Par Jean-Maxime Corneille
Les activités agressives du fonds spéculatif de Carson Block, sont basées sur de nouvelles techniques d’affaiblissement par tous moyens de ses cibles. Dans ce contexte, on assiste actuellement au renouvellement d’une attaque de longue haleine contre le Groupe français CASINO de Jean-Claude Naouri. Outre la spéculation, les parts de marché de CASINO au Brésil sont certainement l’enjeu caché de cette affaire, dans un contexte défavorable aux intérêts français au Brésil, du fait d’un activisme médiatique et diplomatique puéril.
Dans l’ancienne distinction de l’âge d’or de la marine à voile, les flibustiers avaient un statut ambigu : à mi-chemin entre des pirates agissant pour leur propre compte, et des corsaires disposant de lettres de course officielles en temps de guerre. Les flibustiers se situaient entre les deux statuts : ils étaient bien souvent des aventuriers menant pour leur propre compte une guerre de course aux navires commerciaux, mais disposant normalement d’une lettre de course officielle pour mener leur course officieuse. De nombreux opérateurs revendiquaient ce statut, mais les « commissions » (commissionnements) revendiquées n’étaient cependant pas toujours valides : soit que l’émetteur n’en avait pas le pouvoir, soit que les conditions diplomatiques avaient évolué, soit qu’il se soit agi d’une pure fraude, si bien que le pouvoir émetteur prétendu pouvait n’être même pas informé de la mission exécutée en son nom. D’où l’évolution du sens du mot « flibustier », qui devient synonyme d’escroc malhonnête à partir du XVIIIe siècle, tandis que disparaissent les derniers vrais flibustiers.1 Tel un clin d’œil historique à cette honorabilité questionnable, il est remarquable que le terme « flibustier » puisse être aujourd’hui recyclé pour parler des fonds spéculatifs agressifs : agissant apparemment comme des acteurs indépendants, mais parfois pour le compte plus ou moins avouées de puissances étrangères dans le cadre de certaines déstabilisations économiques de plus grande ampleur. Tout le problème des fonds dits « activistes » n’est en ce sens qu’une actualisation à notre époque de problématiques antérieures déjà comprises sous Colbert : « Il n’y a rien de plus nécessaire dans un État que le commerce […] le commerce est une guerre d’argent ».2 La question n’est pas tant celle de leur interdiction potentielle régulièrement évoquée,3 que celle d’une dynamique globale visant par la guerre économique, à vider les États de leurs capacités de régulation souveraine de l’économie.4 Une guerre de trois cent ans au bas mot…
Carson Block, un activiste financier moins connu que George Soros…
« MUDDY WATERS Research LLC » est un exemple emblématique de cette flibusterie moderne. C’est un fonds spéculatif qui porte bien son nom : on pourrait le traduire par « (fonds de) recherche dans les eaux boueuses ». C’est plus précisément, une firme d’investissement basée sur la « due diligence » : une idée qui ne devrait pas être qu’un anglicisme, puisque héritée du droit romain et son principe « caveat emptor » (que l’acheteur soit vigilant !). Il s’agit théoriquement en droit des affaires, de la légitime obligation de vigilance de l’acheteur, en tout cas en présence d’opérateurs professionnels (par opposition au droit de la consommation qui distingue les acteurs professionnels et non professionnels). Cette légitime obligation de vigilance oblige donc à des efforts de recherche préalable aux investissements et autres « prises de positions » boursières, pour un opérateur comme un fonds d’investissement.
L’idée initiale est légitime jusqu’à ce stade. Mais dans la réalité, le contexte de guerre économique couplé à des régulations boursières fantomatiques ouvre bien d’autres possibilités : à commencer par la tentation d’accuser à tort ou à raison des valeurs ciblées, afin d’attenter à leur cours, de façon en tout cas opportune pour réaliser de juteuses opérations spéculatives avant tout. Ce n’est que de la manipulation du marché en ce sens, qui peut être sous-tendue par des intentions stratégiques de la part de concurrents des firmes attaquées, ou bien d’États ayant intérêts à voir les intérêts ou les firmes d’autres États rivaux impactés par de telles opérations.
MUDDY WATERS est ainsi connue pour des attaques agressives contre les cours de valeurs ciblées, par des opérations multiformes et combinées alliant l’agressivité éhontée mais aussi une certaine subtilité. Son PDG et fondateur, Carson Block, né en 1976, est l’incarnation de ces requins de la finance interlopes qui prétendant sans cesse mener des combats éthiques5 contre les soi-disant « mauvaises pratiques », pour réaliser des opérations toujours plus juteuses en faisant baisser la valeur des « cibles ».6 Carson Block défend ainsi les vendeurs à découvert, les considérant sans rire comme des « chercheurs ultimes de la vérité »,7 vérité qui fait indiscutablement les affaires de MUDDY WATERS.8 Ses opérations de communications sont soignées, alors qu’il s’agit avant tout de narratifs visant à démolir les cibles d’opérations spéculatives agressives, et ne reculant devant aucun procédé déloyal. D’aucuns prêtent à Carson Block un passé en lien avec la CIA, non confirmé évidemment, mais il est notoire et documenté que des anciens de la CIA travaillent pour MUDDY WATERS. Ces « débauchages » sont même agités comme autant d’éléments de crédibilité, au soutien des raids boursiers de MUDDY WATERS. Ces porosités entre les milieux économiques et du Renseignement, sont en fait à comprendre comme la continuité de la réorientation des Services américains dans l’après-Guerre froide, vers la guerre économique : y compris contre les alliés officiels, et bien sûr contre les puissances rivales.
Au crédit de MUDDY WATERS agissant comme « raider » ou flibustier boursier, on trouve en effet de fréquentes opérations de vente à découvert (short), selon des modes opératoires en partie standardisés : la communication est scénarisée, par laquelle MUDDY WATERS prévient souvent le monde entier de ses opérations en les précédant de diverses accusations de « fraude manifeste », causant des pertes de valeur qui lui permettent de réussir ses opérations de ventes à découvert. Par exemple contre Man Wah, une société cotée à Hong Kong qui perdit ainsi 15% de sa valeur boursière.9 Dans un monde où la finance serait décemment régulée, on appellerait ceci des « délits d’initiés » relevant du droit pénal, mais ces procédés sont de plus en plus fréquents : les différents fonds spéculatifs se renforcent les uns les autres dans une surenchère d’activisme et de légitimation de leurs activités, tandis que les États semblent renoncer à réguler la plus grande partie de leur activité, surtout depuis la crise de 2008.10
Certaines opérations de MUDDY WATERS, certes, révèlent de véritables scandales, comme la firme californienne OSI Systems11 ou l’opérateur chinois au Canada Sino-Forest Corp, qui perdit 74% et dont les dirigeants durent faire face à des charges criminelles,12 mais ciblent aussi des activités d’intérêt général pour spéculer toujours plus.13 Son action est certainement aussi renforcée par des velléités de ciblage des concurrents économiques que sont l’Allemagne et la Chine, du point de vue des États-Unis : « la Chine ne joue pas selon les règles »14, et il est envisageable, au vu de la précision de ses allégations de fraudes et autres malversations plusieurs fois vérifiées, que des connexions avec les Services américains et d’autres opérateurs financiers bien informés soient fréquentes, surtout quand il s’agit de cibler des rivaux géopolitiques. MUDDY WATERS est en effet devenue le « fléau » des valeurs chinoises, attaquées en bourses tandis que ses opérations étaient associées à des attaques informationnelles plus vastes contre le Système politico-économique chinois.15 Ces attaques pourraient correspondre à des messages subtils envoyés par les États-Unis via des opérateurs livrant ce genre de guerres par procurations, qui attestent d’une puissance chinoise pas si intouchable que ne pourraient le penser des observateurs moins lucides.16 La même idée vaut aussi pour l’Allemagne, où MUDDY WATERS se trouve cependant sous le coup d’une enquête pour délit d’initié et autres irrégularités commises dans le cadre d’une autre vente à découvert (leerverkaufsattacke).17 Une situation similaire semble signalée au Canada, non confirmée jusqu’à présent, où Carson Block serait depuis 2018 en situation délicate : il ferait l’objet d’une enquête l’accusant d’avoir corrompu des officiels canadiens dans le cadre d’une autre vente à découvert. On sait par ailleurs en coulisse qu’un procureur de district (district attorney) de Californie a appelé Carson Block en août 2018, sans que la raison de cet appel soit bien claire.
Dernière victime en date, début août 2019, MUDDY WATERS s’est attaqué à la firme de conseil juridique et financier BURFORD CAPITAL, pourtant en bonne forme financière, lui faisant perdre 60 % de sa valeur boursière en une journée.18 Cette opération fut renforcée par une opération de relations publiques peu commune, lorsque MUDDY WATERS annonça avoir requis les services d’un cabinet d’investigation américain composée d’anciens de la CIA (QVerity), spécialisé dans l’identification visuelle des comportements trompeurs, textuels ou verbaux.19 Le même procédé a été utilisé contre Noble Group,20 une autre cible de MUDDY WATERS. Carson Block vend ce genre de procédés comme constituant « sa » valeur ajoutée, arguant qu’il ne se contente pas de scruter les chiffres habituels, mais également les comportements humains. Ce vernis mobilisant les théories sociologiques comportementalistes détournées ici, sert là encore simplement à masquer ou légitimer des opérations qui ne sont que de la pure prédation financière.21
Il n’est pas anodin que Bloomberg Markets, référence en la matière, ait pu considérer Carson Block comme faisant partie des 50 « penseurs les plus influents »22 depuis 2011, ayant la « capacité à faire bouger les marchés, à modeler ou façonner des idées ou des politiques » : Carson Block n’est pas un « perdreau de l’année ». Il se retrouve ainsi dans le même groupe que des « influenceurs » plus connus comme George Soros, Ben Bernanke, Timothy Geithner, Lloyd Blankfein, Jamie Dimon, Christine Lagarde… Á ce point que Carson Block se sent régulièrement en devoir de rappeler qu’il ne va pas contre les intérêts américains, témoignant de la distinction de fait entre les intérêts des États-Unis et ceux, bien plus pragmatiques, de Wall Street.23 Mais ces intérêts convergents souvent, et de tels opérateurs sont souvent les acteurs de guerres économiques par procuration lorsqu’il s’agit de cibler des acteurs spécifiques, voire des pans entiers de l’économie de nations rivales.
Les manœuvres de désinformation hollywoodiennes de MUDDY WATERS contre Casino
Dès lors, on peut considérer que lorsque MUDDY WATERS est impliqué dans une opération, il faut prêter attention aux signaux faibles et garder à l’esprit que bien des coups tordus sont possibles, que le public bien souvent ne comprend pas en temps réel. On a ainsi vu MUDDY WATERS s’attaquer à des opérateurs européens, les accusant directement de corruption à l’occasion de l’obtention de marchés asiatiques.24 On a vu également MUDDY WATERS déclencher depuis 2015 une nouvelle guerre contre le groupe français CASINO.
Une déstabilisation d’ampleur de CASINO a en effet été déclenchée depuis 2015, impliquant notamment MUDDY WATERS,25 mais aussi d’autres fonds spéculatifs (Hedge funds), activés par des réseaux d’influence proche du milliardaire brésilien Abilio DINIZ, afin de produire des analyses financières défavorables au groupe piloté par Jean-Charles Naouri. Comme ces opérateurs fonctionnent souvent en meute, au gré des renvois d’ascenseur et des intérêts communs, quatre autre courtiers (brokers) importants semblent particulièrement hostiles et actifs contre CASINO : GOLDMAN SACHS, BERNSTEIN, BARCLAYS et KEPLER CHEUVREUX. Cette première tentative de déstabilisation avait cependant donné lieu à quelques ripostes françaises, aboutissant non sans ironie à ce que Carson Block se prétende lui-même victime d’une imposture,26 fustigeant avec son aplomb éhonté une France regardée comme « peu accueillante pour les investisseurs qui sont aussi des lanceurs d’alerte ».27
Cette déstabilisation de CASINO s’achemine aujourd’hui vers une seconde phase, tandis que Abilio Diniz s’est trouvé être un soutien du Président Bolsonaro. Or, dans le contexte d’une défiance réciproque, déclenchée maladroitement par les médias français mais endossée ensuite par la diplomatie française contre le Président Bolsonaro, il serait tout à fait vraisemblable que des manœuvres puissent être en cours afin de faire perdre à la France ses positions sur le marché brésilien.
Deux hommes semblent jouer un rôle central dans cette action : Carson Block et William URY, professeur de négociation à Harvard, qui fut pourtant à l’origine d’un accord entre Abilio Diniz et Jean-Charles Naouri en 2013. Des coups tordus et autres débauchages en forme de trahison accompagnent fréquemment ces déstabilisations : ainsi d’un Brésilien d’origine japonaise, ex-responsable de la division Fusions et Acquisitions (M&A) de CASINO à Paris, qui aurait produit un rapport destiné à Carson Block en 2015, rapport vraisemblablement biaisé conçu (gratuitement ?) pour compromettre directement le groupe CASINO, son ancien employeur. Ceci permit notamment à Carson Block d’accuser le Groupe CASINO de gonfler artificiellement ses bénéfices par des artifices comptables. Alors certes, il existe en effet bien des artifices comptables qui ne sont pas si inhabituels dans la vie des affaires, mais le problème se trouve bien plus dans le modus operandi de Carson Block : son but principal est avant tout de déstabiliser ses cibles par tous moyens, d’attenter à leurs cotations, n’attendant qu’un prétexte (quelle que soit sa valeur réelle) pour crier « haro sur le baudet »…
Contre CASINO, la dernière trouvaille de CARSON Block, toujours « créatif » lorsqu’il s’agit de déstabiliser ses proies par tous moyens, promet d’être « hollywoodienne » : le PDG de MUDDY WATERS aurait en effet commandé (commandité ?) à Sarah Gibson, un film documentaire à charge sur Jean-Claude Naouri, le PDG de CASINO. Sarah Gibson est une réalisatrice de documentaires d’une société de production de Los Angeles, qui produit et dirige des films documentaires sur les sujets sociaux contemporains depuis plus de 30 ans : elle commença par des sujets féministes et sur les violences conjugales, puis sur les aspects psychologiques de la vie quotidienne, et fut largement reconnue pour la créativité de ses documentaires. Il est assez cocasse de remarquer que l’un des travaux qui l’ont rendu célèbre concernait le « réenchantement » à travers « signification cachée des contes de fées pour les adultes ».28 Or, dans notre civilisation « idiocratique » où le docu-tainment (documentaire divertissant) hollywoodien remplace de plus en plus l’ancien Logos (précision), ou l’art du discours juste hérité de la culture classique européenne, les possibilités de manipulation des masses n’en sont que décuplées.
Sarah Gibson se trouvait début juillet 2019 à Paris, justement dans le cadre de la réalisation de son nouveau documentaire. Ou bien s’agit-il d’un « conte de fée » pour adultes ? Elle a en tout cas rencontré divers journalistes à Paris ainsi que des anciens dirigeants du groupe CASINO pour obtenir, contre rémunération de leurs interventions, des témoignages à charge contre le dirigeant de l’enseigne de la grande distribution. Parmi les journalistes contactés figuraient notamment Sophie Lécluse (Capital), Isabelle Chaperon (Le Monde) et le magazine Challenges. Le film documentaire porterait notamment sur les pratiques financières de Jean-Claude Naouri, le PDG de CASINO, et serait destiné selon son propre aveu à être diffusé sur la plate-forme NETFLIX en octobre prochain. Connaissant la propension certaine d’Hollywood à présenter une vision biaisée des faits,29 on se doute que pourrait être vérifiée une nouvelle fois la leçon du Barbier de Séville de Beaumarchais : « calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose »…
CASINO et CARREFOUR menacés au Brésil, l’indépendance alimentaire française aussi
Nul doute qu’une telle démarche serait de nature à illustrer l’acharnement qui se déploie en ce moment même contre Jean-Claude Naouri, afin sans aucun doute de cibler le groupe CASINO. Mais si ces manœuvres et autres coups tordus sont rapprochés des autres manœuvres qui ciblent actuellement le groupe CARREFOUR au Brésil, alors c’est un tableau plus global qui apparaît, plutôt qu’une simple opération spéculative contre CASINO. CARREFOUR est en effet menacé au Brésil par un scandale qui pourrait déboucher sur une nouvelle « affaire Alstom ». Or CASINO dispose aussi de positions fortes sur le marché brésilien, qui pourraient être tout autant ciblées que celles de CARREFOUR.30
Nous avons donc deux groupes français qui sont menacés séparément sur un même marché étranger, dans un contexte où CARREFOUR aurait certainement voulu par le passé une fusion-absorption de CASINO suite à une OPA hostile. La tentation pourrait alors être grande pour M. Bompard, actuel PDG de CARREFOUR mais pas responsable du passif antérieur de CARREFOUR au Brésil, de tenter à nouveau cette fusion-absorption, en se greffant opportunément sur des démarches hostiles ciblant CASINO. Des cadres de CARREFOUR pourraient-ils alors être tentés d’être trop bavards quant à des pratiques ou ententes avec CASINO, dans un contexte où l’opacité du secteur de la grande distribution en France est depuis longtemps fustigée par des associations de consommateurs sérieuses ?31 Ce serait oublier imprudemment la porosité entre une firme comme MUDDY WATERS et les autorités américaines, lesquelles seraient enchantées d’exploiter toutes les révélations pour poursuivre directement CARREFOUR en vertu de l’extraterritorialité léonine du droit américain…
Cette opération de MUDDY WATERS contre CASINO apparaîtrait alors comme l’un des aspects seulement d’un plan plus global, visant à faire perdre des parts de marché voire à évincer les acteurs français du marché brésilien. Mais on aurait tort en ce sens de trop se réjouir de l’abaissement d’un grand groupe français comme CASINO, ou CARREFOUR. Certes, ils ne sont ni l’un ni l’autre connus pour leurs pratiques totalement éthiques, dans un contexte où ce serait plutôt l’État qui renonce à faire appliquer le simple droit de la régulation économique. Mais dans un contexte de libre-échange imposé par l’OMC et l’Union Européenne (Accord UE-Mercosur), aggravé par une certaine méconnaissance du groupe CARREFOUR face aux enjeux de lobbying internationaux, un autre risque est possible : celui d’une indépendance alimentaire française qui serait prise en tenaille entre le libre-échange d’une part, et un activisme écologiste en France qui conduirait CARREFOUR à démolir des pans entiers de l’agriculture française déjà fragilisée.32 Le peuple français que l’on agite aujourd’hui pour des questions en apparence écologique, serait la première victime de cet « effet de ciseaux »…
D’autres domaines pourraient également être impactés, si les actuelles gesticulations diplomatiques immatures du Président Macron contre le Président Bolsonaro devaient perdurer : au sujet de l’Amazonie par exemple, induisant la possibilité que de nouvelles déstabilisations soient déclenchées contre la Guyane française. Le lien avec d’autres domaines stratégiques comme le spatial ou le pétrole, lequel fut l’une des origines de l’élection du Président Bolsonaro, pourrait nourrir au surcroît ces potentialités de déstabilisation contre la France.33 Ce ne serait alors qu’une simple « réponse du berger à la bergère » de la part des Brésiliens, qui peuvent à bon droit être irrités par l’activisme des idéologues français contre Bolsonaro, le même qui s’était déployé auparavant contre Trump.
Face à l’enchevêtrement de ces enjeux stratégiques, dans le contexte de déstabilisations financières multiformes mobilisant tous les coups tordus possibles, un minimum de prudence pragmatique devrait s’imposer dans l’esprit de nos dirigeants, tant politiques qu’économiques. On oublie bien souvent malheureusement que la première condition de la démocratie est la vigilance, une vigilance toujours bien fragile, qui peut avoir pour conséquence la création de « la famine au sein de l’abondance », du fait d’une incurie partagée entre gouvernants et gouvernés…
Jean-Maxime Corneille
Notes
- George Blond : Moi, Laffite, dernier roi des flibustiers (éd. Albin Michel, 1985). ↩
- Mémoire sur le commerce, 1664. ↩
- « La France prépare sa riposte aux fonds activistes, dit Le Maire » (Challenges, 5-4-19) https://www.challenges.fr/top-news/la-france-prepare-sa-riposte-aux-fonds-activistes-dit-le-maire_652368 ; « Faut-Il Interdire Les Fonds Activistes ? (Forbes, 15-2-19) https://www.forbes.fr/finance/faut-il-interdire-les-fonds-activistes%e2%80%89/ ; « Fonds activiste : 3 questions pour tout comprendre » (Les Echos, 09/02/2016) https://start.lesechos.fr/actus/finance-banque-assurance/fond-activiste-3-questions-pour-tout-comprendre-3829.php « Bourse : faut-il investir comme les fonds activistes ? » (Le Revenu, 22/03/2019) https://www.lerevenu.com/bourse/bourse-faut-il-investir-comme-les-fonds-activistes ↩
- « Fonds activistes : Au tour de la France » (L’Agefi, 17/03/2016) https://www.agefi.fr/gouvernance/actualites/hebdo/20160317/fonds-activistes-tour-france-176669 ↩
- « ‘I think we’re helping people’: Activist short seller Carson Block on making the market a better place » (Business Insider, 16-5-16) http://www.businessinsider.fr/us/carson-Block-on-activist-short-selling-2016-5 ↩
- « Carson Block’s Approach to Spotting Fraud, Cockroaches and Bullshit » (Real Vision, 7-12-18) https://www.realvision.com/tv/shows/the-interview/videos/carson-Block-s-approach-to-spotting-fraud-cockroaches-and-bullshit ↩
- « Carson Block Says ‘I Am Not Un-American’ » (Bloomberg Markets and Finance, 29-6-17) https://www.youtube.com/watch?v=IBtaFTTsbR0 ↩
- « The inside story of how short-seller Carson Block made a killing this year, even as the market made life miserable for many investors »(Business Insider, 29-12-2018) https://www.businessinsider.com/how-short-seller-carson-Block-made-a-killing-in-2018-2018-12 ↩
- « Quand Muddy Waters prévient le monde entier avant une attaque en Bourse » (Les Echos, 07/06/17) https://www.lesechos.fr/2017/06/quand-muddy-waters-previent-le-monde-entier-avant-une-attaque-en-bourse-172646 ↩
- « La spectaculaire poussée des fonds activistes » (Les Echos, 10/01/19) https://www.lesechos.fr/finance-marches/marches-financiers/la-spectaculaire-poussee-des-fonds-activistes-360979 ; « Les fonds activistes sont parmi nous » (L’Usine Nouvelle, 4-2-19) https://www.usinenouvelle.com/editorial/les-fonds-activistes-sont-parmi-nous.N798935 ; « L’Europe, nouveau terrain de chasse des fonds activistes » (BFM, 27-1-19) https://www.tradingsat.com/actualites/marches/l-europe-nouveau-terrain-de-chasse-des-fonds-activistes-846057.html ; « Faut-il s’inquiéter des offensives des fonds activistes ? « (BFM, 10/05/2019) https://bfmbusiness.bfmtv.com/entreprise/faut-il-s-inquieter-des-offensives-des-fonds-activistes-1688643.html ; « Finance : profession, tueur d’entreprise » (Regards sur l’économie, Blog d’Olivier Demeulenaere, 19 mai 2016) https://olivierdemeulenaere.wordpress.com/2016/05/19/finance-profession-tueur-entreprise ↩
- « Bribery Probe Follows Muddy Waters Report on Security Firm » (Wall Street Journal, 2-2618) https://blogs.wsj.com/riskandcompliance/2018/02/02/bribery-probe-follows-muddy-waters-report-on-security-firm ↩
- « Canada Regulator Lays Out Fraud Case Against Sino-Forest » (Wall Street Journal, 2-9-14) ↩
- « Le vendeur à découvert américain Muddy Waters cible la Financière Manuvie » (La Presse Canadienne, 4-10-18) https://www.lapresse.ca/affaires/economie/services-financiers/201810/04/01-5199089-le-vendeur-a-decouvert-americain-muddy-waters-cible-la-financiere-manuvie.php ; « Manulife sinks as Muddy Waters’ Carson Block shorts insurer » (Bloomberg, 4-10-18) https://www.bnnbloomberg.ca/muddy-waters-carson-Block-shorts-canadian-insurer-manulife-1.1147520 ↩
- « Block Says Chinese Companies ‘Don’t Play by the Rules’ » (Bloomberg Markets and Finance, 5-6-18)v https://www.youtube.com/watch?v=vzprhYbgeZs ; « Muddy Waters-St Jude: heart attack » (Financial Times, 26-8-16) https://www.ft.com/content/fdd4ebd6-6b0d-11e6-ae5b-a7cc5dd5a28c ↩
- « Carson Block: The man behind Muddy Waters, a scourge of listed Chinese companies » (The Economist. 7-7-11) ; https://www.economist.com/finance-and-economics/2011/07/07/red-flag-raises « Big China Short Shows Downside of Kleptocracy » (Jonathan Weil, Bloomberg View, 11-1-13) https://www.bloomberg.com/opinion/articles/2013-01-10/big-china-short-shows-downside-of-kleptocracy ; « How Short-Seller Carson Block Became The Most Hated Man In China » (Business Insider, 17-12-12) http://www.businessinsider.fr/us/carson-Block-a-short-selling-superstar-2012-12?op=1 ; « Short seller Carson Block says he has a Hong Kong stock in sight » (South China Morning Post, 27-3-17) https://www.scmp.com/business/article/2082239/short-seller-carson-Block-says-he-has-hong-kong-stock-sight ; « Carson Block: Quality of Chinese data ‘unknowable’ » (CNBC, 1-7-14) https://www.cnbc.com/2014/07/01/carson-Block-quality-of-chinese-data-unknowable.html ; « Carson Block fishes for clarity in China’s muddy business waters » (South China Morning Post, 20-8-11) https://www.scmp.com/business/china-business/article/1018780/carson-Block-fishes-clarity-chinas-muddy-business-waters ; « Is Carson Block a Racist? » (Equity Guru, 15-1-18) https://equity.guru/2018/01/15/is-carson-Block-racist ↩
- « Le Talon d’Achille de la Chine est sa chance en or » (F. W. Engdahl, 14 Octobre 2015). Voir également les déclarations de Steve Pieczenik en ce sens sur son blog officiel. ↩
- « Ströer-Leerverkäufe: Staatsanwälte ermitteln » (Capital, 22-6-17) ↩
- « Burford Capital, nouvelle victime de Muddy Waters, s’effondre à la Bourse de Londres » (Investir.fr, 7-8-19) ; https://investir.lesechos.fr/marches/actualites/burford-capital-nouvelle-victime-de-muddy-waters-s-effondre-a-la-bourse-de-londres-1866286.php ; « Burford Capital : Chute maintenant de près de 50% », « Burford Capital : Pris pour cible par Muddy Waters » (BFM Bourse, 7-8-19) https://www.tradingsat.com/actualites/informations-societes/burford-capital-chute-maintenant-de-pres-de-50-874639.html ; « Le blues des banques européennes » (Les Echos, 7-8-19) https://newslettercollector.de/newsletter/le-blues-des-banques-europeennes ↩
- « Muddy Waters hires ex-CIA team to boost attack on ‘deceptive’ Burford Capital » (Times, 17-8-19) https://www.thetimes.co.uk/article/muddy-waters-hires-ex-cia-team-to-boost-attack-on-deceptive-burford-captial-dzvzv62gm ↩
- « Seeking an edge, short-sellers turn to behavioural analysis » (Reuters, 16-4-15) https://www.reuters.com/article/us-noble-group-research/seeking-an-edge-short-sellers-turn-to-behavioural-analysis-idUSKBN0N71C620150416 ↩
- « Muddy Waters research, un fonds spéculatif controversé » (Léa Genton, ENDERE, 15-4-19) https://www.enderi.fr/Muddy-Waters-research-un-fonds-speculatif-controverse_a484.html ; « Muddy Waters hires ex-CIA spooks to challenge Burford » (Telegraph, 19-8-19) https://www.telegraph.co.uk/business/2019/08/16/muddy-waters-hires-ex-cia-spooks-challenge-burford ↩
- « Bloomberg Markets Most Influential 50 » Bloomberg Markets Most Influential 50, Bloomberg L.P. Retrieved 14 January 2013. https://www.bloomberg.com/news/photo-essays/2011-09-08/bloomberg-markets-most-influential-50#slide42 ↩
- « Carson Block Says ‘I Am Not Un-American’ » (Bloomberg Markets and Finance, 29-6-17) https://www.youtube.com/watch?v=IBtaFTTsbR0 ↩
- « Short-seller Carson Block just dropped a blistering letter accusing a company of corrupt payments » (Business Insider, 15-10-15) https://www.cnbc.com/2014/07/01/carson-Block-quality-of-chinese-data-unknowable.html ↩
- « Carson Block, cet activiste devenu le souci n°1 de Casino » (Challenges, 02.04.2016) « Casino: de nouveau sous le feu de Muddy Waters. » (L’Express, 08/03/2016) https://votreargent.lexpress.fr/bourse-de-paris/casino-de-nouveau-sous-le-feu-de-muddy-waters_1771263.html ;
« Casino : Muddy Waters se paie encore le groupe » (Zone-Bourse/Anti-K, 31-8-18) https://www.anti-k.org/2018/09/01/casino-muddy-waters-se-paie-encore-le-groupe ↩ - « Affaire Casino : l’activiste Muddy Waters porte plainte » (Les Echos, 3-11-17) https://www.lesechos.fr/2017/11/affaire-casino-lactiviste-muddy-waters-porte-plainte-151658 ; « Affaire Casino : l’activiste Muddy Waters soupçonne le groupe de le surveiller » (Les Echos, 2-11-17) https://www.lesechos.fr/2017/11/affaire-casino-lactiviste-muddy-waters-soupconne-le-groupe-de-le-surveiller-186677 ↩
- « Casino : Muddy Waters dénonce des manoeuvres d’intimidation à son égard en 2016 » (Minoritaires, 25-6-19) http://www.minoritaires.com/casino-muddy-waters-denonce-des-manoeuvres-dintimidation-a-son-egard-en-2016 ↩
- Site/Blog officiel de Sarah Gibson : https://sarahcgibson.wordpress.com/filmmaker ; Site officiel IBDb (Internet Movie Database) : https://www.imdb.com/name/nm1483020/bio ↩
- Entrevue et livre de Pierre Conesa : « Guerres, Embargos et Propagandes » (Thinkerview, 14-9-18) ; Hollywar : Hollywood, arme de propagande massive, Paris, Robert Laffont, 2018. ↩
- Présentation des activités du groupe au Brésil, sur le site officiel de Casino : https://www.groupe-casino.fr/groupe/les-activites-du-groupe-en-france-et-international/pays/bresil ↩
- Dernier exemple en date : « UFC-Que choisir dénonce les surmarges « exorbitantes » de la grande distribution sur certains produits bio » (Le Monde, 22-8-19). https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/08/22/les-marges-de-la-grande-distribution-75-plus-importantes-sur-certains-produits-bio-selon-ufc-que-choisir_5501626_3244.html ↩
- « Marché de la viande artificielle : le jeu trouble de Carrefour » (Jean Jacques Granianski, Agoravox, 24-8-2019 ) https://www.agoravox.fr/actualites/economie/article/marche-de-la-viande-artificielle-217423 ↩
- « Tension Macron-Bolsonaro : Le président brésilien exige à nouveau que son homologue français se « rétracte » » (20 Minutes/AFP, 28/08/19) ; « Nous pourrons recommencer à nous parler quand il se sera rétracté après ce qu’il a dit contre ma personne », a déclaré Jair Bolsonaro https://www.20minutes.fr/monde/2591431-20190828-tension-macron-Bolsonaro-president-bresilien-exige-nouveau-homologue-francais-retracte ; « En Guyane, la République Française détruit l’Amazonie et sa biodiversité avec l’aide de subventions de l’Europe » (Le Monde, 22-5-19) https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/05/22/en-guyane-la-republique-francaise-detruit-l-amazonie-et-sa-biodiversite-avec-l-aide-de-subventions-de-l-europe_5465529_3232.html ; « Macron se pose en « Amazonien convaincu », en Guyane beaucoup en doutent » (Huffington Post, 28-8-19) https://www.huffingtonpost.fr/entry/macron-amazonie-guyane_fr_5d63e20ee4b0dfcbd490be0f?utm_hp_ref=fr-homepage ↩