (% de la population active) varient énormément selon l’âge. Les personnes de 75 ans et plus ont un taux de participation de 8,4 %, comparativement à 81,3 % chez les personnes de 25 à 54 ans ou 71 % chez les 15 à 64 ans. Le BLS estime que le taux de participation des 75 ans et plus atteindra 10,8 % d’ici 2026. Mais les augmentations mineures du taux de participation chez les 65 ans et plus et les 75 ans et plus représentent simplement une différence potentielle de quelques centaines de milliers de personnes sur une décennie… Une simple erreur d’arrondi.
Croissance annuelle de la population âgée de 15 ans et plus aux États-Unis, par segment d’âge
Voici ci-dessous, la croissance annuelle de la population âgée de 15 ans et plus, ventilée selon les segments d’âge, de 1951 à 2028. La croissance totale a fait un double pic en 1975 et en 1999, atteignant 2,9 millions de personnes par an avant la chute démographique qui a débuté en 2008. En 2018, la croissance de la population américaine de plus de 15 ans représentait environ 70 % de la croissance maximale, soit 2,1 millions de personnes par année. Cependant, comme l’illustrent les graphiques ci-dessous, les groupements à l’origine de l’augmentation ont radicalement changé.
Croissance annuelle potentielle de la main-d’œuvre aux États-Unis, par segment d’âge
En prenant le graphique ci-dessus, mais en se basant sur les taux de participation actuels, ci-dessous, on peut constater la croissance annuelle de la main-d’œuvre potentielle… et l’impact est énorme. La décélération démographique du nombre d’employés potentiels depuis 1999 devrait être assez évidente. Et ce ralentissement de la croissance des employés représente aussi un ralentissement de la croissance des consommateurs pour les voitures, les maisons, etc… Moins il y a de de croissance du nombre d’employés, moins il y a de potentiel de croissance au niveau de l’activité économique. Ainsi, la baisse des taux d’intérêt et l’augmentation de l’endettement par personne sont les ingrédients du maintien d’un taux de croissance artificiellement élevé.
Rapport emploi-population aux États-Unis, par segment d’âge
Ainsi, lorsque je montre que nous sommes globalement au plus haut des ratios emploi/population pour les cohortes de 25 à 54 ans et de 55 à 64 ans et que les changements structurels signifient probablement que les 15 à 24 ans sont également au maximum de leur taux d’emploi ou près de celui-ci … alors comme la croissance de l’emploi est la cause essentielle de la croissance de la consommation, il est probablement temps de penser à ce qui va se passer ensuite !
Pour ceux qui sont curieux de savoir comment il est possible de faire face à une telle décélération et vieillissement de la croissance de la population américaine alors qu’en même temps il y a un nombre record de grues et de constructions… Je détaille comment cela se produit avec la grande fracture entre les régions urbaines et rurales (Sud, Ouest, Midwest, Nord-est) et comment cette situation est globale par nature…
Chris Hamilton
Traduit par Hervé, relu par Cat pour le Saker Francophone
Ping : Alors vous pensez que la science sauvera le monde ? Vous en êtes sûr ? – Le Saker Francophone – DE LA GRANDE VADROUILLE A LA LONGUE MARGE