Le silence est d’or : plaidoyer pour une accalmie


Par Patrice-Hans Perrier − Le 21 août 2019 − Source Carnets d’un promeneur

Art persan – Gracieuseté Éditions Actes Sud

Écrire, c’est un peu comme faire partie d’une cohorte de galériens attachés aux lourdes rames d’une embarcation malmenée par les flots tumultueux de « l’air du temps ». Faut-il s’épancher sur des cas de figure qui « cartonnent » dans les grands médias ou, a contrario, prendre la peine de donner quelques coups de rames afin de faire dériver le « bateau ivre » de l’agenda médiatique vers des eaux moins troubles ? On a beau ramer de toutes ses forces, tenter d’être au diapason des autres galériens, rien n’y fait quand on possède un cœur de mutin.

Réinformation ou pas – oubliez la définition bâclée de Wikipédia – tout le charabia actuel autour des soi-disant « grands événements de l’heure » nous donne le tournis à force de dériver du côté des arguments, des contre-arguments et autres arguties nébuleux qui sont le lot de toute interprétation qui se donne la peine de confronter le discours officiel. Encore faudrait-il savoir de quoi on parle en matière de « discours officiel ».

La volonté de puissance peut contraindre la réalité

Le premier film de la série « The Matrix » mettait en scène un combat virtuel entre Neo, le principal protagoniste, et Morpheus, sorte d’« accoucheur de conscience », afin de nous enseigner quelques clefs à propos de la puissance des percepts et notre responsabilité de les maîtriser. C’est ainsi que Neo et Morpheus s’engagent dans un combat d’art martial virtuel, dans un contexte où c’est la puissance de leur volonté, leurs percepts et leurs capacités de voyances qui sont en jeu. Les combattants sont rivés à leur chaise, avec des connexions à haut débit plantées dans le cou, et s’affrontent dans une arène virtuelle.

L’arène et ses paramètres sont peut-être définis par un programme informatique, mais c’est la capacité d’anticipation, de voyance, et les réflexes-moteurs des combattants qui font toute la différence. Neo [certains le comparent à Noé] est malmené par la clairvoyance de Morpheus [ Orphée ] durant la première partie du combat; son assaillant lui assène cette vérité incontournable : « qu’attends-tu donc [pour me frapper], tu es plus rapide que cela, ne pense pas que tu l’es, sache-le ! ».

Brisons les règles du programme

Ainsi, la matrice de nos univers virtuels pourrait être comparable à un programme d’entraînement mental et émotionnel. Mais, dans quel but ? Un grand nombre de nos contemporains se contentant de « performer » en utilisant les diverses interfaces mis à leur disposition pour « contourner » le réel. Pour aller plus vite, nous utilisons la réalité virtuelle et ses « pods » ou « cosses » afin d’éviter les inconvénients qui sont le lot de la vie de tous les jours. Toutefois, les connexions que nous utilisons sont limitées en cela qu’elles ne nous permettent PAS de contourner les règles de la réalité virtuelle. Nous pouvons, tout au plus, commander des biens et services, travailler en « temps réel » en dehors du bureau ou anticiper des trajectoires sur notre chemin. Quoi qu’il en soit, l’ensemble de ces prothèses ne nous permet pas de changer les paramètres de la « réalité ».

Au tout début de cette séquence mémorable, Morpheus prévient Neo que les règles prescrites par le programme de simulation de combat ne diffèrent en rien de celles qui prévalent dans un programme informatique de base. Certaines règles peuvent être atténuées, d’autres brisées. L’essentiel résidant dans la capacité d’adaptation et d’improvisation du combattant, pas dans sa maîtrise parfaite d’une technique en particulier.

Être rusés comme des serpents et purs comme des colombes

Ainsi, suivant les enseignements de Morpheus, le fait de tenter de maîtriser les dernières « applications » sur le marché afin d’aller plus vite, ou de mieux performer, ne mène nulle part. Dans la première partie de ce combat simulé, Neo ne fait que se conformer aux règles du programme en fonction, mais oublie de les contourner afin de pouvoir mettre en scène sa propre « volonté de puissance » automotrice. Morpheus apprend à Neo que sa supériorité en termes de rapidité et de force ne provient pas de ses propres muscles ou des paramètres de l’espace reconstitué du dojo.

C’est la souplesse du combattant qui lui permet de contourner les règles du système, afin d’utiliser les outils virtuels comme autant de passerelles aptes à procurer des embellies dans le « programme » de notre matrice civilisationnelle. Mathieu l’évangéliste rapporte que Jésus aurait lancé l’exhortation suivante afin de motiver et préparer ses disciples : « Voici que je vous envoie comme des brebis au milieu des loups ; montrez-vous donc prudents [rusés] comme les serpents et candides [purs] comme les colombes »Mt 10:16 / Bible de Jérusalem

Nul besoin de nous disputer au sujet de la traduction de ce célébrissime passage du Nouveau Testament. L’essentiel étant de comprendre que Jésus invite le combattant spirituel à contourner les règles du système, tout en maintenant le cap sur l’« essence » de ses convictions. Cette exhortation ne nous invite PAS à trahir nos présupposés essentiels afin de tirer notre épingle du jeu de la mondialisation en cours de coagulation. Que nenni. La pureté, bien au-delà du corpus d’une doctrine en particulier, réside en notre cœur, tous les mystiques et tous les mages le savent. C’est élémentaire. Par ailleurs, la pureté dans la pratique alchimique, fait allusion aux composantes des agrégats qui sont transformés, mais tout autant à une attitude qui est dénuée d’intentions maléfiques ou égotiques. Ce fameux serpent, symbole d’une connaissance qui pourrait être associée au MAL, représente selon l’aphorisme christique l’art du combat, la « volonté de puissance » du résistant à quelque tyrannie que ce soit.

La vitalité de l’être comme arme suprême

Le MAL que combattent les initiés de la trempe de Jésus c’est le premier et seul véritable péché capital : l’hubris débridée. Ce MAL n’a rien à voir avec la « volonté de puissance » qui, elle, concerne la capacité de transmuter nos énergies vitales, ici et maintenant, afin d’aller rejoindre l’ailleurs. Or donc, la matrice cybernétique qui nous maintient dans ses rets fait en sorte de détruire nos énergies vitales au moyen d’une exposition en mode continu aux radiations et autres ondes générées par des courants électromagnétiques réellement dommageables. Qui plus est, cette matrice et ses relais opérationnels font en sorte de nous maintenir dans une prostration psychologique et mentale qui fait de nous des clones dégénérés à la fin du processus.

C’est d’ailleurs un des prédicats derrière le film The Matrix, alors que les réalisateurs se sont laissés échapper à révéler le pot aux roses : le courant électrique du cerveau humain, par le biais de la puissance de ses synapses, pourrait finir par être utilisé afin d’alimenter le BIG DATA du futur. Oubliez l’utilisation que font les médias sociaux de vos « renseignements personnels ». Il ne s’agit que du premier volet marketing d’un programme qui se décline de la manière suivante : les oligarques au sommet avouent vouloir réduire la taille de l’humanité par le biais de programmes eugéniques qui ont pour fonction d’« optimiser » le processus en cours. Il s’agit de faire disparaître les indésirables : les plus forts et les plus faibles. Par la suite, ces faux thaumaturges ambitionnent de contrôler, conditionner et contraindre ceux qui seront jugés « aptes » à performer comme des « machines intelligentes » ou robots.

À terme, il s’agit d’aller vers l’hybridation d’une certaine sélection du genre humain avec les dernières percées technologiques pour lesquelles nous nous activons à payer des taxes. Les eugénistes au pouvoir représentent les véritables suprémacistes, dans un contexte où ils entendent perpétuer leurs lignées respectives en vase clos. Ce qui est déjà le cas depuis belle lurette. Les authentiques résistants à cette infernale machination doivent prendre conscience qu’il faudra améliorer nos capacités de résistance si nous ne voulons pas finir comme du menu fretin dans la casserole de nos apprentis sorciers aux manettes.

Se débrancher, de manière temporaire, afin de prendre l’air, d’effectuer des échanges et interactions in situ et en personne; bâtir des réseaux de petits producteurs de denrées alimentaires saines; construire des unités d’habitation pour tous et qui ne seront pas des cages à « assistés sociaux »; se prodiguer des soins à l’intérieur de communautés « évoluées »; réseauter à l’extérieur de la Toile et, in fine, réapprendre le silence en se déplaçant et en se regroupant dans des « aires de résistance » sises sur des sites et sous des latitudes propices à un tel mouvement de renaissance de la partie « non consentante » de l’humanité.

Le silence est d’or

Mais, on serait tenté d’ajouter en guise de conclusion, que toute l’agitation qui règne autour des médias de la « résistance », peu importe où on les place sur le curseur métapolitique et politique, fait peut-être le jeu des oligarques. Un déluge d’articles factuels, de dossiers ou de chroniques s’est mis à faire carrément imploser le monde de la communication virtuelle dans le sillage de la triste affaire concernant Harvey Weinstein et toute cette écume mousse à un tel point qu’on pourrait presque parler d’une campagne d’ingénierie sociale à la hauteur de celle qui a mis en scène les déboires de feu Richard Nixon ou le fameux BOG DE L’AN 2000, sans oublier la saga dite du 9/11. Un déluge diluvien qui risque fort de monopoliser les moteurs de recherche, les « robots informatiques » et autres appareillages du conditionnement des foules sur le Net.

Le scribe fourbu, éreinté devant son écran d’ordinateur et laissé pour compte dans les geôles à température contrôlée de la solitude finit par se lasser de tout ce cirque nauséeux, quand il n’est pas carrément nauséabond. Il faut apprivoiser sa propre solitude, tout en respectant celle d’autrui. Ce qui n’empêche pas de faire des rencontres, de partager des tranches de vie et des idées, et, pourquoi pas, de rencontrer des amis, l’âme sœur ou, plus simplement, « les voies de la nature ». La nature est belle, éternelle et vivante, il ne suffit que de fermer cet écran à pixels qui viole, matin et soir, nos forces vitales et la pureté de notre âme d’enfant. Les quelques enfants qui sont nés depuis quelques décennies ont droit à leur vie : une existence où le rêve n’est pas encore conditionné par cette matrice tyrannique.

Patrice-Hans Perrier

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