Par Moon of Alabama – Le 28 mai 2021
Ceci est une mise à jour de l’article d’hier intitulé « Voici ce qui s’est réellement passé avec le vol Ryanair ». Cet article analysait la chronologie de l’alerte à la bombe sur le vol Ryanair détourné vers la Biélorussie et la réponse des autorités biélorusses.
Dans cet article, je discutais de la possible manipulation d’une capture d’écran du courriel ayant déclenché l’alerte à la bombe par le rédacteur en chef du média d’opposition Nexta, financé par l’Occident :
Protonmail, d'où provient le courriel, est un service de courrier électronique crypté hébergé en Suisse qui permet un trafic plus ou moins anonyme. Une prétendue capture d'écran du courriel est actuellement colportée par le rédacteur en chef de NEXTA : Tadeusz Giczan @TadeuszGiczan - 11:59 PM - 26 mai 2021 Le "courriel du Hamas" a été envoyé à l'aéroport de Minsk 24 minutes après que les contrôleurs aériens biélorusses ont averti les pilotes de Ryanair de la présence d'une bombe à bord.
Giczan a raison de dire que l'heure indiquée sur la capture d'écran ne correspond pas à l'heure à laquelle le vol Ryanair est entré dans l'espace aérien biélorusse. Mais cela ne prouve rien. Il est notoire que l'heure indiquée dans les courriels n'est pas fiable, car elle dépend de divers paramètres de fuseau horaire et de plusieurs autres variables. Les horloges, ordinateurs et téléphones en Suisse sont actuellement réglés sur UTC(GMT)+2 heures. Les horloges, ordinateurs et téléphones en Biélorussie sont réglés sur UTC+3. Un courriel envoyé à 10 h 57, heure de Genève, sera probablement affiché comme ayant été envoyé à 11 h 57, heure de Minsk. Toutefois, si le fuseau horaire de l'ordinateur/téléphone utilisé pour consulter l'e-mail est réglé sur UTC+4, l'heure de l'e-mail sera indiquée comme étant 12:57. Bien tenté M. Nexta, mais votre interprétation de cette capture d'écran n'est pas convaincante.
Il s’avère que ma spéculation sur la manipulation du fuseau horaire, bien que techniquement correcte, n’était peut-être pas le vrai problème.
Aujourd’hui, le Comité d’enquête du Bélarus, le service menant les poursuites judiciaires dans le pays, a publié une note sur l’affaire (traduction automatique, emphase ajoutée) :
L'enquête sur une affaire criminelle concernant un rapport délibérément faux sur le "minage" du vol Athènes-Vilnius continue. En ce moment, l'affaire criminelle initiée sur le fait du "minage" de l'avion, qui a effectué le vol "Athènes-Vilnius", est traitée par l'USC dans la ville de Minsk. Ces jours-ci, par le biais de canaux destructeurs et extrémistes, ainsi que de diverses ressources Internet et de médias occidentaux, des informations incomplètes et non vérifiées sont diffusées dans le but de manipuler l'opinion publique dans leur propre intérêt. Pour notre part, nous exhortons le public à ne pas populariser les insinuations et les spéculations cyniques. Nous considérons qu'il est inacceptable de supposer que quelqu'un a le monopole de la vérité tant que l'enquête préliminaire n'est pas terminée. ... Il a déjà été établi, ce sur quoi nous attirons particulièrement l'attention, que plusieurs messages concernant le "minage" de l'avion ont été reçus par le service suisse de courrier anonyme ProtonMail - à 12h25 et à 12h56. En ce moment, les enregistrements des conversations avec les pilotes de l'avion sont étudiés et analysés en détail, et de nombreuses autres actions d'investigation sont menées. ...
Il y a donc eu, si l’on en croit les responsables, deux courriels d’alerte à la bombe. Le premier, à 12 h 25 heure locale (9 h 25 UTC), est arrivé cinq minutes avant que le vol Ryanair de 12 h 30 (9 h 30 UTC) ne pénètre dans l’espace aérien bélarusse. Cela aurait laissé suffisamment de temps pour contacter le contrôleur aérien qui aurait alors averti l’avion. Le courriel visible dans la capture d’écran serait le deuxième.
Le pilote de Ryanair a été averti de l’alerte à la bombe à 9h30 UTC mais n’a déclaré le Mayday qu’à 9h47 UTC. Il lui a fallu plusieurs minutes supplémentaires pour modifier la trajectoire de l’avion. L’expéditeur des courriels pourrait avoir observé la trajectoire de l’avion sur Flight Aware et avoir préparé et envoyé le deuxième courriel lorsque l’avion ne semblait pas réagir au premier.
Le rédacteur en chef de Nexta a présenté le second courriel étant comme le seul et unique et insinuait ainsi que l’avion avait été contacté et informé d’une menace avant que l’avertissement de cette menace n’arrive.
Le logo visible dans la capture d’écran du courriel ci-dessus est celui de Dossier Center. Son but est de trouver et de créer des saloperies pouvant être utilisées pour salir la Russie. Il est financé par l’oligarque exilé et ancien raider de Yukos, Mikhail Khodorkovsky, basé à Londres. Le centre semble avoir des contacts intenses avec les services secrets occidentaux.
S’il y a effectivement eu deux courriels de menace, comme l’affirment les responsables bélarusses, ce titre de Reuters est donc erroné :
Une alerte à la bombe citée par les autorités biélorusses comme étant la raison pour laquelle un avion de ligne Ryanair transportant un journaliste dissident a été contraint d'atterrir à Minsk a été envoyée après que l'avion a été détourné, a déclaré jeudi le fournisseur de messagerie électronique Proton Technologies AG. ... Proton a refusé de commenter les détails du courriel, disant que son cryptage rendait impossible "l'accès ou la vérification du contenu du message". "Cependant, nous sommes en mesure de voir quand le message a été envoyé, et nous pouvons confirmer que le message en question a été envoyé après que l'avion a été redirigé", a déclaré la société suisse dans un communiqué. Elle a ajouté que "nous n'avons pas vu de preuves crédibles de la véracité des affirmations du Bélarus et nous soutiendrons les autorités européennes dans leurs enquêtes dès réception d'une demande légale."
Protonmail n’a été interrogée que sur le second courriel qui avait été distribué par Dossier Center. Il a confirmé qu’il avait été envoyé à l’heure indiquée par la capture d’écran.
Nous pouvons être sûrs qu’il sera bientôt interrogé sur le premier. La note de la commission d’enquête dit : (traduction automatique)
Pour confirmer la cohérence de leurs aspirations, les enquêteurs ont déjà préparé et enverront bientôt au parquet suisse une demande d'assistance judiciaire pour obtenir des informations sur l'utilisateur de la boîte aux lettres d'où a été envoyé le message sur le "minage" du vol.
Hier, le département de l’aviation de Biélorussie avait également invité les organisations internationales à se pencher sur cette affaire :
Pour un examen plus approfondi des circonstances, le département de l'aviation a invité des représentants de l'OACI, de l'IATA, de l'AESA et des autorités de l'aviation civile de l'UE et des États-Unis.
L’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) des Nations unies a accepté d’enquêter sur l’incident.
Lorsque le vol Ryanair a quitté Minsk, il y avait cinq passagers de moins à bord que lors de l’atterrissage. Roman Protasevich, le néo-nazi financé par les gouvernements occidentaux, et sa petite amie russe étaient deux d’entre eux. Ils ont été arrêtés. On a supposé que les trois autres personnes étaient des agents du KGB. Cependant, ces personnes ont été retrouvées et interrogées. Tous trois, un citoyen grec et deux citoyens biélorusses, déclarent qu’ils avaient initialement prévu de se rendre à Minsk en transitant par Vilnius. Ils n’avaient donc aucune raison de remonter dans l’avion.
Moon of Alabama
Traduit par Wayan, relu par Hervé pour le Saker Francophone
Ping : ProtonMail perd la confiance d’un public dont il a pourtant besoin pour exister | Arrêt sur Info