Par Tom Luongo – Le 28 juillet 2021 – Source Gold Goats ‘n Guns
Je sais que cela ne choquera pas la plupart des esprits libertariens présents dans le public, mais la police n’est pas votre amie. Et je souhaite sincèrement que ce soit différent. Mais le cas curieux de Tucker Carlson et du FBI est révélateur.
L’idée de l’agent de police en patrouille (Constable On Patrol, COP), proche de la communauté, qui surveille ce qui se passe localement et aide à la prévention élémentaire de la criminalité, est aujourd’hui un mensonge confortable que nous nous racontons et qui existe encore comme mécanisme d’adaptation pour nier l’état policier dans lequel nous vivons réellement.
Il existe une différence fondamentale entre l’application de la loi (Law enforcement, LE) et la prévention du crime (Crime prevention, CP). Ces deux idées ne pourraient pas être plus diamétralement opposées. L’une construit la force de la communauté (CP) et l’autre la sape activement (LE).
Et c’est l’un des véritables problèmes auxquels nous sommes confrontés en déballant les problèmes du maintien de l’ordre moderne, qui est lui-même, un bluff, selon lequel une arrestation peut maintenir un millier de personnes dans le rang.
L’interview de Srdja Trifkovic sur Chronicles Maganize est un autre excellent exemple de la manière dont les causes profondes du dysfonctionnement de la société aux États-Unis (et dans la plupart des pays du monde) ont été identifiées.
Juste après l’attaque terroriste de 2015 perpétrée par deux islamistes à Garland, au Texas, CNN elle-même a accusé le FBI d’avoir directement encouragé les auteurs de l’attentat à passer à l’acte sur la base de leurs idées djihadistes. La même méthode a été appliquée deux ans plus tard à un livreur de pizza mentalement instable [Khalil Abu Rayyan] à Dearborn, dans le Michigan. En d’autres termes, les agents du FBI incitent régulièrement des individus à commettre des crimes dans le seul but de les transformer en dangereux malfaiteurs qui ont été stoppés dans leur élan par l’agence vigilante puis condamnés à de nombreuses années de prison. De tels stratagèmes justifient bien sûr l’existence même de l’agence en faisant croire qu’elle empêche réellement les attaques terroristes.
Ce dispositif et ce scénario – rechercher activement les auteurs potentiels de crimes, afin de les cajoler puis de les arrêter – ne sont plus utilisés contre les djihadistes potentiels. Les membres des groupes extrémistes au sein de la communauté islamique aux États-Unis ne sont plus intéressants. La cible s’est déplacée vers les Américains blancs qui soutiennent Donald Trump, et qui sont donc a priori suspects en tant qu’extrémistes et terroristes « maison » potentiels. Dans ce contexte, le simple fait d’être un homme blanc, hétérosexuel, de surcroît chrétien pratiquant, surtout si vous faites partie d’une communauté évangélique, vous rend suspect et potentiellement susceptible d’être surveillé. Permettez-moi d’ajouter qu’il y a tout juste deux semaines, le FBI a directement demandé aux Américains, dans un tweet puis sur son site Internet, d’espionner et de signaler leurs voisins, leurs collègues de travail et même les membres de leur famille, pour des comportements supposés suspects et potentiellement propices à ce qu’il appelle l’extrémisme violent endogène.
Ces pratiques du FBI nous sont vendues tous les jours à la télévision et dans les médias comme la plus haute évolution de la prévention du crime, mais ce n’est pas du tout cela. Et je sais que cela va irriter les policiers chargés de l’application de la loi (law enforcement officers, LEO) de l’auditoire, car le monde est tellement dangereux.
J’ai entendu cette excuse de plusieurs générations de policiers maintenant. Elle a commencé avec mon père qui luttait contre cette transition de policiers chargés de la prévention du crime (crime prevention officers, CPO) à LEO alors qu’il travaillait pour la police de New York et est devenue le sujet de conversations sans fin avec la famille et les amis, qu’ils soient LEO ou adjoints des LEO, au cours des vingt-cinq dernières années.
Mais, cette pratique est tout sauf du CP. Ce n’est rien d’autre qu’un LE déguisé en CP pour appliquer des lois qui, selon toute lecture rationnelle de la Constitution, sont inconstitutionnelles, par exemple la lutte contre la drogue, et sont utilisés comme un homme de paille pour justifier un comportement immoral et contraire à l’éthique.
Cette conversion de la prévention du crime à l’application de la loi est une réponse à l’effondrement de la société dû à l’excès même du gouvernement. Qu’il s’agisse de la prohibition, de l’application des lois sur le travail et l’environnement ou de tout ce qu’une Karen des banlieues peut imaginer comme hobgoblin dont il/elle se sent en droit d’être protégé(e), toutes ces mesures ont fait progresser la ligne bleue.
La centralisation du maintien de l’ordre et la corruption des LEO sont une conséquence aussi naturelle que la nuit qui suit le jour.
Mais nous avons toujours cette notion pittoresque que nous sommes toujours libres, que les flics travaillent pour nous et que le FBI n’est pas complètement corrompu en tant qu’organisation, même si les membres pris individuellement ne le sont pas.
Comme dans toutes les discussions de cette nature, il y a la critique de l’institution elle-même et de ce que nous attendons d’elle, ainsi que des hommes et des femmes chargés de mettre en œuvre ce système.
Alors, bien sûr, il y a des gens bien qui se cachent dans les agences modernes d’application de la loi. J’en ai rencontré beaucoup. Je suis heureux de séparer le péché du pécheur dans l’espoir que, le moment venu, ces gens bien au sein du FBI, du bureau du shérif du comté ou même de la bureaucratie des services de protection de l’enfance, feront ce qu’il faut et soutiendront les personnes plutôt que l’institution.
Mais il s’agit, pour être tout à fait honnête, d’un vain espoir, plutôt que d’un regard lucide sur la réalité de la situation. Si le gouvernement est efficace dans quelque chose, c’est dans la création de petits tyrans.
La controverse qui entoure le fait que Tucker Carlson rende public les tentatives des fédéraux de le marginaliser est au cœur du fossé qui sépare les conservateurs modernes des libertariens dans ce domaine. Les conservateurs de Fox News sont pour la plupart les héritiers du conservatisme de William Buckley à qui l’on a demandé, lentement mais sûrement, de transférer leur allégeance de leur communauté locale (et de la police locale) à celle du pays et de sa police au nom de la guerre froide et de la guerre culturelle, une guerre prétendument idéologique contre les cocos impies.
Buckley lui-même, cependant, était un actif de la CIA, de sorte qu’il ne devrait choquer personne qu’il soit l’homme de la situation pour convertir deux générations de conservateurs en sycophantes d’une politique étrangère interventionniste et d’une application de la loi plus draconienne à l’intérieur du pays. Après tout, les conservateurs détestent le chaos. Leur Conscience (au sens des cinq grands piliers de la personnalité) peut être facilement utilisée comme une arme pour combattre le chaos, et l’a été, surtout après le 11 septembre.
Et de l’avis de ce « lolbertarien » 1 (nous y reviendrons plus tard), la lutte entre la CIA et le KGB n’était en fait que deux factions communistes qui s’affrontaient pour le contrôle du récit mondial. Nous combattons encore les communistes aujourd’hui, et certains d’entre eux, dans nos agences de renseignement, viennent de s’en prendre à l’une des seules voix populaires des médias d’entreprise qui ne sont pas favorables au Comintern.
En raison de l’influence de Buckley et du soutien financier massif des groupes de réflexion de Washington, ainsi que de l’affaiblissement et de la marginalisation des libertariens rothbardiens/misesiens – cf. le rachat du Cato Institute par les frères « libertariens » Koch – il y a toujours cette défense réflexe de tous les services de police par les conservateurs, qui s’est intensifiée grâce au soutien des démocrates aux pillages et aux émeutes des BLM/Antifa utilisés comme une arme psychologique pour diviser davantage les gens.
Dans tout le verbiage entourant George Floyd, tout le monde a rapidement reconnu qu’il y a quelque chose de fondamentalement mauvais dans les méthodes de police militarisées. Tout le monde voulait avoir cette conversation, mais c’est la seule conversation que nous n’étions pas autorisés à avoir.
Et lorsque vous n’êtes pas autorisé à parler de quelque chose, c’est un indice que c’est le but de l’exercice.
Cette centralisation dans les mains des forces de l’ordre, qui ne sont plus confiées aux citoyens eux-mêmes qui surveillent leurs communautés, a corrompu l’âme des policiers tout en préparant psychologiquement les gens à une agression infinie de leur part lors de toute rencontre.
Est-ce que vous abordez toute rencontre avec un policier moderne, quel qu’il soit, avec autre chose que de la crainte ?
Ne devriez-vous pas prendre vos droits Miranda très au sérieux ? Après tout, tout ce que vous dites peut être et sera utilisé contre vous dans un tribunal.
Mais dans le même temps, la police ne fait que répondre à la menace croissante de violence et aux canulars téléphoniques de plus en plus fréquents des bons-à-rien qui cherchent à savoir si la police contrôle réellement les rues ou non. On demande de plus en plus à ces policiers de se trouver dans des situations obscènement dangereuses les mains attachées dans le dos. Donc, je compatis et je remets en question les appareils politiques et sociaux qui les ont placés dans ces positions en premier lieu.
Après tout, ce sont de vraies personnes avec de vraies émotions, des limites à leur maîtrise de soi et toutes les faiblesses et forces que nous avons tous.
La vérité est qu’ils n’ont jamais eu ce contrôle sur les rues. Nous l’avons eu en les soutenant, mais nous l’avons paresseusement transféré sur eux au fil du temps et nous nous attendions à ce que ceux qui les gouvernent n’abusent pas de ce pouvoir ? Est-ce vraiment la faute des policiers ou sommes-nous en train de les désigner comme boucs émissaires pour nos propres échecs et faiblesses ?
Dans le même temps, s’ils ne s’attachent pas à résoudre nos problèmes au niveau local et servent une autorité plus élevée et plus centralisée, pourquoi sommes-nous surpris lorsque le lien entre eux et la communauté est rompu et que nous évoluons vers la situation actuelle, une société fondée sur la peur plutôt que sur le respect ?
Cette rupture des relations peut facilement se retourner contre la police, même les bons, et devenir un virus mental destructeur de la société, comme c’est le cas aujourd’hui, où les éternels innocents et les enfants mécontents du black bloc courent partout en débitant la rhétorique « ACAB » et en crachant au visage de ceux qui pensent qu’ils protègent et servent encore.
C’est pourquoi le soutien à la sécession augmente rapidement. La sécession est un état d’esprit, pas un processus politique. Se soustraire à la violence de l’État n’est pas seulement un choix, c’est une nécessité si nous voulons retrouver notre santé mentale et notre sang-froid.
Les gens veulent reprendre le contrôle de leurs communautés. Les bons « flics » veulent protéger leurs juridictions et les personnes dont ils ont la charge, et non pas opérer dans un espace mental politisé et mondialisé.
En fin de compte, cependant, la sécession de ce type n’est qu’un autre mécanisme d’adaptation pour objectiver et masquer nos propres échecs à protéger nos communautés locales plutôt que d’assumer la responsabilité de ce que nous avons laissé se produire.
C’est pourquoi l’alt-right a tort de faire le procès de tous les « libertariens » et « lolbertariens ». Ils sont toujours fondamentalement réticents à accepter que bien que l’État naît de notre désir de communauté, il ne fait et ne peut faire autre chose que corrompre cette communauté en raison de son monopole sur l’usage de la force.
En fin de compte, ils ne sont que le revers de la médaille, quelle que soit la qualité de leurs arguments, de la gauche SJW.
Leur réticence à s’engager honnêtement les rend aussi peu pertinents que les lolbertariens « ouverture des frontières à tout prix » dont ils se moquent. C’est vraiment juste deux estropiés émotionnels léninistes qui se battent avec des béquilles, style South Park.
En attendant, le FBI qui crée intentionnellement des gros titres politiques est la plus haute forme de corruption policière que l’on puisse imaginer. C’est du niveau de la Stasi de l’Allemagne de l’Est, mais avec la paranoïa qui joue un rôle actif pour faire avancer l’agenda des traîtres au pays placés dans les plus hautes fonctions civiles par des puissances étrangères.
Et ce sont les libertariens du type ignoré à la fois par l’alt-right et la hard-left qui ont conçu les arguments solides sur la façon dont la défense est produite et comment les communautés sont maintenues, qui détenaient les réponses depuis le début.
Détruisez le Léviathan. Attaquez-le en son cœur. Et n’attendez rien d’autre de la police que de la douleur, mais soyez gracieux et acceptez quand vous recevez de l’aide. Mettez fin à la propriété publique. Arrêtez de permettre l’exportation de la criminalité vers des quartiers paisibles à travers ces routes publiques dont vous vous moquez, tout cela pour la commodité d’un putain de Wal-Mart ou d’un centre commercial.
C’est la conclusion que nous ne pouvons plus éviter en 2021.
Parce qu’à mesure que la situation s’aggrave, ce qui est le cas, la police et les forces de l’ordre en viendront à se considérer comme les arbitres finaux de la vérité et ils seront encouragés à exercer le pouvoir de détruire qui ils veulent, puisque c’est ce que veulent leurs patrons.
Ils sont déjà confrontés à l’abrogation injustifiable de notre intimité médicale et de nos droits civils fondamentaux au nom d’exigences de santé publique douteuses formulées par des politiciens intéressés. Et jusqu’à présent, nous ne les avons pas encore vus craquer.
A quoi cela ressemblera-t-il demain ? L’année prochaine ?
L’histoire nous enseigne que beaucoup de gens soutiendront ces mesures parce que nous ne leur donnerons aucune raison de ne pas le faire.
Tous les flics ne sont pas des salauds, pas plus que nous ne sommes tous des salauds. Mais tous les hommes ont le potentiel de libérer les pires aspects d’eux-mêmes dans des conditions extrêmes. Ce n’est pas un pouvoir que quiconque devrait exercer, même le plus noble et le plus moral des hommes, dans ces circonstances. J’ai vu mon père lutter contre cela tout au long de mon enfance. Peu importe que ces hommes se détestent pour ce qu’ils ont fait, ils le feront quand même et s’en voudront plus tard.
Je souhaite la bienvenue à tous les membres actuels des forces de l’ordre et aux personnes proches des forces de l’ordre dans cette « communauté » de ceux qui veulent reconstruire ce qui a été perdu. Ils ont une connaissance et une expertise incroyables sur la façon de faire les choses correctement et de les faire mal. Mais il faut d’abord que les deux parties reconnaissent l’humanité de l’autre et disent non de la bonne façon au bon moment. Le libertarien intelligent disait toujours, « Personne ne voit la corruption comme un employé du gouvernement. » Les libertariens imbéciles se contentaient de hisser leur drapeau de Gasden et de damner tout le monde avec une suffisance insupportable.
Il est temps de s’attaquer réellement à la corruption de la police et à la nôtre. Il est temps de faire face à nos peurs et de nous mettre au travail pour reconstruire ce qui nous a été enlevé, notre dignité et notre sécurité. Et il est temps de réaliser que la dernière chose dont nous avons besoin est de renforcer la répression. Nous devons donner la priorité à la prévention des futurs crimes contre l’humanité elle-même.
Tom Luongo
Traduit par Zineb pour le Saker Francophone
- un libertarien en puissance mais non en action ↩
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