Par Moon of Alabama – Le 7 février 2024
Le New York Times se livre à une tentative malhonnête de dépeindre les forces de mobilisation populaire irakiennes comme étant un élément étranger à l’Irak et sous contrôle iranien.
L’Irak accueille à la fois des forces américaines et des forces soutenues par l’Iran. La situation devient tendue. (archivé) – New York Times, 7 février 2024
Alors que les groupes soutenus par l’Iran et les forces américaines, qui ont toutes deux des bases en Irak, s’affrontent dans tout le Moyen-Orient, la situation devient inconfortable pour le gouvernement irakien.
Dès le début du titre, il s’agit d’une absurdité flagrante :
Pendant des années, l’Irak a réussi à trouver un équilibre improbable en permettant à des forces armées liées à la fois aux États-Unis et à l’Iran, l’ennemi juré des Américains, d’opérer sur son sol.
Aujourd’hui, les choses se gâtent.
Lorsque Washington, Téhéran et Bagdad voulaient tous la même chose – la défaite du groupe terroriste État islamique – les relations étaient relativement tenables, mais ces derniers mois, alors que la guerre dans la bande de Gaza fait des vagues dans toute la région, les forces américaines et celles soutenues par l’Iran se sont affrontées à plusieurs reprises en Irak et en Syrie. La semaine dernière, une frappe américaine contre l’une de ces milices a tué 16 Irakiens, et l’Irak a déclaré qu’il en avait assez.
« Notre territoire et notre autorité souveraine ne sont pas le bon endroit pour que des forces rivales envoient des messages et montrent leur force », a déclaré le bureau du Premier ministre Mohammed Shia al-Sudani dans un communiqué dimanche.
Pendant de nombreuses années, l’Iran et les États-Unis ont eu leurs partisans au sein du gouvernement irakien, et les groupes armés soutenus par l’Iran et les troupes américaines ont vécu dans un équilibre tolérable bien que difficile.
…
Aujourd’hui, le gouvernement de M. Sudani se montre de plus en plus ferme.
Sa déclaration de dimanche dénonçant les combats sur son sol était particulièrement virulente dans sa critique des États-Unis, décrivant l’attaque de la semaine dernière dans l’ouest de l’Irak comme « une agression flagrante » qui a compromis les pourparlers sur la réduction du nombre de troupes américaines en Irak. « La violence n’engendre que la violence », prévient le communiqué.
En quoi la force d’occupation étrangère américaine, à laquelle une majorité du parlement irakien a ordonné de quitter le pays, est-elle comparable aux milices irakiennes fondées par le gouvernement irakien, payées par lui et placées sous son contrôle direct ?
Ce n’est pas comparable.
Les Forces de mobilisation populaire …
… est une organisation parapluie parrainée par l’État irakien et composée d’environ 67 factions armées différentes, comptant quelque 230 000 combattants, principalement des groupes musulmans chiites, mais aussi des groupes musulmans sunnites, chrétiens et yazidis. Les Unités de mobilisation populaire ont été formées en 2014 et ont participé à presque toutes les grandes batailles contre EI.
…
Les Forces de mobilisation populaire (FMP) ont été formées par le gouvernement irakien le 15 juin 2014 après la fatwa non sectaire du haut dignitaire religieux chiite irakien Ali al-Sistani sur le « Jihad de la suffisance » le 13 juin. Cette fatwa appelait à défendre les villes irakiennes, en particulier Bagdad, et à participer à la contre-offensive contre EI, après la chute de Mossoul le 10 juin 2014. Les forces rassemblaient un certain nombre de milices chiites, dont la plupart recevaient un soutien direct de l’Iran, ainsi qu’un petit nombre de tribus sunnites en réunissant les milices existantes sous le « Comité de mobilisation du peuple » du ministère irakien de l’Intérieur, en juin 2014.
Ces forces ont été placées sous l’égide des services de sécurité de l’État et s’inscrivaient dans les cadres juridiques et les pratiques du ministère de l’intérieur. Le 19 décembre 2016, le président irakien Fuad Masum a approuvé une loi, votée par le parlement en novembre, qui incorporait les PMU dans les forces armées du pays.
Les groupes FMP irakiens ont été fondés par le gouvernement irakien et sont sous son contrôle. Certains d’entre eux sont chiites et peuvent avoir des affinités idéologiques avec l’Iran.
En 2014 et plus tard, nombre de ces groupes, chiites ou non, ont reçu de l’Iran des équipements et des formations pour lutter contre EI. Cette aide a été fournie à la demande du gouvernement irakien.
Cela ne fait pas de ces groupes un élément iranien ou quelque chose d’extérieur aux forces de sécurité irakiennes. Ils font partie intégrante de l’État irakien.
Les dépeindre comme des groupes extérieurs « soutenus par l’Iran« , comparables aux forces d’occupation américaines indésirables en Irak, est un pur mensonge destiné à permettre des attaques contre ces groupes, même lorsque ces attaques sont en fait des attaques contre les forces de sécurité de l’Irak et condamnées par le gouvernement irakien.
Moon of Alabama
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
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