Eh, dites !
Visez-moi ce carnage !


Pourquoi soutenir un pays qui peut vous dézinguer de sang-froid ?


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2016-09-24_11h42_10Par Mike Whitney – Le 23 septembre 2016 – Source CounterPunch

Si les athlètes noirs de la NFL [Ligue nationale de football américain] pensent honnêtement que les Afro-Américains qui vivent sous la bannière étoilée sont «tout aussi protégés» que les Blancs, alors ils devraient se lever pendant l’hymne national et chanter. Mais s’ils savent que les Noirs ne reçoivent pas un traitement équitable, et que les Noirs peuvent être abattus à tout moment par des flics à la gâchette trop facile qui ne font jamais face aux conséquences, ils ne le doivent qu’à eux-mêmes et à leur pays pour exiger le changement en restant assis.

Je suis désolé que les joueurs de football doivent en passer par là. Je suis désolé qu’ils se trouvent dans une situation où ils sont obligés de faire une déclaration politique. Après tout, ce ne sont pas des politiciens et ils ne veulent pas l’être. Ce sont des citoyens privés – comme le reste d’entre nous – qui veulent juste faire leur travail, faire un peu d’argent, et qu’on leur foute la paix.

Mais quel choix ont-ils maintenant ? L’épidémie de tueries, par des flics, à travers tout le pays oblige les gens à se lever et dire «Assez !». Alors maintenant, les athlètes noirs sont invités soit à se lever, à chanter et agir comme des animaux de cirque très bien rémunérés, soit à suivre les traces de Rosa Parks, Malcolm X, Mohammed Ali et celles des autres personnes de conscience qui se mettent en danger en agissant sur l’essentiel.

Voilà le choix auquel ils sont confrontés, non ? Dois-je agir comme un homme et me lever pour le plus vital ou prendre le chemin facile en suivant la foule ?

Il n’y a pas de troisième option.

Les joueurs de football ne pourront pas balayer toute l’affaire sous le tapis comme les Seahawks de Seattle l’ont fait la semaine dernière en se tenant debout avec les bras croisés, pendant que l’hymne était joué, pour manifester leur solidarité avec les victimes des violences policières. Ce fut une réponse totalement merdique. Peu importe que vous vous teniez debout, à part, ou que vous croisiez les bras, lorsque vous êtes debout vous rendez hommage au drapeau. Point barre.

En revanche, rester assis est une manifestation de défi. Rester assis est un acte de protestation, un acte de courage colossal. Rester assis est un acte de solidarité avec les victimes des violences policières. Et, quoi qu’on en dise, rester assis est un acte de patriotisme suprême, le genre de patriotisme qui surpasse l’affichage  d’une conformité rituelle dévalorisée et la soumission des talons qui claquent. Rester assis est un moyen discordant, violent et réfléchi, pour forcer les Américains à se regarder dans le miroir et à se poser les questions douloureuses qu’ils tentent d’éviter à tout prix : pourquoi tous ces jeunes hommes, des Noirs désarmés, sont-ils emportés avec une fréquence aussi affolante ; pourquoi ces policiers assassins ne paient-ils jamais pour leurs crimes, et putain, pourquoi est-il encore si dur pour les Noirs américains d’obtenir une justice dans ce foutu pays ?

Personne ne veut parler de ces choses parce qu’elles nous font sentir merdeux, elles ternissent notre sens de «l’exceptionnalisme» et notre croyance idiote que nous sommes une société «post-raciale».

Post-raciale, mon cul. Il y a un immense groupe de personnes, vivant dans ce pays, dont les droits ont toujours été provisoires et qui n’ont jamais eu un traitement juste, et il est foutrement certain que ça n’a pas changé depuis que Obama a pris ses fonctions, en vérité la situation est pire que jamais.

Lorsque vivre sous le drapeau américain signifiera que tout le monde est également protégé des policiers assassins, alors je serai heureux de me lever pour l’hymne national. En attendant, oubliez-ça.

Mike Whitney vit dans l’État de Washington. Il est un contributeur à Hopeless : Barack Obama et la politique de l’illusion (AK Press). Hopeless est également disponible dans une édition Kindle. Il peut être joint à fergiewhitney@msn.com.

Traduit et édité par jj, relu par Cat pour le Saker Francophone

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