Dialogue désaccordé : Jean-Claude Antakli et David Pujadas


Avril-Mai

Cet article fait suite à la parution sur notre site d’un lettre ouverte de au journaliste de France 2, David Pujadas suite à son émission Des Paroles et des Actes. On ne peut que vous conseiller de relire cette première lettre avant de poursuivre la lecture de cet échange qui, au delà des arguments de l’auteur, vaut pour l’incommunication entre la société civile et les élites auto-proclamées.


Lettre ouverte de Jean-Claude Antakli à David Pujadas (Paroles et Actes)

Ci dessous vous trouverez la réponse de David Pujadas, puis une seconde lettre ouverte du même auteur.

Le dialogue n’apporte pas grand chose car David Pujudas botte en touche, évoque l’incompréhension, joue l’imbécile et, arme ultime, sort le mot théorie du complot. Du grand classique avec une bonne dose de mauvaise foi. On vous laisse juger.
La réponse de Mr Antakli est évidemment d’une autre tenue, mais ne fait que répéter les regrets exprimés dans le premier texte face à la déchéance médiatique.

 

Le Saker Francophone

Réponse de David Pujadas

Monsieur Antakli,

J’ai bien reçu votre lettre et vous en remercie, même le ton que vous employez n’est pas à la hauteur de ce que semble être votre érudition et votre foi dans le débat. Comme vous le devinez sans doute derrière vos accusations, je n’ai pas de convictions arrêtées sur ce sujet-là comme beaucoup d’autres. Depuis janvier 2015, c’est la quatrième émission que nous lui consacrons.

Des doutes, oui, des interrogations aussi. Mais il n’y a pas plus de prêt à penser que la théorie du complot. C’est pourquoi j’ai invité tour à tour Alain Finkielkraut, Hubert Védrine, Jean Pierre Filiu et beaucoup, beaucoup d’autres. Le 24 mars, et contrairement à ce que vous semblez croire, Madame Malika Sorel, comme Madame Remadna, a eu tout le temps pour s’exprimer. Pas moins que BHL en tous les cas.

Mais un débat est un débat. Il ne peut y avoir que des personnes pensant la même chose. Votre point de vue est respectable. Il reste un point de vue. Comme d’autres. J’ajoute qu’à mes yeux, cela peut paraître cocasse d’être classé fabiusien avec tout ce que j’ai entendu lors de mon interview de Bachar à Damas il y a un an…

Je vous rassure donc : on m’accuse aussi souvent d’être à la table des relativistes ou des cyniques.

Bien cordialement.

David Pujadas.


Nouvelle Lettre ouverte de

Monsieur Pujadas,

Je prends acte de votre réponse dont j’apprécie la clarté.

Ne pas avoir de «convictions arrêtées» sur le sujet n’implique pas d’éviter de susciter des échanges entre intervenants de tous bords. Mon point de vue est «respectable [?] Il reste un point de vue… comme d’autres», dites-vous ? Mais pourquoi, puisque vous n’avez pas de convictions arrêtées, n’est-il jamais représenté dans le panel de personnes soumises à vos interviews répétées ? Ne le pensez-vous pas partagé par un échantillon non négligeable, de la population en France, des sans-voix des déplacés et des millions d’exilés de Syrie ?
Je n’ai jamais vu dans vos débats des autorités morales, qui sans sombrer dans «la théorie du complot» rappelleraient le plan Oded Yinon de 1982, repris par l’Administration américaine de Georges W. Bush, qui a fait le choix délibéré de provoquer l’embrasement du Monde arabo-musulman pour modifier la carte géopolitique du Proche et du Moyen-Orient après le 11 septembre.

Pointer les causes, et il y en a d’autres, de la violence faite aux populations dans cette partie du monde, permettrait de mieux comprendre l’acharnement des manipulateurs, des prédateurs et des pilleurs.

Je n’ai jamais vu, ni entendu, des spécialistes recadrant «l’attaque de la Ghouta», qui a donné lieu à des milliers d’heures d’antenne et révélant, après le M.I.T. (Massachusetts Institute of Technology) et la diplomatie russe, les vraies responsabilités dans ce carnage.

Les invités que vous évoquez, Monsieur, sont dans le même consensus idéologique, vous le savez bien. Ce que nous attendons de vous, journalistes patentés, c’est de nous proposer des lectures différentes voire totalement opposées de ces événements, et non pas des postures pour prouver l’évidence de faits douteux et de suppositions hasardeuses dans la droite ligne de toute la diplomatie française. La présence de BHL à votre émission, un philosophe qui a contribué à semer le chaos en Libye et en Syrie, paraissait pour beaucoup de mes compatriotes comme une provocation stérile.

Mais de qui en fait, et de quoi avez-vous peur, pour vous autocensurer de la sorte? Vous auriez l’estime de tous ceux pour qui vérité et justice sont indissociables, pour qui le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes est inaliénable. Loin de cette classe politique que nous rejetons et à laquelle les médias semblent soudés… comme les sondages l’indiquent.

Dans l’attente de vos prochaines émissions, je crois, Monsieur, en l’intérêt de cet échange sincère, et je vous assure de mes sentiments confraternels.

Jean Claude Antakli

 

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