Par le Saker Original – Le 6 juillet 2015 – Source thesaker.is
Bon, maintenant que nous avons tous célébré la belle victoire grecque du NON! à la ploutocratie de l’UE, il faut revenir sur terre et regarder quelles sont les options de l’Empire. Ou, en fait, le seul choix de l’Empire.
L’Empire est extrêmement prévisible. L’exemple de la Grèce est un cas d’école de la façon dont l’Empire utilise les banques pour soumettre un pays par la dette, créer une classe dirigeante prédatrice, tourner les médias nationaux en instrument de propagande impériale et tenter de stopper complètement tout processus démocratique en ne traitant qu’avec la classe dirigeante stipendiée et corrompue. Par un quasi miracle cette dernière phase a échoué dans le cas de la Grèce.
Je pourrais me tromper, mais mon sentiment est que l’Empire n’a jamais pris Syriza très au sérieux ou, s’il l’a fait, il l’a fait trop tard. Quant à Tsipras et Varoufakis, ils ont probablement été autant surpris que le reste d’entre nous quand ils ont soudainement été surclassés de la direction d’un parti représentant 5% des électeurs à la direction de l’ensemble de la nation grecque.
J’ai aussi le sentiment que ni Tsirpas ni Varoufakis n’attendaient vraiment le tsunami qu’ils ont déchaîné avec ce référendum. Mais quel que soit le cas, ce qui est fait est fait, sous le regard absolument horrifié la Secte des bureaucrates de l’UE, le peuple grec a parlé et maintenant l’Empire n’a plus qu’une seule option : coopter ou renverser le gouvernement grec, selon ce qui fonctionnera le mieux.
Mon sentiment strictement personnel est qu’il est trop tard pour coopter le gouvernement. En outre, à la fois Tsipras et Varoufakis sont devenus des personnages tellement détestés par la Secte des eurobureaucrates que le renversement sera probablement l’option préférée.
Apparemment, ce processus est déjà en cours. Varoufakis qui , pas plus tard qu’hier disait à un journaliste “vous devrez faire avec moi” , a d’ores et déjà démissionné. Quant à Tsipras, il semble mendier pour des négociations. Je souhaite me tromper, mais je suis très déçu par ce que j’ai vu jusqu’ici.
Maintenant, une autre révolution de couleur à venir ?
L’exemple de Kadhafi montre clairement qu’un leader national peut totalement rouler pour les impériaux et se soumettre à eux et, malgré tout, être renversé. Ma conjecture est qu’aucun concession de la part de Tripras ne sera suffisante pour le maintenir au pouvoir. Il a humilié la Secte et ils ne lui pardonneront jamais. La seule solution logique pour l’Empire est maintenant de faire un exemple de la Grèce.
Peu importe ce que, la Grèce fera face à des temps extrêmement difficiles, à la fois politiquement et économiquement. Nous avons vu récemment comment un pays – dans ce cas, l’Arménie – peut être facilement puni pour avoir osé désobéir aux diktats impériaux. Je pense que la Grèce est maintenant un pays beaucoup plus faible et fragile. Premièrement, les Allemands et les Américains gèrent et même possèdent plus ou moins déjà les lieux. Deuxièmement, un bon tiers du pays était disposé à accepter les termes de l’ultimatum de la ploutocratie transnationale. Troisièmement, la Grèce est entourée par l’Otan et l’instabilité de tous les côtés. Quatrièmement, tous les médias du pays sont détenus par les supplétifs de l’Empire. Cinquièmement, la Grèce manque de ressources naturelles et d’un bon marché extérieur hors de l’UE.
Contrairement à d’autres, je ne crains pas trop l’armée grecque. Oui, elle est généralement du côté des élites prédatrices, mais la dernière chose que l’UE veut est encore une autre junte militaire fasciste au pouvoir dans un pays de l’UE. En outre, la réaction du peuple grec à un coup d’état manifeste peut être très imprévisible.
Je pense que le scénario prochain le plus probable est l’irruption d’un Maidan grec, suivie par les accusations de brutalité policière et tout le reste du scénario typique de révolution de couleur. À la fin de la journée, ce qui se passera dépendra largement de l’attitude de Tsipras et de son parti : s’ils cherchent à apaiser la Secte des eurobureaucrates, s’ils offrent des concessions infinies et s’ils agissent comme des fidèles patriotes de l’UE, ils seront écrasés. Mais s’ils font appel directement au peuple grec pour lui expliquer qu’il s’agit d’une lutte pour la libération nationale et qu’ils ont besoin du soutien, de l’aide et de la protection du peuple, alors ils pourraient bien l’emporter, surtout s’ils ont choisi de se libérer de la zone euro et de se tourner vers l’Union économique eurasienne et la Chine pour leur soutien économique. Je souhaite que je me trompe, mais je ne vois pas Tsipras oser faire quelque chose d’aussi audacieux.
Voilà pourquoi je prédis une révolution de couleur à suivre.
Nous le serons tous bien assez tôt.
Le Saker
Traduit par jj, relu par Diane pour le Saker Francophone