Par Dmitry Orlov – Le 14 février 2017 – Source Club Orlov
Le livre Prosperous Homesteading est sorti depuis un peu plus d’une semaine maintenant et se vend très bien. Mais, sur la base des commentaires reçus à ce jour, le concept de « homesteading », tel qu’il est défini dans ce livre très utile, doit être mieux expliqué. Oui, vous pouvez enregistrer votre maison comme un homesteading pour la protéger contre la saisie ou pour abaisser vos impôts. Seriez-vous alors dans un cas de homesteading ? Non.
Le homesteading n’est pas un passe-temps, une entreprise ou un hobby individuel ; c’est l’activité principale d’une famille. Il s’agit d’un « bouclier de vie » essentiel, un moyen de contourner les contraintes imposées par une société en ruine qui survit en parallèle, mais qui est incapable de simplement considérer des changements absolument essentiels. Il s’agit de vous isoler vous-même et votre famille des aléas d’un système qui dysfonctionne pour récupérer un avenir viable et la tranquillité d’esprit.
Il y a un peu plus d’une décennie, je suis tombé dans une autre forme de vie en marge : le seasteading. Nous avons vendu la maison et la voiture, acheté un voilier et navigué au loin. Cela m’a permis de quitter un emploi dans une entreprise et de consacrer la majeure partie de mon temps à faire de la recherche, à écrire et, en général, à profiter. Le voilier, en tant que forme de vie en marge, a permis à ma famille de sortir de la « loi d’airain » maison-voiture-travail à laquelle une grande partie de la population est asservie.
Bien que le seasteading nous ait permis de réduire considérablement nos dépenses et nous ait donné beaucoup de possibilités de choix, en tant que solution c’est incomplet : nous avons encore besoin d’un revenu externe, et dans un contexte économique précaire, une telle dépendance ne doit pas être prise à la légère. Le homesteading résout ce problème, car en pratiquant le homestead, vous produisez tout ce dont la famille a besoin, y compris un surplus de richesses nécessaires pour la maintenance et pour acheter les quelques éléments qui doivent encore être achetés.
Alors, qu’est-ce que homesteading ? Ce n’est certainement pas du jardinage. La plupart des gens qui jardinent vont encore au magasin pour la nourriture, tandis que les homesteaders font pousser tout ce qu’ils mangent à l’exception de ces choses qui peuvent être achetées en vrac à bien meilleur marché que ce qu’ils peuvent produire, telles que les céréales (à moudre dans la ferme selon les besoins, parce que le stockage de farine ne fonctionne pas), et les articles que le homesteader ne peut pas produire, comme le sel et les pièces de rechange. D’autres exceptions incluent les produits de luxe comme l’huile d’olive, le café et le thé.
Le homesteading n’est pas de l’agriculture, parce que les agriculteurs produisent généralement un certain nombre de cultures de rente qu’ils vendent au lieu de se concentrer sur la production de tout ce qu’ils utilisent et de couper dans les achats de leur nourriture à l’extérieur. L’agriculture est une activité hautement réglementée ; le homesteading est à peine réglementé. Il est possible d’exploiter une entreprise à partir d’une ferme (et c’est souvent une bonne idée) ; mais c’est une idée terrible de traiter le homesteading comme une entreprise.
Alors, qu’est-ce que le homesteading ? C’est l’activité de trouver et de couper chaque cordon ombilical qui vous lie à l’économie de la dette, à l’extérieur. C’est le processus consistant à éliminer à peu près chaque dépense en faisant à la ferme votre nourriture, l’eau, le carburant et, enfin, le capital. C’est l’accumulation de capital sous forme de terres agricoles et de bétail, qui permet à un homesteader de transmettre un héritage pour sa succession aux générations futures – aux enfants nés dans le homestead.
Pour prospérer avec une famille pratiquant le homesteading, les dépenses doivent être réorientées, des activités qui ne produisent pas et ne durent pas vers celles qui le font. Les factures pour la télévision par câble, l’hypothèque, les assurances, les combustibles fossiles et de nombreux dispositifs d’économie du travail, le confort et le luxe sont éliminés complètement. Les factures d’électricité et d’eau sont réduites ou éliminées (selon la situation locale). Les dépenses pour les actifs improductifs, tels que le logement (c’est-à-dire la maison) sont réduites. Au lieu de cela, l’argent est redirigé vers des biens productifs : terre, bétail et outils.
Certaines personnes qui ont commenté l’article de la semaine dernière ont posé une question raisonnable : qu’en est-il de la communauté ? Oui, la communauté est très importante et c’est précisément la présence de la communauté environnante de familles prospères pratiquant le homesteading qui a permis à Jeffers et à sa famille de trouver un moyen de prospérer aussi. Ainsi, on peut dire qu’un homestead prospère nécessite des voisins prospères. Des familles fortes forment des collectivités fortes. Pour survivre, les communautés doivent être intergénérationnelles et se fixer un objectif explicite de fournir les moyens de subsistance à leurs enfants. Une communauté homesteading n’est donc rien de plus qu’une famille élargie.
Dmitry Orlov
Note du Saker Francophone Ce que Dmitry Orlov décrit en terme de relation entre homesteaders, c'est tout simplement les facteurs d'entraide décrits par Kropotkine dans son livre Entraide. À noter quand même que c'est un concept juridique légal aux États-Unis avec le Homestead Act (1862). Cela pourrait donner des idées en Europe ou en France...
Traduit par Hervé, vérifié par Julie, relu par M pour le Saker Francophone
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