La guerre des monnaies n’aura peut-être pas lieu…

Par Avic – Le 14 août 2015 – Source reseauinternational

La guerre des monnaies n’aura peut-être pas lieu…

 

La récente dévaluation du yuan qui fait couler beaucoup d’encre pourrait être considérée d’un tout autre point de vue que celui mis en avant par les experts. Les raisons dues à la conjoncture économique chinoise y sont certes pour quelque chose, mais elles ne sont peut-être qu’accessoires et sont à replacer dans un contexte global.

Ces derniers jours, nous avons assisté à des attaques en règle dirigées contre la bourse chinoise. Malgré la réaction des autorités chinoises tendant à enrayer la dégringolade, les attaques n’ont pas cessé pour autant. Tout en menant patiemment son enquête pour chercher les causes exactes de la déstabilisation boursière, la Chine ne réagissait que de manière passive, pour stopper l’hémorragie et soigner ses plaies.

Pouvait-on imaginer, un seul instant, qu’elle en resterait là? Quand on s’attaque au dragon, gare au retour de flammes! Ayant perdu plusieurs milliards dans cette affaire, il lui fallait décourager toute autre tentative du même genre. Étant financièrement présente partout dans le monde, elle ne pouvait riposter de la même manière sans se tirer une balle dans le pied ou léser des partenaires. En frappant un grand coup, c’était l’occasion pour la Chine de mettre une bonne fois les points sur les « i ». Sans bouger de leur fauteuil, les dirigeants chinois ont montré au monde, avec cette petite manipulation du yuan, que non seulement la Chine était un acteur principal dans l’économie mondiale et qu’elle en détenait une partie des commandes, mais aussi qu’elle était capable d’infliger des coups terribles aux grands groupes mondiaux, tout en se renforçant elle-même. Elle est devenue un des maîtres du jeu, et non plus seulement un élément que l’on peut manipuler à sa guise.

L’ampleur des réactions est à la mesure de ce que recherchaient les Chinois, c’est-à-dire montrer ce qu’est la nouvelle donne. Le coup de tonnerre provoqué sur les places boursières mondiales et les marchés des matières premières signifie que le monde doit désormais faire avec le yuan devenu, aujourd’hui, une puissante arme politique, au même titre que le dollar.

Paradoxalement, le Fonds monétaire international (FMI) a pris acte de cet évènement, en saluant la décision de la Chine de réviser le taux pivot du yuan. Une fois la panique semée dans les places boursières, la Banque centrale de Chine annonce qu’elle a achevé l’ajustement du yuan qui est maintenant «sous contrôle», et qu’elle est «totalement capable» de stabiliser le taux de change du yuan, si nécessaire par des interventions directes sur le marché. Traduction : c’est terminé, circulez, il n’y a plus rien à voir.

Espérons que le coup de semonce de la Chine sera compris et pris au sérieux. Le yuan est la monnaie d’un État souverain qui a une maîtrise totale sur sa monnaie et son économie. Des ajustements, comme celui qui vient d’avoir lieu, peuvent avoir des fondements purement politiques, ce qui n’était envisageable, jusqu’ici, que pour le dollar. Et la Chine a une certaine marge de manœuvre pour réagir à des actions extérieures provenant de groupes hostiles, qui se trouvent être ses principaux partenaires, comme les États-Unis pour lesquels le cours du yuan est d’une importance capitale.

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