Le bombardement « dissuasif » de Biden en Irak est un échec patent


Par Moon of Alabama – Le 7 juillet 2021

Comme nous l’avons écrit il y a huit jours :

Dimanche, les États-Unis ont bombardé trois positions de la Force de mobilisation populaire (FMP) irakienne à la frontière syro-irakienne.

Les États-Unis n’avaient aucun droit de le faire. Le raisonnement juridique fourni par l’administration Biden pour justifier cette attaque est absurde. Tout comme le prétendu raisonnement consistant à établir une « dissuasion » contre d’autres attaques contre les troupes américaines par tel ou tel groupe de miliciens irakiens. La dernière frappe dans cette zone en février était censée remplir le même objectif, mais il est évident qu’elle n’a pas eu d’effet dissuasif. La frappe de dimanche a été immédiatement suivie de tirs de missiles contre une position américaine en Syrie. D’autres incidents de ce type suivront.

Il n’a pas fallu longtemps pour que l’échec de la dissuasion annoncée devienne évident :

Mercredi, les milices irakiennes soutenues par l'Iran ont lancé plusieurs tirs de barrages de roquettes et de drones contre des installations abritant des forces américaines en Irak et en Syrie, neuf jours seulement après les frappes aériennes meurtrières menées par les États-Unis contre les groupes armés, qui étaient censées dissuader de telles attaques.

Les médias américains et locaux ont fait état d'attaques contre la base aérienne d'Ain al-Assad, dans l'ouest de l'Irak, d'une autre installation dans la ville d'Erbil, dans le nord de l'Irak, dans la nuit, et d'une autre attaque contre un champ pétrolier où sont positionnées les forces américaines dans le nord-est de la Syrie.

Au moins deux personnes ont été légèrement blessées après que 14 roquettes ont frappé l'énorme base militaire d'Ain al-Assad peu après midi, heure locale, a déclaré un responsable américain.

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Les attaques contre les installations américaines par des milices soutenues par l'Iran semblent s'accélérer après les frappes aériennes du 28 juin, faites en réponse aux attaques permanentes contre les bases américaines installées en Irak. Au moins quatre miliciens ont été tués dans les frappes aériennes américaines, ce qui a provoqué des funérailles bruyantes et des demandes de vengeance.

Ain al-Assad a été la cible d'une attaque à la roquette lundi, sans faire de victimes. Tard mardi, un aéroport abritant des troupes américaines dans le nord de l'Irak a également été touché par une attaque de drone qui n'a fait aucun blessé.

Les médias d'État syriens ont rapporté mercredi que le champ pétrolier d'al-Omar, qui accueille les forces américaines dans la province de Deir Azzour, au nord-est du pays, a également été touché par des tirs de mortiers.

Ces dernières semaines, au moins cinq convois d’entrepreneurs privés qui approvisionnent les forces américaines en Irak ont heurté des mines pendant leur trajet.

Un chef de milice irakien a promis des attaques encore plus importantes :

Le chef d'une milice irakienne soutenue par l'Iran a juré de riposter contre l'Amérique pour la mort de quatre de ses hommes lors d'une frappe aérienne américaine le mois dernier le long de la frontière irako-syrienne, en déclarant que ce serait une opération militaire dont tout le monde parlerait.

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"Nous voulons une opération qui soit à la hauteur de ces martyrs", a déclaré [Abu Alaa al-Walae, commandant de Kataib Sayyid al-Shuhada,] en faisant référence aux quatre combattants tués fin juin. "Même si elle se déroule plus tard, le temps n'a pas d'importance".

"Nous voulons que ce soit une opération dans laquelle tout le monde dit avoir pris sa revanche sur les Américains", a ajouté al-Walae. "Ce sera une opération qualitative (qui pourrait venir) des airs, de la mer, le long de la frontière irakienne, dans la région ou n'importe où. C'est une guerre ouverte".

Al-Walae s'est exprimé dans un bureau décoré d'un poster de Soleimani. Sur une table à côté de lui, une photo encadrée le montre debout à côté de Sayyed Hassan Nasrallah, le chef du groupe Hezbollah au Liban.

Comme le note Daniel Larison :

Maintenant, le chef d'une milice irakienne menace de représailles pour l'attaque de représailles que les États-Unis ont menée contre ses hommes. Tant que l'administration Biden a l'intention de répondre à toute attaque de la milice irakienne par une autre attaque, vous avez la recette pour des frappes incessantes de type "œil pour œil" qui ne peut qu’amener à un conflit plus intense. Si les États-Unis répondent à toute attaque de la même manière, qu'elle soit mortelle ou non, cela incitera les milices irakiennes à mener des attaques mortelles. L'administration Biden augmente imprudemment le danger pour les forces américaines basées en Irak tout en prétendant faire le contraire.

Tout cela soulève une question évidente : pourquoi les forces américaines sont-elles encore en Irak en 2021 ? ...

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Les États-Unis n'ont aucune raison de continuer à tuer des Irakiens, et la cause du conflit actuel est la présence militaire américaine continue dans un pays où nous ne sommes plus désirés. Les États-Unis se "défendent" contre les forces de sécurité du gouvernement qu'ils prétendent soutenir parce que leur présence militaire n'est plus la bienvenue et qu'ils ont violé à plusieurs reprises la souveraineté du pays hôte.

L’administration Biden prévoit pourtant de continuer à violer la souveraineté irakienne :

La 1st Stryker Brigade Combat Team de la 4e division d'infanterie, basée à Fort Carson, dans le Colorado, va déployer environ 1 800 personnes cet été en Irak pour soutenir l'opération Inherent Resolve.

L'unité Stryker remplacera la 256th Infantry Brigade Combat Team, de la Louisiana National Guard. Inherent Resolve est le nom de la mission lancée pour vaincre le groupe État islamique en Irak et en Syrie.

Les opérations de combat majeures ont pris fin lorsque EI a perdu son califat territorial en 2019, mais le groupe reste actif en tant qu'insurrection. Les tensions entre les États-Unis et les milices soutenues par l'Iran dans la région continuent également de faire les gros titres.

Il y aura encore des gros titres à publier et des victimes à déplorer tant qu’il restera des troupes américaines en Irak et en Syrie.

Moon of Alabama

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone

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