Par Moon of Alabama – Le 31 mars 2021
Cet article, tiré du New York Times d’hier, est censé être un article d’information :
Une alliance d’autocraties ? La Chine veut être à la tête d’un nouvel ordre mondial.
Écrit par Steven Lee Myers, le chef du bureau du NYT à Pékin, l’article est rempli de déclarations fausses et non étayées. Il transforme les déclarations explicites de la Chine en faveur de la démocratie et des droits de l’homme en leur contraire. Il est également mensonger quant aux sources de ses citations :
La Chine espère se positionner comme le principal challenger d’un ordre international dirigé par les États-Unis, généralement guidé par les principes de démocratie, de respect des droits de l’homme et d’adhésion à l’État de droit. Un tel système « ne représente pas la volonté de la communauté internationale », a déclaré le ministre chinois des affaires étrangères, Wang Yi, au ministre russe, Sergey V. Lavrov, lors de leur rencontre dans la ville de Guilin, dans le sud de la Chine. Dans une déclaration commune, ils ont accusé les États-Unis d’intimidation et d’ingérence et les ont exhortés à « réfléchir aux dommages qu’ils ont causés à la paix et au développement mondial ces dernières années. »
Aucune preuve ni aucune citation dans le document ne vient étayer l’affirmation selon laquelle l’« ordre international unilatéral, dirigé par les États-Unis » est vraiment « guidé par les principes de la démocratie, du respect des droits de l’homme et de l’adhésion à l’État de droit. » Les guerres que les États-Unis et leurs alliés ont menées et mènent en Irak, en Syrie, en Libye, au Yémen et dans d’autres pays ne sont, en fait, pas conformes à l’état de droit international et ne sont pas non plus exécutées dans le respect des droits de l’homme ou des principes démocratiques.
La citation de Wang Yi dans le deuxième paragraphe est complètement sortie de son contexte. En la plaçant après ses fausses assomptions, l’auteur insinue que Wang Yi rejette les « principes démocratiques, de respect des droits de l’homme et d’adhésion à l’État de droit. »
Wang Yi n’a pas du tout voulu dire cela. Il a en fait voulu dire le contraire.
Voici la citation originale du rapport de la rencontre de Wang Yi avec le ministre russe des affaires étrangères, Sergei Lavrov :
Wang Yi a déclaré que le soi-disant « ordre international fondé sur des règles » établies par quelques pays n’a pas de signification claire, car il ne reflète que les règles de quelques pays et ne représente pas la volonté de la communauté internationale. Nous devons faire respecter un droit international qui soit universellement reconnu.
La déclaration conjointe faite à la suite de la réunion Lavrov-Wang Yi contredit aussi l’insinuation du New York Times :
Le monde est entré dans une période de fortes turbulences et de changements rapides. Dans ce contexte, nous appelons la communauté internationale à mettre de côté toute différence, à renforcer la compréhension mutuelle et à développer la coopération dans l’intérêt de la sécurité mondiale et de la stabilité géopolitique, afin de contribuer à l’établissement d’un ordre mondial multipolaire plus juste, plus démocratique et plus rationnel. 1. Tous les droits de l’homme sont universels, indivisibles et interdépendants. … 2. La démocratie est l’une des réalisations de l’humanité. … 3. Le droit international est une condition importante pour le développement de l’humanité. … 4. En promouvant la coopération multilatérale, la communauté internationale doit adhérer à des principes tels que l’ouverture et l’égalité, ainsi qu’à une approche non idéologique. …
Le rapport du ministère chinois des affaires étrangères sur la publication de cette déclaration en quatre points cite des propos de Wang Yi :
Aujourd’hui, nous publierons une déclaration commune sur plusieurs questions relatives à la gouvernance mondiale actuelle, exposant l’essence de concepts majeurs tels que les droits de l’homme, la démocratie, l’ordre international et le multilatéralisme, reflétant les demandes collectives de la communauté internationale, en particulier des pays en développement. Nous appelons tous les pays à participer à la gouvernance mondiale et à l’améliorer dans un esprit d’ouverture, d’inclusion et d’égalité, à abandonner la mentalité du jeu à somme nulle et les préjugés idéologiques, à cesser de s’ingérer dans les affaires intérieures des autres pays, à améliorer le bien-être des peuples de tous les pays par le dialogue et la coopération, et à construire ensemble une communauté avec un avenir commun pour l’humanité.
La Chine n’a en aucun cas rejeté les droits de l’homme, la démocratie ou l’État de droit. L’auteur du New York Times a simplement monté cela de toute pièce.
Le troisième paragraphe de l’article du NYT cité ci-dessus est également faux. La déclaration commune n’a pas exhorté les États-Unis à « réfléchir aux dommages qu’ils ont causés à la paix et au développement dans le monde ces dernières années. » Il n’y a rien là-dedans qui puisse être interprété comme tel. Les États-Unis ne sont même pas mentionnés dans cette déclaration commune.
La citation utilisée par l’auteur du NYT n’est pas tirée de la déclaration conjointe officielle, comme il l’a faussement prétendu, mais d’un résumé de la conférence de presse fait par la télévision d’État chinoise :
Les deux ministres des affaires étrangères ont déclaré que la communauté internationale estime que les États-Unis devraient réfléchir aux dommages qu’ils ont causés à la paix et au développement dans le monde ces dernières années, cesser de recourir à l’intimidation unilatérale, cesser de s’ingérer dans les affaires intérieures des autres pays et cesser de provoquer des confrontations entre des groupes.
Des affirmations non étayées sur les motivations d’un ordre « dirigé par les États-Unis », des citations hors contexte qui transforment les déclarations réelles du ministre chinois des affaires étrangères en leur contraire et l’attribution erronée d’un résumé d’information comme étant une déclaration diplomatique sont des choses que l’on n’attend pas d’un organe d’information mais plutôt d’un organe de propagande.
C’est donc, de toute évidence, ce que le Times est devenu.
Moon of Alabama
Traduit par Wayan, relu par Hervé pour le Saker Francophone