Par James Howard Kunstler – Le 19 janvier 2018 – Source kunstler.com

Au cas où vous seriez préoccupé par la fin imminente du gouvernement fédéral, c’est exactement ce que nous sommes censés faire dans la « longue situation d’urgence » : tout ce qui est organisé à une échelle gigantesque va vaciller et s’arrêter. C’est le message de la nature : « devenez plus petit, plus vrai, réduisez les échelles et achetez local ». Le hic, c’est que nous n’écouterons probablement pas la nature. Au lieu de cela, nous nous comporterons comme des spectateurs et nous ne ferons rien jusqu’à ce que la pleine force de la tourmente soit sur nous, tout comme nous le faisons avec le changement climatique, la tragédie des biens communs à l’échelle planétaire.

L’échec de la politique des partis nationaux est profond et systémique, comme on peut l’attendre d’activités nourries dans le trou à merde appelé Washington, la corruption étant la manifestation de cette septicémie. Le vecteur mortel de cette maladie est l’argent. Il y a l’argent qui coule dans les « caisses de campagne » des soi-disant membres du Congrès et des sénateurs, bien sûr, mais il y a aussi l’« argent » qui entre et sort de ce gouvernement Léviathan dont une grande partie disparaît sans laisser de trace. C’est le produit de promesses de rembourser des prêts en plus d’un tas d’autres promesses passées qui ne seront jamais tenues. La menace de la fin du gouvernement est juste un symptôme de la maladie : une société qui fait des choses trop grandes, essayant de gérer ses activités excessives par la manipulation et la fraude comptable. Qu’est-ce qui pourrait mal se passer ?

Rien de grave sur les marchés boursiers et obligataires, j’en suis sûr. Bien que… attendez une minute… la poussée sous forme d’un bâton de hockey dans les marchés actions ressemble un peu à l’action d’un thermomètre mesurant la température ascendante d’un patient très malade. Passer de 25 000 à 26 000 sur le Dow – en quoi ? sept jours ? – est un peu comme la victime de la grippe passant de 37° à 40° après le premier choc. Et nous savons ce qui arrive aux humains quand le niveau de température du corps dépasse les 40° : le cerveau commence à cracher et à fumer. Bientôt, il s’éteint et ne laisse pas son karma le frapper de sa crosse en passant la sortie.

La fin du gouvernement sera-t-elle l’ultime insulte à la matrice de l’extrême fragilité qui ne se résume à rien de plus que l’inertie et la foi ? (Oh, vous serez remboursé… Ne vous inquiétez pas). L’orgueil autour de cette situation délirante s’est infiltré dans le paysage marécageux de Washington cette semaine, comme l’un de ces miasmes du paludisme. Le président a chanté le chômage le plus bas depuis des décennies et les médias lobotomisés l’ont tout simplement avalé comme une boulette de pepperoni prémastiqué. Personne ne remarque les quelque 100 millions d’adultes qui ne travaillent pas. Est-ce qu’ils figurent même dans l’image statistique ? Il parle aussi du plus bas taux de chômage chez les Noirs et les Hispaniques. C’est une plaisanterie, n’est-ce pas ? Eh bien, nous faisons notre propre réalité. Karl Rove et Oprah sont d’accord là-dessus. ¹.

Je me suis bien amusé la nuit dernière, après la confiture de violon de ce jeudi soir, en faisant des allers-retours entre CNN, Fox et MSNBC. Anderson Cooper essayait, avec une conviction décourageante, de vendre une autre histoire du « Dossier Trump ». Sur MSNBC, Rachel Maddow était en mode de fulmination sournoise sur les Russes infiltrant la NRA pour s’en prendre à Trump. L’appel du clairon de Rachel, « nous savons maintenant» commence à ressembler au cri de guerre du sénateur Joseph McCarthy « J’ai dans ma main une liste de cinquante-trois communistes ! ». Sur Fox, Sean Hannity a presque pété une durite autour des manigances sans fin des hauts gradés du FBI-DOJ. À chaque clic de la télécommande, j’avais l’impression d’arriver et de partir de différentes planètes.

Attendez-vous à ce que la tourmente s’aggrave avant de s’améliorer. L’enquête Mueller est en train de devenir une crise constitutionnelle, le marché obligataire une crise cardiaque avec le rendement des bons du Trésors à dix ans au-dessus de la barre des 2,6%. Le dollar flirte avec le dollar-index sous les 90. Le risque a soi-disant été banni – seulement pour venir crier hors du grenier comme la mère de Norman Bates, au dernier moment, réduisant votre confiance mal placée en lambeaux.

James Howard Kunstler

Traduit par Hervé pour le Saker Francophone

Notes

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