Prisons US : Abus systématiques sur les malades mentaux


Le 13 mai 2015 – Source Russia Today

«...L’attitude générale envers les détenus malades mentaux aux États-Unis est de les considérer comme un problème de gestion, et non pas comme des êtres humains souffrant de troubles mentaux.»

Human Right Watch dénonce : les prisonniers mentalement malades sont maltraités dans plus de 5000 des centres de détention aux États-Unis.


Human Rights Watch a publié un rapport indiquant que les détenus souffrant de troubles mentaux sont maltraités dans les centres de détention à travers les États-Unis, et que ces pratiques se produisent dans plus de 5 000 installations.
Le groupe militant dit que les détenus sont soumis à l’utilisation inutile et excessive de la force, et le problème est très répandu.

Le rapport fournit des détails sur des cas où les détenus ont été choqués avec des Tasers, et où le spray au poivre a été utilisé contre eux.

Dans certains cas, les détenus ont été laissés dans des chaises de contention pendant des jours, ou mis dans les douches brûlantes.

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Russia Today a recueilli le témoignage de Jamie Fellner, l’un des auteurs du rapport et conseiller principal à Human Rights Watch :

«Je pense que le public et les législateurs envoient depuis trop longtemps des gens en prison, sans savoir grand chose sur ce qu’est la vie derrière les barreaux. Ce qui s’y passe  est souvent caché, les gens ne savent pas ce qui se passe. Elle a ajouté que les autorités de la prison ne délivrent pas de rapports mensuels sur le nombre de personnes aspergées de gaz poivre, ou combien de personnes ont subi les décharges des Taser.»

«Ce que nous voulions faire savoir est <…> le fait que, dans de nombreux cas, l’usage de la force n’est pas nécessaire, par exemple pour la faute mineure d’un prisonnier commise sans menace ni violence», a conclu Fellner.

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Parmi les cas particulièrement troublants on trouve celui de Nick Christie, un homme de 62 ans qui avait récemment arrêté de prendre ses médicaments pour la dépression et l’anxiété. Il a été incarcéré en Floride en 2009 pour un délit non violent.

À un moment donné, enfermé dans sa cellule, il a crié pour demander une aide médicale, en tapant sur la porte. Les autorités pénitentiaires l’ont aspergé avec un spray chimique plus d’une douzaine de fois en 36 heures, et l’ont immobilisé dans une chaise de contention avec un masque anti-crachats couvrant son visage. Il est mort d’un arrêt cardiaque.

Un autre prisonnier Floride diagnostiqué schizophrène  a déféqué sur le plancher de sa cellule et a refusé de le nettoyer.

Les agents l’aurait mis sous une douche brûlante, et l’ont laissé là pendant plus d’une heure. Le détenu est mort suite à ses brûlures.

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Cependant, le cas qui a attiré particulièrement l’attention des militants des droits de l’homme avait 35 ans, il s’appelait Christopher Lopez. Il a été diagnostiqué comme schizophrène et a été découvert sur le sol de sa cellule semi-conscient.

Le personnel n’a pas appelé de médecin et ont installé Lopez dans une chaise de contention. Quelques heures plus tard, il a eu une crise grave.

Les policiers l’ont enfin libéré de la chaise, mais l’ont laissé gisant menotté sur le plancher. Lopez est mort quelques heures plus tard. Son avocat a parlé de l’affaire à Russia Today :

«Sa mère m’avait contacté et a dit qu’il était mort en détention, elle est allée voir le corps et a constaté des signes d’abus. Cela m’a intéressé, j’ai mis la main sur le rapport d’autopsie, et j’ai commencé à enquêter, a déclaré l’avocat David Lane. Ce qui semblait être la cause du décès était une surdose de médicaments psychotropes jusqu’à un point de déséquilibre électrolytique, et son cœur s’est arrêté lentement», a-t-il ajouté.

L’avocat a également dit à Russia Today que l’attitude générale envers les détenus malades mentaux aux États-Unis est de «les considérer comme un problème de gestion, et non pas comme des êtres humains souffrant de troubles mentaux».

Environ 20% des prisonniers aux États-Unis souffrent d’une maladie mentale grave, y compris la schizophrénie, le trouble bipolaire et la dépression majeure, selon un communiqué de presse publié par Human Rights Watch. Les détenus souffrant de telles conditions ont des difficultés à faire face à l’emprisonnement et à se conformer aux instructions.

Traduit par jj, relu par Diane pour le Saker Francophone

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