L’essentiel est de participer


L’Allemagne veut faire la guerre, même sans mandat de l’ONU : l’armée de l’air et la marine prennent la Syrie pour cible


Par Sebastian Carlens – Le 27 novembre 2015 – Source Junge Welt

Il y a là de quoi mener plusieurs guerres : la base de la Marine allemande à Kiel, en 2014 – Photo: flickr.com/Bundeswehr/Christian O. Bruch

Si ça tire beaucoup dans le monde, l’Allemagne fait sienne la devise olympique : l’essentiel est de participer. La République fédérale ne veut plus rester hors du combat dans la Syrie déchirée par la guerre : officiellement déclarée soutien à la France, l’armée allemande doit participer à la guerre contre le terrorisme avec ses avions de combat Tornado, a déclaré jeudi le porte-parole à la Défense du groupe parlementaire de la CDU, Henning Otte. La Marine doit aussi en être : selon un article de Spiegel online, une frégate doit protéger le porte-avion français Charles de Gaulle, qui sert de plateforme pour les frappes aériennes. Des renseignements satellites et l’engagement d’avions de ravitaillement sont aussi promis.

L’ordre de marche a été décidé à midi par la chancelière Angela Merkel (CDU) et les ministres responsables lors d’une rencontre à Berlin, a rapporté l’agence de presse dpa jeudi. A Berlin, la coalition a examiné jeudi après-midi et dans la soirée l’effort de guerre en Syrie. Le soir, des séances spéciales des groupes de la coalition de la CDU et du parti social-démocrate ont été convoquées sur ce thème.

Merkel avait déjà promis mercredi une aide militaire à la France lors d’une rencontre à Paris avec le chef de l’État François Hollande. L’Allemagne veut «être aux côtés de la France» et «tout faire pour que des événements tels que les attentats du 13 novembre à Paris ne se répètent pas». La France mène conjointement avec les États-Unis des attaques aériennes en Syrie, pour frapper la milice d’État islamique (EI). EI a revendiqué les trois attentats qui ont fait plus de cent morts à Paris.

La ministre de la Défense Ursula von der Leyen (CDU) avait en outre annoncé mercredi qu’un nombre significativement plus important de soldats allemands seraient envoyés au Mali et en Irak. Selon la ministre, cela concourt aussi à lutter contre les milices d’EI et à soulager la France.

Les formulations choisies par Otte et Merkel n’excluent pas d’autres engagements, allant des frappes aériennes au stationnement de troupes au sol. Même sans mandat de l’ONU, qui nécessite l’approbation de la Chine et de la Russie, qui jouissent du droit de véto, un engagement en Syrie serait possible, a déclaré le porte-parole socialiste responsable de la Défense à la radio sarroise (Saarländischer Rundfunk). «Il vaudrait mieux un mandat de l’ONU, mais il y a eu la semaine dernière une résolution des Nations unies et l’engagement pris par les Européens d’aider leurs partenaires. Les deux sont valables», a déclaré Arnold. Il a souligné que l’engagement des Tornados de la Bundeswehr à des tâches de reconnaissance aérienne serait «une contribution à la lutte active, là nous ne devons pas tourner autour du pot».

Seule Die Linke s’est prononcée contre tout engagement de l’armée allemande, en toutes circonstances. C’est «actuellement exclu par le droit international et serait catastrophique diplomatiquement», selon Wolfgang Gehrcke, vice-président du groupe parlementaire Die Linke. Son parti rejette «strictement une telle approche», même si «les préoccupations en terme de droit international pouvaient être dissipées, ce qui n’est actuellement pas le cas».

Gehrcke a rappelé l’expérience catastrophique des treize années de guerre en Afghanistan. Il est peu vraisemblable que le gouvernement allemand en tire des leçons. Jamais depuis la fin de la confrontation entre les deux systèmes la République fédérale allemande n’a été aussi près d’une guerre chaude entre grandes puissances.

Traduit par Diane, édité par jj, relu par Literato pour le Saker Francophone

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