La Suisse annule le sommet Poutine-Biden


Non, mais presque.


Par Moon of Alabama – Le 3 juin 2021

La Russie se débarrasse du dollar américain.

La Russie prévoit d'abandonner totalement le billet vert américain dans son fonds souverain, le Fonds de la Richesse Nationale (FRN) et de réduire la part de la livre sterling d'ici un mois, a révélé le ministre des Finances, Anton Siluanov, en marge du Forum économique international de Saint-Pétersbourg, ajoutant que la part de l'euro et du yuan augmentera, ainsi que celle de l'or, et que le portefeuille de yens japonais restera inchangé.

"Nous, tout comme la Banque centrale, avons décidé de réduire les fonds de la FRN investis dans des actifs en dollars. Dans la structure actuelle, environ 35% du fonds est investis en dollars. Nous avons décidé de nous retirer complètement des actifs en dollars, en remplaçant les investissements en dollars par une augmentation de l'euro et de l'or", a-t-il déclaré, ajoutant que le passage à cette nouvelle structure financière sera achevé dans un mois.

"[Les investissements] en dollars seront égaux à 0 % ; en euros, ils atteindront 40 % ; en yuans, 30 % ; en or, 20 % ; et en livres et en yens, 5 % chacun. Nous avons remplacé les dollars par une augmentation de 5 % en euros, en or et en yuans", a expliqué le responsable des finances.

Le Fonds de la Richesse Nationale russe a une valeur totale d’environ 120 milliards de dollars. La Banque centrale de Russie a également diminué ses réserves en dollars américains. Elle a également créé une alternative au système de transfert interbancaire SWIFT qui sera utilisée si les sanctions américaines rendent les transferts SWIFT impossibles :

Si la Society for Worldwide Interbank Financial Telecommunication (SWIFT) est fermée en Russie, le système bancaire du pays ne s'effondrera pas, selon le gouverneur de la banque centrale, Elvira Nabiullina. La Russie a mis en place une alternative.

"Il y a eu des menaces selon lesquelles nous pourrions être déconnectés de SWIFT. Nous avons fini de travailler sur notre propre système de paiement, et si quelque chose arrivait, toutes les opérations au format SWIFT fonctionneront à l'intérieur du pays. Nous avons créé une alternative", a déclaré Mme Nabiullina lors d'une réunion avec le président Vladimir Poutine, mercredi dernier.

Elle a également ajouté que 90 % des distributeurs automatiques de billets en Russie sont prêts à accepter le système de paiement Mir, une version nationale de Visa et MasterCard.

La Russie s’attend clairement à ce que ses relations avec les États-Unis se détériorent. Elle se protège de nouvelles sanctions américaines.

Cela se passe deux semaines avant le sommet Biden-Poutine à Genève, si jamais ce sommet a lieu :

Si vous pensez que c'est une blague, vous ne devriez pas :

La Suisse n'acceptera pas les certificats de vaccination COVID-19 fait avec le vaccin Sputnik V pour l'accréditation des médias lors du prochain sommet russo-américain à Genève, a déclaré mercredi à Sputnik Pierre-Alain Eltschinger, porte-parole du Département fédéral des affaires étrangères suisse.

Voici (en russe) la version officielle de Ria. Compte tenu du fait que Vladimir Poutine et la délégation russe au sommet de Genève sont tous vaccinés avec Sputnik V, les Russes ont finalement une excuse pour annuler un sommet inutile et ne pas y assister.

L’annonce faite [par le ministre des finances russe] aujourd’hui est un signal adressé à Biden. Elle dit : Votre puissant dollar n’a aucun pouvoir sur nous. Vous ne pourrez pas nous assommer avec votre blabla sur le Russiagate et vos absurdes sanctions.  Prenez-nous au sérieux ou nous cesserons tout simplement de parler avec vous.

C’est bien l’État profond qui dirige la politique américaine à l’égard de la Russie, et il serait probablement d’accord avec cette déclaration :

Pour autant que l'on puisse en juger, des événements désagréables indiquant une malfaisance russe se produisent de manière assurée avant toute occasion où des décisions doivent être prises quant à la nature de la politique américaine envers la Russie. C'est particulièrement le cas lorsqu'il y a le moindre soupçon que les relations bilatérales puissent avoir une chance, même minime, de s'améliorer.

Si le Bountygate et la stupidité de l’histoire Navalny se sont avérés des flops, avec une vision plus large de la politique américaine à l'égard de la Russie, on doit conclure que ce schéma a été efficace. Cela implique quelque chose d'affreux : Nous devons nous demander si de meilleures relations avec la Fédération de Russie ont effectivement été rendues impossibles. On comprend que l'expression "État profond" soit un peu outrée. Mais au vu ce que l’on observe depuis 2016, nous devons en conclure qu'il y a bien quelque chose derrière le spectacle politique qui aurait beaucoup à dire sur des questions qui sont censées reposer sur le choix électoral mais qui, en réalité, ne le sont pas.

Une distinction, pour conclure. À l'époque de Trump, le schéma d'événements que je décris était préventif : La politique de Trump sur la Russie était claire, admirablement claire, et devait être subvertie. Dans le cas de Biden, cela semble fonctionner de manière inverse. Biden étant un russophobe avéré, il n'a maintenant besoin que d'une simple justification pour maintenir les tensions au niveau le plus élevé possible tout en affirmant faire tout son possible pour réparer nos liens dévastés.

Attendons de voir ce sommet de Genève.

Moon of Alabama

Traduit par Wayan, relu par Hervé pour le Saker Francophone

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