Mais pourquoi les musulmans nous haïssent-ils autant ?
Entre doutes et manipulations

Un policier monte la garde devant le siège de Charlie-Hebdo

Un policier monte la garde devant le siège de Charlie-Hebdo

Les “Islamistes” frappent à nouveau – Du moins c’est ce que ceux qui sont derrière les derniers attentats de Paris voudraient nous faire croire.

par BRANDON MARTINEZ, Press TV

Mercredi dernier, deux hommes masqués, armés de AK-47 ont pris d’assaut les bureaux de Charlie Hebdo, un journal satyrique basé à Paris en France, et ont assassiné tous les dirigeants du journal. Douze personnes ont été tuées pendant l’assaut, la plupart des employés de Charlie Hebdo et quelques policiers. Deux jours plus tard, quatre autres civils ont été assassinés dans un supermarché kasher par deux autres militants supposément liés aux premiers tueurs.

Les deux attaquants, qui avaient crié “Allah Akbar” de manière sporadique au cours de leur assaut, ont été filmés paradant, l’arme au poing, dans les rues de Paris. C’est tout à fait rare que des terroristes fassent savoir qui ils sont et qui ils représentent avant d’avoir fini leur sale boulot, une anomalie que les media-systèmes se sont bien gardés de relever pour des raisons évidentes.

D’autres anomalies posent question. Comment les terroristes se sont-ils procuré des armes militaires sans être repérés ? Le journaliste Gearoid O Colmain a dit à Russia Today que les deux suspects décédés, les Français Saïd et Cherif Kouachi, avaient reçu un entraînement militaire en Syrie et avaient aussi rencontré des leaders d’al-Qaeda au Yémen. Et pourtant les deux frères ont pu revenir en France sans être inquiétés par les autorités. D’autres rapports indiquent que les frères étaient connus des services secrets et étaient surveillés mais ils ont quand même réussi à se procurer, sans le moindre problème, l’armement nécessaire pour mener l’attaque de mercredi.

Dans un article du 8 janvier, Sputnik News rapportait: “Saïd et Cherif Kouachi, deux frères dans la trentaine qui sont soupçonnés d’avoir commis l’attaque terroriste de [Charlie Hebdo], étaient connus de la Direction Générale de la Sécurité Intérieure française et de la préfecture de Police de Paris, selon le magazine le Point de jeudi“. L’article du Sputnik a aussi révélé qu’en 2008 Cherif Kouachi avait été arrêté et condamné à trois ans de prison pour avoir tenté de recruter des combattants pour al-Qaeda en Irak.

Certaines personnes disent que l’attaque parisienne donnait l’impression d’avoir été mise en scène comme dans un film hollywoodien. Ali Şahin, un membre du Parlement Européen turc qui appartient à l’AKP, le parti dirigeant actuel, a abondé dans ce sens en notant la mystérieuse absence de trafic dans la rue au moment de la fusillade et la bizarre absence de sang ou de recul quand le policier parisien a été tué à bout portant par un des hommes armés.

Dans une tribune libre publiée par Press TV, l’analyste Kevin Barrett se demande si l’on peut croire les autorités quand elles disent avoir trouvé la carte d’identité d’un des deux terroristes dans la voiture que les suspects avaient utilisée pour s’enfuir, ce qui a permis à la police de les identifier rapidement. Barrett pense qu’une pareille erreur peut difficilement avoir été commise par des terroristes bien entraînés, et que ça fait plutôt penser à un coup monté visant à impliquer des Musulmans.

Al-Qaeda au Yémen est considéré officiellement comme responsable du massacre de Charlie Hebdo, c’est un détour inhabituel pour l’ISIS ou l’état Islamique (EI) comme on l’appelle maintenant, devenu depuis des mois le croque-mitaine de service des animateurs-vedettes néo-conservateurs des médias de masse.

Selon un rapport de Fox News, “Cherif Kouachi a dit à une chaîne de télévision française avant l’assaut de vendredi dans la zone industrielle qu’il était envoyé par Al Qaeda au Yémen et avait été financé par l’iman Anwar al-Awlaki.” Le même rapport signale ensuite que al-Awlaki a été “tué par une frappe étasunienne au Yémen en 2011,” mais ne va pas jusqu’à expliquer comment un mort peut financer et diriger une attaque quatre ans après son décès.

Il y a encore beaucoup d’autres questions qui restent en suspens au sujet de l’attaque de Paris et auxquelles les vendus serviles qui peuplent les organes de presse des médias dominants n’apporteront sans doute jamais de réponse.

La politique étrangère occidentale et le mécontentement musulman

Si l’on admet que ce sont des groupes de Musulmans qui mènent les attaques terroristes du style de celle de Paris, alors la question que les journalistes et les reporters devraient poser c’est ‘pourquoi les Musulmans sont en colère au point de vouloir causer autant de tort à la France et à ses citoyens?’ La raison qui a été donnée de manière générale à l’attaque – à savoir que ce sont les caricatures anti-Islamiques de Charlie Hebdo représentant le prophète Mohammed de manière infamante qui en sont à l’origine et rien d’autre – permet d’échapper à cette question, à la grande satisfaction de la classe politique française dont la politique étrangère militaire mériterait un examen sérieux.

A la suite de Washington et de Tel Aviv, la France a dernièrement mené une politique étrangère résolument anti-musulmane mais il ne vient pas à l’idée des journalistes de se demander pourquoi les Musulmans réprouvent le régime marionnette pro-américain et pro-israélien actuellement en place à Paris?

On ne peut pas ignorer le fait que les Etats-Unis et la France ont mené l’attaque meurtrière de l’OTAN contre la Libye en 2011, bombardant les civils et les infrastructures sous prétexte de libérer ce pays nord-africain à majorité musulmane d’un dictateur. Grâce aux Etats-Unis, à l’Angleterre, à la France, au Canada et autres états-voyous, la Libye ­– qui était un oasis de progrès dans une partie du monde par ailleurs déshéritée – est maintenant un état failli où règnent le terrorisme et la guerre civile. La stabilité et la prospérité que les Libyens connaissaient sous Kadhafi n’est plus qu’un lointain souvenir et le pays est au bord de l’effondrement pendant les gangs de Takfiris soutenus par l’OTAN et les seigneurs de guerre se battent pour le contrôle de Tripoli.

On a déjà presque oublié que les Français ont envahi le Mali, un pays à majorité musulmane d’Afrique de l’ouest, en janvier 2013, pour anéantir les groupes armés qui se levaient contre le gouvernement fantoche de la France à Bamako. Ajoutez à cela, le soutien indéfectible de la France à Israël et à sa politique terroriste contre les Palestiniens.

S’il s’avérait que la violence musulmane avait vraiment pris la France et d’autres pays de l’OTAN pour cible, il serait judicieux de se pencher sur les causes profondes du mécontentement des Musulmans, au lieu de ressasser la propagande néocon éculée sur les 72 vierges au paradis et autres sottises, pour évacuer le problème.

Se pourrait-il que le fait que le monde musulman ait subi une litanie d’invasions militaires occidentales, ces quelques dernières dizaines d’années, causant la mort et le déplacement de millions de Musulmans, soit à l’origine de la grande consternation et du profond mépris qui émanent de cette partie du monde? Ou nous haïssent-ils tout simplement pour nos libertés, comme les va-t-en guerre néocons et sionistes nous l’assurent?

Il ne faut pas être grand clerc pour faire les déductions qui s’imposent, mais ce sont des questions que très peu de personnes osent sérieusement poser dans la presse mainstream dégénérée.

L’extrémisme islamique: Un ennemi fabriqué?

Nous venons d’assister à des attaques à Ottawa, Sydney et Paris sur une courte période de temps. Peut-on raisonnablement penser que cette récente série d’attaques de loups solitaires djihadistes en Occident soient des incidents isolés, fruits de l’esprit malade de quelques fous? Ou est-on en face de quelques chose de plus sinistre?

Beaucoup d’analystes s’interrogent sur la nature et le timing suspects de tous ces incidents qui arrivent juste au bon moment pour donner du crédit à la coalition menée par les Etats-Unis contre l’ISIS. C’est tout à fait miraculeux que juste au moment où plusieurs pays occidentaux se préparent à effectuer des frappes militaires contre l’ISIS en Irak et en Syrie, des incidents terroristes frappent leurs pays respectifs au moment idéal pour fournir aux politiciens le casus belli qu’ils attendaient pour rejoindre la campagne contre l’ISIS.

Quoiqu’il en soit, la croisade occidentale contre l’ISIS est une telle arnaque que cela en devient comique. La lutte de l’Occident contre l’ISIS n’a pas vraiment pour but de combattre le groupe rebelle, mais plutôt de déstabiliser la région toute entière pour affaiblir et désorienter les rivaux d’Israël. Al-Qaeda, l’ISIS, le Front al-Nusra — sont tous des surgeons du même arbre empoisonné américano-sioniste. Washington et Tel Aviv ont toujours sponsorisé les fanatiques takfiris contre les régimes qu’ils voulaient anéantir, les dernières victimes étant Bashar al-Assad en Syrie et Mouammar Kadhafi en Libye. Ces groupes armés radicaux sont au service du double objectif de leurs soutiens clandestins en Amérique et en Israël : D’abord, ils fournissent un prétexte aux Etats-Unis et à leurs caniches pour envahir le Moyen-Orient; et deuxièmement, en faisant office d’épouvantail, ils garantissent le soutien du public à ces interventions et génèrent de nouvelles cohortes de pigeons et de naïfs prêts à avaler tous les coups montés ourdis par l’état.

Après chacune de ces attaques terroristes, les gouvernements occidentaux ont voté des lois pour augmenter les pouvoirs des services secrets et de la police, établissant dans les faits un état policier aux capacités de contrôle telles qu’il lui devient possible de réprimer dans l’oeuf toute opposition de la population à la politique gouvernementale. Réduire au silence les critiques de la guerre contre le terrorisme à l’intérieur tout en attaquant les ennemis d’Israël à l’étranger – voilà la parfaite décoction que les maîtres à penser de la stratégie de la tension mondiale nous ont mijotée sous couvert de Djihadisme.

Liberté d’expression pour cogner sur les Musulmans mais pas sur les Sionistes.

En réponse aux atrocités commises à Paris, les politiciens français et les autres leaders occidentaux ont fait des déclarations pontifiantes sur les valeurs occidentales en invoquant la liberté d’expression. “Nous vivons dans une démocratie libre et ouverte où règne la liberté d’expression,” ont répété malhonnêtement les leaders de l’Occident. “Les Musulmans radicaux ne croient pas en nos valeurs, c’est pourquoi il est nécessaire de les combattre au delà des mers”, voilà l’argument principal de l’establishment répété en boucle par les colporteurs professionnels de la narrative officielle qui posent comme présidents et premiers ministres.

L’hypocrisie de la chose laisse pantois. Pas plus que la plus grande partie de l’Europe aujourd’hui, la France n’est un bastion de la liberté d’expression, elle qui a, au contraire, adopté plusieurs lois draconiennes, au cours des dernières années, en particulier l’infâme  Loi Gayssot qui criminalise les opinions qui contredisent l’historiographie officielle de la seconde guerre mondiale et de l’holocauste. Les révisionnistes français comme Robert Faurisson, Vincent Reynouard et d’autres personnes qui ont remis en question le chiffres des Six Millions de morts de l’Holocauste ont été emprisonnés et condamnés à des amendes énormes par l’état français pour avoir publié des conclusions historiques différentes. L’existence de lois aussi répressives en France met en lumière la duplicité du nouvel amour pour la liberté d’expression de gens comme le président français François Hollande et ses ministres.

S’inspirant sans doute de Staline, le régime français a récemment interdit les manifestations en faveur de la Palestine, et a même été jusqu’à poursuivre en justice plusieurs militants pro-palestiniens importants pour crime de haine. Et pendant que les méprisables leaders français approuvent et même encouragent les attaques satyriques contre l’Islam et les Musulmans au nom de la liberté d’expression – sans parler de larguer des bombes sur des pays musulmans comme la Libye et le Mali – ces mêmes mécréants ont proscrit toute parodie du privilège sioniste et juif.

Tout en applaudissant les caricatures anti-musulmanes de Charlie Hebdo au titre de la liberté d’expression, la classe politique française, experte en fourberie, a mené une chasse aux sorcières incessante contre le comédien et humoriste français Dieudonné, dont les parodies anti-sionistes ont agacé la classe dirigeante juive. Les autorités françaises ont fait interdire les spectacles du très populaire humoriste pour empêcher les gens d’aller le voir dans tout le pays sous peine de prison et d’amendes. L’Angleterre a aussi banni le comique de son territoire à cause du célèbre geste de la Quenelle, un geste qui ressemblerait au salut nazi et est donc antisémite.

Faisant référence à Dieudonné, le président français François Hollande lui-même a promis d’utiliser tous les moyens à la disposition de son gouvernement pour “lutter contre les sarcasme de ceux qui se disent humoristes mais sont en réalité des antisémites professionnels.” Dans la France Orwellienne de Hollande, la liberté d’expression est réservée à ceux qui diffament l’Islam, tandis que les critiques du Sionisme et de l’exceptionalisme juif sont d’abord stigmatisés puis criminalisés – un tribut au vrai pouvoir caché derrière le trône de ce pays autrefois libre.

Brandon Martinez est un écrivain et journaliste indépendant du Canada, spécialiste des questions de politique étrangère, des questions internationales et de l’histoire des 20è et 21è siècles. Ses articles et analyses sont publiés sur Press TV, Veterans News Now, Media With Conscience News, Whatsupic, Intifada Palestine, Information Clearing House, What Really Happened, etc. Il a co-fondé Non-Aligned Media et écrit en 2014 le livre: Grand Deceptions: Zionist Intrigue in the 20th and 21st Centuries.

Traduction Dominique Muselet pour le Saker Francophone

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