Par Moon of Alabama − Le 29 novembre 2021
Aujourd’hui, un certain nombre d’organisations non gouvernementales alignées sur les États-Unis ont lancé, en Allemagne, une campagne contre la Chine.
Reporters sans frontières (RSF) a mené la campagne avec PEN, Amnesty International et un syndicat de journalistes allemand. Ils ont appelé à une tempête de tweets d’une heure pour demander aux politiciens allemands d’agir pour faire libérer la « journaliste » chinoise Zhang Zhan de sa prison en Chine.
La campagne a connu un certain succès. Une recherche sur le hashtag #ZhangZhan montre que beaucoup de personnes mal informées, dont de nombreux journalistes, ont tweeté ou retweeté le sujet.
La désinformation diffusée par Robin Alexander dans le tweet ci-dessus est assez lourde mais pas inhabituelle.
Zhang Zhan n’est pas une journaliste. Elle n’a pas été l’une des premières à poster une vidéo depuis Wuhan. Elle n’a pas fait de reportage sur le COVID-19 mais a protesté contre le succès du confinement. Elle n’est pas en prison pour cette raison.
Les sites d’information allemands Süddeutsche Zeitung et Spiegel parlent de la campagne de RSF. Ces reportages sont encore pires que les re-tweets. Le Spiegel, par exemple, affirme que Zhang Zhan a été « torturée et emprisonnée pour avoir dénoncé la mauvaise gestion de l’épidémie par le gouvernement chinois ».
L’Allemagne a dépassé les 100 000 décès dus à la Covid et connaît actuellement une quatrième vague qui bat des records. La Chine a eu moins de 5 000 décès et n’a plus de Covid. Compte tenu de cela, il me semble assez fou d’accuser la Chine de sa « mauvaise gestion de l’épidémie ». Par ailleurs, à ma connaissance, aucune « torture » n’a jamais été alléguée dans l’affaire Zhang Zhan. Le Spiegel a inventé cela.
Nous nous sommes penchés sur l’affaire Zhang Zhan en décembre 2020, lorsque le « puissant Wurlitzer » a joué sa chanson simultanément dans de nombreux grands médias, notamment la BBC, le New York Times, le Washington Post, Reuters, CBSnews et Sky.
L’Epoch Times, un journal anti-chinois qui aime Trump, a sous-titré la vidéo que Zhang Zhan avait réalisée lorsqu’elle s’est rendue, début février 2020, de Shanghai à Wuhun, qui était soumis à un confinement strict mais réussi. Il l’a également décrite et traduite :
Lieu : Ville de Wuhan, province de Hubei
Zhang Zhan, une dissidente vivant à Shanghai, a risqué sa vie pour se rendre à Wuhan après le confinement de la ville. Son plan était d’enquêter et de diffuser la situation locale en tant que journaliste citoyenne. Elle est indignée que le gouvernement chinois prive avec désinvolture les habitants de Wuhan de leurs droits fondamentaux et de leur liberté au nom du contrôle de l’épidémie.
Femme : Laissez-moi vous demander,
Pensez-vous que le gouvernement peut traiter les citoyens comme des animaux ?
Les enfermer quand le régime est prêt à le faire,
Les envoyer au travail quand ils ont besoin de ces gens pour travailler.
Ne les traitez-vous pas comme vous traitez le bétail et les chevaux ?
Quand les animaux ont besoin de brouter, vous les laissez sortir.
et vous les ramenez quand ils ont fini de manger.
C’est vrai ?
Et s’ils n’obéissent pas, vous les fouettez.
C’est comme ça que ça doit être ?
Est-il justifié de traiter les civils comme ça ?
Homme : Que faites-vous ?
Une femme : Je veux exprimer ma protestation contre le gouvernement, une protestation persistante.
Immédiatement avant que l’homme ne demande « que faites vous », Zhang Zhan est vu dans la vidéo en train de renverser intentionnellement une barrière de circulation à un poste de contrôle sanitaire.
Zhang Zhan ne faisait pas de « reportage ». Elle exprimait, selon ses propres termes, une protestation persistante contre le gouvernement. Elle l’a fait en filmant cette protestation pour la mettre ensuite en ligne sur Youtube et Twitter (qui sont tous deux bloqués en Chine).
Zhang Zhan n’a pas été arrêtée à ce moment-là, bien qu’elle aurait probablement dû l’être. Dans un autre article, l’Epoch Times explique :
Le 13 mai, Zhang a publié une vidéo sur YouTube dans laquelle elle s’exprimait devant la gare de Hankou à Wuhan. Dans cette vidéo, elle critique le projet du gouvernement local de déployer des tests de dépistage du virus à 180 yuans (environ 25 dollars) par personne, estimant que le prix était trop élevé, et faisant remarquer que les habitants de la région étaient bloqués depuis des mois.
Elle a ajouté que comme les droits de l’homme ont été bafoués au cours de l’épidémie, les gens seront probablement prêts à payer la facture dans l’espoir de prouver qu’ils sont exempts du virus. Pour passer les contrôles de sécurité dans de nombreuses villes, les citoyens doivent présenter un code généré par une application mobile qui prouve qu’ils sont exempts de virus.
Elle a également dénoncé les tactiques d’intimidation adoptées par les autorités de Wuhan pour tenter de contrôler la propagation du virus, affirmant qu’elles constituaient une « honte pour le pays ».
Un jour plus tard, elle était signalée disparue.
Tous les tests effectués en Chine au cours des différentes épidémies étaient gratuits. À la mi-mai, une nouvelle petite épidémie s’est déclarée à Wuhan, avec un total de six cas de Covid-19 identifiés. Zhang Zhan a été cité à ce moment-là sur le site Internet de Radio Free Asia, radio financée par la CIA, avec la fausse déclaration suivante : « Il y a des signes de résurgence de l’épidémie à Wuhan ».
Zhang Zhan a été arrêtée en mai 2020 pour avoir diffusé de fausses informations sur un plan gouvernemental de tests payants qui n’existaient pas et d’autres fausses déclarations sur le Covid qu’elle avait faites. Ce n’est pas la première fois que Zhang Zhan s’attire des ennuis. Elle avait fait un court séjour en prison fin 2019, également sous l’accusation de « chercher querelle et provoquer des troubles », une loi qui couvre la diffusion d’infox sur Internet.
Le South China Morning Post a rapporté que, pendant son séjour en prison, Zhang Zhan a fait une « grève de la faim interrompue » (quoi que cela puisse vouloir dire). En décembre 2020, elle a été condamnée à quatre ans de prison :
Cette peine faisait suite à des informations selon lesquelles elle avait diffusé en direct depuis Wuhan sur des plateformes de médias sociaux, notamment Twitter et YouTube, qui sont toutes deux bloquées en Chine.
Elle a également écrit un article critiquant la réponse officielle à l’épidémie, accusant les autorités de porter atteinte aux droits des personnes et de dissimuler la gravité de l’épidémie.
Sa couverture a été considérée comme un « contenu fabriqué avec malveillance et de fausses informations » et elle est devenue la première journaliste citoyenne jugée par un tribunal chinois pour avoir rendu compte des épidémies de coronavirus dans la ville.
L’Organisation mondiale de la santé a mis en garde contre le danger des fausses informations en cas de pandémie :
Une infodémie peut avoir des effets négatifs directs sur la santé des populations et la réponse de santé publique en sapant la confiance dans la science et les interventions. Nous constatons également que les infodémies nuisent à la cohésion des sociétés en accentuant les inégalités sociales existantes, la stigmatisation, les disparités entre les sexes et le fossé générationnel.
L’OMS a appelé les gouvernements à prendre des « mesures pour lutter contre la désinformation et la mésinformation ».
C’est ce que la Chine a fait en arrêtant enfin Zhang Zhan et en mettant en prison la récidiviste.
Zhang Zhan est une « dissidente » qui a protesté contre les mesures épidémiques judicieuses prises par le gouvernement chinois pour vaincre la pandémie dans son pays. L’« ancien avocat chrétien » Zhang Zha a des opinions libertaires radicales sur les mesures de lutte contre la pandémie, similaires à celles des « Querdenker » (littéralement « penseurs latéraux », [c’est-à-dire antisystème, NdT]) Allemands, qui protestent contre le port de masques et les confinements, ainsi que des divers négationnistes du Covid et anti-vax radicaux d’ailleurs.
RSF vient de décerner à Zhang Zha, entre autres, son Prix de la liberté de la presse 2021.
Que RSF, Amnesty, Pen et la DJU soutiennent sa cause en dit long sur le manque d’intégrité de ces organisations.
Moon of Alabama
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone
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