Deux journalistes néerlandais arrêtés en lien avec le crash du MH-17


Leur matériel a été confisqué après qu’ils sont revenus du Donbass où ils enquêtaient sur le crash du MH17


Deux journalistes néerlandais, Michel Spekkers et Stefan Beck, ont été arrêtés par la police néerlandaise à leur retour à Amsterdam après un voyage professionnel dans les Républiques populaires du Donbass. Les journalistes, qui avaient reçu des accréditations officielles, ont rassemblé pendant une semaine des informations sur le crash du MH17 qui a eu lieu en 2014, et ont fait d’autres enregistrements documentaires sur la vie dans les Républiques populaires de Donetsk et de Lougansk.

L’agence officielle d’information dans le Donbass DONi News confirme l’information selon laquelle Spekkers et Beck avaient des documents valides et un soutien officiel pour mener leur travail journalistique d’investigation dans les Républiques populaires de Donetsk et Lougansk. Ils ont aussi réalisé une interview du directeur de DONi News, Janus Putkonen, alors qu’ils visitaient Donetsk pendant les congés du Nouvel An.

Tout l’équipement, le matériel personnel et professionnel, les cartes mémoires des PC portables, téléphones et caméras ont été confisqués aux journalistes par les officiers de sécurité néerlandais immédiatement après leur arrivée. Ils ont été informés qu’« un tel matériel documentaire sur le dossier du MH17 est illégal ».

« Le NJV (Syndicat des journalistes néerlandais) a réussir à faire sceller les données. Cela signifie que sans une décision judiciaire il est impossible à la police d’accéder au matériel. Néanmoins, ce que la Cour décidera n’est pas encore clair », a déclaré Stefan Beck à l’agence DONi News lundi.

Tout le matériel collecté par Michel Spekkers et Stefan Beck à propos du crash du MH17 dans le Donbass, et d’autres enregistrements, comme des micro-trottoirs, ont été confisqués par la police à leur arrivée aux Pays-Bas a déclaré Beck.

« J’espère que la discussion se tournera vers ce qui doit être débattu : que l’enquête néerlandaise sur le MH17 a négligé de récupérer du matériel, même quand il est facilement accessible. Et que le Ministère public a donné de faux arguments concernant la raison pour laquelle l’enquête ne peut pas se poursuivre sur place : la zone où le MH17 s’est écrasé n’est pas dangereuse, contrairement à ce qu’il veut faire croire aux étrangers », a souligné Beck à l’agence DONi News.

Le Ministère public (OM) prétend qu’il ne pouvait pas récupérer ce matériel parce que la région où l’avion s’est écrasé est trop dangereuse. « Néanmoins, lors de notre séjour sur place nous avons pu constater que ce n’est pas le cas », a déclaré Beck. « Un autre argument de l’OM est de dire qu’il est impossible de rassembler tout les morceaux du fuselage car ceux-ci sont éparpillés sur une trop grande surface. Et qu’il serait donc impossible de tous les trouver. C’est un argument valide, néanmoins l’OM a aussi négligé de récupérer le matériel qui est rassemblé dans les entrepôts, » a-t-il poursuivi.

« Le raisonnement incorrect de l’OM et la confiscation du matériel (y compris le matériel photo), suscite le doute quand à la vérifiabilité et la fiabilité de l’enquête », a déclaré Beck.

Le matériel documentaire sur le MH17 « illégal » ?

Les services de police des Pays-Bas n’ont pas réussi à expliquer la raison de la confiscation du matériel journalistique sur la tragédie du Boeing malaisien MH17, a déclaré à Rossiiskaya Gazeta l’un des reporters détenus par la police à l’aéroport d’Amsterdam, Michel Spekkers, qui venait tout juste de revenir du Donbass.

« La police a déclaré aux médias que mes actions – j’ai rassemblé et ramené avec moi des objets venant du site du crash du MH17 – étaient illégales. Mais ils n’ont pas expliqué pourquoi c’était illégal, a déclaré Michel Spekkers à RG. On m’a seulement dit : c‘est illégal, c’est interdit. Mais lorsque je leur ai demandé de me préciser l’article de loi dans lequel cest indiqué, ils n’ont pas répondu. Et rien n’a été dit à ce sujet jusqu’ici », a-t-il ajouté.

Le journaliste néerlandais a déclaré qu’il allait protéger ses droits et insister sur le retour du matériel collecté dans le Donbass. « Nous avons l’intention de protéger nos droits », a souligné Spekkers.

« La nuit dernière, nous avons réussi à obtenir avec l’aide du syndicat des journalistes néerlandais un blocage de l’accès à l’information que nous avons rassemblé. Cela signifie que la police n’a pas le droit de toucher le matériel, ni de l’examiner sans une permission spéciale. Mais, avant cela, ils ont pu accéder librement au matériel collecté pendant plusieurs heures. Aussi, nous ne pouvons que deviner ce qui s’est passé pendant ces heures », a déclaré Spekkers à RG.

Commentaire du directeur de DONi NEWS à Rossiiskaya Gazeta (RG)

Le directeur de l’agence d’information internationale du Donbass DONi, Janus Putkonen, qui a accompagné les journalistes néerlandais pendant leur séjour dans le Donbass, a décrit au journaliste de RG à quel point le matériel récolté près de Donetsk sur les circonstances du crash de l’avion de passagers malaisien était unique :

« Les journalistes Stefan Beck et Michel Spekkers ont passé environ une semaine dans le Donbass. Ils avaient obtenu à l’avance toutes les accréditations nécessaire pour travailler comme journalistes sur le territoire des Républiques populaires de Donetsk et Lougansk, en conformité avec la procédure établie », a déclaré Putkonen à Rossiiskaya Gazeta lundi.

« Beck et Spekkers sont des reporters célèbres en Europe. Ils ont fait un nombre impressionnant de reportages et de programmes d’analyse. Je tiens à souligner que les deux Néerlandais parlent russe. Dans le Donbass ils n’ont pratiquement pas eu besoin d’aide et ont travaillé de manière indépendante : ils sont entrés en contact avec les personnes qu’il leur fallait, se sont déplacés librement dans la région et ont pu communiquer avec leurs interlocuteurs dans traducteur », a déclaré Putkonen.

Lors de leur séjour en RPD et RPL, les Néerlandais étaient accompagnés du journaliste britannique Graham Phillips qu’ils connaissaient bien et considéraient comme une personne digne de confiance.

« Personne n’a contrôlé Beck et Spekkers dans le Donbass, et aucun reportage précis n’était exigé. Je sais que depuis le tout début du séjour ils avaient prévu de visiter le site du crash de l’avion de la Malaysian Airlines, de parler aux témoins oculaires de l’accident et à ceux qui ont travaillé sur les lieux de la tragédie. Leur intérêt est assez clair : le crash qui a eu lieu le 17 juillet 2014 près de Donetsk, dont la majorité des passagers à bord étaient des résidents des Pays-Bas, continue de perturber la société néerlandaise. L’enquête sur les causes de la tragédie n’est toujours pas terminée et les gens en savent peu à ce sujet », a déclaré le directeur de l’agence DONi.

« Beck et Spekkers voulaient donner de nouveaux détails au public et se sont rendus dans le Donbass particulièrement dans ce but. Ils ont rencontré toutes les personnes avec lesquelles ils voulaient parler. Ils ont principalement parlé non à des officiels, mais aux témoins oculaires et aux secouristes qui ont travaillé sur le site du crash, c’est-à-dire ceux qui ont touché les fragments de l’avion de leurs propres mains et vu les corps des passagers décédés de leurs propres yeux », a déclaré Putkonen.

« J’ai aussi été interviewé par les Néerlandais au sujet du crash de l’avion. Je leur ai parlé de la guerre de l’information menée par l’Occident, ainsi que la couverture sans scrupules et déshonorante que les médias européens avaient faite des circonstances de la tragédie arrivée à l’avion malaisien près de Donetsk. Les journalistes soulevaient des questions sensibles. Ils s’intéressaient à l’opinion des résidents du Donbass concernant l’enquête sur les cause du crash. Ils ont rassemblé une quantité impressionnante d’enregistrements photo et vidéo, ainsi que des données analytiques et des interviews. Je ne sais pas de manière sûre ce que contiennent ces enregistrements. Nous ne contrôlons pas le travail des journalistes. Nous les aidons seulement et les assistons afin qu’ils puissent faire leur travail », a souligné Putkonen.

« Avant de rentrer chez eux, les Néerlandais semblaient assez satisfaits du travail accompli lors de leur séjour et ont quitté le Donbass en toute sécurité avec leurs bagages, a-t-il poursuivi. Tous étaient choqués à Donetsk par la nouvelle que les autorités néerlandaises avaient arrêté Beck et Spekkers et confisqué toutes leurs vidéos et autres matériels journalistiques. »

Janus Putkonen

Agence DONi News / Traduction depuis l’anglais par Christelle Néant

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