Par Andrew Korybko – Le 6 décembre 2018 – Source orientalreview.org
Un scientifique chinois revendique la toute première genèse de bébés modifiés génétiquement.
Si l’on en croit le Professeur He Jiankui, il a utilisé la technologie de modification du génome CRISPR-Cas9 pour immuniser deux jumelles au virus du VIH, en revendiquant le côté pionnier de ses actions – à ce jour non confirmées – en regard de l’aspect hyper controversé de ce type de manipulation ; il a déclaré qu’il appartenait dès lors à la société de décider des prochaines étapes en la matière. Ses déclarations ont immédiatement ouvert la voie à un déluge de critiques considérant ces actions comme non éthiques : en effet, ces modifications constituent un préalable à divers abus potentiels, que l’on pourrait désigner comme des « bébés OGM », c’est à dire des enfants dont des caractéristiques physiques ou autres pourraient être choisies à l’avance par leurs parents. Et ce n’est pas tout, car cette technologie ouvre la voie à des applications militaires faciles à imaginer – et il n’est d’ailleurs pas du tout impossible qu’elles aient déjà fait l’objet d’expériences secrètes Dieu sait où.
Reste qu’officiellement, ce scientifique chinois est le premier à avoir utilisé cette technologie sur des embryons humains. Si la preuve est faite que ses affirmations correspondent à la réalité, alors cet événement pourrait marquer le début d’une course industrielle frénétique à qui poussera la technologie aussi loin que possible, le plus vite possible, car divers compétiteurs – parmi lesquels, n’en doutons pas, on trouvera les géants technologiques mondiaux – se disputeront la première place sur le marché. Cela a déjà été anticipé par des récits de science-fiction, mais aussi dans des publications on ne peut plus sérieuses : on peut s’attendre à ce qu’une prolifération non régulée autour de cette technologie amène au développement de soi-disant « supers humains », dont les capacités physiques et intellectuelles surpasseront celles des êtres humains « normaux ». Pire encore, si on les fusionne avec des machines pour en faire des « cyborgs », ils disposeront d’un avantage décisif pour contrôler tous les autres.
Autre possibilité dérangeante : si des « supers humains » sont conçus par certains pays pour se montrer immunes à toute arme biologique secrète développée par le même pays, cela pourrait en théorie leur permettre d’employer ces armes de destruction massive contre leur propre population s’ils étaient attaqués, sachant que les armes en question ne tueraient que les ennemis, non protégés par la technologie dans leurs gênes. Dans le même registre, des gouvernements pourraient utiliser de telles armes biologiques contre des pays ennemis après avoir infiltré des sujets génétiquement modifiés dans la population ciblée comme des « cellules dormantes », prêtes à prendre le contrôle dès lors que les populations locales auront été décimées. Fondamentalement, la technologie de « bébé OGM » pourrait facilement amener à des « cyborgs surhumains » et à une course aux armements biologiques, qui permettraient l’une dans l’autre de décimer d’immenses portions de la population mondiale, et d’altérer la nature même de l’humanité.
Le présent article constitue une retranscription partielle de l’émission radiophonique context countdown, diffusée sur Radio Sputnik le 30 novembre 2018.
Andrew Korybko est le commentateur politique américain qui travaille actuellement pour l’agence Sputnik. Il est en troisième cycle de l’Université MGIMO et auteur de la monographie Guerres hybrides : l’approche adaptative indirecte pour un changement de régime (2015). Le livre est disponible en PDF gratuitement et à télécharger ici.
Traduit par Vincent, relu par Cat pour le Saker Francophone
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