Par Moon of Alabama – Le 12 janvier 2022
Les négociations de lundi entre les États-Unis et la Russie sur les demandes de sécurité de la Russie ont été, comme prévu, un échec.
La principale demande de la Russie, à savoir mettre fin à la poussée de l’OTAN vers ses frontières en excluant l’adhésion de l’Ukraine et de la Géorgie, a été rejetée. Un article du NYT, pour une fois réaliste, n’a même pas essayé de cacher le désastre :
Les pourparlers sur l’Ukraine. Les États-Unis et la Russie bloquent sur l’expansion de l’OTAN.
Le vice-ministre des affaires étrangères, Sergei A. Ryabkov, principal négociateur de la Russie, a insisté après la réunion sur le fait qu’il était « absolument obligatoire » que l’Ukraine ne devienne « jamais, ô grand jamais, » membre de l’OTAN.
Son homologue américaine, la secrétaire d’État adjointe Wendy Sherman, a répété que les États-Unis ne pourraient jamais prendre un tel engagement car « nous ne permettrons à personne de claquer la politique de la porte ouverte de l’OTAN », et elle a déclaré que les États-Unis et leurs alliés ne resteraient pas inactifs si la Russie cherchait à modifier les frontières internationales « par la force ».
La discussion d’aujourd’hui entre tous les membres de l’OTAN et la Russie à Bruxelles a eu des résultats similaires. Les demandes essentielles de la Russie ont été rejetées et un tas de choses avec lesquelles l’OTAN aimerait limiter les avantages de la Russie ont été proposées pour détourner l’attention des questions essentielles.
Comme l’a résumé le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg :
La Russie a soulevé aujourd’hui les propositions qu’elle a publiées en décembre et qui visent à répondre à ses préoccupations en matière de sécurité. Elle demande notamment de ne plus admettre de nouveaux membres à l’OTAN. Et de retirer ses forces des alliés de l’Est. De leur côté, les Alliés ont réaffirmé la politique de la porte ouverte de l’OTAN. Et le droit pour chaque nation de choisir ses propres critères de sécurité.
Bon d’accord. La Russie va certainement choisir ses propres critères de sécurité. Et l’OTAN ne les appréciera pas.
La liste de souhaits de l’OTAN pour les discussions futures comprend ces points :
Les Alliés aimeraient discuter des moyens concrets d’accroître la transparence des exercices militaires, de prévenir les incidents militaires dangereux et de réduire les menaces spatiales et cybernétiques. Les Alliés ont également proposé d’examiner la maîtrise des armements, le désarmement et la non-prolifération. Notamment pour aborder les limitations réciproques des missiles et les politiques nucléaires. En ce qui concerne les lignes de communication, les Alliés souhaitent étudier les moyens d’améliorer les canaux de communication civils et militaires, et la possibilité de rétablir nos bureaux respectifs à Moscou et à Bruxelles.
Aucune de ces mesures n’est prioritaire pour la Russie et, comme elle ne manquera pas de le faire remarquer, c’est l’OTAN qui, en octobre, a pris l’initiative de rompre les canaux de communication civils et militaires en expulsant huit membres de la mission russe auprès de l’OTAN, à Bruxelles.
L’alliance a également réduit de moitié la taille de la mission russe auprès de l’OTAN, dont le siège est à Bruxelles, passant de vingt à dix postes accrédités – les huit fonctionnaires russes expulsés plus deux autres postes qui seront désormais supprimés.
La Russie a réagi à ce comportement scandaleux en fermant son poste à Bruxelles.
Après la réunion d’aujourd’hui, la secrétaire d’État adjointe Wendy Sherman a ajouté une nouvelle exigence américaine à sa liste :
Mme Sherman, numéro deux du département d’État qui dirige la délégation américaine lors de réunions distinctes en Europe cette semaine, a déclaré que la réunion OTAN-Russie s’était terminée par « un défi sobre » lancé à la Russie « pour qu’elle n’aggrave pas les tensions, qu’elle choisisse la voie de la diplomatie, qu’elle continue à s’engager dans un dialogue honnête et réciproque afin qu’ensemble nous puissions trouver des solutions qui renforcent la sécurité de tous ».
Le secrétaire adjoint a déclaré que la délégation russe n’a ni pris d’engagement, ni rejeté les offres de l’OTAN concernant des discussions de suivi. La délégation n’a pas non plus pris l’engagement de procéder à une désescalade, a dit M. Sherman, mais il a ajouté qu’elle n’a pas rejeté la désescalade.
« Les actions de la Russie ont provoqué cette crise et c’est à la Russie de désescalader les tensions et de donner à la diplomatie la chance de réussir…. Il n’y a eu aucun engagement de désescalade. Il n’y a pas eu non plus de déclaration selon laquelle il n’y en aurait pas. »
Il n’y a rien à désescalader. Un certain nombre de troupes russes stationnées en Russie sont là pour surveiller les frontières russes. Ils l’ont toujours fait et continueront à le faire. Ce sont les États-Unis, et non la Russie, qui exagèrent leur nombre, aujourd’hui avec des « hélicoptères supplémentaires » que personne n’a vus :
Bien que les mouvements de troupes aient ralenti, il y a encore 100 000 militaires près de la frontière et les Russes y ont maintenant positionné des avions d’attaque supplémentaires, ont déclaré des responsables américains. Les hélicoptères d’attaque et de transport, ainsi que les avions de chasse d’attaque au sol, constitueraient un avantage crucial pour la Russie, si M. Poutine décidait d’envahir l’Ukraine.
Alexander Mercouris souligne (vidéo) que les États-Unis ont déclenché l’affaire actuelle lorsqu’ils ont poussé l’Ukraine, en mars 2021, à relancer une guerre contre ses provinces orientales rebelles du Donbass. La Russie a répondu en mettant rapidement sur pied une force suffisamment importante pour détruire l’armée ukrainienne.
Cela a calmé le problème ukrainien pendant un certain temps, mais les États-Unis et l’OTAN ont continué à faire pression sur la Russie avec des vols de bombardiers près des frontières russes et des navires de guerre dans la mer Noire. Qu’attendaient-ils d’autre qu’une réponse de la Russie ?
Les États-Unis ne peuvent rien faire contre le positionnement des troupes en Russie. Exagérer leur nombre ne fait que renforcer la pression. Les fausses lamentations constantes sur les « renforcements militaires russes » n’aident pas à calmer les choses.
La « désescalade » doit se produire du côté américain. Sinon, ce sera à la Russie de s’engager dans l’escalade. Tel est l’avertissement lancé par le président russe Vladimir Poutine au président américain Joe Biden. Mais il ne semble pas que les États-Unis l’aient compris.
Les négociations sont vouées à l’échec car la partie « occidentale » rejette les principales demandes de la Russie. Les « mesures militaro-techniques » promises seront mises en œuvre en Europe, en Asie et probablement aussi en Amérique latine. Étant donné que la Russie a présenté, au cours de la dernière décennie, un certain nombre de modèles d’armes révolutionnaires, nous pouvons nous attendre à de nouvelles surprises que les États-Unis seront incapables d’égaler.
Le fait est que la Russie est capable de se défendre et de défendre ses alliés contre les attaques militaires et les tentatives de révolution colorée fomentées par les États-Unis, comme au Belarus et au Kazakhstan.
Le fait que les États-Unis n’aiment pas cela n’est pas le problème de la Russie.
Moon of Alabama
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone
Ping : Comme les pourparlers n’ont mené à rien, la Russie va être obligée de réagir | Groupe Gaulliste Sceaux