Coup de torchon…


… effacer l’histoire, la diplomatie, la vérité… et la vie sur terre


Par Paul Craig Roberts – Le 9 octobre 2018 – Source paulcraigroberts.org

2015-12-23_11h07_45-150x150L’une des raisons de l’échec des pays tient au fait que la mémoire collective est continuellement détruite à mesure que les générations les plus âgées disparaissent et sont remplacées par de nouvelles qui sont déconnectées de ce qui existait auparavant.

À l’origine, la coupure était gérée par l’histoire et par les discussions autour des tables familiales. Par exemple, quand j’étais enfant, il y avait encore des grands-parents dont les pères s’étaient battus pour la Confédération. Ils n’avaient pas d’esclaves et ne possédaient pas de plantations. Ils se sont battus parce que leurs terres avaient été envahies par les armées de Lincoln. Aujourd’hui, si les familles du Sud connaissent encore les faits, elles protégeront leurs enfants en ne leur disant rien. Pouvez-vous imaginer ce qui arriverait à un enfant dans une école publique s’il racontait ces faits ?

Frustré par l’incapacité de l’armée de l’Union à vaincre l’armée du Nord de la Virginie dirigée par Robert E. Lee, diplômé de West Point, Lincoln recourut aux criminels de guerre. Les généraux Sherman et Sherridan, opérant sous le commandement du général Grant, alcoolique notoire, sont les premiers criminels de guerre modernes car ils ont mené une guerre contre des civils, femmes et enfants, saccageant leurs maisons et leurs réserves de nourriture. Lincoln était tellement en décalage avec la morale commune qu’il a dû faire arrêter et emprisonner trois cent rédacteurs en chef de journaux du Nord, et exiler un membre du Congrès américain, afin de pouvoir mener sa guerre pour l’Empire.

Aujourd’hui, cette histoire est en grande partie oubliée. Les historiens courtisans ont enterré la vérité avec la fable voulant que Lincoln soit parti en guerre pour libérer les esclaves. Ce non-sens ignorant est aujourd’hui l’histoire officielle de la guerre civile, qui n’était certainement pas une guerre civile [en France; on l’appelle, à juste titre, guerre de sécession, NdT].

Une guerre civile se produit lorsque deux parties se battent pour le contrôle du gouvernement. La Confédération était un nouveau pays composé des États qui ont fait sécession. Très certainement, les soldats confédérés ne se battaient pas plus pour le contrôle du gouvernement à Washington que pour protéger l’investissement des propriétaires de plantations.

La mémoire est perdue lorsque des faits historiques sont jetés aux oubliettes.

Alors, qu’est-ce que cela a à voir avec la leçon d’aujourd’hui ? Plus que le simple fait que l’histoire soit effacée avec le temps qui passe, la culture, la morale et le bon sens peuvent aussi disparaître avec la diplomatie qui en dépend.

De même que la jeune génération, qui a vécu les menaces proférées autour d’elle à l’endroit des monuments de la confédération commémorant la guerre, et des noms des rues – Atlanta vient d’abolir l’historique Confederate Avenue et l’a remplacée par United Avenue – à l’endroit des hommes blancs qui, s’ils sont hétérosexuels, ont été redéfinis par l’Identité, à l’endroit des politiciens requalifiés en violeurs, racistes et misogynes, ainsi que contre d’éminents scientifiques qui affirment, en fait, qu’il existe des différences innées entre les hommes et les femmes, etc., cette jeune génération, pourrait penser qu’il est naturel que de hauts responsables du gouvernement des États-Unis profèrent des menaces de guerre imminentes contre la Russie, la Chine, l’Iran et le Venezuela.

Un homme de ma génération sait que ces menaces sont sans précédent, non seulement pour le gouvernement américain, mais aussi dans l’histoire mondiale. La folle ambassadrice du président Trump auprès de l’OTAN, Kay Bailey Hutchison, a menacé de “supprimer les missiles russes”. La folle ambassadrice du président Trump à l’ONU, Nikki Hailey, a lancé d’innombrables menaces, aussi vite qu’elle peut les déblatérer, contre des alliés des États-Unis ainsi que contre des pays puissants qu’elle désigne comme des ennemis. Le conseiller cinglé de Trump en matière de sécurité nationale, John Bolton, rivalise avec la débile Haley dans ses nombreuses menaces. Le secrétaire d’État de Trump, Pompeo, crache les meilleures de toutes les menaces. Tout comme le New York Times et le Washington Post. Même un humble secrétaire au ministère de l’Intérieur assume la prérogative de dire à la Russie que les États-Unis interdiront de navigationles navires de la marine russe [pour empêcher ce pays de vendre ses hydrocarbures].

Selon vous, quelles seraient les conséquences si les Russes, les Chinois et les Iraniens prenaient ces menaces au sérieux ? Les guerres mondiales ont commencé pour beaucoup moins que cela. Pourtant, personne ne proteste contre ces fonctionnaires dérangés du gouvernement américain qui font tout ce qui est en leur pouvoir pour convaincre la Russie et la Chine qu’ils sont, sans discussion possible, les pires ennemis de l’Amérique. Si vous étiez la Russie ou la Chine, comment réagiriez-vous à cela ?

Le professeur Stephen Cohen, qui, comme moi, se souvient de l’époque où le gouvernement des États-Unis avait une tradition diplomatique bien établie est aussi troublé que moi que la décision de Washington de jeter la diplomatie aux oubliettes, et la remplacer par des menaces de guerre, nous tuera tous.

Paul Craig Roberts

Traduit par jj, relu par Diane pour le Saker Francophone

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