Par Noureddin Shami – Le 29 décembre 2015 – Source The Saker
L’auteur a écrit au moins cinq versions différentes de cet article, en essayant de relayer le même message à différents niveaux de visibilité ciblant différents publics. Des morceaux et des passages de cet article ont été utilisés ici et là par certains et même publiés, parfois avec de bonnes intentions et parfois avec des visées détournées.
Dans le sillage de l’épouvantable crime contre Paris et ses gens, le fardeau de ceux qui doivent faire la lumière devient une obligation morale plus importante. La vérité doit être dite et l’information doit être partagée pour des gens capables de tirer des conclusions rationnelles. Dans ce contexte, il n’y a peut-être pas de meilleur forum pour discuter la question du fondamentalisme islamiste que The Saker. Cette version spécifique vise donc les lecteurs de ce site, et sera tout à fait ouverte. Cela dérangera quelques personnes, mais la vérité doit être dite telle qu’elle est.
Pour comprendre l’État islamique d’Irak et du Levant (ISIL, c’est-à-dire ISIS ou EI), nous devons revenir aux premiers fondements qui le sous-tendent.
Beaucoup de choses ont été dites récemment sur EI, cependant la plupart des mots utilisés ont été très éloignés de la pleine vérité. Les mensonges et les dissimulations ont rendu le problème confus. Les ecclésiastiques musulmans craignent d’affronter la vérité. Les activistes arabes anti EI détournent la vérité ou ferment les yeux sur elle. La coalition dirigée par l’Occident censée affronter EI n’avait aucune idée de « qui » ou plutôt « quoi » était le vrai coupable, et aucune intention non plus de le vaincre.
Même la récente initiative russe en Syrie, avec toute son efficacité militaire, ne traite pas le cœur de la question, puisque, en réalité, elle est incapable d’aborder le noyau dogmatique d’un simple point de vue militaire.
Pourtant la critique et l’opposition à EI sont inscrites dans son origine ; y compris l’opposition de musulmans qui disent à juste titre que de telles actions donnent de l’islam une image profondément nuisible. Qu’est-ce que le véritable islam ? On peut se poser la question, mais elle ne recevra jamais de réponse ; du moins pas une réponse honnête et pas à partir d’une position de connaissance non plus, parce que l’islam dans lequel croient les musulmans n’est pas le véritable islam, c’est l’islam perverti qui est le mieux représenté par État islamique.
Le problème cependant n’est pas seulement celui de la dissimulation de la vérité, mais des conséquences de cette dissimulation. Le monde craque sous toutes ses coutures avec des fanatiques de pôles aussi divers, et toutes les tentatives pour démasquer l’un d’entre eux par inadvertance, mais sûrement, livrera au camp opposé du carburant et des excuses pour des représailles qui atteignent invariablement et sans exception des personnes innocentes.
L’obligation morale d’en parler devient un défi parce qu’expliquer tout cela en sachant totalement que cette information pourrait être mal utilisée pour en viser d’autres est un lourd fardeau à porter et pourtant, choisir de rester simplement silencieux de peur de telles représailles n’est pas non plus un comportement responsable.
L’auteur a épousé la courbure dans sa démarche pour comprendre l’islam. Il n’est ni un musulman pratiquant, ni un anti-musulman ni un musulman honteux. Il n’adhère pas non plus à une autre religion. Cet article est une tentative de dissiper quelques mythes et de traiter ce qu’est véritablement l’islam réel. S’il donne une description précise du système de croyance musulman communément admis, il n’attaque pas non plus l’islam ni les musulmans. Il établit des faits qu’il croit que le monde non musulman ignore totalement.
L’islam a été vicié à la fois par ceux qui donnent de lui une mauvaise image par leurs actes et par ceux qui tentent de le défendre.
L’auteur est né dans une famille musulmane laïque au milieu des années 1950. Sa famille ne pratiquait aucune religion, ce qui est assez rare dans cette partie du monde. Il a été élevé parmi des musulmans, y compris des religieux importants et une famille proche qui a fait venir les Frères musulmans. Cela a culminé par la transformation de sa ville natale en une plaque tournante du fondamentalisme islamiste.
Il sait exactement ce à quoi croient les fondamentalistes, ce qu’ils sont prêts à révéler et ce qu’ils cacheront. Pendant de nombreuses années, il a frémi en les écoutant et en croyant ce qu’ils disaient et, par conséquent, il a renoncé à leur religion.
Il a observé avec horreur comment, à la fin des années 1960, leur entreprise de recrutement a commencé à prendre de l’ampleur. Personne à ce moment-là n’aurait imaginé que cela se terminerait finalement avec un État occupant la moitié de l’Irak et de la Syrie et des agents partout en Occident.
Plus tard dans sa vie, il a lu le Coran et a réalisé que c’est un grand livre. Il s’est rendu compte que l’islam est en effet une religion de compassion et d’amour, mais la signification des paroles du Coran et leur enseignement ont été grossièrement déformés.
Sa propre étude et son cercle proche lui ont permis de comprendre que l’islam tel qu’il est pratiqué n’avait absolument plus rien à voir avec le Coran et ses enseignements. Il lui est devenu clair que les problèmes dans l’islam, son aspect violent, sont le résultat de mauvaises interprétations vieilles de plusieurs siècles et que le problème ne pourra pas être résolu.
Certains musulmans fervents adeptes de la charia verront dans cet article de l’hérésie et de la trahison et lanceront toutes sortes d’accusations que leurs esprits étroits invoqueront, et cela parce que dans leur dogme, les humains ne sont censés que suivre les commandements et les rituels et les exécuter d’une manière spécifique dans le but d’apaiser leur seigneur. Si la raison et la charia diffèrent, laquelle des deux devrait prévaloir ? Ils ont leur religion et l’auteur a la sienne. Ce n’est pas leur jugement qu’il cherche.
Le Coran promeut le concept de « fatah ». Il n’existe pas d’équivalent en anglais pour ce terme, même si le mot, dans son sens littéral, signifie « ouverture ». Toutefois, « ouverture » n’explique pas pleinement le concept philosophique. Le terme anglais le plus proche qui incarne le concept de « fatah » serait « révélation », c’est-à-dire, une révélation spirituelle qui conduit à l’illumination. Mais le terme originel de « fatah » n’est même pas discuté dans un contexte musulman dans le monde non musulman et a presque totalement perdu sa signification dans l’islam même. Beaucoup de termes importants de ce genre dans l’islam ont perdu leur sens originel et c’est une question extrêmement grave.
Un autre exemple de cette mauvaise utilisation et de cette distorsion de mots essentiels qui sous-tendent les concepts et les tenants de l’islam est celui du mot « djihad ». Ce mot signifie littéralement « lutte » et se réfère au combat de l’âme dans sa recherche de l’illumination. Il n’a pas d’équivalent en anglais et le mot le plus proche que nous pouvons lui appliquer est emprunté au sanskrit, le mot « yoga ».
Djihad a été détourné pour signifier tuer des non-musulmans et fatah pour signifier conquérir des pays non musulmans et les forcer de se convertir à l’islam.
Nous pouvons aller plus loin et trouver un autre concept clé dans l’islam qui est déformé au point de ne plus être reconnu ; c’est le mot « shahada ». Littéralement, il signifie « témoin » et dans le contexte coranique, il est aussi censé signifier témoin ou vision (c’est-à-dire de Dieu). La déformation l’a fait signifier être tué dans la lutte contre les non-musulmans avec la garantie d’entrer au paradis « sans aucun jugement ».
Il est essentiel de relever que le Saint Coran ne dit pas directement que l’islam dirigera le monde. En lieu et place, il fait des inférences en ce sens, mais ces conseils ne sont pas différents de dire que « les justes hériteront de la terre ». Le Coran dit tout à fait clairement que seuls quelques-uns seront des justes dans les derniers jours. Cela contredit à l’évidence toute « prédiction » musulmane fondamentaliste du monde entier se convertissant à l’islam.
Enfin, le Coran n’a jamais déclaré que le but ultime était de former un État mondial (ou tout autre État) dirigé par la loi de la charia.
Comme dans toutes les grandes religions mondiales, les enseignements et le message disent quelque chose et les pratiques deviennent tout autre chose. Par conséquent, en totale contradiction avec les paroles et les enseignements sublimes, profonds et pacifiques du Coran, les trois concepts de fatah, djihad et shahada, qui ont posé les fondations d’un chemin de foi spirituel, ont été déformés d’une manière qui a transformé l’islam en une religion de violence, de conquête et de chaos aboutissant à l’instauration d’un État gouverné par la charia comme expression idéale du « véritable » islam. Même le « chemin » (sabeel en arabe) a été déformé pour signifier « pour l’amour de ». Donc le « chemin vers Dieu » en est venu à signifier « combattre pour l’amour de Dieu ».
Yasser Arafat, alors qu’il était strictement laïc, a nommé son mouvement « Fatah » bien que des chrétiens aient combattu avec lui ! S’il y a des questions sur le choix du nom, l’hymne national de la Palestine est là pour que tous les arabophones l’étudient, le comprennent et le traduisent à d’autres.
Au cœur du problème, il y a le fait que de nombreux termes coraniques ont une signification arabe littérale et une autre, totalement différente et déformée, qui leur est attribuée par les religieux musulmans. Invariablement, sans exception, la signification déformée est celle qui convient aux interprétations des religieux telles qu’ils les ont apprises de leurs prédécesseurs. Par conséquent, les distorsions continuent. Ce n’est pas l’œuvre d’EI, des Frères musulmans ou de la CIA.
Au centre de la question, il y a le fait que les musulmans pratiquants croient les définitions déformées des termes fatah, djihad et shahada. La plupart ne chercheront pas la charia, ne prendront pas les armes ni ne s’engageront dans la lutte. Ces croyances déformées leur ont été transmises depuis les tous premiers jours de l’islam. La vérité est qu’il n’existe pas quelque chose comme un islam modéré lorsque, après avoir examiné ces définitions distordues de fatah, djihad et shahada, il est évident que la tournure de l’interprétation s’oriente vers la violence et la conquête.
La question devient encore plus sérieuses si on compare les doctrines. S’il y a un débat entre un érudit musulman pacifiste et un représentant d’EI, vous trouverez des différences sur des questions comme la façon dont ils interprètent certaines règles, comment punir ceux qui les transgressent et autres, mais vous trouverez aussi que les croyances fondamentales sur fatah, djihad et shahada sont identiques. C’est pourquoi le clergé musulman ne peut pas et ne se commet pas à blâmer publiquement l’idéologie d’EI.
Certains savants musulmans essaient d’adoucir la définition du djihad lorsqu’ils soutiennent qu’il ne s’agit pas seulement de la lutte armée et qu’il a des aspects plus élevés, mais tous détournent facilement les yeux des compréhensions courantes de fatah et shahada parce qu’ils n’ont absolument rien à cacher derrière et, comme les non-musulmans ne savent pas grand-chose de ces concepts, ces religieux musulmans ne sont jamais contestés – et il est temps qu’ils le soient.
Bien sûr, la plupart des musulmans sont des gens pacifiques et ne s’engageraient jamais dans une conquête militaire par choix, en particulier ceux qui ont atteint la quarantaine ou sont plus âgés. Avec les efforts concertés pour renforcer la radicalisation au cours de ces dernières décennies et son pic récent, ils peuvent ne pas pouvoir retenir leurs jeunes. En fait, certaines jeunes musulmans, y compris ceux qui vivent dans les pays occidentaux, s’appliquent à radicaliser leurs parents et à forcer leurs sœurs et leurs mères à porter le hijab, entre autres choses.
À l’évidence, EI met en œuvre dans ses pratiques les distorsions de la lecture du Saint Coran et sans faux prétextes, diplomatie ou politiquement correct. Il est encouragé, habilité et ouvert dans sa croyance en une coercition énergique comme moyen de diffuser l’islam dans le monde. Il n’hésite pas à tuer quiconque ne respecte pas son dogme. C’est son interprétation du Livre.
Le problème ne vient pas d’EI, pas plus qu’il ne vient d’al-Qaïda, des talibans, du wahhabisme, des Frères musulmans, des salafistes ou de tout autre groupe. Le problème ne vient pas non plus des groupes soi-disant créés par les États-Unis, ceux-ci ne peuvent pas être tenus pour responsables d’un tel système de croyance. Le problème ne réside pas non plus dans une poignée de radicaux qui entachent l’image de l’islam. Le problème réside dans le fait que ces concepts fondateurs de fatah, djihad et shahada n’ont pas été abordés et correctement expliqués aux musulmans par le clergé musulman.
Historiquement, les premières conquêtes ont été très probablement utilisées stratégiquement lorsque l’islam en était à ses balbutiements et inconnu dans le monde. Cependant, en ce moment, personne n’est préparé à revoir ces définitions et leur valeur ou leur pertinence dans le monde d’aujourd’hui.
Ce qui est spécifiquement dangereux avec EI est qu’il rapporte effectivement des histoires de succès alors que pendant si longtemps les musulmans n’ont entendu que des histoires de défaite et de répression. Le wahhabisme a été basé sur la récupération de l’ancienne gloire. Leur mauvaise interprétation du Coran les incite à croire qu’il y a vraiment un moment où la conquête militaire se réalisera et que lorsque les musulmans entendront l’« appel », ils seront forcés de se lever et de combattre. EI signale aux musulmans émotionnellement vulnérables que c’est à lui de diriger cette conquête. C’est pourquoi tous les jeunes musulmans, des centaines de millions, sont de potentielles recrues.
Seule une réforme interne peut transformer l’islam. Pour que cette étape immense soit franchie, les musulmans devront lire correctement le Saint Coran, écouter attentivement ses significations subtiles et ses métaphores merveilleuses, même si cela nécessite de contester certaines interprétations existantes, considérées comme essentielles pour la foi de l’islam.
Sans nul doute, sans financiers bien disposés et puissants, des organisations comme EI ne peuvent pas présenter un danger très grand, pourtant il n’est jamais difficile pour ces « investisseurs » intéressés d’être trouvés lorsqu’il existe toute une armée potentielle prête à combattre et à mourir, et dont les soldats peuvent être facilement manipulés si le financier intéressé sait comment utiliser ses cartes. Dans de nombreux cas, ces soldats combattent pour de l’argent mais l’argent n’est que le catalyseur, car l’aimant et le besoin du recrutement est venu du profond de cet islam archaïque et déformé, accepté et enseigné par tous les religieux musulmans dans toutes les mosquées dans le monde.
Nous le voyons avec l’Irak, la Libye et la Syrie, autrefois des pays stables dirigés par de prétendus autocrates qui avaient compris les fondements de la violence dans l’islam et leurs implications s’ils n’étaient pas gérés. Par conséquent, ils savaient très bien comment traiter ce problème, cela avec leurs méthodes propres à leurs lois et à leurs pratiques, que l’Occident s’efforce de décrire comme non démocratiques.
C’est évident pour tous, la destitution dirigée par les Occidentaux de Saddam Hussein et de Kadhafi a transformé l’Irak et la Libye en plaques tournantes pour les islamistes, avec la Libye à une faible distance des côtes de l’Europe. Le soutien dirigé par l’Occident à l’opposition syrienne a facilité la création d’organisations islamistes en Syrie et le transport de dizaines de milliers de combattants et de matériel militaire vers elles. Dans un tournant du destin, l’Occident doit maintenant lutter contre les mêmes combattants qu’il a aidés à créer et à armer. Le récent attentat barbare à Paris est une preuve indéniable d’un tel résultat.
C’est totalement fou de la part de l’Occident de penser qu’il peut allumer et éteindre les djihadistes pour les utiliser lorsque cela lui convient puis abaisser l’interrupteur en croyant qu’ils disparaîtront. Combien il est facile d’oublier que la lune de miel avec al-Qaïda en Afghanistan n’a pas duré trop longtemps. Il semble que l’expérience n’a pas été assez solide pour enseigner une leçon importante à l’Occident. Comme on dit, nous voyons l’histoire se répéter.
Alors que l’Occident ne peut pas réformer l’islam, capitaliser sur ses aspects violents pour un gain militaire rapide à court terme est extrêmement dangereux.
Exprimé par points de différences, c’est en réalité ce que les gouvernements occidentaux et leurs organes de répression ont fait :
- Favoriser les islamistes et les soutenir à l’étranger.
- S’opposer plus tard aux mêmes islamistes, plaçant ainsi leurs citoyens sur la liste des cibles terroristes.
- Sous couvert de liberté religieuse, autoriser que des enseignements islamiques fondamentalistes soient dispensés dans les mosquées et les écoles musulmanes et ne pas les avoir contrôlés.
- Nommer des dirigeants musulmans apparemment et prétendument modérés comme conseillers des forces de l’ordre.
- Déverser de l’argent dans des programmes dont ils croient qu’ils peuvent déradicaliser la jeunesse musulmane. C’est de la folie et cela indique clairement que les responsables qui ont mis ces projets en place n’ont pas la moindre idée de la façon d’appliquer des stratégies susceptibles de réussir.
- Alimenter la haine anti-occidentale en soutenant constamment Israël et son traitement criminel des Palestiniens.
Des islamistes d’ampleur et de danger divers ont infiltré les institutions gouvernementales en Occident, en particulier en Europe. Ils sont au mieux des chevaux de Troie capitalisant sur des fonds publics et poursuivant renommée et pouvoir, tout en donnant des conseils tordus pour protéger les gens de leur espèce.
Essayez de dire ça en Occident et vous serez accusé d’être un islamophobe, opposé à la liberté d’expression, fanatique et paranoïaque. Au lieu d’écouter la vérité, ils continueront à alimenter les groupes islamistes avec des subventions, les encourageant à utiliser les mosquées comme bases organisationnelles politiques et religieuses, à faire de leurs jours fériés des vacances dans les écoles publiques, tout cela dans l’espoir de les intégrer dans la communauté plus large. Ils ne s’intégreront jamais parce que leur objectif est de convertir le monde à l’islam. Après tout, ils enseignent à leurs jeunes de ne faire confiance qu’à ceux qui suivent leur religion.
Essayez de convaincre des militants arabes qui s’opposent à ISIL que le problème sous-jacent tient à quelques fausses interprétations du Coran et ils vous mépriseront et vous diront que tout est dû à l’Amérique. En faisant cela, non seulement ils refusent de voir la réalité, mais ils détournent aussi l’attention du principal coupable, lui permettant de continuer à s’envenimer par en dessous.
En démasquant les islamistes, cependant, on est sûr de rallier du soutien, mais ce sera chez les fausses personnes : ceux qui haïssent vraiment les musulmans comme les néonazis, les skinheads, les suprématistes blancs et les évangéliques, qui sauteront dans le train en proclamant qu’ils ont une meilleure alternative à l’islam.
Cette période de l’histoire ressemble à l’époque des croisés de la chrétienté : remplacer le christianisme par l’islam. Pour être juste avec l’islam, l’Église qui a mené les croisés ne s’est pas réformée. C’est l’esprit occidental qui s’est réformé et qui, dans son rejet de l’Église, a réussi à se libérer de son joug.
Avant qu’un groupe de personnes en critique un autre, ils doit considérer honnêtement et sincèrement sa propre réussite, son histoire et son système de croyance et agir selon le principe « que celui qui n’a pas péché lui jette la première pierre ». Même si l’islam ne se réforme pas, comme le christianisme ne l’a pas fait non plus, les musulmans pourraient commencer à rejeter les idéologies néfastes avec lesquelles ils ont été élevés. En fait, le syndrome EI pourrait accélérer ce processus.
Ainsi, par inadvertance, nous sommes revenus là où cet article a commencé, parce que ne comprendre que la nature du monstre ne résout que la moitié du problème. L’action militaire contre EI en Syrie et en Irak est nécessaire, mais avancer étape par étape dans une tentative de détruire son idéologie est une autre histoire. Un tel mouvement pose la question fondamentale de savoir qui serait moralement et philosophiquement qualifié pour s’opposer à EI et par quels moyens. Nous pouvons aller un peu plus loin et demander qui peut garantir que la dénonciation de la force motrice d’EI ne donne pas à quelques fanatiques anti-musulmans suffisamment de raisons pour perpétrer des massacres contre les musulmans, tous les musulmans, y compris ceux qui ne prendraient jamais les armes, des musulmans non pratiquants, même, où qu’ils se trouvent, pris au piège ou dépassés par le nombre. Quelle assurance peut-on avoir que de telles atrocités n’atteindront pas ceux qui « ont l’air de musulmans » ou sont identifiés comme tels ? De telles répercussions ont eu lieu récemment.
La question à un million de dollars à poser est de savoir si davantage de gens seront tués si EI est autorisé à agir sous une protection musulmane plus large et à continuer à recruter plus de jeunes si cette question potentiellement extrêmement dangereuse n’est pas exposée au grand jour. Personne ne sait, mais je dois agir sur ma conscience et mon intégrité.
Noureddin Shami
Traduit par Diane, vérifié par Julie, relu par M pour le Saker francophone
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