Critique du dernier livre du Saker US, suivie d’informations diverses sur la communauté Saker

Préambule concernant l'ouvrage

Voici rassemblés quelques-uns des articles essentiels écrits par le Saker sur son blog. Même s'ils portent sur des sujets aussi divers que l'histoire, la politique, la religion, les affaires militaires, les problèmes sociaux, ils ont tous un dénominateur commun : l'affrontement direct et total entre le monde occidental et ce que le Saker appelle le «monde de la civilisation russe». La plupart des Russes, surtout lorsqu'ils s'adressent à un public occidental, se sentent obligés d'utiliser un langage diplomatique et non conflictuel. En revanche, le style du Saker est informel, presque de la conversation familière, mais aussi direct, et même parfois cru. Il est pleinement conscient que ses opinions pourraient offenser certains de ses lecteurs, mais il croit qu'il y aura aussi parmi eux un plus grand nombre qui appréciera une honnête, et surtout sincère critique de ce que le Saker appelle l'«Empire anglo-sioniste». Le lecteur attentif remarquera toutefois que les critiques du Saker sont toujours adressées à un système politique, à ses institutions constituantes et aux idéologies qui les fondent, mais jamais aux personnes, aux nations ni aux ethnies. En fait, le Saker soutient avec force une Russie multi-culturelle, multi-ethnique et multi-religieuse qui serait entièrement intégrée dans un monde multi-polaire inspiré par la diversité amicale des pays composant le BRICS. La vision du monde sous-jacente est un rejet catégorique de toutes les idéologies et la conviction profonde que la racine de tout le mal ainsi que la clé pour le vaincre relève toujours fondamentalement du domaine de la spiritualité.

Par Patrick Armstrong – Le 17 novembre 2015 – Source thesaker.is

Comme des milliers d’autres personnes, j’ai découvert le Saker au début du désastre ukrainien et j’ai rapidement ajouté son site à ma liste de lectures essentielles. Ses analyses sont parmi les plus fines que l’on puisse trouver sur l’Internet. Elles font l’importance de cette source.

Travaillant jadis pour les services de renseignement occidentaux, il a été écœuré par la succession de guerres et de changements de régime, présentés à l’unanimité par les principaux médias comme étant une réponse à des atrocités qui se sont plus tard révélées largement exagérées, si ce n’est entièrement fausses. Pendant longtemps, il se sentait seul [et inutile] – un «sous-marin dans un désert» – et ce n’est qu’avec l’explosion du nombre des lecteurs de son blog qu’il a réalisé qu’il y a bien d’autres sous-marins échoués. L’Internet est en fait très libérateur – peu importe à quel point la voix des médias vous assomme avec sa propagande, selon la ligne du parti – vous n’êtes pas tout seul. À titre d’illustration, j’invite le lecteur à rechercher des images Google sur le thème de la liberté de la démocratie : beaucoup de sous-marins savent qu’on leur ment. Le Saker est une des forces qui incite les penseurs dissidents à sortir de leur isolement. Il comprend ce qui nous maintient à l’œuvre, nous, écrivains bénévoles : «Oui, définitivement, la vérité libère. Elle est le plus puissant démolisseur d’empire qui ait jamais été inventé. Elle a fait tomber l’URSS comme elle fera aussi tomber les Anglo-sionistes. Ce n’est plus maintenant qu’une question de temps.»

Une des choses qui m’a troublé lorsque j’ai commencé à lire Le Saker est son utilisation de l’expression «anglo-sioniste». Oh oh, me suis-je dit : qu’est-ce que c’est que ça ? Les sages de Sion et les francs-maçons s’unissent pour enfanter des lézardoïdes ? D’autres personnes ayant éprouvé les mêmes difficultés, il a finalement écrit un texte pour expliquer ce qu’il entendait par cette expression «anglo-sioniste» (Partie IV). Je pense qu’elle signifie «exceptionnalisme à vocation suprématiste», le genre de conviction que, d’un côté, il y a les États ordinaires, non-exceptionnels, et de l’autre, l’État pur, l’État exceptionnel [du style La Cité sur la Colline ou Le phare de l’Humanité]. On trouve un parfait et indéniable exemple de fervent exceptionnalisme dans cette citation de Dick et Liz Cheney : «Nos enfants ont besoin de savoir qu’ils sont des citoyens de la nation la meilleure, la plus honorable et la plus puissante de toute l’histoire de l’humanité, une nation exceptionnelle». Voilà pour la partie anglo de l’expression du Saker ; l’autre nation exceptionnelle est la seule démocratie du Moyen-Orient [le peuple élu]. En raison de leur vertu d’excellence exceptionnelle, les États-Unis et Israël ne sont pas soumis aux règles applicables aux autres pays dits ordinaires. Lorsque des nations exceptionnelles bombardent un hôpital pendant une demi-heure, c’est une erreur tragique qui peut être rapidement pardonnée en raison de la pureté de l’intention du bombardement. Les autres pays, de moindre importance, bombardent les hôpitaux parce que c’est leur façon [barbare] de faire. Si cette expression d’anglo-sioniste vous offense (ce qui m’est indifférent), je vous recommande de la remplacer mentalement par exceptionnaliste ; vous pouvez aussi préférer néo-conservateurs, là où les deux exceptionnalismes se rencontrent et fusionnent en un seul.

Cela nous amène à ce thème important, sur lequel repose l’essentiel du livre : «Pour le meilleur ou pour le pire, la Russie est objectivement le leader incontesté de la résistance du monde à l’Empire anglo-sioniste». Comment cette situation est-elle apparue ? Voila ce qui forme l’essentiel de l’ouvrage. Il ne s’agit certainement pas de quelque chose voulu par quelqu’un à Moscou, cette situation est tout simplement apparue quand Moscou a décidé que trop c’est trop et a constaté jusqu’où ça risquait d’aller.

La riposte de Moscou a commencé en 2008. Je vous suggère de commencer votre lecture par son chapitre sur la guerre en Ossétie (Partie III). C’est le Saker du début, pas un grand admirateur de Poutine, mais les points clés de sa pensée sont là. L’ensemble États-Unis/OTAN/UE tentait de rabaisser la Russie ; la Russie en a eu assez et a commencé à se rebiffer en Ossétie ; la Russie est dans une position beaucoup plus forte que ce qu’ils pensent.

Le Saker pense – et je suis d’accord – que le désordre ukrainien marque le début de la fin de l’empire des exceptionnalistes. Il résume: «En conclusion, et pour dire les choses simplement : ce que les Anglo-sionistes défendent ouvertement et publiquement en Ukraine est l’opposé exact de ce qu’ils prétendent défendre.» L’hypocrisie les perdra : «Ce qui a vraiment fait tomber l’Union soviétique était tout autre chose : une dissonance cognitive insupportable ou, pour le dire plus simplement, un sens prédominant d’hypocrisie totale.» Il a raison. Faites à nouveau une recherche Google. Les gens le voient.

La Russie a déjoué les exceptionnalistes : «Ainsi les États-Unis sont dans une situation perdant-perdant : ils ne peuvent ni menacer la Russie et chercher la domination du monde, ni abandonner la domination du monde et espérer ensuite menacer la Russie». Peu de gens auraient pu écrire cela en 2008. Et, même actuellement, il y a encore très peu de gens qui comprennent cette vérité.

Le Saker n’est pas infaillible (mais qui l’est ? Washington ? Bruxelles ? Les agences de renseignement occidentales ?) En voici un exemple: «Une dernière chose : l’idée que les Russes pourraient en quelque sorte protéger la Syrie ou s’opposer utilement aux plans USA/OTAN est ridicule.» Lui, moi, nous, mais surtout Washington et Bruxelles, sous-estiment en permanence l’habileté et le calme de Poutine et de son équipe.

Je ne vais pas tenter de résumer le livre : il fait près de 200.000 mots (la longueur de deux thèses de doctorat) ; je n’ai pas mentionné les essais sur la Russie et l’islam par lesquels débute l’ensemble. Je n’ai pas mentionné non plus son évaluation des luttes de pouvoir au sein du gouvernement russe, ni tout ce qu’il dit à propos de l’Ukraine.

Beaucoup de collections d’essais deviennent ennuyeuses parce qu’elles répètent toutes la même chose, encore et encore. Le Saker Essential est une exception; il a beaucoup réfléchi sur bien des sujets, principalement liés à la Russie – mais c’est un sujet important – qui sont tous dignes de considération. Ce n’est pas un livre à lire d’un trait. Alors, lisez un essai ou deux et prenez le temps de réfléchir. La matière ne manque pas.

Dr Johnson a dit: «Aucun homme, sauf un imbécile, n’a jamais écrit pour autre chose que de l’argent» ; aujourd’hui, il inclurait sans doute les pages web. Eh bien, le Saker a ses pages web, il est temps maintenant de lui donner un peu d’argent. Achetez son livre ; vous ne serez pas déçu : il y en a plus sur ce qui se passe vraiment que dans les dix dernières années de numéros du New York Times et de The Economist réunis. Et, bien sûr, n’oubliez pas de mettre son blog http://thesaker.is/ en favori et de le lire assidûment [ainsi que celui du Saker Francophone, où vous êtes maintenant].

Un trait pour finir : «Quant à Obama, il va entrer dans l’histoire comme le pire de tous les présidents américains. À part le prochain, bien sûr.»

The Essential Saker (ISBN 978-1608880584) est disponible sur Amazon.com (en imprimé et ebook).

Informations complémentaires

Quelques commentaires de fans du Saker US

Gilad Atzmon, musicien de jazz et philosophe :

Quand dire la vérité devient un effort nostalgique, sa recherche devient une aventure héroïque. Le Saker vous guidera à travers les brumes de la dissimulation et de la désinformation.

Paul Craig Roberts, ex-assistant du Secrétaire au Trésor US chargé des politiques économiques dans l’administration Reagan. Il est auteur d’une douzaine de livres sur la politique contemporaine.

Le Saker fournit des faits et des analyses qui sont une antidote à la propagande anti-russe qui prévaut à l’Ouest.

Peter Lavelle, invité de l’émission phare de Russia Today «CrossTalk» :

La lecture du Saker est essentielle – c’est dans cet espace médiatique que l’on peut discerner les vraies tranchées et les lignes de front dans la gigantesque guerre de l’information d’aujourd’hui. Je ne lis pas le Saker uniquement pour les faits évoqués – qui sont vérifiés et toujours pertinents dans le contexte – mais aussi pour son attitude morale rigoureuse dans l’approche de la géopolitique. Il s’agit non seulement d’une bonne lecture mais aussi d’une façon de regarder le monde. Autrement dit : c’est une information armée et blindée qui frappe droit au but !

La communauté des Saker est la seule communauté internationale et multilingue de blogs. Elle réunit :

  • Huit blogs : Saker US, français, russe, océanien, latino-américain, italien, allemand, serbe.
  • Écrits en sept langues : anglais, russe, français, allemand, espagnol, italien, serbe.
  • sur quatre continents (nord et sud-américain, Europe, Asie, Océanie)
  • avec quatre chaînes YouTube (Saker US, Océanie, France, Italie)

Le blog principal du Saker US et celui du Saker Francophone ont chacun plus d’un million de pages vues par mois. Nous avons actuellement environ cent bénévoles, y compris des traducteurs professionnels. Nous collaborons avec tous les principaux blogs de langue anglaise sur la Russie et l’Ukraine. Nos articles sont souvent issus de Russia Insider, Asia Times, Russia Today, ICH, CounterPunch, et de nombreuses autres sources d’information; notre travail a été cité par Paul Craig Roberts, Sheikh Imran Hosein, Pepe Escobar et beaucoup d’autres.

2015-09-15_13h17_31Le Saker est né dans une famille de militaires Russes Blancs réfugiés en Europe occidentale pendant la révolution russe où il a vécu la majeure partie de sa vie. Après avoir terminé deux cursus de diplôme d'études collégiales aux États-Unis, il est retourné en Europe où il a travaillé comme analyste militaire jusqu'à ce qu'il perde son poste en raison de sa vive opposition aux guerres engagées par l'Ouest en Tchétchénie, en Croatie, en Bosnie et au Kosovo. Après une nouvelle formation d'ingénieur informaticien, il a déménagé en Floride où il vit maintenant avec sa femme vétérinaire et leurs trois enfants. Quand il ne blogue pas ou n'assiste pas sa femme au travail, il aime explorer la campagne de Floride à pied, en VTT et en kayak, ou jouer de la guitare de jazz acoustique.

Traduit par Claude, édité par jj, relu par Literato pour le Saker Francophone

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