État islamique sert de prétexte à une nouvelle agression de la Libye


Moon of Alabama

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Le 18 mars 2016 – Source Moon of Alabama

Il existe actuellement deux gouvernements en Libye. Un gouvernement islamiste modéré à l’ouest de Tripoli et un autre à Tobrouk, dans l’est. Celui de l’est est laïc et reconnu internationalement, mais il est aussi soutenu par des groupes salafistes. Les deux gouvernements ont leur propre parlement et chacun est soutenu par quelques milices. État islamique, encadré par des Irakiens et des Syriens, a pris pied à Syrte, au milieu de la longue côte est-ouest. Il recrute des adeptes en Afrique du Nord et se prépare à saisir les champs pétrolifères les plus proches pour financer son expansion.

Ce développement inquiète l’Occident, qui veut intervenir militairement. Les forces spéciales de plusieurs pays sont déjà sur le terrain. Mais les deux gouvernements et leurs parlements ne veulent pas d’une intervention étrangère.

L’ONU ou quelqu’un d’autre a eu l’idée géniale de créer un troisième gouvernement censé remplacer les deux existants. La tâche de ce troisième gouvernement sera d’inviter les forces étrangères et de valider ce qu’elle feront. Ce troisième gouvernement est maintenant constitué en Tunisie et a zéro pouvoir sur le terrain en Libye :

Rien ne garantit que les autres factions cèdent. Alors, la guerre actuelle entre les deux gouvernements rivaux soutenus par des milices risque de devenir une guerre entre trois gouvernements rivaux, dont aucun ne reconnaît les autres.

Naturellement, les Libyens détestent l’idée d’un gouvernement imposé par l’étranger. Ils vont sûrement lutter contre toute troisième force qui tenterait d’usurper leur souveraineté. Face à un gouvernement imposé par l’étranger et des forces militaires étrangères, davantage de Libyens se joindront à État islamique pour combattre les intrus. Le manque de clairvoyance de l’ONU et des gouvernements occidentaux sur cette question dépasse l’entendement.

Mais il y a encore beaucoup d’argent à faire en Libye et les gouvernements français et britannique en particulier veulent continuer à voler aveuglement le pays. Cela nécessite d’être sur le terrain. Le cerveau et profiteur en chef qui est probablement derrière tout cela, semble être une personnalité bien connue.

Un article révélateur dans le Times of Malta décrit quelques étonnantes connexions politico-commerciales cachées :

Une importante opération militaire par un groupe de puissances étrangères se prépare contre Isis dans le but d’installer un gouvernement soutenu par l’ONU, mais elle a été si mal organisée qu’elle risque de se retourner contre ceux qui l’ont conçue.

Premièrement, il y a ceci d’étrange que [l’ambassadeur de Grande-Bretagne en Libye, Peter] Millett est sous les ordres de l’envoyé libyen de la Grande-Bretagne, Jonathan Powell, un contractant du FCO (The Foreign and Commonwealth Office). Oui, le même Powell qui, avec le Premier ministre Tony Blair, avait négocié l’accord avec Mouammar Kadhafi pour mettre fin à l’isolement de son régime dictatorial, il y a dix ans – ce qui a permis ensuite à Blair d’engranger des émoluments substantiels de consultant auprès de ce même tyran, après avoir quitté ses fonctions de Premier ministre.

Parmi les autres avantages de cette nouvelle ouverture de la dictature de Kadhafi, il y a eu un contrat de développement immobilier massif avec une société présidée par nul autre que le frère de Powell, Lord Charles Powell, qui a également impliqué un réseau célèbre et pittoresque de millionnaires arabes vivant à Londres. Powell est donc très proche d’un acteur qui a là des intérêts.

La Libye est inondée d’armes et de munitions de toutes sortes en vente libre. Il suffit d’avoir de l’argent pour pouvoir acheter de puissantes armes antichars ou des canons anti-aériens faciles à installer sur les tout-terrain Toyota omniprésents. Mais la Grande-Bretagne veut vendre des armes, pas en acheter:

Millett a révélé qu’il veut vendre encore plus [d’armes] à la Libye – mais seulement aux bonnes milices, celles qui soutiennent le nouveau gouvernement d’accord national (GAN) soutenu par l’ONU.

Le GAN, conçu pour remplacer les deux gouvernements en conflit, Tripoli et Tobrouk, est la pierre angulaire de la politique occidentale en Libye, il doit unir le pays pour qu’il retourne ses canons sur Isis. D’où les armes.

L’insistance de Millett à soutenir que les armes iront seulement aux bonnes milices, rappelle la prétention occidentale de soutenir les bons terroristes en Syrie dans la guerre contre Isis.

On en arrive maintenant au vrai business dont l’élément le plus précieux est la Libyan Investment Authority avec ses quelque 65 milliards de dollars d’actifs. Ce fond est détenu par le peuple libyen, mais celui qui le contrôle sera en mesure de siphonner des tonnes d’argent:

Une grande partie des retombées de cette inapte décision de créer un troisième gouvernement en Libye se fera sentir à Malte, où les batailles commerciales entre les deux gouvernements libyens existants font rage pour arracher le contrôle d’une foule d’entreprises dont le siège est ici – et à qui vont bientôt se joindre les dirigeants du gouvernement d’unité qui en veulent également le contrôle.

La bataille judiciaire pour la société publique de télécommunications LPTIC a mis en lumière la complexité du problème, et un nouveau bras de fer est en cours pour le contrôle de la Libyan Investment Authority (LIA), dont les bureaux pilotés par Tobrouk sont situés à Malte.

Pour l’instant, la bataille pour LIA a lieu à Londres, mais, étrangement, le procès a été stoppé en plein milieu, la semaine dernière, sur le conseil du Foreign Office britannique, suscitant la controverse.

Le juge qui rend l’ordonnance empêchant les deux gouvernements existants de mettre la main sur cet actif de 65 milliards de dollars, n’est nul autre que William Blair, le frère de (devinez qui ?) Tony.

Peu importe que Tony ait travaillé avec le LIA dans les dernières années du règne de Kadhafi.

Conflit d’intérêt?

Eh bien, décidez vous-mêmes. Mais pour moi, cela ressemble à un autre coup en préparation, cette fois en introduisant un troisième gouvernement qui sera entièrement contrôlé par des étrangers. Tout cela, non pas pour «combattre État islamique», mais pour que Tony Blair et d’autres puissent contrôler et voler tous les actifs qu’il reste aux Libyens. (Et au fait, pourquoi la Fondation Clinton est-elle impliquée dans tout ça?)

Je crois que rien de bon ne sortira de cette misérable tentative de vol déguisée en lutte contre État islamique. Ni pour la Libye et son peuple, ni pour les gens des pays dont les élites se préparent maintenant à nouveau à faire la guerre à la Libye.

Traduction : Marie Staels

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