La loi martiale est inacceptable sous n’importe quel président


Par Brandon Smith − Le 30 janvier 2018 − Source Alt-Market.com


Au milieu du cirque à trois pistes connu sous le nom de faux paradigme gauche/droite, il est parfois facile d’oublier qu’il y a un motif derrière le chaos, qu’il y a une fin de partie voulue. Une partie de cette finalité, je crois, est l’effacement final des libertés individuelles et la mise en œuvre de la loi martiale aux États-Unis. Cependant, la quête de l’establishment pour le verrouillage du gouvernement exige quelque chose de très spécial pour réussir – ils ont besoin d’un pourcentage considérable de la population pour le soutenir et le défendre.


Les gouvernements tentent rarement d’imposer la loi martiale de manière pure et simple. La raison devrait être évidente : aucune armée, aussi avancée soit-elle, n’a la capacité de contrôler une citoyenneté unifiée. Si le public est armé, la tâche devient encore plus difficile. Les lois de l’attrition à elles seules rendraient le conflit sanglant et coûteux.

La loi martiale est un mécanisme qui ne peut être exploité dans le vide. Les pouvoirs en place comprennent qu’il ne peut être utilisé que lorsqu’un grand pourcentage de la population est escroqué pour l’appuyer malgré lui. Cela se fait généralement par le déclenchement d’événements de crise artificiels, mais il existe aussi une autre méthode pour amener les masses à soutenir la loi martiale, qui consiste à pousser les deux côtés de l’échiquier politique à un zèle extrême jusqu’à ce qu’une partie décide d’utiliser le gouvernement comme une arme contre l’autre.

Qu’il s’agisse d’une catastrophe ou d’une division politique, le public peut être influencé pour rationaliser la domination du gouvernement dans tous les aspects de la vie.

L’ordre du jour pour gérer la crise est évident. Dans des articles antérieurs tels que « La Fed est le kamikaze d’un programme plus ambitieux », j’ai exposé les faits à l’origine du déclin économique et la façon dont les banques centrales et leurs partenaires bancaires internationaux l’utilisent souvent pour accumuler et centraliser la richesse tout en manipulant la société pour qu’elle accepte des niveaux de vie réduits pour les générations à venir. Il y a un autre motif plus important, cependant. Les élites bancaires utilisent également la démolition contrôlée de l’économie comme un outil pour créer la peur.

La dialectique hégélienne de la solution problème-réaction est une potion puissante qui hypnotise la population inconsciente. Les personnes dépendantes sont facilement effrayées parce qu’elles n’ont aucun contrôle sur leur propre avenir. Elles deviennent réactives plutôt que proactives ; elles cherchent à être guidées plutôt qu’à diriger. Elles accepteront volontiers les promesses et les solutions de toute personne ayant une autorité apparente plutôt que de maintenir leur objectivité et leur raison. Elles deviennent esclaves des marées sociales et politiques, attendant toujours que quelqu’un d’autre règle les problèmes qui les entourent.

Cette énigme se transforme également en conflit politique. Dans mon article « L’ordre sort du chaos : la défaite de la gauche aura un coût », publié juste après les élections de 2016, j’ai exploré la dangereuse possibilité que des partisans de Trump aient été dupés en participant au faux paradigme gauche/droite tout en croyant qu’ils l’avaient transcendé.

Lorsque nous faisons référence au « faux paradigme gauche/droite » dans les médias alternatifs, nous faisons référence au fait que les gardiens politiques au sein du gouvernement ont en fait tendance à partager les mêmes croyances et les mêmes objectifs, indépendamment du « parti » ou de l’idéologie qu’ils prétendent soutenir. En d’autres termes, les dirigeants républicains et démocrates jouent leurs rôles respectifs et leurs batailles sont scénarisées, et non légitimes. La campagne Trump a été un ovni d’un autre ordre, dans la mesure où Trump a été un candidat sans antécédents politiques. Il était relativement inconnu comparé à Clinton, ce qui le rendait séduisant pour les conservateurs et les militants de la liberté qui avaient pratiquement abandonné l’idée de participer aux élections américaines.

Il faut du temps pour identifier une fausse opposition politique ou une opposition contrôlée. Avec Trump, nous n’avions aucun point de référence. Deux ans ont changé la donne…

La campagne de Trump s’est construite sur deux positions très importantes : Tout d’abord, M. Trump a promis aux conservateurs de réduire le gouvernement et qu’il allait « drainer le marais » de Washington du genre de globalistes et d’élites bancaires avec lesquels Clinton était connue pour ses liens. Derrière Trump, on pouvait déjà voir au moins un carton rouge à cet égard – son empire a été renfloué par la famille bancaire Rothschild dans les années 1990 pendant sa crise de la dette et la faillite du casino Taj Mahal. Mais cela ne suffisait pas à le discréditer. Beaucoup d’hommes d’affaires ont au moins quelques interactions avec les élites bancaires par nécessité et du fait de la façon dont le système est conçu. Malheureusement, la relation de Trump avec les banquiers ne s’est pas arrêtée là.

Les choix du cabinet de Trump auraient été l’occasion parfaite pour lui d’établir son indépendance vis-à-vis des globalistes, des banquiers et de leurs partenaires issus de multiples think-tank. Cela ne s’est pas produit. Trump a fait appel à Wilber Ross comme secrétaire au Commerce, le même agent Rothschild qui a organisé son renflouement dans les années 1990. Il a fait venir des gens comme Steve Mnuchin, anciennement de Goldman Sachs, Larry Kudlow, anciennement de la Fed de New York, et John Bolton du Council On Foreign Relations. Trump a ajouté de l’eau au marais, il ne l’a pas drainé.

Deuxièmement, M. Trump a également plaidé en faveur de la transparence économique au cours de sa campagne, qui a été pour beaucoup d’entre nous une bouffée d’air frais. M. Trump a souligné le côté fallacieux du marché boursier et le fait que la Réserve fédérale américaine appuyait une reprise fabriquée de toutes pièces depuis des années en utilisant des taux d’intérêt artificiellement bas et des mesures de relance. Trump s’est opposé à de fausses statistiques économiques comme les chiffres du chômage, qui ignorent les 95 millions de chômeurs aux États-Unis qui ne sont plus pris en compte par le BLS.

Pourtant, dès que Trump est entré en fonction, tout cela a changé. Trump a immédiatement commencé à s’attribuer le mérite de la reprise du marché haussier des actions comme si c’était le sien plutôt qu’un produit de la manipulation de la Fed. Il s’attribue aussi le mérite des chiffres frauduleux sur l’emploi, malgré le fait que des dizaines de millions de personnes sont encore considérées comme « non-participantes ». Trump a lié son administration à la performance d’une fausse économie assise au sommet d’une bulle déflationniste massive.

Je voudrais également noter que pendant la campagne de Trump et dans les deux années qui ont suivi, il a à peine mentionné le mot « Constitution ». C’est assez étrange pour moi. Un défenseur de la liberté devrait défendre régulièrement les protections constitutionnelles et faire comprendre la nécessité d’obtenir et d’honorer le Bill of Rights. Après tout, notre société même dépend de la survie de ces principes.

Il est devenu clair que Trump n’est pas le « sauveur » que le Mouvement pour la liberté espérait, mais beaucoup de gens continueront à l’applaudir tout de même en raison d’un facteur spécifique : la gauche politique est de plus en plus folle.

Considérez l’absurdité sans fin du Russiagate ; une théorie du complot sans aucune preuve à l’appui. Elle ne semble jamais mourir malgré toute la logique et la raison, mais les motifs qui la sous-tendent ne sont pas ce que les conservateurs supposent habituellement. Le Russiagate est un médicament, un médicament pour les gauchistes. Ils l’adorent, ils en ont besoin, cela atténue la douleur de leur échec en 2016 et cela confirme leurs préjugés. Ils n’ont pas « échoué » en 2016, et ils ne sont pas les plus grands perdants de tous les temps ; l’élection leur a été « volée » par Trump et ses marionnettistes russes. Par conséquent, ils sont maintenant armés pour justifier n’importe quel niveau de folie dont ils font preuve dans leur activisme et leur opposition. Ils se croient dans leur bon droit.

En même temps, les conservateurs sont de plus en plus déconcertés par le culte et le zèle de la gauche. Chaque nouvel incident leur pique les côtes avec un couteau pointu. Trump est « contrôlé », se disent-ils en eux-mêmes. La gauche doit préparer un coup d’État. Ils ne le laisseront pas construire le mur frontalier. Ils essaient de retarder ou d’entraver son discours sur l’état de l’Union. Ils crachent des bêtises absurdes avec la bave aux lèvres, crient et gémissent et agissent comme des bambins capricieux. Ils sont dangereux. Des mesures drastiques devront peut-être être prises…

Nous sommes donc confrontés à un choix périlleux : en tant que conservateurs, devons nous devenir nous-mêmes des fanatiques pour vaincre les fanatiques de cette gauche ?

Mais c’est un faux choix. La main gauche du paradigme a atteint une folie au dernier degré, mais ceci est conçu pour pousser les conservateurs vers leur propre marque de cécité. Le but ? Faire en sorte que les conservateurs se fassent les champions d’actions qui sont totalement contraires à leurs principes. Le but, je crois, est de nous conditionner à encourager un plus grand pouvoir gouvernemental et la centralisation au nom de l’arrêt de la menace que représente cette gauche.

Dans trois semaines, la lutte autour du blocage du gouvernement devrait reprendre. Les médias grand public ont avidement rapporté que l’incertitude est terminée, mais c’est une conclusion absurde. Ce à quoi le pays est maintenant confronté, c’est à une confusion encore plus grande alors que le combat du blocage se prépare à revenir en février ou qu’une situation d’urgence nationale pourrait être déclarée, ou les deux. Ce qui me préoccupe, c’est que cela conduit à un soutien conservateur en faveur de mesures extrêmes.

Prenons l’environnement géopolitique de l’hémisphère occidental aujourd’hui. L’Amérique du Sud est sur le point de connaître une implosion potentielle, en grande partie à cause des échecs du socialisme, mais aussi à cause de l’administration globaliste de Trump qui cherche à déstabiliser une région déjà fragile. L’augmentation des sanctions américaines contre le Venezuela, le soutien de Trump à l’opposant politique de Maduro (John Guaido) et la « fuite » du bloc-notes de John Bolton donnent à penser que des plans militaires sont en cours d’élaboration pour profiter du chaos.

J’ai averti par le passé que l’effondrement en cours en Amérique du Sud est étrangement similaire au scénario de la loi martiale décrit dans le plan secret Rex 84 du gouvernement américain qui a été exposé lors des audiences sur le dossier Iran/Contra. En résumé, il suggère qu’une crise sud-américaine entraînerait des migrations massives vers la frontière sud des États-Unis, et que cela servirait de justification aux mesures de la loi martiale en Amérique. Je dois dire que cela ressemble beaucoup à ce qui se passe actuellement.

Si vous pensez que le débat sur le mur frontalier est une question brûlante cette année, attendez qu’un effondrement au Venezuela ou une catastrophe économique au Brésil ou en Argentine fasse que des millions de personnes cherchent refuge illégalement aux États-Unis. Le mur de Trump sera tout ce dont parleront les conservateurs, tandis que les gauchistes blâmeront son administration pour la calamité même qui a initialement provoqué les hordes de migrants. Les deux parties perdraient totalement toute illusion l’une envers l’autre si ce n’est déjà fait. Les conservateurs appuieraient certainement une déclaration d’urgence nationale pour le mur.

L’astuce de cette ruse est que les deux parties auraient en partie raison, mais aussi en grande partie tort.

En quoi consisterait une urgence nationale ? La simple construction d’un mur frontalier ? Construire un mur frontalier en utilisant l’armée ? Et la loi martiale à la frontière ? Pourquoi s’arrêter là ? Pourquoi ne pas avoir la loi martiale dans tout le pays ? Cela mettrait enfin fin à l’ingérence de la gauche, n’est-ce pas ? Sachant ce que nous savons maintenant des associations de Trump avec les élites bancaires, comment pouvons-nous espérer que cela se terminera à la frontière ?

Il me semble que la lutte entre la gauche et la droite s’étend au-delà des guerres de l’information et de l’activisme dans un domaine qui pourrait inclure une véritable guerre civile. Si la tendance actuelle se poursuit, je ne vois aucun autre résultat. Mais comme toujours, nous devons nous demander qui en profite le plus.

Alors que la gauche s’est enfoncée dans une caricature d’elle-même et doit être arrêtée, la véritable menace pour l’Amérique est la cabale bancaire qui influence les deux côtés du paradigme. Le fait est que Trump travaille avec eux tous les jours à la Maison Blanche. La crise économique et la crise géopolitique sont des catalyseurs inévitables d’une centralisation et d’un totalitarisme accrus, et la gauche est utilisée comme un aiguillon à bétail pour faire en sorte que la droite politique soit suffisamment en colère pour prendre le train en marche.

La seule bonne réponse, la seule solution, c’est de refuser de soutenir la loi martiale, quelles que soient les circonstances et quel que soit le président, et de lutter contre elle si jamais elle devait se présenter. Les frontières peuvent et doivent être sécurisées sans que le gouvernement n’ait carte blanche pour faire ce qu’il veut sans restriction. En fait, tout problème peut être mieux résolu sans vendre nos âmes à un grand gouvernement en échange d’un pouvoir temporaire sur nos opposants politiques.

Je rappelle aux militants de la liberté qu’en ouvrant une telle boîte de Pandore, il n’y a pas de retour en arrière. C’est un pouvoir qui permettrait une corruption infinie et irréversible, un pouvoir qui ne peut être utilisé que pour le mal et jamais pour le bien. Même si vous croyez vraiment que les motifs de Trump sont honorables, il n’y a aucune garantie que ces mesures seront annulées une fois qu’elles auront été prises, et nous ne pouvons être sûrs qu’elles ne seront pas utilisées par un futur président avec de mauvaises intentions une fois que Trump sera parti. Certains pourraient soutenir que mes préoccupations sont injustifiées et qu’il n’y aura jamais de loi martiale. Nous verrons bien. La tendance qui se dessine aujourd’hui n’est certainement pas encourageante.

Brandon Smith

Traduit par Hervé pour le Saker Francophone

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