Même la marine américaine reconnaît la supériorité des armes russes


Par Moon of Alabama – Le 23 décembre 2021

Il y a un signe que les États-Unis reconnaissent enfin la supériorité écrasante des nouvelles armes russes comme les missiles hypersoniques Tsirkon (Zircon). Voyons cela.

La Russie possède plusieurs navires de guerre de la taille d’une corvette ou d’une frégate de classe Amiral Gorshov, d’environ 5 000 tonnes. Ils sont désignés sous le nom de projet 22350. D’autres sont en commande. Ils coûtent environ 120, 150, $500 1 millions de dollars chacun.

Outre d’excellentes défenses antiaériennes et antimissiles et des capacités de guerre électronique, chacun de ces navires dispose de 16 à 32 cellules de système de lancement vertical (VLS) à partir desquelles ils peuvent tirer des missiles hypersoniques antinavires et/ou d’attaque terrestre.

Les navires standard de la marine américaine sont les destroyers de classe Arleigh Burke, d’environ 9 000 tonnes. Il y en a actuellement 69 en service, chacun coûtant environ 1,8 milliard de dollars.

Les Burke possèdent chacun 96 cellules VLS à partir desquelles ils peuvent tirer des missiles de croisière Tomahawk contre des cibles terrestres ou maritimes. Les États-Unis ne disposent pas de missiles hypersoniques. (Les missiles balistiques sont supersoniques mais ne sont généralement pas utilisés à cette fin.) Les Tomahawk volent à une vitesse subsonique et sont dépassés. Lorsque les États-Unis ont attaqué la Syrie, en 2018, en lançant 103 missiles de croisière contre 8 cibles, 71 de ces missiles ont été abattus par les défenses aériennes et antimissiles ou détournés par des moyens électroniques. Seuls 32 missiles, soit moins d’un tiers, ont atteint leurs cibles.

Les missiles hypersoniques permettent à l’attaquant de surmonter les défenses antimissiles protégeant toute cible. Cela conduit, comme l’enseigne Andrei Martyanov dans ses livres, à une supériorité balistique écrasante pour le camp qui dispose de l’hypersonique :

Le résultat de tels calculs est bien exprimé dans une citation de l’amiral Turner que Martyanov cite : « Ce n’est pas la taille des navires qui comptent. C’est la capacité à faire ce qui pourrait être décisif dans une situation particulière. »

Enfin, des diplômés de l’école militaire de l’U.S. Navy, à Monterey, ont également fait les calculs appropriés. Voici leurs résultats (p. 57) :

La section d’analyse documentaire décrit la manière dont les missiles de croisière [Tomahawk Land Attack Missile (TLAM)] doivent être lancés en salves de 16 missiles pour vaincre une cible dotée d’une défense active. En raison de sa vitesse exceptionnelle, de sa manœuvrabilité et de sa trajectoire de vol basse, un seul missile hypersonique à corps glissant est susceptible de venir à bout d’un système de défense active et pourrait vaincre même une salve de TLAM.

 

Un destroyer de la classe Arleigh Burke est équipé de 96 TLAM, soit six salves de 16 missiles chacune. Cela signifie qu’un navire équipé de 12 missiles hypersoniques peut attaquer autant de cibles activement défendues que deux destroyers de classe Arleigh Burke tirant des salves de 16 missiles. 12 [All-Up-Rounds (AURs)] a été choisi comme la note la plus élevée pour cet attribut car il représente l’équivalent offensif de deux navires entiers dans le scénario où une cible activement défendue est attaquée.

Une corvette russe de classe Amiral Gorshov d’environ 5 000 tonnes, équipée de 16 missiles hypersoniques et coûtant entre 150 et 500 millions de dollars, possède une puissance de feu SUPÉRIEURE à celle de deux destroyers américains de classe Arleigh Burke de 9 000 tonnes chacun, équipés de 192 missiles et coûtant au total quelque 3,2 milliards de dollars.

Ce n’est pas qu’Andrei Martyanov, des diplomates russes ou moi-même qui affirmons cela, mais des universitaires payés par la marine américaine.

Les résultats des missiles hypersoniques contre des ennemis ne disposant pas de capacités hypersoniques sont vraiment impressionnants. Ce fait évident vient seulement d’être compris par les experts américains :

Steve Trimble @TheDEWLine – 19:04 UTC – Dec 22, 2021

 

Une étude fascinante. Un planificateur de flotte de la Navy montre comment 1 navire équipé de 12 missiles hypersoniques CPS pourrait avoir la même puissance de frappe que 2 destroyers Arleigh Burke équipés de 192 Tomahawks.

Patrick Armstrong, un ancien analyste militaire en service dans le corps diplomatique canadien, a récemment énuméré un certain nombre de mesures que la Russie pourrait prendre pour faire pression sur les États-Unis afin qu’ils signent les projets de traités « mais-pas-ultimatum » [de Poutine, NdT]. Je voudrais attirer votre attention sur celle-ci :

Je crois (soupçonne ou devine) que les forces armées russes ont la capacité d’aveugler les navires équipés d’Aegis. Moscou pourrait le faire en public d’une manière qui ne pourrait être niée. Sans Aegis, la marine de surface américaine n’est plus qu’une cible. Objection : « il s’agit d’un secret de guerre qui ne doit pas être utilisé à la légère ». À moins, bien sûr, que les forces armées russes n’aient quelque chose d’encore plus efficace.

Les destroyers de classe Burke sont équipés du système d’armes navales intégré Aegis. Si la Russie peut le mettre hors d’état de nuire en aveuglant ses capteurs, ce que j’ai également des raisons de croire possible, la Russie n’a même pas besoin de l’hypersonique pour couler ces navires. Dans un conflit avec la Russie ou ses alliés, les principaux navires de la marine américaine ne seront plus que des coques métalliques inutiles destinées à couler au fond de l’océan sur lequel ils flottent.

Au fait, la Russie ne dépend pas seulement d’une poignée de corvettes de classe Gorshov. Ses sous-marins de classe Yasen peuvent également tirer des Tsirkons. Elle dispose également de missiles antinavires supersoniques Onyx qui peuvent être tirés depuis différentes classes de navires de surface, de sous-marins ou de lanceurs terrestres, ainsi que de missiles antinavires hypersoniques Kh-47M2 Kinzhal qui peuvent être lancés depuis des avions de chasse ou des bombardiers.

Lorsque les États-Unis ou la Grande-Bretagne envoient des navires dans la Baltique ou la mer Noire, c’est uniquement à des fins de propagande. Si un véritable conflit avec la Russie éclataient, ils seraient coulés en quelques minutes.

Et ce n’est pas seulement la marine américaine qui ne peut pas avoir le dessus sur la Russie. Scott Ritter est un ancien officier de renseignement des Marines et inspecteur de l’ONU :

Scott Ritter @RealScottRitter – 18:09 UTC – 22 Dec 2021

 

Un défi ouvert à l’armée américaine : sur un préavis de quelques instants (pas de votre choix), déployez deux brigades lourdes au NTC en une semaine, prêtes à l’arrivée pour mener des exercices intenses d’armes combinées pendant un mois. Cela n’arrivera pas. Qu’est-ce qui fait croire que nous sommes importants en Europe ?

 

Ce que je veux dire, c’est que les États-Unis ne sont que l’ombre de leur ancienne force lorsqu’il s’agit de projeter une puissance de combat terrestre en Europe. La seule Brigade de Combat Blindée que nous avons en rotation n’est pas suffisante. Pas plus que la deuxième BCB pour laquelle nous avons prépositionné des équipements en Pologne.

L’envoi d’une poignée de bombardiers américains en Roumanie relève également de la propagande destinée au public « occidental » et ne constitue pas un véritable défi pour les défenses aériennes de la Russie. Dans un véritable conflit, ils auraient à peine le temps de décoller avant d’être touchés.

La Russie a acquis la suprématie militaire sur les forces des États-Unis et de l’OTAN, et pas seulement en Europe. C’est pourquoi elle peut formuler des exigences et s’attendre à ce qu’elles soient satisfaites. Le « sinon… » derrière ces « demandes qui ne sont pas un ultimatum » est trop évident pour ceux qui sont suivent l’histoire.

Il est temps que les experts, et leur public, le reconnaissent.

Moon of Alabama

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone

Notes

  1. Les 150 millions de dollars étaient mon erreur. C’était pour un autre navire. 500 millions de dollars (Rs 4 000 crore) était le prix de vente mentionné dans un certain journal indien concernant l’achat éventuel d’une frégate de classe Amiral Gorshov. La Russie paiera probablement beaucoup moins que cela.
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