Habillé pour tuer


Actuellement, d’un côté, certains sont prêts à discuter et à tendre un micro à n’importe qui, tandis que de l’autre, on tire pour tuer dès qu’ils le font.− Aimee Terese sur X


Par James Howard Kunstler – Le 15 septembre 2025 – Source Clusterfuck Nation

Lorsque le film de Brian De Palma, Pulsions, est sorti en 1980, le pays était différent. Tout comme Psycho d’Hitchcock avant lui (1960), ces deux films dépeignaient des hommes cherchant à devenir des femmes, rendus meurtriers par leurs fantasmes. Aujourd’hui, notre pays est devenu meurtrier à cause du même fantasme, mais à plus grande échelle.

Ces dérèglements sont désormais incarnés par une partie de la population qui se qualifie elle-même de « communauté trans ». Il s’agit bien sûr d’une nouvelle manipulation du langage par les mêmes agences organisées qui s’efforcent de bouleverser notre vie nationale. Vous les appelez « globalistes », « marxistes » ou « anarchistes gnostiques », mais qui ou quoi dirige réellement cette action reste un mystère persistant de notre époque. (Le deuxième grand mystère est de savoir comment les médias d’information ont été détournés pour se plier à tout cela.)

Vous avez appris au cours des dix dernières années à quel point la réalité peut devenir fragile dans une société en crise. Mais il y a la réalité des choses telles qu’elles existent réellement, et la perception de la réalité par le groupe, qui n’est pas la même. La perception de la réalité par le groupe nécessite un consensus, un accord, sur le fait que certaines choses de ce monde sont ainsi. Si l’accord est solide et correspond à la réalité, alors vous avez une société qui fonctionne bien. Si l’accord est fragile et ne correspond pas à la réalité, vous obtenez une société torturée par divers dérèglements complexes.

Il est difficile d’expliquer exactement comment cela nous est arrivé, mais les manifestations les plus visibles de ce phénomène proviennent aujourd’hui de la gauche politique, le parti qui défendait autrefois les intérêts de la classe ouvrière, les travailleurs qui menaient une vie difficile et inconfortable et cherchaient à obtenir un traitement équitable de la part de la classe aisée qui les employait et les dirigeait. C’est du moins ainsi que les choses se sont résolues pendant un certain temps dans notre société industrielle, les classes coexistant dans une tension fructueuse et équilibrée. Tout cela a atteint son apogée au début des années 1960.

Les relations politiques entre les entreprises et les syndicats sont devenues de plus en plus insignifiantes après cela, à mesure que l’industrie quittait notre pays, de sorte que le parti de la classe ouvrière a dû trouver autre chose à quoi s’intéresser. Au début des années 1960, le Parti démocrate s’était déjà rebaptisé « parti des droits civiques » (alors qu’il était auparavant le parti de Jim Crow et du KKK). Il ne s’agissait pas d’une transformation totalement cynique ou hypocrite. Elle était motivée par un impératif dynamique : prouver que l’Amérique, qui s’était autoproclamée leader du monde libre après deux guerres mondiales dévastatrices, était un pays juste et équitable, méritant son rôle de leader d’après-guerre. Et cet impératif a profité de l’héritage « progressiste » de Franklin Roosevelt.

Cependant, après les années 1960, la croisade pour les droits civiques a progressivement perdu de son élan. Elle a déçu les plus zélés. Malgré tous les efforts déployés, elle n’a pas abouti à un nirvana d’harmonie raciale. En fait, la miséreuse classe défavorisée noire semblait ne faire que s’agrandir et devenir de plus en plus dysfonctionnelle, et les villes où elle vivait (de plus en plus dirigées par elle) étaient de plus en plus délabrées.

Le multiculturalisme a été le pansement appliqué à cet échec. Dans les années 1980, le consensus sur la réalité s’est fracturé, en particulier sur les normes de comportement. Trop de « personnes de couleur » avaient des démêlés avec la justice, elles commettaient des crimes. C’était embarrassant pour les « progressistes » (les démocrates libéraux). Le multiculturalisme partait du principe qu’une société pouvait avoir des normes de comportement et des valeurs différentes pour différents groupes. Désormais, il n’était plus nécessaire de s’entendre largement sur les comportements acceptables et inacceptables, ni d’avoir une culture commune applicable à tous.

À partir de là, le Parti démocrate a dû recruter et trier avec assiduité toutes les différentes cultures présentes en Amérique, et faire semblant de gérer et de justifier leurs besoins particuliers afin de continuer à fonctionner comme un parti politique national. Dans les années 1970, tout tournait autour du féminisme, de l’entrée des femmes dans la classe dirigeante, dans les conseils d’administration, dans les cabinets d’avocats, dans le corps professoral. Puis, tout a tourné autour des droits des homosexuels, de Stonewall et de tout ce qui a suivi. Ce mouvement a été gravement compromis dans les années 1980 par le sida, qui a tué bon nombre de ses militants et a donné une image moins que saine des activités sexuelles du groupe.

Après 1985 environ, les libéraux ont dû renoncer aux hommes noirs. Trop d’entre eux étaient des toxicomanes et n’avaient pas de comptes bancaires. Il ne leur restait plus que des personnalités comme Al Sharpton (célèbre pour l’affaire Tawana Brawley) et quelques centaines de stars du sport millionnaires. Les Démocrates se sont donc mobilisés autour du sort des femmes noires… qui ont rapidement été rejointes par les peuples autochtones (anciennement appelés « Indiens »)… et les insulaires du Pacifique. Au début du XXIe siècle, les Démocrates n’avaient plus d’ethnies opprimées à recruter sous la bannière du multiculturalisme. Il ne restait plus que les « sans-abri » (anciennement « clochards », « junkies » et « malades mentaux »).

En réalité, les malades mentaux avaient bénéficié d’un coup de pouce multiculturel dans les années 1970, lorsque les patients des hôpitaux psychiatriques ont été rebaptisés « minorité opprimée ». Ainsi, les hôpitaux ont été vidés et fermés, et les patients ont été libérés dans la « liberté » des rues avec de vagues promesses de « traitement communautaire » à suivre — ce qui n’a bien sûr jamais été le cas. Après plusieurs guerres majeures au Moyen-Orient, à commencer par l’opération Tempête du désert dans les années 90, de plus en plus de vétérans militaires traumatisés ont rejoint les rangs des sans-abri. Il ne semble être venu à l’esprit de personne qu’il pourrait être nécessaire de rétablir les hôpitaux psychiatriques.

Et ainsi de suite, d’une « minorité marginalisée » et « opprimée » à l’autre, jusqu’à ce que tout ce qui reste du libéralisme (et de son organisation officielle, le Parti démocrate) dans les années 2020 soit la plus petite sous-culture du pays : les personnes qui rêvent de devenir le sexe opposé. Ce groupe a été fortement encouragé par le milieu médical, tellement narcissique et enchanté par ses compétences chirurgicales et ses manipulations hormonales (et l’argent que cela générait) qu’il a recruté de plus en plus de sujets pour ses expériences.

Les médecins et leurs partenaires thérapeutes ont à leur tour incité les enseignants, les professeurs et les administrateurs scolaires à recruter des « patients » pour le « traitement » de cette nouvelle condition appelée « dysphorie de genre ». Les partisans de la gauche politique se sont ralliés à cette cause, l’ont promue à outrance, allant jusqu’à inviter des « drag queens » (des hommes représentant des femmes comme des monstres) dans les classes de CE2. C’est ainsi que des êtres dérangés, tels que les personnages de Pulsions et Psycho, sont devenus les modèles du Parti démocrate.

James Howard Kunstler

Pour lui, les choses sont claires, le monde actuel se termine et un nouveau arrive. Il ne dépend que de nous de le construire ou de le subir mais il faut d’abord faire notre deuil de ces pensées magiques qui font monter les statistiques jusqu’au ciel.

Traduit par Hervé, relu par Wayan, pour le Saker Francophone

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