Par Moon of Alabama – Le 19 octobre 2017
L’armée américaine est un paradis socialiste :
Les membres en service et leurs familles vivent gratuitement sur la base. Les personnes vivant hors de la base reçoivent une allocation pour couvrir leurs frais de logement. Ils s’approvisionnent dans des économats et des magasins de l’armée où la nourriture et les produits de première nécessité sont beaucoup moins chers que dans les magasins civils. Les soldats et leurs familles reçoivent une éducation de qualité et bénéficient d’excellents soins de santé. Ils sont sûrs d’être en sécurité chez eux car il y a beaucoup moins de violence sur les bases que dans les villes américaines de taille comparable. Et les résidents de la base profitent d’un large éventail de loisirs − pas seulement des restaurants et des cinémas, mais aussi des étangs de pêche, des terrains de camping et des terrains de golf construits pour leur usage.
Bien sûr, certaines bases sont mieux équipées que d’autres. Mais même dans la moins distrayante, les soldats bénéficient d’une parfaite protection sociale et d’un filet de sécurité qui ne fait pas de différence entre un bleu et un cadre supérieur.
Ceux qui ont fait carrière dans l’armée touchent une généreuse retraite.
« Mais la vie militaire est dangereuse ! »
Pas du tout.
Selon une étude réalisée en 2012 par le Centre de surveillance de la santé des forces armées (AFHSC), le risque de mort est plus faible pour les soldats que pour les civils :
Au cours des deux dernières décennies (qui comprenaient deux intenses périodes d’opérations de combat), le taux de mortalité brut global des membres de l’armée américaine était de 71,5 pour 100 000 [personnes/an]. En 2005, dans la population totale des États-Unis, le taux de mortalité global brut chez les 15-44 ans était de 127,5 pour 100 000 habitants.
Cette énorme différence est assez étonnante. Le taux de mortalité des soldats serait même resté inférieur à celui des civils si les États-Unis avaient entamé une autre guerre de taille moyenne :
Si les taux de mortalité par tranche d’âge de l’ensemble de la population américaine en 2005 avaient affecté les groupes d’âge respectifs des militaires actifs pendant la période sur laquelle porte ce rapport, il y aurait eu environ 13 198 (53%) décès supplémentaires chez les soldats.
Ceux qui travaillent dans l’armée des États-Unis, même lorsque les États-Unis sont en guerre, ont une vie bien protégée et beaucoup d’avantages. Ils risquent moins leur vie que leurs pairs civils. Mais quand il arrive qu’un soldat meure, on parle de « sacrifice ». Les pêcheurs, les ouvriers du transport et de la construction, qui enregistrent les taux de mortalité professionnelle les plus élevés, n’ont pas droit à des funérailles solennelles, ni à de pompeux éloges funèbres.
Il peut arriver que des soldats se comportent héroïquement et meurent pour une bonne cause. Mais c’est plutôt rare. Les rapports sont parfois falsifiés à des fins de propagande.
L’armée américaine dépense plus d’un milliard par an en publicité. Elle dépense un nombre inconnu de millions de dollars pour des opérations de propagande secrètes. Une propagande qui n’est pas destinée à influencer l’ennemi mais le peuple des États-Unis. Ces dernières années, les services militaires et de renseignement des États-Unis ont écrit ou exercé une grande influence sur les scripts de 1 800 productions hollywoodiennes et télévisées. Les scénarios de nombreux films prestigieux passent par un bureau de censure militaire qui décide du montant d’« aide à la production » que le ministère de la Défense octroiera au film.
Un aspect plutôt schizophrène de leur vie protégée est la peur que ressentent les soldats. Bien qu’on prenne on ne peut mieux soin d’eux et qu’ils n’aient aucune raison de craindre pour leur vie, les soldats semblent être une bande de pétochards. La cause de leur angoisse est difficile à cerner. Elle s’insinue dans toutes les questions d’actualité. En tout cas, c’est ce que donnent à penser ces grands titres :
- L’armée américaine craint les capacités de guerre électronique de la Russie
- L’Armée de l’Air craint une nouvelle « folie de drogue »
- Les États-Unis craignent que le volcan n’endommage leurs jet
- L’armée américaine craint l’issue d’un procès pour viol
- L’armée américaine craint une probable guerre majeure dans un délai de cinq ans
- Pourquoi la Marine des États-Unis a-t-elle peur des pirates ?
- Après le massacre de Kandahar, l’armée américaine craint de nouvelles représailles des talibans
- L’armée a peur de votre iPhone
- Le Pentagone redoute la « vente » de l’activité de puces d’IBM. Pourquoi ?
- Le Pentagone s’inquiète de l’ignorance concernant l’Iran
- Le FBI et le Pentagone ont peur de la nouvelle technologie génétique. Pourquoi ?
- Le Pentagone s’inquiète du piratage des GPS
- Des Marines craignent que des innocents soient reconnus coupables de viol
- L’armée américaine craint que les Irakiens ne parviennent pas à assurer la sécurité
- Le personnel de la Force aérienne craint les futures coupes de budget
- L’armée américaine craint la réforme sur l’agression sexuelle. Pourquoi ?
- Les 4 plus grandes peurs de la Force aérienne
Les membres de l’armée américaine vivent bien. Ils sont en sécurité. Leur propagande les dépeint comme des héros. En même temps, on nous dit que c’est un tas de zombies qui ont peur de tout ce qu’on peut imaginer.
Je trouve qu’il y a là une étrange contradiction.
/Snark1.
Traduction : Dominique Muselet
Note
- Snark fait référence à un récit sous forme de poème écrit par Lewis Carroll et publié en 1876 : « La Chasse au Snark » (en anglais : « The Hunting of the Snark »). C’est un parangon de l’absurde, ayant pour cadre la chasse d’un animal fantastique, le Snark. ↩
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