Voici ce que l’Association Joseph Staline pense des événements terroristes en cours
Le 28 juillet 2016
L’attentat à Saint-Etienne du Rouvray est horrifiant, non seulement par sa barbarie, mais aussi par les imprévisibles et néfastes conséquences qu’il peut entraîner.
Certes certaines organisations politiques profiteront de la situation et envenimeront l’islamophobie et la mise à l’index des arabes en général, et les nord-africains en particulier. Des déclarations agressives ont déjà commencé à pleuvoir.
Je ne pense pas que les victimes du Bataclan ou de Nice aient fait quoi que ce soit contre l’autoproclamé État islamique − hormis les actes de leur gouvernement − pour avoir mérité d’être prises pour cibles. L’égorgement du prêtre catholique en pleine messe n’est pas seulement un acte barbare contre un citoyen français, il l’est aussi contre un représentant de l’église catholique, avec laquelle la plupart des français sont plus ou moins liés. Ni lui, ni son église n’ont fait quoi que ce soit contre l’autoproclamé État islamique pour récolter cet acte d’horreur, de profanation et de sacrilège. Pour ces gens-là, tuer des prêtres n’est pas une nouveauté, mais les victimes jusqu’à présent étaient des prêtres chrétiens orientaux.
Par ailleurs il est difficile de croire que des êtres humains soient capables de commettre de tels actes et d’être prêts à mourir sans, en plus de leur endoctrinement, s’être drogués à l’aide de substances telles que le Captagon, drogue dite « du courage », susceptible d’enlever les inhibitions. Cette drogue est largement utilisée par les djihadistes en Syrie.
Nous tenons à rappeler que suite à la tuerie de Nice, François Hollande a ordonné des représailles contre « l’État islamique » en Syrie. Celles-ci ont causé la mort de plus de 120 civils Syriens. Notons aussi que Mohamed Lahouaiej Bouhlel, le terroriste de Nice, était Tunisien, buvait de l’alcool, mangeait du porc et, c’est le moins que l’on puisse dire, ne pouvait prétendre pratiquer la religion musulmane. Son acte aurait très bien pu être « inspiré » ou « récupéré » par l’État islamique, mais cela n’aurait pas fait de lui un soldat agissant aux ordres de cette organisation. C’est significatif. Par conséquent, l’action de représailles ordonnée par Hollande, n’était pas une « réponse » au massacre de Nice. Par contre, ces représailles pourraient très bien avoir déclenché des « contres-représailles » à Saint-Étienne du Rouvray.
Nous avons bien vu que l’état d’urgence, renouvelé, est difficile à appliquer sur tout le territoire et qu’il est totalement inefficace contre les loups solitaires, de surcroît prêts à mourir, et qui n’ont besoin de rien d’autre qu’un couteau, une hache, une voiture….
On peut se demander si l’état d’urgence est calculé pour répondre au terrorisme, ou si le terrorisme justifie l’état d’urgence ? On voit bien qu’il n’empêche pas les actes terroristes et ce qui s’est passé ces derniers mois montre une exploitation éhontée de l’état d’urgence contre les manifestants et les militants syndicaux qui refusent une loi « Travail » détruisant tous les acquis sociaux, loi scélérate imposée par le MEDEF et l’Union européenne.
La solution, bien qu’elle ne soit que partielle, consisterait pour la France à s’abstenir de commettre des crimes colonialistes ou tout simplement qu’elle respecte scrupuleusement la souveraineté des autres pays et des autres peuples, pour préserver la sécurité des français et prétendre moralement au droit de défendre sa souveraineté.
Le terme terrorisme a souvent servi à des fins de propagande pour vilipender des adversaires politiques. Le terme terrorisme évoque assassinats, pertes de vies innocentes et aujourd’hui plus particulièrement, des attentats perpétrés par des salafistes, wahhabites qui frappent la population du pays. Il s’agit bien là de vrai terrorisme, qui sans beaucoup de moyens et sans avertir, tue et blesse pour provoquer la terreur parmi une population donnée. En quelque sorte, ce terrorisme, si on peut se permettre d’être pragmatiques sinon cyniques, est une affaire artisanale.
Les actions des États impérialistes et colonialistes, les guerres d’agression, comme celles contre la Yougoslavie, l’Irak, la Libye, la Syrie…, sans parler de l’Afrique francophone… aussi sont meurtrières, sèment l’horreur et l’effroi et font des victimes de façon aléatoire. Leur différence avec le terrorisme est que leur infiniment plus grande capacité de tuer, n’est pas du tout artisanale mais professionnelle, faisant des victimes en masse. Comparativement, les victimes de cette guerre se comptent par centaines de milliers de morts.
Beaucoup de ces attentats commis en France, prétendument au nom de l’État islamique, ont été perpétrés par des ressortissants, pour la plupart français ou belges et originaires d’Afrique du Nord. Toutefois, selon le rapport Mennucci, présenté à l’Assemblée Nationale le 2 juin 2015, 40% des personnes radicalisées sont des convertis. De plus, ce rapport estime que quasiment la moitié des radicalisés ont fait l’objet d’un signalement, émanant en règle générale de leurs familles. Ce qui fait que celles-ci sont une source d’informations inestimable dans le cadre de la lutte anti-djihadiste.
Néanmoins, ces actes s’inscrivent dans le cadre du conflit entre l’autoproclamé État islamique et l’État français. Ce sont des actes qui ont suivi une campagne d’endoctrinement politico-religieux, orchestrée souvent à distance, et qui ont trouvé ici et là un terreau propice de fanatisation. Ce n’est pas du tout un phénomène endogène qui trouve ses racines en France, mais en Syrie en Irak, en Arabie saoudite, au Qatar, aux États-Unis et ils sont la conséquence directe de l’implication de la France dans la guerre contre l’État islamique ou plus précisément dans la guerre non déclarée pour le renversement du gouvernement légitime syrien, que l’on veut faire passer pour une guerre contre l’État islamique. En outre, il est probable que ces meurtres sont plus le fait d’individus détraqués que de militants d’une cause. L’autoproclamé État islamique revendique ces attentats a postériori, sans qu’il soit sûr qu’un lien quelconque puisse réellement être établi. Le prétexte est d’autant plus scandaleux.
Dans cette guerre menée contre le gouvernement syrien, les hypocrisies occidentales entre les « bons » et les « mauvais » djihadistes ne servent qu’à embrouiller les esprits. Il en est de même pour les étroites relations qu’entretient la France avec l’Arabie saoudite wahhabite ou le Qatar… qui font tout pour soutenir l’autoproclamé État islamique et combattre le gouvernement syrien, et de ce fait sont alliés de la France. On a du mal à comprendre à quoi joue le gouvernement français, de quel côté il se range quand il permet aux Saoudiens, entre autres activités, de soutenir le wahhabisme en France ou de financer des clubs de foot améliorant ainsi leur image.
Cette guerre a pour motivation partielle le passage des gazoducs des pays du Golfe à travers la Syrie et la Turquie, de manière à concurrencer la fourniture de gaz de la Russie à l’Europe de Ouest et simultanément fait partie de la stratégie d’encerclement de la Russie et de la Chine par les États-Unis. Le peuple français n’a rien à faire là-dedans.
Les pays du golfe tels que l’Arabie saoudite, se servent du dogme wahhabite saoudien comme moyen d’endoctrinement depuis des années, fournissent armes et financement aux djihadistes en Syrie pour renverser le gouvernement de Bachar-al-Assad, qui en l’occurrence refuse de laisser passer les gazoducs arabiques sur son territoire. Les États-Unis jouent évidemment le rôle dominant. La France s’est jointe à cette alliance malsaine dans son désir de renverser Bachar-al-Assad, soutenant certains « bons » djihadistes comme al-Nusra ; rappelons-nous les mots de Laurent Fabius : « Al-Nusra fait du bon boulot » et « Assad ne mériterait pas d’être sur la Terre ».
Pour autant, la commission d’enquête Mennucci repousse de la main l’idée selon laquelle la présence de forces françaises à l’étranger, parfois dans des pays majoritairement musulmans, serait de nature à favoriser le terrorisme. Le rapporteur est ainsi en plein accord avec M. Laurent Fabius, [alors] ministre des Affaires étrangères et du développement international, lorsqu’il déclare : « Il faut, pour éviter tout sophisme, souligner ce qui est : ce n’est pas parce que la France intervient militairement à l’étranger qu’elle est visée par le terrorisme, c’est pour lutter contre le terrorisme qu’elle intervient à l’étranger. Certains peuvent avoir l’idée que si nous nous repliions sur nous-mêmes et que nous ne faisions rien, il ne nous arriverait rien. Cette vision est erronée. Nous faisons partie d’une chaîne, nous assumons notre part et je salue la valeur et le courage de tous ceux qui travaillent à la sécurité collective. »
Persister dans ce sens est irresponsable et même criminel. Cela risque, non seulement d’aliéner la population musulmane, mais aussi d’encourager tout ce qu’il y a de pire sur la scène politique française, ouvrant une voie royale aux tendances racistes.
On constate que dans la presse − qui adopte quasi systématiquement le point de vue du gouvernement et le point de vue de classe de l’oligarchie capitaliste qui détient les grands médias − aucune voix ne se fait entendre pour appeler au retrait de la France de Syrie.
Les seules solutions proposées sont la répression interne et on n’est pas tout à fait sûrs de contre qui elle est dirigée.