2 000e article !


sakerCela fait presque seize mois, début janvier 2015, que le site lesakerfrancophone.fr a pris son envol à la suite du site vineyardsaker.fr qui avait commencé en juin 2014 en écho à la guerre civile en Ukraine. Nous publions aujourd’hui notre 2 000e article.

En recherchant la date d’origine de cette aventure, je suis retombé sur un article de dedefensa.org nous concernant, ou plutôt concernant l’ancienne équipe mais que l’on ne renierait pour rien au monde, dont voici un extrait qui cite Claude Roddier, toujours parmi nous, épouse de l’astronome François Roddier :

«Ce qui me frappe est l’efficacité de la coopération lorsqu’elle survient spontanément dans un monde dominé par la compétition. Le Saker a employé le mot de spontaneous self-organization, un mot dont j’entends régulièrement parler par mon mari, François Roddier, dans son blog et dans son livre Thermodynamique de l’évolution. Nous sommes tous deux des astronomes à la retraite et je ressentais ces belles théories de structures dissipatives et de thermodynamique appliquées aux sociétés humaines comme la suite des théories que nous connaissions et appliquions dans notre travail, mais je n’arrivais pas à penser qu’elles étaient toutes prêtes à s’appliquer à notre vie de tous les jours. En fait notre environnement est tel qu’elles s’appliquent parfaitement.»

Un grand merci donc à la 1ère équipe que j’ai intégrée en septembre 2014, à ceux qui ont assuré la transition et aux nouveaux qui en assurent maintenant la vie au quotidien.

Le chaos du monde ne naît pas de l’âme des peuples, des races ou des religions, mais de l’insatiable appétit des puissants. Les humbles veillent.

Nous continuons donc notre petit bonhomme de chemin en gardant à l’esprit ce viatique qui garde sa force et sa vérité. Nous continuons de proposer des traductions qui éclairent les vérités de situation du monde, en espérant qu’elles sont pour vous, amis lecteurs, sources d’inspiration et de connaissances, comme elles le sont pour nous, traducteurs.

Merci donc à vous, compagnons de voyage, qui que vous soyez et où que vous soyez – le nom des abonnés indiquant une très grande diversité culturelle et géographique. Le terme francophone n’a donc jamais été autant d’actualité pour les lecteurs, de Dakar au Sénégal à Québec au Canada, de Brest en Bretagne jusqu’à Tokyo au Japon, ou pour les traducteurs, Belges, Canadiens, Français, Suisses ou Russes.

Nous pouvons enfin remercier tous les auteurs qui produisent les textes originaux, et dont nous ne sommes que les passeurs, et les sites amis, francophones ou non, qui sélectionnent ces textes, les analysent et les diffusent.

 

Le Saker Francophone

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Les Scythes


LA BIBLIOTHÈQUE RUSSE ET SLAVE – LITTÉRATURE RUSSE – Alexandre Blok
(Блок Александр Александрович) 1880 – 1921

LES SCYTHES – 1918

Traduction anonyme parue dans la Revue de Genève, n°15, 1921.

Vous êtes des millions. Et nous sommes innombrables comme les nues ténébreuses.
Essayez seulement de lutter avec nous !
Oui, nous sommes des Scythes, des Asiatiques
Aux yeux de biais et insatiables !

À vous, les siècles. À nous, l’heure unique.
Valets dociles,
Nous avons tenu le bouclier entre les deux races ennemies
Des Mongols et de l’Europe.

Durant des siècles, votre antique haut-fourneau forgeait,
Étouffant les tonnerres de l’avalanche.
C’était un conte bizarre pour vous que l’effondrement
De Lisbonne et de Messine !

Durant des siècles vous avez regardé à l’Orient,
Thésaurisant et refondant nos perles.
Et, nous raillant, vous n’attendiez que l’heure
De diriger sur nous les gueules de vos canons.

L’heure est venue. Le malheur bat de l’aile,
Et chaque jour augmente l’offense.
Et le temps viendra où il ne restera pas même de trace
De vos Pœstums, peut-être !

Ô vieux monde ! Avant que tu ne meures,
Pendant que tu languis encore, attaché à ta souffrance,
Arrête-toi, sage comme Œdipe,
Devant le Sphinx et son énigme ancienne !

La Russie est un Sphinx. Heureuse et attristée à la fois,
Et couverte de son sang noir,
Elle regarde, regarde à toi
Avec haine et avec amour !

Oui, aimer comme peut aimer notre sang,
Personne de vous, depuis longtemps, n’en est capable.
Vous avez oublié que dans l’univers il y a l’amour
Qui peut brûler et détruire !

Nous aimons tout — et l’ardeur des froides mathématiques,
Et l’inspiration des visions divines.
Nous comprenons tout — et la subtile raison gauloise,
Et le sombre génie germain.

Nous gardons le souvenir de tout — de l’enfer des rues parisiennes
Et des fraîcheurs de Venise,
De l’arôme lointain des bois de citronniers
Et des masses fumeuses dans Cologne…

Nous aimons la chair, et son goût, et sa couleur,
Et de la chair, l’odeur suffocante et mortelle…
C’est malgré nous s’il craque, votre squelette,
Dans nos pattes si lourdes et si tendres !

Nous sommes habitués à tenir sur le mors
Les étalons trop vifs,
Pour d’un coup briser leur puissante croupe,
Et nous matons les femmes qui désobéissent…

Venez à nous ! Sortez des horreurs de la guerre
Pour tomber dans nos bras !
Tant qu’il est temps encore — remettez la vieille épée au fourreau,
Camarades ! Nous serons frères !

 Mais si vous refusez, — nous n’avons rien à perdre.
Et nous aussi nous pouvons être perfides.
Durant des siècles vous serez maudits
Par vos enfants et les enfants de vos enfants, tous malades !

Partout, nous nous retirerons
Dans l’épaisseur de nos forêts.
À la séduisante Europe
Nous montrerons notre gueule asiatique.

Arrivez, tant que vous êtes, sur l’Oural !
Nous viderons la place pour la bataille
Entre les machines d’acier qu’anime le calcul intégral,
Et la horde sauvage des Mongols !

Mais nous, dès maintenant, nous ne sommes plus votre bouclier,
Dès aujourd’hui, nous abandonnons la lutte ;
Nous regarderons de nos yeux étroits
Grouiller le combat à mort.

Nous ne bougerons pas, quand le Hun bestial
Fouillera dans les poches des cadavres,
Incendiera vos villes, logera ses chevaux dans vos églises,
Et fera rôtir la chair des frères blancs…

Une dernière fois ! — prends garde, vieux monde !
Au festin fraternel du travail et de la paix,
Au clair festin fraternel, — une dernière fois,
Te convie ma lyre barbare !

Texte établi par la Bibliothèque russe et slave ; déposé sur Wikisource en mars 2010 et sur le site de la Bibliothèque en décembre 2010.

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Les textes ont été relus et corrigés avec la plus grande attention, en tenant compte de l’orthographe de l’époque. Il est toutefois possible que des erreurs ou coquilles nous aient échappé. N’hésitez pas à nous les signaler.

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