Par Tom Luongo – Le 4 décembre 2021 – Source Gold Goats ‘N Guns
Il y a quelques mois, j’ai parlé des changements à venir concernant la façon dont l’adoption des nouvelles règles de Bâle III en matière de réserves bancaires modifierait le marché de l’or. En bref, ma conclusion était similaire à celle d’Alistair MacLeod et d’autres, à savoir que Bâle III devrait mettre fin à la manipulation flagrante du marché de l’or par l’utilisation de contrats à terme et d’or non alloué 1 comme réserves bancaires.
En mai, j’ai écrit :
En effet, Bâle III, s’il est mis en œuvre dans sa forme actuelle, ferait passer le marché de l’or d’un marché spéculatif basé sur la perception de l’efficacité de la politique monétaire pour contrôler les taux d’intérêt réels à un marché qui devrait forcer la découverte des prix dans un marché presque purement physique. Comme je l’ai dit à mes mécènes dans la vidéo Market Report du 16 mai, l’or physique va passer du statut de preneur de prix à celui de faiseur de prix.
Je ne pensais pas alors, et je ne pense toujours pas que cela se produira immédiatement après l’entrée en vigueur de Bâle III au Royaume-Uni le 1er janvier. Mais je pense que la récente faiblesse de l’or a été un signe précoce de stress sur le marché de l’or en raison de la mise en œuvre prochaine des règles.
C’est ce qui a fait baisser l’or ces dernières semaines, malgré la hausse de l’inflation et la baisse des taux d’intérêt réels. Bien sûr, cela est dû au fait que les marchés ont surévalué l’argument de « l’inflation transitoire » avancé par les principales banques centrales.
Ainsi, lorsque Jerome Powell, dans sa première déclaration importante après l’annonce de sa nomination, a mis un terme à l’inflation « transitoire », les marchés ont été choqués. Cela s’est produit juste après que l’OmicronVID-11/09 a fait la une des journaux et suscité des réactions exagérées du marché grâce à des algorithmes de trading de titres mal programmés.
Pour ceux qui ont été confus ou en désaccord avec mon évaluation de Powell au cours des six derniers mois, pensant que Powell mentait sur l’inflation et que ceci était la preuve qu’il est juste un autre président de la Fed idiot, je vous donne le contre-argument. Il a dû survivre à la tentative évidente de coup d’État organisée par Obama et Lael Brainard pour évincer du FOMC ceux qui n’étaient pas contrôlés par le Davos.
Une fois qu’il en a réchappé, Powell a pu parler ouvertement car les nuages de tempête politique au-dessus de sa tête se sont dissipés. Il a forcé la secrétaire au Trésor, Janet Yellen, à se ranger à son avis sur l’inflation après avoir joué cartes sur table.
Maintenant, la politique de la Fed est claire.
Elle va réduire l’assouplissement quantitatif et augmenter les taux en 2022. Les marchés peuvent maintenant commencer à se réajuster pour la fin de l’année. Dans cette optique, il est tout à fait logique de voir l’or, qui a été un marché perdant toute l’année, sous pression rien qu’à cause de la vente des pertes fiscales, sans compter les attentes d’un dollar américain plus fort.
Il est également logique que les actions de haut vol soient touchées, de même que les obligations de pacotille dont le rendement était inférieur à l’inflation. Il y a des milliers de milliards de dollars de capitaux mal alloués qui vont bien au-delà de la simple idée que le seul mandat de la Fed est de soutenir les marchés d’actions.
Powell et ceux qui le soutiennent, je l’ai vigoureusement soutenu, peuvent voir clairement le combat pour l’avenir du système monétaire, et il n’inclut pas une place pour les banques commerciales dans un monde de CBDC 2. Si l’on peut faire valoir que la Fed aimerait avoir le pouvoir que lui confèrent les CBDC, on peut aussi clairement faire valoir qu’elle perd aussi beaucoup de pouvoir en n’étant plus qu’une banque centrale parmi d’autres et que le dollar n’est plus qu’un token numérique sans valeur.
Quelqu’un croit-il vraiment que Wall St. est heureux de signer pour cette absurdité ? La City de Londres ?
Pour avoir une très bonne idée de la situation actuelle, consultez ma récente apparition dans le podcast et le livestream Fed Watch de Bitcoin Magazine.
Bon, tout cela étant dit, parlons vraiment de ce qui se passe sur le marché de l’or.
Cette semaine, nous avons assisté à deux annonces majeures de deux banques centrales très différentes concernant l’or.
Tous les chemins mènent à Singapour
Singapour a rejoint les rangs de la Russie, de la Turquie, de la Hongrie, de la Serbie, de la Pologne et d’autres pays qui ont augmenté les réserves d’or de leur banque centrale. Il s’agit d’une décision très importante car c’est le premier pays en dehors de ceux qui se trouvent dans l’orbite nominale de la Russie.
Singapour, en dehors de Hong Kong, est une importante chambre de compensation pour les règlements offshore en yuan chinois. La Banque industrielle et commerciale de Chine y a ouvert une succursale en 2012 pour traiter ces transactions et les choses n’ont fait que progresser depuis lors.
Je ne vois pas nécessairement dans cette décision de la MAS – l’autorité monétaire de Singapour – un geste lié à la Chine, car sa politique monétaire est très indépendante et plutôt algorithmique.
Elle gère le taux de change du dollar de Singapour (SGD) dans une fourchette de 1 % des taux attendus par rapport à un panier de devises, plutôt que de publier un taux de référence. En outre, la MAS s’éloigne de l’ancien système SIBOR / SOR. Le SIBOR est le LIBOR singapourien – le taux de prêt interbancaire au jour le jour. Et le SOR est le swap de taux d’intérêt au jour le jour en SGD.
Comme les États-Unis, ils passent à un analogue du SOFR – le Taux de financement garanti au jour le jour – pour remplacer le LIBOR. Le SORA est le SOFR singapourien à toutes fins utiles.
Alors, pourquoi est-ce important ?
Si Singapour s’inquiète, comme tout le monde, d’un effondrement du système financier actuel, ce qui est expressément envisagé à Davos et dans le cadre du Grand Reset, alors ceux qui possèdent de l’or seront en bien meilleure position pour défendre leur monnaie pendant une crise et maintenir un taux de change mondial relativement stable.
Étant donné que Singapour se veut le courtier indépendant entre l’Est et l’Ouest, surtout maintenant que Hong Kong a pratiquement été repris par la Chine, cette initiative est pour le moins intéressante.
Dans l‘article de Zerohedge consacré à ce sujet, on peut lire ce point important :
Pour une banque centrale qui rédige activement des rames de publications et de rapports sur toutes sortes de sujets liés au secteur et aux marchés financiers de Singapour et à sa position financière internationale, cette omission concernant les importants achats d’or de Singapour pourrait être considérée comme assez étrange, mais là encore, étant donné que nous avons affaire au monde secret de l’or et des banques centrales, ce n’est peut-être pas si étrange.
En outre, la MAS est réputée pour son obsession à maintenir et à contrôler le taux de change du dollar singapourien (par rapport à un panier de devises). Peut-être la MAS préfère-t-elle ne pas attirer l’attention sur la quantité d’or contenue dans ses réserves internationales, car cela pourrait inciter les marchés des changes à considérer l’achat d’or comme une mesure qui renforce la position de réserve de Singapour et pourrait donc exercer une pression à la hausse sur son taux de change.
Singapour est un acteur clé de l’avenir de la finance panasiatique. Si la MAS, très avisée, achète de l’or, c’est qu’elle a peur. Ils font des plans pour un avenir très différent où la dette devient le mot le plus sale en anglais.
De plus, ils ont acheté cet or en mai et juin et ce n’est que maintenant qu’ils le découvrent dans leur bilan. Pourquoi n’auraient-ils pas annoncé ces achats ?
Pour la même raison que la Banque d’Irlande n’a dit à personne qu’elle avait grignoté de l’or physique pendant l’été, afin de ne pas faire bouger les prix. Ce qui est vraiment significatif ici, c’est que l’Irlande est le premier pays de la zone euro à annoncer des achats d’or. Auparavant, seuls les pays non membres de la zone euro, comme la Hongrie, la Pologne et la République tchèque, l’avaient fait.
Le fait que les pays de la zone euro commencent à renforcer leurs réserves monétaires avec de l’or renforce l’argument que j’ai avancé en mai.
En outre, pour que tout le monde comprenne bien ce à quoi ces deux banques centrales sont confrontées, l’Europe n’est pas la seule à devoir faire face à des prix insensés du gaz naturel. Singapour est confrontée à une hausse catastrophique de ses coûts énergétiques. Donc, si vous pensez que la MAS n’est pas encore en train d’investir en douce dans l’or pour stabiliser le Singapore Dollar, eh bien, vous comprenez mal ce que vous lisez.
Le cercle d’or
Revenons maintenant à Bâle III, qui était censé permettre à l’or de sortir de son marasme.
En mai, Powell n’avait pas encore commencé à défendre le dollar américain. Il n’avait même pas encore eu sa prise de bec publique avec la présidente de la BCE, Christine Lagarde. Il n’avait pas non plus relevé le taux de reverse repro à 0,05 %.
Ainsi, avec Bâle III à l’horizon et le Royaume-Uni exempté jusqu’au 1er janvier 2022, l’infrastructure de base est toujours en place et si la Fed se renforce, ce qu’elle a fait par le biais du taux RRP, l’or sera sous la pression constante de ceux qui ont besoin de dollars à des taux bon marché, quels que soient les fondamentaux.
Les besoins de financement à court terme l’emportent toujours sur les fondamentaux à long terme.
Ainsi, la Fed a toujours besoin de garder l’or sous contrôle pour maintenir sa primauté. Mais dans le même temps, la BCE et les autres banques centrales qui accumulent de l’or ont besoin que celui-ci monte, ou du moins qu’il suive le rythme de leur monnaie par rapport au dollar.
Je crois toujours que cette dynamique est en jeu pour 2022 et que c’est finalement la pleine expression de Bâle III qui continuera de placer un plancher plus élevé sous l’or.
Rappelez-vous, comme je l’ai écrit dans cet article de mai :
La BCE, d’un autre côté [par rapport à la Fed], peut faire faillite, car elle n’a pas la capacité de [créer des quantités infinies de monnaie élastique]. Tout ce qu’elle peut faire, c’est acheter la dette souveraine des banques centrales des pays membres et leur rendre des euros, tout en intervertissant les chaises longues sur ce Titanic monétaire. Il y a une limite définie à ce processus, surtout si les taux augmentent car les gens perdent confiance dans l’activité économique sous-jacente de ces pays et dans leur situation budgétaire.
L’Europe est en train de confiner son économie à cause de l’OmicronVID-11/09 et de chasser les non-vaccinés de la société. Ils sont entre les étapes 7 et 8 sur 10 sur le chemin du génocide.
Une personne rationnelle croit-elle qu’il y aura une renaissance du dynamisme économique européen en 2022 dans ces conditions ? Si c’est le cas, vous êtes peut-être un gauchiste de merde qui croit aux pets de licorne et qu’Elizabeth Warren est un génie économique.
Pour le reste d’entre nous qui vivons dans le monde réel, l’Europe est bien sûr la plus vulnérable.
Lorsque Bâle III entrera pleinement en vigueur et que le papier et l’or physique non alloué, ne seront plus considérés comme une garantie bancaire à des fins de bilan, la demande d’or physique, du fait de sa nécessité en tant qu’actif de la banque centrale pour soutenir les monnaies nationales, deviendra encore plus aiguë.
Les pays qui se rangent du côté opposé du Grand Reset achètent de l’or pendant qu’il est encore bon marché. L’assèchement du dollar par Powell depuis la hausse du taux de reverse repro en juin a permis à tout le monde de bénéficier d’un prix de l’or plus bas pendant encore 6 mois.
La MAS qui achète de l’or vous signale que ce que j’ai dit en mai est une réalité :
Bâle III va détruire les marchés de l’or papier et les banques centrales de New York et de Londres, tout en préparant le terrain pour le sauvetage de la zone euro. La hausse du prix de l’or est la réponse à toutes ces choses. Pensez-y de cette façon, dans un monde où les actifs de la dette sont en train de s’effondrer et où de nouvelles formes privées d’actifs de conservation augmentent dans les esprits [bitcoin et crypto], quelle est la seule véritable arme dont disposent les banques centrales pour maintenir leur crédibilité ?
Leurs réserves d’or.
C’est l’essence même de la raison pour laquelle le Davos, je pense par inadvertance, crée le nouveau rôle de l’or en ces temps de changement.
Pour que la BCE survive à la faillite de l’Europe, l’or doit augmenter.
Pour que les banques centrales des marchés émergents survivent à la tourmente déclenchée par une remontée épique du dollar américain en raison de la faillite de l’Europe, l’or doit augmenter.
Lorsque la Chine décidera de s’affirmer en tant qu’acteur économique dominant, ce qu’elle ferait, à mon avis, dans l’éventualité d’un conflit cinétique entre elle et les États-Unis, son premier geste sera de réviser à la hausse ses réserves d’or officielles… de beaucoup.
L’or va vraiment monter en flèche.
Le grand bourbier
Rappelez-vous que l’ensemble du Grand Reset repose sur la destruction par le Davos du système bancaire actuel et son transfert aux banques centrales, éliminant ainsi le système monétaire classique à deux voies, les banquiers commerciaux étant le mécanisme de transmission.
Cela signifie qu’ils doivent prendre le contrôle de la Fed qui semble être une cause perdue maintenant. Powell a le contrôle total de la politique du FOMC, et je m’attends à ce qu’il le fasse savoir très clairement lors de la prochaine réunion. C’est pourquoi Pelosi a si facilement conclu un accord sur le plafond de la dette.
Il n’y aura pas d’autres manœuvres stupides et dangereuses remettant en cause la politique américaine. Les marchés exigent de la clarté de la part des États-Unis. Le chaos fabriqué par le Davos à travers les manigances des Démocrates au Capitole devrait appartenir au passé. Ce seul fait contribuera à faire revenir les capitaux vers les États-Unis.
Le programme du Davos a échoué au Capitole, bien qu’il ait gagné des batailles dans toute l’Europe et dans le Commonwealth anglais. Ces pays sont maintenant neutralisés jusqu’à ce que leurs gouvernements actuels soient renversés ou que les gens se débarrassent de leurs chaînes… peu probable.
Malgré la nervosité des marchés liée à la nécessaire réaffectation des capitaux mondiaux, Powell et la Fed doivent maintenant poursuivre une politique monétaire stricte pour forcer la BCE à adopter une politique ouvertement inflationniste. Cela aura pour effet de détruire encore plus l’euro et d’épuiser les achats d’obligations de la BCE au point de provoquer une hausse des taux.
Le Davos a répondu en étripant l’Europe jusqu’à l’os avec des confinements OmicronVID-11/09 et des vaccinations forcées pour faire tomber le côté demande globale de l’équation monétaire tout en forçant des conflits diplomatiques avec la Chine et la Russie qui ne veulent pas arrêter la circulation des marchandises dans le monde.
C’est la raison pour laquelle l’OTAN et les Néoconservateurs se déchaînent en Europe de l’Est.
C’est la raison pour laquelle les Israéliens menacent d’une guerre avec l’Iran.
Et c’est la raison pour laquelle l’administration O’Biden 3 semble de plus en plus désespérée de nous amener au bord de la guerre sans pour autant qu’il y en ait une.
Juste assez de conflits, de sanctions, de bruits de bottes et de désagréments pour perturber la politique intérieure de la Chine et de la Russie tout en les vidant de leur dynamisme économique par des provocations dans des pays comme l’Afghanistan, la Syrie, l’Ukraine, la Biélorussie et oui, même Taïwan, tout en essayant de faire grimper les prix de l’énergie.
L’Europe est la base du pouvoir du Davos. Ce pouvoir semble au mieux ténu d’un point de vue géopolitique. La meilleure façon pour lui de réaffirmer le pouvoir qu’il lui reste sur les États-Unis est de forcer une réévaluation massive du prix de l’or tout en préparant l’Europe à une plus grande fédéralisation, à un défaut de paiement de la dette et à une réduction de la population, comme je l’ai évoqué dans mon dernier article.
Le principal moyen pour les banques centrales de maintenir un semblant de crédibilité dans l’esprit des investisseurs à juste titre paniqués par les événements de ces deux dernières années est d’ajouter à leurs réserves d’or pour compenser tout risque de change sur leurs réserves monétaires.
Et bien que la Fed se soit bien battue contre cela, avec la fin de l’assouplissement quantitatif et la hausse des taux, l’aplatissement de la courbe des rendements et l’augmentation des turbulences sur les marchés de financement étrangers en raison d’un dollar beaucoup plus fort, l’or s’affirmera (aux côtés du bitcoin) comme l’actif refuge de choix en 2022.
Donc, surveillez le flux de nouvelles et vous verrez plus de preuves d’achats d’or par les banques centrales.
Jusqu’à présent en 2021, et ce jusqu’en septembre, selon le World Gold Council, les banques centrales ont acheté 385,4 tonnes d’or, après avoir ajouté les chiffres de Singapour mais pas ceux de l’Irlande. Ce chiffre est à peu près conforme aux prévisions pour cette année, soit environ 15 % de la demande totale d’or.
Si ce n’était les sorties nettes de la Turquie suite à l’effondrement de son système bancaire (-27,8 tonnes), et des Philippines qui vendent la production minière locale pour financer le gouvernement, la demande dépasserait largement les 400 tonnes cette année.
Mais, comme je l’ai dit tout au long de cet article, ce sont les acteurs qui agissent maintenant qui comptent. Plus tôt, le Japon a fait les gros titres, ajoutant 80,8 tonnes en mars. Puis la Pologne a lancé un programme d’achat mensuel typiquement russe en mai. Maintenant, Singapour est de la partie et tente de compenser la force du dollar américain par l’or dans un environnement inflationniste.
Et les Irlandais tentent maintenant d’éviter une famine monétaire en Europe.
Les temps changent rapidement.
Tom Luongo
Traduit par Zineb, relu par Wayan, pour le Saker Francophone
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