Lorsque le peuple de France se révoltait…
Portée et héritage de la Commune de Paris

Préambule

En cette période de commémoration de l'armistice de 1945 en Russie, le 9 mai, et devant le silence minutieusement orchestré par la presse atlantiste occidentale otanasiée, à l'exception de quelques articles anecdotiques sur l'événement, le Saker Francophone a donné la parole à un vieux témoin qui n'a oublié ni Stalingrad, ni la Commune de Paris.

Par Michel Pointurier* – Avril 2016

Résultats de recherche d'images pour « colonne vendôme »Parmi les mesures symboliques de la Commune de Paris, il y a le renversement de la colonne Vendôme, monument glorifiant les guerres napoléoniennes. Par là, la Commune signifiait sa répudiation du chauvinisme et condamnait la guerre de conquête comme contraire à l’intérêt des peuples.

C’était faire sien le mot d’ordre : «Prolétaires de tous les pays, unissez-vous». La Commune n’eut pas le temps d’appliquer largement une politique socialiste, du fait qu’elle dut se consacrer à la défense de Paris contre l’armée versaillaise, mais elle réussit à prendre quelques mesures en faveur des travailleurs et de la démocratie :

I. Séparation de l’église et de l’État, suppression du budget des cultes, instauration de l’école laïque.

II. Interdiction du travail de nuit dans les boulangeries, suppression du système des amendes.

III. Remise des usines et ateliers abandonnés ou immobilisés aux associations ouvrières.

IV. Traitement des fonctionnaires limité à un salaire normal d’un bon ouvrier.

Le trait le plus essentiel fut la suppression de fait du parlementarisme, au profit d’un «Corps agissant, exécutif et législatif», le remplacement de l’armée permanente par le peuple en armes. Mais la proclamation de la Commune, c’est-à-dire le passage du pouvoir du Comité central de la garde nationale aux Assemblées municipales élues fut, comme le remarqua Marx, effectuée prématurément. Cela permit à des politiciens de l’aile droite de la Commune, comme Clémenceau, de rechercher le compromis avec Thiers et d’empêcher ainsi une offensive contre les troupes versaillaises, alors qu’y régnaient le désordre et la confusion. Cet attentisme permit à la réaction de rassembler ses forces à Versailles, alors qu’il aurait fallu se lancer à sa poursuite immédiatement. Un certain nombre d’erreurs et d’imprudences furent également commises, preuve de l’insuffisance de conscience, d’unité politique et de préparation du prolétariat. La Banque de France ne fut pas saisie, mais modestement mise à contribution (pour éviter l’accusation de gaspillage des deniers publics), tout en continuant à fonctionner pour les Versaillais. La Commune ne réussit pas non plus à gagner les masses paysannes majoritaires dans le pays, malgré plusieurs appels au peuple de France. La leçon en fut tirée en Russie après octobre 1917. L’héroïsme des insurgés jusqu’à l’écrasement total est resté légendaire. Les meilleurs fils et filles du prolétariat de Paris résisteront jusqu’au bout, même après les défections des éléments petits-bourgeois, boutiquiers… Résultat de recherche d'images pour "commune de paris"La Commune fut aussi une démonstration d’internationalisme, illustré par les généraux polonais Wroblewski et Dombrowski à la tête de la garde nationale. Les lois qui empêchaient l’élection de ressortissants étrangers furent d’ailleurs abolies. Aujourd’hui cette page mémorable de l’histoire est toujours d’un grand intérêt à étudier pour son exemplarité, de même que les analyses théoriques que Marx, Engels et Lénine en ont faites pour définir les tâches du prolétariat et la voie de la révolution socialiste en France. La Commune est et restera comme un des grands événements qui ont marqué l’histoire. Elle fut une étape non négligeable dans la lutte des classes et dans le processus d’émancipation de la classe ouvrière. Si en 1789, les masses populaires dirigées par la bourgeoisie ont mis un terme au régime féodal en inaugurant le camp du progrès face la réaction, la Commune de Paris de 1871 a cristallisé dans tous les pays européens l’opposition irréductible entre le prolétariat et la bourgeoisie. Les bolchéviks et leurs éminents dirigeants que furent Lénine et Staline, ont su tirer tous les enseignements de ces événements. La Révolution socialiste d’octobre 1917 a ainsi créé le premier État socialiste au monde et donné naissance au mouvement anti-impérialiste sur l’ensemble de la planète.

Cependant, au vu du processus contre-révolutionnaire qui a catalysé l’union de la réaction nationale avec les Prussiens pour anéantir la première révolution prolétarienne de 1871 d’une part, et d’autre part de la grande contre-révolution de 1989 qui a vu se dresser, dans le monde, toutes les forces de la bourgeoisie et de la réaction pour abattre l’URSS – avec, il est vrai, le concours essentiel des révisionnistes communistes russes et de bien des partis communistes occidentaux – force est de constater que Staline avait raison de combattre les ennemis de l’intérieur et de clamer bien haut combien la «dictature du prolétariat» était nécessaire, tant que le capitalisme n’aurait pas été complètement éradiqué. À vouloir brûler les étapes, en déclarant prématurément que le socialisme avait définitivement triomphé, Khrouchtchev a ouvert une voie royale au révisionnisme, voie dans laquelle les Brejnev, Gorbatchev et autres Eltsine se sont engouffrés pour mettre un terme au premier État socialiste du monde.

Il faut tout de même se rendre à l’évidence qu’il a fallu quarante ans à ces renégats pour atteindre leur objectif, comme quoi le camarade Staline avait su bâtir, malgré les pires difficultés, un État socialiste solide qui fit vraiment trembler les plus grands de ce monde.

Michel Pointurier

* L’auteur du texte se présente ainsi : 

“…adhérent au syndicat C.G.T. tout autant qu’un sympathisant communiste … Né le 15 octobre 1931, j’avais donc dix ans lorsque Hitler lança son opération «Barbarossa» contre l’U.R.S.S. un an après avoir écrasé notre armée, en seulement deux mois, nous contraignant à subir des privations de tous ordres, lesquelles furent surtout alimentaires dans notre région dite «zone libre», antichambre de notre future occupation qui allait survenir suite au débarquement américain en Afrique du nord.

… Le 21 juin 1941, je suis devenu stalinien. Certes, je n’en avais pas pleinement conscience, vu mon âge, mais bien des choses me donnaient à penser que notre avenir de liberté restait, dorénavant, suspendu à la résistance qu’allait opposer le peuple soviétique, sοn armée rouge et son chef Staline aux hordes hitlériennes, et, chaque soir, toute la famille se tenait à l’écoute de la BBC et de son émission: «Les Français parlent aux Français» laquelle nous renseignait sur les opérations qui se déroulaient sur le front soviétique et que nous matérialisions sur une carte avec des épingles de couleur…»

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