Les faits sur le terrain


Par Dmitry Orlov − 18 juillet 2017 − Source Club Orlov

C’est un fait triste que les gens à l’Ouest et surtout aux États-Unis vivent actuellement dans un monde qui manque d’informations réelles sur ce qui se passe dans de nombreuses régions du globe, en particulier dans les zones de conflit actifs, comme en Syrie, au Yémen et en Libye. Ce qu’ils entendent ne se base souvent pas sur les faits, mais sur une idéologie, qui est mise en avant par des officiels et des think tanks à Washington. Par exemple, en Syrie, Bashar al-Assad, les Russes et les Iraniens seraient en train de détruire le pays et les Turcs, les Kurdes et les divers rebelles soutenus par l’Arabie saoudite tenteraient de le « libérer », alors qu’en fait ce sont les forces du gouvernement syrien, aidées par la Russie et l’Iran, qui libèrent la Syrie des terroristes, y compris d’ISIS, qui eux sont soutenus par les Turcs, l’Arabie saoudite et les États-Unis, et qui y font du bon travail.

Mais peut-être nulle part ce biais idéologique n’est-il plus flagrant et évident que dans le traitement que la Russie reçoit dans les médias de masse américains. Obama a affirmé que l’économie russe était « en lambeaux  » à cause des sanctions occidentales ; le sénateur John McCain a été cité comme disant que la Russie est « une station-service maquillée en pays » ; et les médias font écho à ces fantaisies. Mais et si ce n’était pas le cas ? C’est une chose de voir un certain endroit à travers un certain prisme, en lui donnant une teinte légèrement trompeuse. C’en est un autre d’être victime d’une rupture psychotique avec la réalité et de laisser une pensée idéologique, pas du tout concordante avec les faits, servir de guide.

La semaine dernière, j’ai volé vers Saint-Pétersbourg, en Russie, après une absence de cinq ans. Comme d’habitude, il s’est avéré efficace d’avoir un aperçu périodique d’un endroit très familier. J’ai grandi à Saint-Pétersbourg et je l’ai visitée sept fois au cours des 28 dernières années. La capture d’instantanés périodiques d’un endroit permet de bien voir les changements. Cela peut ne pas être si important pour les endroits qui ne subissent pas de changement très important. Par exemple, au cours de la même période, Washington ou New York ont à peine changé, leur caractère essentiel restant largement le même. Mais au cours de cette même période, Saint-Pétersbourg, avec le reste de la Russie, a été bouleversée : elle a subi une transformation totale, passant d’un port en eau stagnante a une coquille creuse et déprimée et enfin à un endroit prospère et dynamique, une destination touristique de premier choix.

Écouter et accepter d’entendre parler de « lambeaux » et de « stations-service » c’est choisir d’habiter un univers parallèle dirigé par des personnes qui sont volontairement ignorantes ou psychotiques ou empressées à tromper tout le monde. Et tant de gens en Occident, et surtout aux États-Unis, se promènent avec une variété de ces notions fantastiques dans leur tête : les Russes boivent plus que quiconque (en fait, ce sont les Lituaniens) ; sont les plus déprimés et les plus suicidaires (ce sont les Lettons) ; ou choisissent de fuir leur pays en grand nombre (les Estoniens). Ou pensent que la Russie est une dictature oppressive et corrompue qui se soutient uniquement par des exportations de pétrole (Arabie saoudite) ; ou est totalement tourné vers la domination mondiale (ce serait les États-Unis).

Lors de mes visites précédentes, j’ai eu des aperçus très différents de Saint-Pétersbourg. En 1989, j’ai vu à peu près la vieille URSS, sauf dans les discussions, car c’était la période « glasnost », suscitant beaucoup d’espoirs dont beaucoup s’avérèrent vains. En 1990, j’ai vu l’ancien monde vaciller au bord du gouffre, des étagères vides dans les magasins du gouvernement et l’économie qui s’était arrêtée. En 1993, j’ai observé de nombreux signes d’effondrement social, la plupart des gens vivaient dans une pauvreté extrême avec des gens de la classe moyenne, éduquée, creusant dans les ordures ou essayant de vendre leurs affaires sur les marchés aux puces pour acheter de la nourriture. En 1995 et 1996, j’ai vu une terre aux prises avec les mafias ethniques, avec des marchandises vendues depuis des cabines métalliques verrouillées érigées sur les places des villes et sur des terrains vagues. En 2013, j’ai vu une ville qui connaissait une reprise complète, avec une économie dynamique, proche du plein emploi et un peuple prudemment optimiste quant à ses perspectives. Et alors, qu’est-ce que j’ai observé cette année, en 2017, après plusieurs années de sanctions occidentales ? Est-ce un endroit  « en lambeaux », comme Obama le dit, ou tout autre chose ?

Si vous connaissez bien un endroit, il est possible de repérer les changements même du haut des airs. Au fur et à mesure que mon vol descendait vers l’aéroport de Pulkovo, il y a eu une trouée heureuse dans les nuages qui m’a permis de voir un paysage transformé : des champs en jachère maintenant cultivés, de nouvelles autoroutes et des ports maritimes et beaucoup de nouvelles constructions avec de nouveaux clusters de bâtiments résidentiels sous forme de tours, des magasins et des centres d’affaires sortis de terre au cours des cinq dernières années. Il y a même un gratte-ciel isolé, parqué en périphérie où il ne ruine pas l’horizon.

La section internationale de l’aéroport de Pulkovo, qui avait une atmosphère provinciale, a maintenant un tarmac rempli de jets du monde entier. De toute évidence, la ville est passée d’une destination impopulaire à une plaque tournante de transport majeur. Le bâtiment du terminal est passé d’une salle vide avec quelques boutiques de cadeaux à un centre d’affaires combiné à un centre commercial. À l’extérieur, les routes et les autoroutes ont été repeintes, avec une nouvelle signalisation. Les voitures de l’époque soviétique ont presque complètement disparu, remplacées par de nouveaux modèles russes et de marques internationales, dont beaucoup sont construits dans des usines en Russie.

J’ai passé une journée à me promener dans le vaste centre-ville et un autre jour en voiture en banlieue. Le type de construction typique est celui où les premiers étages des bâtiments dans les grandes rues sont occupés par des commerces et des bureaux, tandis que les étages au dessus sont résidentiels. Cela donne à la ville un ton organique et le fait que, pour la plupart des résidents, tout ce dont ils ont besoin est à distance de marche. C’est une ville énorme, mais la diversité des transports publics, qui comprennent le métro, des tramways, des autobus, des bus électriques, des mini-bus et le train de banlieue, facilite le déplacement sans voiture. La ville est riche en espaces publics, et la majeure partie de la circulation est celle des piétons. Les larges trottoirs y sont souvent encombrés.

Il est tout à fait évident que l’économie de consommation est surmultipliée. De grands centres commerciaux combinés avec des complexes de divertissement surgissent autour de la ville tandis qu’une myriade de boutiques spécialisées et autres ont ouvert leurs portes dans le centre-ville. Le régime de sanctions de l’Ouest, censé « isoler » la Russie et laisser son économie « en lambeaux » a eu un effet proche de zéro.

Il s’avère qu’il existe un protocole standard pour échapper aux sanctions, et les entreprises occidentales qui souhaitent faire des affaires en Russie (la plupart d’entre elles) choisissent de le suivre. Le régime est le suivant : une société occidentale engendre une société sœur russe qui, toujours en tant qu’entité enregistrée à l’Ouest, est passible de sanctions. Cette société sœur engendre alors une seconde société, de droit russe et uniquement enregistrée en Russie, et cette seconde société sœur n’est, elle, pas soumise à des sanctions. Le schéma est parfaitement légal et tout cela signifie seulement qu’il y a juste des formalités administratives.

Le seul effet notable du régime de sanctions est l’apparition d’un grand nombre de marques nationales, produites localement, pour remplacer les importations alimentaires occidentales bloquées par des contre-sanctions russes. Les contre-sanctions semblent être assez souples, certaines denrées alimentaires importées étant encore disponibles, mais à des prix plus élevés, alors que des rayons entiers de supermarchés sont maintenant achalandés avec des produits fabriqués en Russie, dont certains sont spécifiquement annoncés comme « sans OGM ».

Ainsi, les sanctions elles-mêmes semblent avoir eu peu d’effets négatifs, mais les contre-sanctions ont certainement eu plus de conséquences négatives pour les exportateurs occidentaux tout en poussant la Russie vers l’autosuffisance alimentaire. Il a été rapporté aux infos, même en Occident, que la Russie est encore une fois le principal exportateur de céréales au monde, mais peu a été dit récemment sur le boom de sa production alimentaire intérieure. Mais si on ne fait qu’une balade décontractée dans les allées des supermarchés, il est évident que le programme de remplacement des importations défendu par le gouvernement fonctionne réellement. Cela fait partie d’une longue tradition : du temps des Soviétiques, il y avait du champagne soviétique et du cognac arménien ; maintenant il y a du fromage suisse russe, du parmesan russe, le gouda et le camembert sont probablement en préparation.

Mais un autre développement évident est que le pouvoir d’achat des Russes a notablement baissé. Au cours des cinq dernières années, les prix du pétrole brut et du gaz naturel ont été réduits de moitié, en grande partie en raison de la surabondance produite par l’extraction hydraulique aux États-Unis, et avec la valeur du rouble qui a aussi été réduite de moitié, passant de 30 à 60 par USD. Je suis convaincu que cet effet est temporaire. Je ne souhaite pas entrer dans le détail ici, mais les compagnies d’énergie qui ont produit cette surabondance ont usé de méthodes de production court-termistes, avec les meilleurs puits forés et pompés en premier. Pendant ce temps, elles se sont beaucoup endettées et beaucoup d’entre elles ont déjà fait faillite. Alors à l’avenir, la surabondance ne sera plus dans le pétrole ou le gaz, mais dans les dépôts de bilan. Il semblerait que la Russie résiste assez bien à cette période de prix bas des hydrocarbures.

D’après toutes les apparences, la plupart des Russes ont encore un niveau de vie inférieur à la classe moyenne américaine qui, elle, voit son niveau de vie baisser, mais ils sont en avance sur la classe ouvrière aux États-Unis, qui n’a plus vu une augmentation de salaire substantielle depuis plusieurs générations, alors que les revenus russes ont doublé plusieurs fois entre 2000 et 2014. Mais depuis lors, la plupart des Russes ont vu leur situation financière se détériorer de manière notable, et beaucoup de familles souffrent de difficultés financières. On espère que cette situation est temporaire. Non seulement les prix des hydrocarbures risquent de se redresser (la production de pétrole classique a dépassé son pic il y a plus d’une décennie, alors que la fracturation hydraulique est un phénomène transitoire), mais l’économie russe se développe toujours et s’éloigne rapidement de sa dépendance vis-à-vis des exportations de pétrole et de gaz. En attendant, ce sont certainement de bons moments pour les expatriés américains et occidentaux vivant en Russie : presque tout est à moitié prix !

Malgré ces difficultés, les habitants de Saint-Pétersbourg semblent faire mieux que jamais. J’ai vu cette ville pendant les pires moments, déchiquetée, décrépite, sale, assaillie par le crime, parsemée d’ordures, pleine de vagabonds et d’ivrognes qui chancelaient et s’écroulaient sur les trottoirs. Lors de ma précédente visite, en 2013, les choses étaient déjà bien meilleures : la plupart des gens étaient bien habillés et il y avait peu de signes évidents de détresse. Dans les cinq années qui ont suivi, cela n’a pas changé, mais maintenant, je ressens une fierté nouvelle et une confiance en soi qui flotte dans l’air. Ces gens exigent beaucoup d’eux-mêmes et les uns des autres. Dans l’ensemble, ils semblent en forme, avec très peu de personnes grasses, surtout par rapport aux États-Unis, et aucune personne atteinte d’obésité morbide. Le niveau de service que j’ai rencontré dans tous les magasins et bureaux est remarquable. De toute évidence, ce sont des gens exempts de facéties idéologiques, pas particulièrement politisés, et tout simplement désireux d’aller de l’avant en prenant soin de leurs affaires.

Je suis assez lucide pour comprendre que le plan de développement actuel de la Russie n’est pas durable à long terme : une combinaison de situations inéluctables qui incluent l’épuisement des ressources naturelles et les perturbations de l’environnement n’épargnera pas la Russie, pas plus qu’un autre pays. Rien que le temps perturbé de cet été, incluant des inondations à Moscou et dans plusieurs autres régions, des chutes de neige, des tempêtes de grêle, une vague de chaleur et des incendies de forêt en Sibérie, une tornade à Moscou et de nombreux autres événements semblables ont suffi à convaincre quelques personnes de plus que quelque chose de sinistre est en marche avec le climat. Il ne s’agit certainement pas de panique : « Nous avons survécu à l’hiver ; nous allons passer l’été » est un dicton commun, mais certaines personnes commencent à se gratter la tête et à se poser des questions.

Mais il y a quelques facteurs supplémentaires à considérer.

Tout d’abord, la Russie n’a d’autre choix que de poursuivre la stratégie de jouer dans l’économie mondialisée – et de jouer pour une victoire absolue – où elle risque d’être engloutie et dévorée par des intérêts étrangers désireux de la dépouiller de ses ressources naturelles tout en laissant sa population languir ou émigrer, comme ils l’ont fait pour de nombreux pays d’Europe de l’Est. Pour la Russie, la certitude d’un affaiblissement national est beaucoup plus fort que tout potentiel d’adoption d’un modèle de développement durable, au moins à court et à moyen terme. La stabilité politique exige le maintien et l’amélioration du niveau de vie de la population, le renversement des terroristes saoudiens et la défense du territoire contre l’empiétement de l’OTAN.

Mais les deux dernières de ces exigences ne sont pas permanentes : les jours de la Maison des Saoud sont comptés à mesure que diminue son trésor, tandis que l’OTAN est un instrument de la politique étrangère des États-Unis et, à ce stade, en ont-ils vraiment une ? Elle semble changer avec chaque tweet présidentiel. Pendant ce temps, le Pentagone se débat avec son inefficacité comme une bête blessée alors que les Européens commencent à parler de contourner Washington et de mener leurs propres arrangements de sécurité et que la Turquie – la deuxième plus grande armée de l’OTAN – est en train de s’éloigner tout simplement. Il semble y avoir une certaine reconnaissance de ces faits à Moscou ; Les dépenses militaires russes ont récemment été réduites. Militairement, le temps est du côté de la Russie.

Deuxièmement, la Russie est en mesure de tirer tous les bénéfices de la prochaine pénurie mondiale de ressources naturelles, car elle est dotée de tout, à l’exception des fruits tropicaux à croissance sauvage. Elle dispose de quelque six décennies de réserves de gaz naturel éprouvées, et, bien qu’elle ait passé son pic de production de pétrole brut, elle en a encore assez à utiliser et à commercialiser. De plus, ses coûts de production sont inférieurs à ceux de nombreux autres producteurs, y compris ceux des États-Unis, du Canada, du Venezuela, de la Norvège et de bien d’autres. Ainsi, avant de tomber en panne, la Russie pourrait facilement se retrouver avec tous les biscuits du paquet de la finance mondiale – quelque chose qui faciliterait sûrement sa transition vers un modèle de développement durable, agraire, surtout low-tech et écologiquement rationnel.

Troisièmement, la Russie a une faible pression démographique, beaucoup de terres agricoles inutilisées et un modèle historique de vie agraire durable consacré par un grand corps artistique et littéraire qui ne cesse d’inspirer ses habitants. Compte tenu de l’effort concerté coordonné à partir de Moscou, le pays pourrait, à l’avenir, suivre un modèle de développement durable axé sur le village et l’agriculture locale plutôt que sur les grandes villes. C’est un cas presque exclusif parmi les pays développés (la Chine peut en être un autre exemple). La Russie a conservé sa capacité de réorganiser considérablement ses priorités et de réorienter ses énergies d’une manière systémique, de haut en bas, sans s’embourber dans des luttes politiques sans fin, des contrôles de gestion ou des frais juridiques exotiques et des retards sans fin. Après un certain débat animé, quelque 85% de la population a maintenant tendance à s’inscrire et à embrasser le nouveau programme avec beaucoup d’enthousiasme tandis que les 15% restants se plaignent avec véhémence du « régime » oppressant et menacent d’émigrer (mais seulement parfois).

Plus que tout, je fonde mon évaluation positive sur des intuitions. Certaines sociétés excellent à jeter une façade joyeuse et brillante derrière laquelle se cache toute sorte de pourriture. Mais les Russes ne sont pas particulièrement doués pour faire du faux. Ici, les gens heureux semblent heureux, les gens misérables semblent misérables, les gens méchants semblent méchants et les gens qui font des boulots ennuyeux s’ennuient. Il n’y a pas de sourires douloureux, de grimace ou d’intonations artificielles et gaies, et l’expression « tout va bien se passer » ne peut pas être prononcée en russe sans une certaine ironie dans la voix. Tout le monde doit être dans les limites acceptées de l’adéquation sociale.

En étant ici, je ne suis confronté à aucune sorte de barrière culturelle ou linguistique. Je peux lire les expressions faciales, attraper des fragments de conversation et évaluer l’humeur générale. C’est très différent de ce que je viens de voir récemment dans les grandes villes aux États-Unis, où tout le monde reste dans sa propre coquille, gardant jalousement son espace personnel, craignant toute interaction sans scrutation et refusant de reconnaître la présence des autres de quelque façon que ce soit. Ici, les gens se reconnaissent et font attention les uns aux autres. En termes humains, cette immense ville du nord donne la sensation d’une ville beaucoup plus petite. Bien que là aussi j’aie vu des personnes piégées dans le minuscule rectangle lumineux de leur smartphone, perdues dans le monde virtuel, ce désordre social est loin d’être aussi répandu ici, du moins pas encore. Je ne sens pas une aliénation ni un climat de peur. Les gens ici semblent à l’aise dans leurs propres peaux.

Certaines choses ne changent jamais. En ce moment, conformément à la tradition, une grande partie de la ville n’a pas d’eau chaude. À Saint-Pétersbourg, la chaleur et l’eau chaude sont des services municipaux, fournis à l’aide de la chaleur résiduelle des centrales électriques canalisées dans toute la ville par des conduites à vapeur enterrées sous haute pression, et chaque été, ces pipelines sont largement testés sous pression, afin de s’assurer qu’ils ne vont pas exploser pendant la saison de chauffage. (Parfois, ils explosent quand même.)

Passer quelques semaines d’été sans eau chaude est considéré comme préférable à passer quelques jours d’hiver sans chaleur, et les gens ne semblent pas beaucoup s’interroger sur cet inconvénient, se lavant à l’aide de pots d’eau chauffés sur le poêle. De tels traits de stoïcismes sont encore vraiment évidents : au moment où j’ai traversé le service d’immigration, les bagages et les douanes et que j’ai quitté l’aéroport, les cieux se sont ouverts avec une averse torrentielle (cela a encore été un été sauvage ici). Alors que dans d’autres parties du monde, vous verriez des piétons, rentrant du travail, se bousculer pour trouver un abri, les Russes ont simplement continué à marcher, et ont simplement fini trempés, avec des expressions déterminées sur leurs visages.

Ils feront de même avec de la neige jusqu’à la cheville ou au genou, ou sur des trottoirs glacés avec de la glace fondante. En fait, je doute que tout cela puisse les arrêter : il me semble qu’ils vont construire et améliorer leur pays, ce qui, en un quart de siècle seulement dans sa réincarnation actuelle, est encore très jeune mais tant a déjà été accompli.

Les Américains, et les Européens avec eux, sont en retard dans leur réévaluation de la Russie. Historiquement, leur choix a été d’avoir la Russie comme un ami fort ou comme un ennemi faible. L’un de ces choix n’est plus disponible.

Dmitry Orlov

Les cinq stades de l'effondrementLe livre de Dmitry Orlov est l’un des ouvrages fondateur de cette nouvelle « discipline » que l’on nomme aujourd’hui : « collapsologie », c’est à-dire l’étude de l’effondrement des sociétés ou des civilisations.

Traduit par Hervé, vérifié par Wayan, relu par Catherine pour le Saker Francophone

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