La déflation et les marchés financiers, comment-ça-ne-marche-pas, l’économie ?
Le 20 septembre 2015 – Source Forum Monétaire
La grande crise financière et économique globale, qui a commencé en 2007-2008 et qui entre actuellement dans une phase incontrôlable, a provoqué des bouleversements profonds que l’on a toujours pas vraiment compris.
D’abord parce que ne pouvant plus être analysés au moyen des théories classiques, comme la théorie quantitative de la monnaie (contrairement à ce que nous avions nous-mêmes initialement pensé, l’avalanche monétaire n’a pas provoqué de retour de l’inflation), mais ensuite, et surtout, parce que conduisant à une évidente cassure entre les politiques monétaires ultra laxistes des banques centrales et l’économie réelle en contraction, étant donné que les instruments et les canaux de transmission desdites politiques ne parviennent plus à s’exercer effectivement.
Probablement parce que le monde globalisé dans lequel nous vivons, sujet à une totale anarchie monétaire, rend obsolètes tout à la fois les théories monétaires classiques et l’effectivité des politiques monétaires des banques centrales.
La création massive de monnaie ex nihilo par les banques centrales (prenant le relais des banques privées ralentissant le crédit) a bien, initialement, provoqué des bulles inflationnistes d’actifs (or, actions, immobilier, etc.). Mais, ayant finalement été absorbée dans la trappe à liquidité par suite de ladite diminution précitée du crédit bancaire (en raison de taux d’intérêt trop bas insuffisamment rémunérateurs pour payer aux banques privées leur risque de prêt), de l’endettement croissant des États (en raison de leur fuite en avant dans les déficits) et du désendettement massif des agents économiques (en raison de la baisse des salaires, du chômage – en Europe – ou du sous emploi – aux USA et UK – et de la chute de rentabilité des investissements), l’inflation a disparu au profit de la déflation, dont les deux manifestations principales sont la chute de la vitesse de la circulation de la monnaie et celle du multiplicateur de crédit.
D’où la croissance économique actuelle plus ou moins zéro. Et l’écart massif (jamais aussi béant) très dangereux qui ne pourra évidemment pas durer entre la valeur des actifs boursiers très surévalués et la réalité économique anémiée.
La déflation mondiale actuelle a trois causes principales :
1. La mondialisation sauvage dans l’anarchie monétaire (taux de change flottants entre monnaies de papier sans valeur tangible gagées sur le néant) qui pousse mécaniquement à la baisse permanente la plupart des prix et des salaires comme au chômage de masse ou au sous emploi, donc à la faiblesse structurelle de la consommation (représentant les 3/4 du PIB des pays développés)
2. La politique keynésienne de centralisme monétaire des banques centrales qui, orientant l’essentiel de la création monétaire vers les actifs boursiers spéculatifs pour entretenir l’ effet richesse au profit des institutions financières et du 1% des plus riches, conduit à la chute structurelle de l’investissement productif suite à la mauvaise allocation du capital
3. La dette massive des États (et accessoirement des particuliers et des entreprises) qui continue de s’accroître au fur et à mesure que diminuent leurs recettes fiscales mais qu’augmentent le périmètre et le coût de leurs interventions (déflation par la dette ayant déjà conduit au krach boursier et à l’effondrement économique des années 1930)
Le libre-échange anarchique mondialisé et la disparition progressive de la liquidité disponible dans l’économie réelle, nourrissant en effet la stagnation de la plupart des économies, ne sont pas seulement déflationnistes mais vont vraisemblablement aussi conduire à la fin de l’argent, c’est-à-dire à une crise d’asséchement radical du crédit et de la liquidité (70% de la création monétaire totale dans le Système monétaire actuel provenant des banques privées via leur octroi de crédit, ce qui explique que l’arrêt du crédit en faveur des particuliers et des entreprises serait mortel pour l’économie!) surtout si des taux négatifs venaient à être pratiqués un peu partout (parce que les banques privées cesseraient alors de prêter). Donc à la disparition durable de l’inflation et à l’installation permanente de la déflation. Lesquelles sont toujours de nature monétaire et non pas causées par la hausse ou par la baisse des prix de tel ou tel bien ou service (comme les matières premières ou le pétrole qui ne sont que des effets secondaires, certes importants, mais eux-aussi consécutifs au grand désordre mondial et aux rapports de force exacerbés entre les principaux acteurs). Des sociétés sans monnaie, dans lesquelles les paiements et l’épargne se feront par signes monétaires électroniques, vont vraisemblablement se généraliser à l’instar de la Suède qui vient d’entrer presque complètement dans ce processus. Tout cela obligeant les détenteurs d’actifs à repenser le processus de placement de leur patrimoine encore disponible mais qui va s’évanouir progressivement s’ils restent inactifs.
Non seulement la Federal Reserve s’est révélée incapable d’augmenter son taux directeur, même de façon cosmétique (ce qui en dit long sur l’état calamiteux des économies US et autres), mais elle a émis l’idée de la fixation de taux négatifs, proposée par l’un des membres du FOMC, appel relayé immédiatement par plusieurs autres banquiers centraux qui s’enferrent dans leur folie collective. Erreur manifeste qui se traduira par «l’euthanasie (renouvelée) du rentier», selon le conseil du calamiteux Keynes.
A noter que le Ted Spread explose, ce qui est un signal avant-coureur de la déstabilisation monétaire et boursière avancée…
Le risque crédit interbancaire à son plus haut depuis trois ans: est-ce à cela que s’est pliée Janet Yellen ?
Zone euro : le spectre de la déflation se matérialise – La Tribune
Voici pourquoi la Chine pourrait entraîner les US vers la récession – Fortune
Comme on pouvait s’y attendre, du fait du non-relèvement de son taux directeur par la Fed, l’euro/dollar US est monté jusqu’à 1,1460 jeudi mais il a rechuté vendredi jusqu’à 1,1260, pour clôturer proche de son plus bas de ces deux jours à 1,13. Il y a un key reversal (entouré en bleu), soit une clôture en haut jeudi suivie tout de suite par une clôture en bas vendredi; cette figure est baissière d’autant que le trend haussier de l’euro/dollar de 1,0460 à 1,1720 de mars à septembre s’est récemment retourné et que le full stochastic est lui aussi en phase de retournement à la baisse. La hausse de l’euro/dollar post-Fed a par ailleurs été plutôt médiocre, en raison des interventions de plusieurs banques centrales qui ont dû s’employer à limiter sa hausse. Il se pourrait que l’euro/dollar reparte durablement à la baisse, toute cassure du support vers 1,08 serait très négative. Ce qui ne serait paradoxal qu’en apparence et signalerait l’imminence d’un krach boursier, puisque lors du grand krach boursier de 2008 l’euro/dollar avait chuté de 1,60 à 1,23, les investisseurs s’étaient alors rués en masse sur le dollar US et les obligations d’état US qui, à tort ou à raison, apparaissent dans ce type de conjoncture comme le dernier actif sûr. Évidemment, la rebaisse de l’euro/dollar US serait négative pour l’or (lequel reste dans un trend baissier tant qu’il ne cassera pas à la hausse 1.150 mais surtout 1.170 USD l’once). Pour que l’or rétablisse un trend haussier significatif, il faudrait que l’euro/dollar US casse à la hausse 1,1720 mais surtout 1,20
En cas de krach boursier, l’or chute :
Élection en Grèce : Athènes pourrait encore entraîner l’Europe dans une nouvelle crise – Business Insider
Moody’s dégrade la France : les contraintes politiques bloquent la réduction de la dette
Un large renversement de tendance baissière sur le S&P 500 a eu lieu la semaine dernière
Nous recommandons la lecture du livre de Yannis Varoufakis: Le Minotaure planétaire
Les États-Unis, écrasés sous le poids des dettes générées par la crise de 1929 et la Seconde Guerre mondiale, mais surtout par un effort d’armement et d’interventions armées ininterrompu, avaient trouvé la bonne solution: faire porter à tous ceux qui avaient, par le fruit de leur travail, acquis quelques économies, la charge de rembourser – sans intérêt – les dettes américaines.
La date de 1971 est désormais bien connue. Il s’agit de l’année où les États-Unis ont décidé de suspendre la convertibilité du dollar en or afin d’assurer leur hégémonie par l’émission de bons du Trésor en dollars dont ils ont pratiquement imposé, au sein de la zone dollar mondiale ainsi créée, tous les épargnants du monde à en acquérir. C’est à ce système que Yanis Varoufakis donne le nom de Minotaure planétaire : un ogre à la fois tuteur et cannibale de l’économie mondiale.
En 2008, date à laquelle ce livre fut écrit, le Minotaure planétaire avait paru tomber sous les coups portés par les abus de la dérégulation bancaire aux États-Unis et la spéculation des banques d’affaires mondiales. Aujourd’hui, nous savons ce qu’il en est, le Minotaure est ressuscité, plus fort et plus agressif que jamais. Certes des parties entières du monde, au sein du BRICS, semblent décidés à y échapper, mais rien n’est encore joué.
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