Par Moon of Alabama − Le 4 avril 2025
Les négociations entre les États-Unis et la Russie au sujet de la guerre en Ukraine semblent s’essouffler.
Pendant longtemps, la Russie a insisté pour que la solution au conflit en supprimer les causes racines. Elle ne peut pas permettre que l’Ukraine soit transformée en bélier frappant à sa porte. Elle ne peut pas laisser un gouvernement fasciste en Ukraine.
Toute solution au conflit doit résoudre (au minimum) ces deux problèmes.
L’administration Trump veut se débarrasser du problème ukrainien. Elle veut mettre en œuvre un cessez-le-feu pour pouvoir regarder ailleurs et ignorer le problème qui couve.
La Russie ne va pas accepter ça (archivé) :
Mardi, Moscou a renforcé ses demandes maximalistes et relevant de la ligne dure, lorsque Sergei Ruabkov, adjoint au ministre des affaires étrangères, s’est plaint que la demande de la Russie « d’une résolution des problèmes en lien avec les causes racines du conflit » restassent ignorées par les États-Unis, et « nous ne pouvons pas accepter tout cela tel quel. »
Pendant que les États-Unis surestiment les progrès qu’ils réalisent au travers des discussions, Moscou semble se préoccuper de ce que les négociateurs de Trump ne comprennent pas le sérieux de ces demandes, selon [Thomas Graham, directeur pour la Russie du Conseil de Sécurité Nationale sous l’administration George W. Bush, et désormais membre du Council on Foreign Relations].
« La question est de savoir si l’administration dispose de la patience de continuer ces négociations, et si elle peut mener ces négociations de manière à obtenir des concessions de la part de la Russie, » a-t-il affirmé.
« Obtenir des concessions ? » Par quel moyen ?
Les États-Unis ne disposent d’aucun levier vis-à-vis de la Russie. C’est l’armée russe qui avance sur le champ de bataille en Ukraine. Elle dispose de profusions de soldats en réserve. Elle produit beaucoup plus d’armes et de munitions que l’OTAN. Elle est stable en termes politiques, sociaux et économiques.
Marco Rubio, le secrétaire d’État, menace la Russie de nouvelles sanctions (traduction automatique) :
« Nous ne nous intéressons pas aux négociations pour le simple fait de mener des négociations — nous n’allons pas poursuivre ceci indéfiniment. Nous disposons d’un certain temps durant lequel nous voulons comprendre s’ils sont prêts ou non, et ce temps est déjà en train de s’épuiser. Le Congrès a déjà commencé à travailler sur une loi de sanctions additionnelles, et la pression en provenance du Capitole va continuer de croître, » a affirmé le secrétaire d’État étasunien.
Selon lui, il était important « de simplement commencer un dialogue, car nous n’avons pas parlé pendant longtemps, mais désormais nous devons réaliser des progrès. »
Le projet de loi sus-mentionné stipule l’introduction de nouvelles sanctions contre Moscou, ainsi que des droits de douane de l’ordre de 500% sur les importations pour les pays qui achètent du pétrole, du gaz de l’uranium et d’autres produits russes.
C’est « durant les semaines, et non les mois qui viennent, » que nous saurons si la Russie est prête à mettre fin à la guerre, a déclaré Rubio.
La Russie subit déjà un total de 28 000 sanctions individuelles. Si les États-Unis menacent de sanctions d’autres pays achetant du pétrole russe, les sanctionnés trouveront des moyens de les contourner. Il s’agit, à l’instar des « barrières douanières » étasuniennes, d’une autre manière de saborder la position mondiale des États-Unis.
Des signes indiquent que Rubio et ses camarades néoconservateurs au sein de l’administration Trump ont décidé de bloquer de nouvelles discussions :
Le cercle proche de Trump s’oppose à un coup de téléphone à Poutine, à moins que le dirigeant russe s’engage à un cessez-le-feu total en Ukraine, ont déclaré sous couvert d’anonymat deux dirigeants de l’administration.
Bien que Trump ait affirmé quelques jours plus tôt qu’il projette de parler à Poutine, aucun appel n’a été planifié entre les deux dirigeants, affirment les deux dirigeants.
Il est possible, selon les deux dirigeants, que Trump décide abruptement de vouloir parler à Poutine, mais il lui a été conseillé de ne pas le faire jusqu’à ce que Moscou annonce son accord à un cessez-le-feu total en Ukraine.
Ne pas parler à Poutine et attendre quoi ? Godot ?
Heureusement, il existe une deuxième ligne de communication entre Steve Witkoff, l’envoyé de Trump, et le dirigeant du Fonds d’Investissement Direct Russe, Kirill Dimitriev. La Russie propose aux États-Unis de très importantes opportunités d’investissements. C’est la carotte de Poutine, par opposition au bâton qui représente l’avancée continue de l’armée russe en Ukraine.
Dimitriev, durant sa visite à Washington, a affirmé que les conversations se déroulaient dans de bonnes conditions, mais que certaines puissances voulaient les enrayer :
L’envoyé du président russe pour les investissements, Kirill Dimitriev, qui est en visite à Washington cette semaine, a affirmé jeudi que des forces non identifiées s’employaient à attiser des tensions entre la Russie et les États-Unis.
« Aujourd’hui, de nombreuses forces intéressées au maintien de tensions se dressent contre le rétablissement d’une coopération constructive… Ces forces déforment volontairement la position russe, essayaient de perturber la moindre étape allant vers le dialogue, et ne font l’économie d’aucune énergie et d’aucun subside en cela, » a affirmé Dmitriev sur Telegram.
« Les opposants au rapprochement craignent que la Russie et les États-Unis finissent pas trouver un terrain d’entente, commencent à se comprendre l’une l’autre, et établissent une coopération dans les affaires internationales et dans l’économie, » affirme-t-il.
Il est évident que les actions contre de nouvelles négociations proviennent des néo-conservateurs, comme Rubio, au sein de l’administration Trump.
Trump va-t-il être en mesure de les désarmer ?
Moon of Alabama
Traduit par José Martí pour le Saker Francophone