La guerre et l’avenir


Par Batiushka − Le 31 janvier 2023 − Source The Saker Blog

Avant-propos : Arrêtez de vivre dans le passé

Depuis que l’opération militaire spéciale historique visant à libérer les peuples d’Ukraine de leurs tyrans fantoches américains à Kiev a commencé le 24 février 2022, le règlement de l’après-1945 est terminé. En fait, il aurait dû être terminé avec la chute du mur de Berlin en 1989 ou, au plus tard, à la dissolution de l’URSS en 1991. Cependant, les États-Unis ont été aveuglés par leur orgueil exceptionnel de « seule superpuissance » et se sont lancés dans leur dernier fantasme de destruction de l’Islam, qu’ils considéraient à tort comme un rival sérieux, écartant avec arrogance la Russie, la Chine et l’Inde comme des acteurs mineurs. Ainsi, en tant qu’État voyou sectaire, les États-Unis ont commencé leur guerre anti-terrorisme contre tous ceux qui pensaient différemment, qu’ils ont perdue de façon si humiliante. C’est ce que l’on peut voir sur les images dramatiques des derniers vols en partance de Kaboul en 2021.

En d’autres termes, après la fin de l’Union soviétique, née directement de la Première Guerre mondiale et officiellement fondée en 1922, la fin de l’Union américaine (= OTAN) aurait dû suivre, et avec elle la fin de l’Empire américain mondial. Ainsi, l’OTAN est aujourd’hui un anachronisme, bien au-delà de sa date de péremption, ce qui explique pourquoi elle a commencé à s’ingérer dans le monde entier, des contreforts de l’Himalaya à l’océan Pacifique. L’OTAN est tout comme la soupe à l’alphabet des autres organisations et fronts américains, le FMI, l’UE, l’OMC, l’OCDE, le G7, le G20 et l’ONU, avec ses cinq seuls membres du Conseil de sécurité, dont la Grande-Bretagne et la France, pays mineurs. Qu’est-ce qui pourrait nous attendre à la suite de la libération de l’Ukraine lors du centenaire de l’accord de 1945, en 2045 ?

1. Après l’Ukraine

Tout d’abord, probablement dans les quinze prochains mois, nous assisterons à la libération complète de l’Ukraine. Avec la moitié orientale de l’Ukraine, la Novorossija, retournant à la Russie, la moitié restante, l’Ukraine centrale et occidentale, peut-être moins la Zakarpattie (retournant à la Hongrie comme région autonome sous les frères Balogh) et Tchernivtsy (retournant à la Roumanie), redeviendra la Malorossija, avec sa capitale à Kiev. Ainsi, la voie sera enfin ouverte à la formation de la Confédération de la Rus’. Les terres et les peuples slaves orientaux enfin libérés, la Russie eurasienne et la Biélorussie et la Malorossija d’Europe orientale, pourraient former ensemble une telle Confédération de la Rus’, avec une population totale d’un peu moins de 200 millions d’habitants.

2. La reconfiguration de l’Eurasie

Une fois que la question ukrainienne aura été résolue et que les États-Unis auront perdu leur pouvoir politique, militaire et, surtout, économique d’intimider le reste du monde, nous tous en Eurasie pourrons commencer à vivre dans notre liberté retrouvée et à construire la justice et la prospérité pour tous. Nous prévoyons tout d’abord l’expansion de l’Union économique eurasienne (UEE).

a. L’Union économique eurasienne (UEE)

Composée actuellement de la Fédération de Russie, de l’Arménie, de la Biélorussie, du Kazakhstan et du Kirghizstan, l’UEE sera certainement rejointe par une multitude d’autres pays, dont tout d’abord la Chine, désormais réunifiée avec Taïwan, et la Mongolie, puis l’Inde, le Sri Lanka, le Pakistan, le Tadjikistan, le Turkménistan, l’Ouzbékistan, l’Iran, l’Azerbaïdjan, la Géorgie, la Syrie, la Turquie, l’Arabie saoudite, le Vietnam et le Cambodge. Ils seront suivis par le reste de l’Asie (60 % de la population mondiale). Ainsi, l’UEE remplacera en grande partie l’actuelle OCS (Organisation de coopération de Shanghai). Toutefois, fidèle à son nom eurasiatique, l’Union économique recevra et accordera également les demandes d’une nouvelle organisation du nord-ouest de l’Eurasie. Celle-ci pourrait s’appeler l’Alliance économique européenne (AEE). Elle pourrait être formée par la coopération économique de l’ensemble des quarante-quatre pays de l’extrême ouest de l’Eurasie, que l’on appellera simplement « Europe ». Elle comprendra ce que l’on appelait autrefois l’Europe occidentale, centrale, septentrionale et méridionale, représentant près de 7 % de la population mondiale.

b. L’Alliance économique européenne (AEE)

Cette confédération pourrait être formée lorsque la coercition qui s’appelle UE s’effondrera, Bruxelles étant désarmée comme l’Union américaine de l’OTAN se dissout. Cela suivra le retrait, attendu depuis longtemps, des forces d’occupation américaines d’Europe et la fermeture de leurs bases. Tous y retrouveront la liberté. Le membre fondateur de l’AEE serait peut-être la Hongrie et sa capitale pourrait être fixée à Budapest en l’honneur du courage hongrois et de sa proximité géographique avec la Confédération de la Rus’, riche en ressources, la porte de l’Eurasie, dont l’AEE sera si dépendante. Le bâtiment du Parlement de Budapest ferait un excellent siège administratif pour l’AEE. D’autres pays suivront la Hongrie comme des dominos, éventuellement dans les dix phases suivantes, après que des rébellions dans chaque pays européen auront renversé l’un après l’autre leurs élites fantoches corrompues installées par les États-Unis. Cela ressemblerait aux rébellions qui ont eu lieu avec un effet domino dans le bloc de l’Est soviétique de l’époque entre 1989 et 1991.

i. Les quatre Balkans occidentaux

Après avoir été fondée par la Hongrie, l’Alliance économique européenne serait ensuite rejointe par la Serbie. La province ancestrale serbe du Kosovo, qui n’est plus sous la coupe du tyran américain, reviendrait à la Serbie. Toutefois, cela ne serait possible que si ses habitants albanais, comme ceux du Monténégro et de la Macédoine du Nord, remigraient d’abord en Albanie. Pour cela, ils devraient être attirés par un vaste programme d’investissement et de développement visant à sortir l’Albanie de la pauvreté extrême et de la corruption chronique pour la rendre prospère et en faire un pôle d’attraction pour les Albanais. Nous suggérons que la Chine pourrait investir dans la reconstruction massive, et la construction, d’infrastructures en Albanie, car la Chine a déjà une histoire de liens avec l’Albanie. Avec une solution aussi juste, tous les Albanais pourraient enfin vivre décemment et occuper des emplois décents dans leur propre pays et ne pas être obligés de vivre comme des coucous dans les pays des autres. Sur ce, l’Albanie pourrait rejoindre l’AEE. À ce stade, le Monténégro, la Macédoine (du Nord) et la Bosnie-Herzégovine pourraient également rejoindre l’AEE. Ces pays formeraient peut-être avec la Serbie une fédération commerciale et culturelle, qui pourrait s’appeler Yuzhnoslavie, bien que chacun d’entre eux conserve absolument son indépendance politique. Les investissements en Yuzhnoslavie pourraient provenir de la Confédération des Rus’.

ii. Les trois Balkans orientaux

Après leur exemple, la Moldavie, la Roumanie et la Bulgarie rejoindraient presque immédiatement l’AEE, attirées par les liens avec l’Eurasie et les ressources et la culture liée de la Confédération de la Rus’.

iii. Le monde grec

Ils seraient naturellement suivis par la Grèce et Chypre, dans cette dernière, les investissements russes sont déjà énormes. Ces trois phases, i, ii et iii, de rattachement à la Confédération de la Rus’, mais en restant des nations souveraines au sein de l’aEE, achèveraient la reconstitution et la restauration de l’Orthosphère. Il s’agit du Commonwealth chrétien orthodoxe, dont le centre naturel est, depuis 500 ans, la Russie.

iv. Les anciens Habsbourg

Viennent ensuite la Croatie, la Slovénie, la Slovaquie, les Pays tchèques et l’Autriche.

v. L’Italie

Ils seraient naturellement suivis par l’Italie, Saint-Marin et Malte.

vi. Germania

Le véritable tournant serait pris si ces pays étaient suivis par le domino central de l’Allemagne. L’Allemagne, fixée entre l’Europe de l’Ouest et l’Europe de l’Est, sait qu’elle ne peut pas vivre sans la Russie et les pays et marchés à l’Est. Elle serait immédiatement suivie par le Luxembourg, les Pays-Bas et la Belgique dépendants de l’Allemagne. [Et l’Autriche ?, NdT]

vii. Nordia

Étroitement liés à l’Allemagne, la Suède, le Danemark, la Norvège, l’Islande et enfin la Finlande suivraient presque immédiatement.

viii. Gallia

Après l’Allemagne, la France, si dépendante de l’Allemagne, avec Monaco, puis la Suisse et le Liechtenstein, seraient également obligés de rejoindre l’AEE dans une succession assez rapide.

ix. Ibérie

L’Espagne, avec la Catalogne nouvellement indépendante, puis Andorre et le Portugal, suivraient rapidement la France.

x. Les isolationnistes, à l’Est et à l’Ouest

Nous arrivons maintenant à la fin de ce jeu de dominos. Les derniers mohicans, les russophobes autrefois irréductiblement isolationnistes, le fantasme Johnson, se rendront compte qu’ils ne peuvent plus rester seuls. Les peuples se révolteront contre la pauvreté et la dépopulation imposées par l’élite et la propagande absurde transmise de génération en génération. D’abord l’Estonie, sous la pression de la Finlande, puis, en chaîne, la Lettonie, la Lituanie et la Pologne pourraient rejoindre l’AEE. Toutefois, les trois premiers pays devraient se débarrasser de leurs élites fantoches américaines et accorder immédiatement les droits de l’homme à leurs minorités russes.

Puis, sous la pression économique de l’Allemagne, des Pays-Bas et de la Scandinavie, les îles britanniques et l’Irlande suivraient enfin. Ainsi, maintenant séparées en leurs quatre composantes naturelles, apparaîtrait une Angleterre indépendante, libérée après un millénaire du joug illusoire de la « Grande-Bretagne » inventée (une invention à une échelle d’illusion similaire à celle de l’ancienne « Ukraine ») et de l’Establishment britannique. Suivront immédiatement une Écosse et un Pays de Galles nouvellement indépendants et une Irlande unie. Après l’effondrement de l’élite oppressive de l’Establishment britannique et de ses institutions dirigées par Londres, le peuple et les pragmatiques proclameraient qu’il n’y a pas d’autre alternative que de coopérer avec l’Eurasie en rejoignant l’AEE. D’autant plus, compte tenu de la crise de la dette, du chaos, de la division et de la pauvreté aux États-Unis, l’ancienne colonie britannique qui était devenue le maître colonial et idéologique de la Grande-Bretagne. Étape par étape, l’ouverture des archives révélerait les manipulations du MI5 et du MI6 comme Litvinenko, MH 17, les Skripals, l’explosion du pont de Kerch et la destruction de Nordstream et comment les médias à sensation (l’ensemble des médias britanniques, y compris le porte-parole de l’État qu’est la BBC) ont été utilisés pour perpétrer ces mensonges.

3. En dehors de l’Eurasie : les conseils continentaux, le G30 intercontinental et l’Alliance mondiale

Ainsi, une Eurasie unie (quelque 70 % de la population mondiale) côtoiera l’Afrique (17 % de la population mondiale), l’Amérique latine (Amérique du Sud, Amérique centrale, Mexique et Caraïbes – 8 % de la population mondiale), la petite Amérique du Nord (moins de 5 % de la population mondiale) et l’Océanie encore plus petite (un minuscule 0,5 % de la population mondiale, dont les économies sont de plus en plus dominées par la Chine. Ce ne serait que justice naturelle, puisque les insulaires du Pacifique sont originaires de Taïwan). Chaque continent pourrait élire un conseil, créant ainsi un conseil eurasien, un conseil africain, un conseil latino-américain, un conseil nord-américain (en gros, les États-Unis, ou ce qu’ils deviendront, avec le Canada et le Groenland) et un conseil océanien (Australie, Nouvelle-Zélande, Nouvelle-Guinée occidentale, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Mélanésie, Micronésie et Polynésie). Chaque conseil serait composé de toutes les nations de son continent.

Au niveau intercontinental, le G30 pourrait également être formé. Il serait composé des 30 nations du monde qui ont chacune une population de plus de 50 millions d’habitants + l’Australie, représentant toute l’Océanie, et remplacerait les BRICS, le G7 et le G20. Ces nations sont actuellement, par ordre de taille, les suivantes : La Chine, l’Inde, les États-Unis, l’Indonésie, le Pakistan, le Brésil, le Nigeria, la Confédération de Russie, le Bangladesh, le Mexique, le Japon, l’Éthiopie, les Philippines, l’Égypte, le Vietnam, la République démocratique du Congo, la Turquie, l’Iran, l’Allemagne, la Corée, la Thaïlande, la France, l’Italie, la Tanzanie, l’Afrique du Sud, l’Angleterre, le Myanmar, le Kenya, la Colombie et l’Australie. 18 se trouvent en Eurasie (13 en Asie et 5 en Europe), 7 en Afrique, 3 en Amérique latine et 1 chacun en Amérique du Nord et en Océanie). La composition pourrait changer si la population des nouveaux pays dépasse les 50 millions d’habitants ou si certains se réduisent à moins de 50 millions.

Au niveau mondial, les 235 nations du monde, y compris les 143 pays dont la population est inférieure à dix millions d’habitants et les 75 pays dont la population est inférieure à un million d’habitants, pourraient se rassembler au sein d’une Alliance mondiale, remplaçant l’ancienne ONU de New York. La capitale de l’Alliance pourrait être fixée dans une position centrale, pas dans une position excentrée comme New York, mais dans le cœur de l’Eurasie, par exemple à Yalta en Crimée. Son Conseil de sécurité pourrait être composé des dix nations les plus peuplées, soit essentiellement toutes les puissances régionales du nouveau monde multipolaire : la Chine (qui parle aussi pour l’Océanie), l’Inde, les États-Unis, l’Indonésie, le Pakistan, le Brésil, le Nigeria, la Confédération de la Rus’ (le seul pays dont la grande majorité de la population se trouve en Europe, qu’il représenterait donc), le Bangladesh et le Mexique. Six se trouvent en Eurasie, deux en Amérique latine, un en Afrique et un en Amérique du Nord.

Postface : vers l’avenir

Fantasy ? Fiction ? Faction ? Franchement, si seulement 10 % de ce qui précède se réalisait, ce serait en soi une transformation du monde. Et si vous écartez d’emblée ce qui précède, pensez un instant à la façon dont tous se seraient moqués des prédictions de la chaîne générationnelle de la Première Guerre mondiale (1914), de la Seconde Guerre mondiale (1939), de la chute du mur de Berlin (1989) et, coup sur coup, de la chute du bloc soviétique et, à l’occasion du centenaire de la Première Guerre mondiale, en 2014, du coup d’État orchestré par les États-Unis à Kiev, qui a conduit directement aux événements qui ont changé le monde et qui ont commencé en Ukraine en 2022, année du centenaire de l’URSS. Pourtant, tout cela s’est produit. En 2021, personne n’avait prédit les événements en Ukraine non plus, car personne n’aurait pu imaginer la profondeur de la tranchée des Mariannes de la stupidité suicidaire de l’élite anglo-sioniste.

Il y a une génération, en tant que prêtre orthodoxe russe échoué en Europe occidentale, le Sahara du Nord, comme une grande partie de cette région semble l’être, je n’ai pas rêvé de tout cela. Vivrais-je pour voir la renaissance d’une Russie post-soviétique corrompue, asservie et humiliée par l’Occident et tous ses vices ? J’avais alors l’impression que le monde entier vivait en sursis. Puis vint le miracle des événements d’août 2000 en Russie et l’apparition du président Poutine. Après le caractère honteux et sans vergogne de l’idiot utile de la CIA, l’ivrogne Eltsine, Poutine était un miracle. Et j’ai commencé à penser que je vivrais pour voir l’avenir. Et depuis le 24 février 2022, je le vis. Le Shakespeare anglais a écrit dans sa Twelfth Night : « Ce qui est à venir est encore incertain ». J’en conviens, mais j’essaierai quand même de percer l’obscurité pour entrevoir la lumière.

Batiushka

Recteur orthodoxe russe d’une très grande paroisse en Europe, il a servi dans de nombreux pays d’Europe occidentale et j’ai vécu en Russie et en Ukraine. Il a également travaillé comme conférencier en histoire et en politique russes et européennes.

Traduit par Hervé pour le Saker Francophone

Notes

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