La revue de presse du 4 décembre 2023


Par Wayan – Le 4 décembre – Le Saker Francophone

Voici comment le « Hamas » se forme et se régénère de générations en générations. Israël s’interdit de comprendre cette évidence et se prépare ainsi un destin difficile :

« Dans la ville de Jénine, en Cisjordanie occupée, Madleen Sabbagh, enceinte de sept mois, craint que des années de violence ne se répercutent sur les générations suivantes, son mari ayant été l’un des derniers à être tué.

Enceinte de sept mois, assise à une fenêtre donnant sur le camp de réfugiés de Jénine densément peuplé, Madleen Sabbagh explique qu’elle a cessé de manger après que son mari a été tué d’une balle dans le cœur au début du mois.

Selon la famille, Mohammed Sabbagh, 30 ans, se tenait aux côtés de son frère à cette même fenêtre lors d’un raid des forces israéliennes, lorsqu’il a été touché par un tireur embusqué.

Le couple avait déjà trois enfants et Mme Sabbagh, âgée de 24 ans, a déclaré : « En tant que mère, je suis certainement inquiète je me préoccupe de leur sécurité. Ce sont mes enfants et je suis leur mère. Mais maintenant, je suis une mère et un père pour eux ».

La famille tient un salon de beauté qui, en des temps plus heureux, accueillait des réceptions de mariage, mais les fenêtres sont désormais parsemées d’impacts de balles.

Des centaines de Palestiniens, dont des militants, des passants et des enfants, ont été tués cette année lors de raids israéliens à Jénine, longtemps considérée comme un foyer de militantisme. »

Comment penser que ces centaines de gamins dont les parents ont été assassinés par l’armée ou les colons israéliens puissent ne pas former le futur « Hamas », avec des combattants dont la haine de l’ennemi sera un puissant carburant.

Car pendant que la « pause humanitaire » épargne Gaza, pour l’instant, le reste de la Palestine n’en bénéficie pas :

« Quatre Palestiniens, dont un garçon de 8 ans et un homme de 15 ans, ainsi que deux commandants militants de haut rang, ont été tués mercredi par les forces israéliennes dans la ville de Jénine, en Cisjordanie occupée, a déclaré l’agence de presse officielle palestinienne WAFA.

« Les deux enfants, Adam Samer Al-Ghoul (8 ans) et Basil Suleiman Abu Al-Wafa (15 ans), ont été abattus par les forces d’occupation dans la ville de Jénine », a déclaré le ministère palestinien de la santé. »

Une « pause humanitaire » qui est un jeu de dupes :

« « Les Israéliens ont libéré 117 Palestiniens au cours des trois derniers jours et, dans le même temps, ils ont arrêté 116 nouveaux prisonniers palestiniens dans toute la Cisjordanie occupée. »

Des « prisonniers » qui ressemblent pourtant plus à des otages. C’est CNN qui le dit :

« Comme Shahin, la majorité des personnes libérées jusqu’à présent – 128 sur 180 – étaient détenues et n’avaient pas été inculpées, n’avaient pas été jugées et n’avaient pas eu la possibilité de se défendre. Certains affirment qu’ils n’ont même pas été informés des raisons de leur détention.

Certains Palestiniens ont été détenus dans le cadre d’un système de justice militaire obscur qui permet théoriquement à Israël de détenir des personnes pour des périodes indéterminées sans procès ni inculpation.

Depuis qu’il s’est emparé de la Cisjordanie en 1967, Israël a mis en place deux systèmes judiciaires distincts en Cisjordanie. Les Palestiniens qui y vivent relèvent de la juridiction du système judiciaire militaire israélien, où les juges et les procureurs sont des soldats israéliens en uniforme. Les colons juifs, quant à eux, sont soumis à des tribunaux civils. »

Et pourtant certaines personnes mal renseignées ou de parti-pris s’offusquent quand on dit que l’apartheid sévit en Israël.

Netanyahou annonce que le carnage va continuer. Il va donc ne faire que renforcer le « Hamas » dans l’esprit de la population palestinienne :

« Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a réaffirmé mercredi que la guerre visant à détruire le groupe terroriste Hamas reprendra dès que le processus en cours pour obtenir la libération des otages détenus dans la bande de Gaza aura pris fin.

Les deux autres membres du cabinet de guerre, les ministres de la défense Yoav Gallant et Benny Gantz, ainsi que le chef d’état-major de Tsahal, le général Herzi Halevi, se sont fait l’écho de sa volonté de poursuivre le combat, en déclarant qu’ils étaient prêts à faire progresser immédiatement la campagne militaire. »

Et le programme est salé : « Eiland, qui ne va pas bien et a même écrit un livre sur sa souffrance, a une idée : les épidémies à Gaza sont bonnes pour Israël. « Après tout, de graves épidémies, dans le sud de la bande de Gaza nous rapprocheront de la victoire et réduiront le nombre de blessures parmi les soldats de l’armée israélienne » a-t-il écrit cette semaine dans Yedioth Ahronoth. Il suffit d’attendre que les filles des leaders du Hamas contractent la plaie et c’est gagné. »

Ils savent très bien que leurs paroles et leurs actes ne font que renforcer la haine des palestiniens envers eux. Ne serait-ce pas ce qu’ils cherchent finalement, en faire de potentiels terroristes qu’ils auront ainsi l’excuse de pouvoir tuer « pour se défendre du terrorisme palestinien ». La parfaite excuse à un génocide, exactement comme cela est en train de se dérouler sous nos yeux.

Ce qui expliquerait aussi le manque de réaction du gouvernement Netanyahou alors qu’il avait été averti d’une action imminente de la résistance palestinienne. Même le journal israélien Haaretz lui-même en parle :

« Au cours des mois précédant le 7 octobre, un sous-officier du renseignement militaire israélien a lancé trois avertissements selon lesquels le Hamas préparait une attaque contre les communautés israéliennes proches de la frontière de Gaza, mais ses propos ont été balayés d’un revers de main »

Tout cela avec l’hypocrite bénédiction du gouvernement Biden à continuer ce massacre :

« Les États-Unis exhortent Israël à réduire la zone de combat et à préciser où les civils palestiniens peuvent se mettre à l’abri lors d’une opération israélienne dans le sud de la bande de Gaza, ont indiqué des responsables américains mercredi, afin d’éviter que ne se répète le bilan massif des attaques israéliennes dans le nord de la bande de Gaza.

Les responsables américains, depuis le président Joe Biden jusqu’au département d’État et au Pentagone, demandent à Israël d’adopter une approche plus prudente si l’armée israélienne étend son offensive au sud de la bande de Gaza. »

« Les États-Unis envoient à Israël des bombes anti-bunker de 2 000 livres pour la guerre de Gaza. Après avoir envoyé ces bombes massives et des obus d’artillerie, les États-Unis exhortent également Israël à limiter les pertes civiles ».

L’offensive a donc repris en ce vendredi 1er décembre et Israël a immédiatement recommencé ses bombardements indiscriminés sur Gaza. Les médias occidentaux qui faisaient leur une de la trêve et de l’échange de prisonniers restent discrets sur la reprise des bombardements : RFI se contente d’une phrase laconique qui renvoi Israël et le Hamas dos à dos : « L’armée israélienne a repris vendredi ses frappes dans la bande de Gaza accusant le Hamas d’avoir violé la pause en vigueur depuis une semaine. Israël et Hamas se rejetaient ce vendredi 1er décembre la responsabilité de la reprise des combats. »

CNN et autres journaux étasuniens restent aussi laconiques devant le carnage qui reprend.

L’image « droits humanitaires » et autres paravents occidentaux, déjà bien dégradés, va donc tomber carrément en lambeaux aux yeux du reste du monde, sans parler des tensions domestiques que cela provoque. Car Israël est bien un problème occidental puisqu’il a été créé grâce au soutien étasunien, et peuplé de juifs venant essentiellement d’Europe.

Les gouvernements occidentaux voient bien ce que cela va leur couter mais sont prêts à sacrifier ce qui leur reste de dignité pour laisser Netanyahou arriver à son but, vider Gaza de sa population. La pression est immense. Un exemple parmi tant d’autres est le cas d’Elon Musk :

« Elon Musk, qui a été critiqué pour avoir soutenu une théorie du complot antisémite et des accusations plus larges de haine florissante sur sa plateforme de médias sociaux X, s’est rendu en Israël, où il a visité un kibboutz attaqué par des militants du Hamas et s’est entretenu avec de hauts dirigeants.

Le milliardaire a rencontré le président israélien Isaac Herzog, qui l’a réprimandé pour le contenu de la plateforme anciennement connue sous le nom de Twitter, et a rejoint le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu pour une visite du kibboutz de Kfar Azza, un village rural que les militants du Hamas ont pris d’assaut le 7 octobre. un assaut meurtrier qui a déclenché la guerre.

« C’était choquant de voir la scène du massacre », a déclaré Musk lors d’une conversation avec Netanyahu diffusée sur X. Il s’est dit troublé par la vidéo et les photos que le Premier ministre lui a montrées des meurtres de civils, y compris d’enfants.

Ils ont largement parlé du conflit, des protestations qu’il a suscitées, du Moyen-Orient et bien plus encore, mais n’ont pas abordé l’antisémitisme en ligne. Netanyahu, qui a appelé à faire reculer cette haine lors d’une réunion avec Musk en septembre, a déclaré qu’il espérait que le milliardaire s’impliquerait dans la construction d’un avenir meilleur. Musk a répondu : « J’aimerais aider. »

« La haine des Juifs affecte le comportement des gens dans de nombreux endroits du monde, et vous avez un rôle énorme à jouer à cet égard », a déclaré Herzog à Musk.

Le propriétaire de X a répondu que la journée avait été « difficile sur le plan émotionnel » après la tournée et que « nous devons faire tout ce qui est nécessaire pour mettre fin à la haine », selon le bureau de Herzog.

Faisant référence aux militants du Hamas, Musk a déclaré : « C’est incroyable ce que les humains peuvent faire s’ils sont nourris de mensonges depuis qu’ils sont enfants. Ils penseront que tuer des innocents est une bonne chose, ce qui montre à quel point la propagande peut affecter l’esprit des gens. »

Le porte-parole du gouvernement israélien, Eylon Levy, a refusé de dire si Musk avait été invité dans le pays ou s’il était venu seul. X, anciennement connu sous le nom de Twitter, n’a pas répondu à une demande de commentaire.

Israël a également réglé une dispute avec Musk au sujet de sa société Internet par satellite Starlink, Starlink acceptant d’opérer à Gaza uniquement avec l’approbation du gouvernement.

Les deux s’étaient déjà affrontés en ligne après que Musk avait promis que Starlink prendrait en charge la connectivité avec des groupes humanitaires internationalement reconnus à Gaza, ce qui a suscité une réprimande de Karhi, qui a déclaré qu’Israël le combattrait parce que le Hamas utiliserait le service pour des activités militantes. »

Musk qui a résisté aux pressions de son propre gouvernement et d’une grande partie de l’establishment occidental au moment de son rachat de Twitter pour qu’il n’y ait plus de censure, vient de baisser la tête face au gouvernement israélien.

Voyant cela, le Hamas l’a aussi invité :

« Un haut responsable du Hamas a invité mardi le milliardaire américain Elon Musk à se rendre dans la bande de Gaza palestinienne pour constater l’ampleur des destructions causées par les bombardements israéliens.

« Nous l’invitons à se rendre à Gaza pour constater l’ampleur des massacres et des destructions commis contre la population de Gaza, dans le respect des normes d’objectivité et de crédibilité », a déclaré Osama Hamdan, haut responsable du Hamas, lors d’une conférence de presse à Beyrouth. »

Musk n’a pas répondu à cette invitation. De toute façon il n’aurait pas pu rentrer à Gaza.

Mais la pression sur lui continue au moyen du retrait des publicités ou d’articles d’opinion. En voilà un exemple pris sur CNN :

« Elon Musk tente de faire amende honorable, ou du moins de limiter les dégâts, après avoir approuvé un message antisémite sur sa plateforme X, anciennement Twitter. Cependant, Elon Musk ne présente pas d’excuses appropriées et ne fait pas grand-chose pour remédier à ses propres actes ignobles répétés ou au sectarisme qui a envahi X depuis qu’il en a pris la direction.

Cette semaine, il s’est rendu en Israël, un pays en proie à une guerre sanglante, pour prouver, comme il l’a dit, que « les actes sont plus éloquents que les mots ».

Malheureusement pour Musk, ses actes comme ses paroles sont odieux. »

Tous les médias sont soumis aux mêmes pressions :

« « Le 15 novembre dernier, l’un des porte-parole de l’armée israélienne, Olivier Rafowicz, était l’invité du journal quotidien « 64’, Le Monde en français » sur TV5MONDE, pour parler de l’opération militaire israélienne dans la bande de Gaza et plus particulièrement de celle menée contre l’hôpital Al-Shifa. A la fin de l’entretien mené par le présentateur de cette édition, Mohamed Kaci, les règles journalistiques, applicables à toute interview, n’ont pas été respectées.

Ce qui a conduit à donner l’impression, dans la dernière question, que les modalités d’intervention de l’armée israélienne étaient équivalentes à la stratégie du Hamas, organisation considérée comme terroriste par de nombreux Etats.

Par ailleurs, l’entretien ne s’est pas terminé selon les normes en vigueur de maîtrise de l’antenne mais de façon trop abrupte. Ce que la direction de l’information de TV5MONDE regrette profondément.

Plus attentive que jamais depuis le 7 octobre à donner une information factuelle et équilibrée de la situation, sans céder à l’émotion ni aux pressions, tout en donnant la parole à toutes les parties, la direction de l’information de TV5MONDE redouble encore de vigilance sur ses antennes et ses supports numériques et prendra toutes les mesures nécessaires pour s’en assurer dans un contexte de grande tension. »

Voici l’interview en question. Ce journaliste est une exception, dûment réprimandée, car il est visible que les présentateurs télé ont un biais pro-israélien, plus ou moins forcé, car ils savent intuitivement que la qualité de leur carrière en dépend. La fameuse question/réflexion préambule « mais condamnez-vous les attaques terroristes du Hamas ? » dont on n’entend jamais l’équivalent « condamnez-vous la colonisation des territoires palestiniens par Israël/ l’apartheid qui sévit en Israël ? » montre de quel côté penche la fameuse « neutralité médiatique ». Et le journaliste qui tient à sa carrière le sait intuitivement.

En Israël même, la censure médiatique est telle que : « Ce mal s’est développé à partir du terreau du mépris incroyable et de l’indifférence pathologique en Israël sur ce qu’il se passe maintenant à Gaza. Des journalistes étrangers qui viennent ici n’en croient pas leurs yeux : la souffrance de Gaza n’existe pas ; Israël n’a pas tué des milliers d’enfants ni expulsé un million de personnes de leurs maisons. Le sacrifice de Gaza est totalement occulté, disparu non seulement du discours public mais même des actualités quotidiennes. Pour la télévision israélienne, la seule dans le monde, nous n’avons pas tué d’enfants. Selon les médias israéliens, les forces de défense israéliennes n’ont pas commis le moindre petit crime de guerre. »

Ce pouvoir de pression du gouvernement Netanyahou sur les pays occidentaux ne date pas d’aujourd’hui. Je me rappelle d’un cas frappant, datant de 2015, où pour obtenir l’aval des Etats Unis dans son combat contre l’Iran, alors qu’Obama n’était pas d’accord, Netanyahou s’est invité au Congrès étasunien où il a prononcé un discours pendant lequel il a reçu pas moins de 26 standing ovations, montrant ainsi à Obama et au reste du monde qui était le chef ici :

« Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a averti les États-Unis mardi qu’ils négociaient un mauvais accord avec l’Iran qui pourrait déclencher un « cauchemar nucléaire », s’attirant les foudres du président Barack Obama et révélant un fossé de plus en plus profond entre les États-Unis et Israël. Les deux hommes ont délivré des messages contradictoires à quelques heures d’intervalle.

Lors d’une apparition boycottée par des dizaines de collègues démocrates de M. Obama, M. Netanyahu a déclaré que les dirigeants iraniens étaient « plus radicaux que jamais » et qu’on ne pouvait pas leur faire confiance, et que l’accord en cours d’élaboration par les États-Unis et d’autres puissances mondiales ne bloquerait pas le chemin de l’Iran vers une bombe « mais lui ouvrirait la voie vers une bombe ».

Son discours, qui critiquait point par point la stratégie de M. Obama, a suscité 26 ovations dans l’hémicycle contrôlé par les républicains.

Obama a déclaré que le premier ministre n’avait pas proposé d' »alternatives viables » au cours actuel des négociations.

Le discours de M. Netanyahu a mis fin à une tempête diplomatique déclenchée par son acceptation, en janvier, d’une invitation républicaine qui contournait la Maison-Blanche. De nombreux démocrates [seulement 60 sur les 132 députés Démocrates, NdT] ont considéré qu’il s’agissait d’un affront au président. »

Là encore, en 2023, on voit bien que Biden, Macron, Sanchez et bien d’autres dirigeants occidentaux ne sont pas d’accord avec la violence de Netanyahou mais qu’ils ne peuvent pas l’exprimer trop directement. On se rappelle quand, il y a deux semaines, Macron avait osé dénoncer à mots couverts la massacre de Gaza et que Netanyahou et Herzog l’avait remis en place en osant dire qu’il avait fait une « faute morale ». Depuis on entend plus Macron sur le sujet.

Le magazine étasunien Responsible Statecraft se pose aussi la question, « Pourquoi laissons-nous Israël et l’Ukraine avoir le dernier mot sur nos décisions ? » :

« Certains dirigeants israéliens ont répondu à cette approche, mais Benjamin Netanyahu n’a jamais été l’un d’entre eux. Le commentaire de Bill Clinton après sa première rencontre avec Netanyahou en 1996 – “Qui est la putain de superpuissance ici ?” – reflète le jugement réfléchi de Bibi selon lequel il peut susciter une opposition intérieure aux États-Unis qui annulera toute menace de la part d’un président américain.

Aujourd’hui, 66 % des Américains souhaitent un cessez-le-feu, selon un sondage, mais moins de 5 % des membres de la Chambre des représentants sont de cet avis ; Bibi sait donc peut-être de quoi il parle. L’AIPAC est occupé à lancer des attaques contre les quelques membres courageux du Congrès qui ont critiqué Israël et appelé à un cessez-le-feu. »

Quant à la Russie et la Chine, elles se contentent d’exprimer diplomatiquement leur désapprobation sans vraiment faire pression autre que verbale ; bien contentes que la pression diplomatico/militaire étasunienne qu’elles subissent se relâche pour se concentrer sur le Moyen Orient et que les Etats-Unis s’y embourbent tous seuls.

« Depuis les attaques terroristes surprises contre Israël le 7 octobre, le ministère de la défense a ordonné l’envoi au Moyen-Orient d’un groupe d’attaque supplémentaire composé d’un porte-avions, de défenses aériennes, d’avions de chasse et de centaines de soldats, afin d’éviter que le conflit ne dégénère en une guerre régionale.

Le problème : les dysfonctionnements du Congrès font que le Pentagone n’a pas d’argent pour financer ce renforcement. »

Ce constat ne peut mener qu’à la conclusion logique que la politique génocidaire du gouvernement Netanyahou va continuer jusqu’à terme où jusqu’à ce que « l’axe de résistance », c’est-à-dire le Hezbollah/Houtis/Iran/et la résistance irakienne et syrienne, soit obligés d’intervenir. Ce sera alors un embrasement général de toute la région dont la conséquence première sera une envolée du prix du pétrole ayant des répercussions économiques sur le monde entier et des dizaines de milliers de morts supplémentaires.

******

En Ukraine, l’arrivée de l’hiver va geler le front de guerre :

« Sur le front dans le sud et l’est du pays, les soldats ukrainiens vont entamer un nouvel hiver dans les tranchées. Les températures glaciales, la neige, l’humidité, entre autres, rendent les manœuvres et les opérations militaires plus délicates. Elles mettent les hommes et le matériel à rude épreuve. L’absence de feuilles sur les arbres, sur un terrain le plus souvent plat, rend les véhicules et les chars assez faciles à repérer par l’activité des drones.

Mais dans l’immédiat, c’est surtout la boue qui complique les choses. Les sols n’étant pas suffisamment gelés, les champs et les chemins deviennent impraticables pour bon nombre de véhicules qui ne peuvent pas rejoindre leurs positions de tir ou qui s’embourbent en tentant d’échapper au feu ennemi. »

L’article de RFI ne dit pas un mot de l’imminence de la chute de la ville d’Avdeevka où, comme à Bakhmut cet automne, les combats sont très rudes. C’est de cette ville que l’armée ukrainienne bombardait quotidiennement les civils de Donetsk, c’est pourquoi sa prise est importante pour le côté russe :

« Après la prise de la zone industrielle de Promka, le prochain objectif de l’armée russe sera la prise des carrières et des fermes de Vinogradniki, d’où elle pourra surveiller les mouvements ukrainiens dans la zone forestière. La pénétration dans la zone urbaine continuera d’être réduite en prenant de nouvelles parties de l’avenue Yasynovatskyi, d’où elle pourra établir un contrôle de feu sur la partie inférieure qui divise la ville. Simultanément, les troupes russes s’empareront de la zone forestière en atteignant l’arrière des défenses ukrainiennes le long de la H-20 afin d’obtenir un contrôle solide sur la station de filtration de Donetsk. Cependant, comme indiqué précédemment, l’avancée russe sera difficile en raison du grand nombre de défenses dans cette zone forestière et un effondrement des forces n’est pas attendu tant que le front nord ne progresse pas.

Un analyste a déclaré qu’Avdeevka tomberait probablement de la même manière que Bakhmut, c’est-à-dire non pas en fermant complètement son chaudron, mais plutôt pas à pas, bâtiment par bâtiment, en combattant dans la ville. »

Cette fois c’est un haut fonctionnaire ukrainien qui le confirme, Boris Johnson a bien fait pression sur Zelenski pour qu’il abandonne le traité de paix qu’il était en train de négocier avec la Russie en avril 2022 :

« Nous savons déjà que l’Ukraine, au début du mois d’avril 2022, avait refusé de faire la paix avec la Russie. Nous le savons grâce aux dires de l’ancien premier ministre israélien Naftali Bennet, de l’ancien ministre turc des affaires étrangères, de l’ancien chancelier allemand Gerhard Schroeder, ainsi qu’aux informations en provenance d’Ukraine.

Mais ce n’est que maintenant que nous entendons la même histoire de la part d’un fonctionnaire ukrainien : »

Petit à petit la certitude occidentale que la Russie est militairement inférieure est en train de se fracasser sur le mur de la réalité. Le journal The Economist en relate l’expérience :

« The Economist’ cite également deux experts de RUSI qui leur ont déclaré que “les systèmes de guerre électronique russes ont une portée de 10 km et peuvent prendre le contrôle du drone, tout en acquérant les coordonnées du lieu depuis où il est piloté, avec une précision d’un mètre, pour être transmis à une batterie d’artillerie”. Chacun des 10 000 pilotes-guideurs de drones ukrainiens mentionnés dans la situation décrite risque donc d’être tué peu de temps après avoir lancé son appareil sur le champ de bataille.

L’hebdomadaire conclut son article en citant un expert américain qui a confirmé que son pays avait restreint l’exportation de ses équipements de guerre électronique vers l’Ukraine, pour éviter qu’ils ne tombent d’une façon ou l’autre (récupération directe ou prise de contrôle) entre les mains des Russes. Un autre expert d’un groupe de réflexion allemand a déclaré catégoriquement que “les capacités de l’OTAN pourraient ne pas être aussi bonnes que celles de la Russie” et a émis l’hypothèse que la Russie pourrait transmettre à la Chine “les fréquences et les techniques de saut de canal utilisées” par de tels équipements.

Pour ces raisons, l’Occident est réticent à renforcer les capacités de guerre électronique de l’Ukraine, ce qui interdit à ce pays de contrecarrer les actions défensives de guerre électronique russes autant que l’emploi de ses propres armes et systèmes du domaine (drones notamment). Dans ces conditions déséquilibrées, il n’existe aucun moyen réaliste pour l’Ukraine de récupérer davantage de territoire, et elle risque de perdre encore plus à mesure que le conflit se prolonge. Il n’est donc pas étonnant que l’Occident veuille le geler. »

******

Pendant que les États-Unis voient leur image se dégrader à cause de leur support inconditionnel à Israël, la Russie continue de polir la sienne :

« Un cargo transportant 25 000 tonnes de blé humanitaire en provenance de Russie arrivera en Somalie dans les prochains jours, a rapporté l’agence de presse de ce pays d’Afrique de l’Est, SONNA.

Moscou s’est engagé à fournir une aide alimentaire aux pays africains dans le cadre d’un accord annoncé par le président Vladimir Poutine lors du sommet Russie-Afrique qui s’est tenu à Saint-Pétersbourg en juillet.

Au début du mois, le ministre russe de l’agriculture, Dmitry Patrushev, a déclaré que deux cargaisons de céréales gratuites étaient parties pour le Burkina Faso et la Somalie et qu’elles arriveraient dans ces deux pays au début du mois prochain.

D’autres cargaisons à destination de l’Érythrée, du Zimbabwe, du Mali et de la République centrafricaine devraient arriver d’ici la fin de l’année. Selon M. Patrushev, jusqu’à 200 000 tonnes de céréales seront livrées à ces six pays africains confrontés à l’insécurité alimentaire. »

Et la Chine aussi. Selon les mots du président kényan :

« « La réalité est que la Chine n’est pas notre principal détenteur de dette. Nous sommes en mesure de négocier pour nous-mêmes ce que nous pensons être équilibré et juste pour le peuple kenyan. Nous ne croyons pas qu’il faille profiter de qui que ce soit et nous ne permettons pas aux autres de profiter de nous. Nous savons ce que nous voulons et nous choisissons nos amis et les personnes avec lesquelles nous travaillons. Nous avons une relation solide, pratique et mutuellement bénéfique avec la Chine… Comme je l’ai souvent affirmé, avec d’autres, le discours sur le « piège de la dette » est en fait une insulte à l’intelligence des pays visés et est perçu comme tel par ces derniers. Il est donc incroyablement contre-productif : conçu dans le but de donner une mauvaise image de la Chine aux yeux de ces pays, il aboutit à ce que ceux qui colportent le mythe soient perçus comme offensifs et condescendants. »

*******

L’idéologie ultralibéraliste qui domine en Europe, grâce à la propagande médiatique, continue de dégrader les services publics avec l’excuse « il n’y a plus d’argent en caisse » alors que des dizaines de milliards viennent d’être gaspillés pour coincer la Russie dans le piège ukrainien. Il semble que cette excuse ne soit qu’une feuille de vigne pour une privatisation totale des services publics afin que les profits tombent dans des poches privées plutôt que public. Là encore la propagande est telle que la population ne voit pas le problème arriver, l’admet avec défaitisme ou, pire, le soutient en reportant la faute sur l’hôpital. La Grande Bretagne a toujours été la vitrine européenne de cette idéologie :

« Un homme victime d’une crise cardiaque a attendu 18 minutes avant que son appel aux services de secours soit pris en charge. Quand l’ambulance est arrivée, il était mort.

Plus globalement, depuis le mois de septembre, 10 000 personnes patientent 18 mois pour un traitement. Parmi les services les plus touchés, ceux de la psychiatrie et de l’obstétrique.

C’est une catastrophe, déplore une association de patients. Et ces exemples viennent d’une base de données remplie par le personnel des hôpitaux.

Le gouvernement conservateur de Rishi Sunak refuse d’apporter une aide financière et il impose même un objectif pour cette fin d’année : atteindre l’équilibre financier. »

C’est-à-dire restreindre encore plus les services publics.

« La Grande-Bretagne dépense plus que n’importe quel autre pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) pour financer les inégalités structurelles en faveur des riches, selon les dernières recherches de l’organisation caritative britannique Equality Trust.

Selon le rapport intitulé Cost of Inequality, la Grande-Bretagne dépense 106,2 milliards de livres sterling (133,8 milliards de dollars) par an pour subventionner les inégalités de revenu, de richesse et de pouvoir par rapport à la moyenne des pays de l’OCDE. Par rapport aux cinq pays les plus égalitaires, l’inégalité coûte au Royaume-Uni 128,4 milliards de livres (161,8 milliards de dollars) par an en termes de dommages causés à l’économie, aux communautés et aux individus, révèle le rapport.

« L’inégalité a rendu le Royaume-Uni plus malsain, plus malheureux et plus dangereux que ses pairs plus égalitaires », a déclaré Priya Sahni-Nicholas, codirectrice exécutive du Trust. « Elle cause également d’énormes dégâts à notre économie : Nous avons des vies professionnelles plus courtes et plus saines, des systèmes éducatifs plus médiocres, plus de criminalité et des sociétés moins heureuses ».

Selon l’étude, les 1 % de Britanniques les plus riches constituent le groupe le plus protégé d’Europe, car ils paient moins d’impôts que les riches de n’importe quel grand pays européen. Les chercheurs ont noté que l’inégalité n’est pas seulement une question d’économie, mais plutôt une culture qui divise et rend la mobilité sociale impossible.

Le Royaume-Uni était l’un des pays riches les plus égalitaires dans les années 1970. Aujourd’hui, il est le deuxième pays le plus inégalitaire, après les États-Unis, ont noté les experts. »

Supporté par les médias aux mains des oligarques français, le même phénomène arrive à grand pas en France, y est même déjà installé.

A lundi prochain

 

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