Kissinger et la frivolité stratégique


Février 2025 – Source Nicolas Bonnal

Nicolas Bonnal

La frivolité stratégique, notion dessinée par Kissinger dans ses œuvres, est devenue une donnée permanente en occident, à l’heure où nous risquons de sombrer dans un énième et espérons-le définitif holocauste militaro-humanitaire. Mais laissons de côté les risques actuels et rappelons ce que nous disait ce maître sous-estimé et grand amateur (comme votre serviteur modeste) du grand dix-neuvième siècle alors :

Mais l’histoire punit tôt ou tard la frivolité stratégique. La Première Guerre mondiale a éclaté parce que les dirigeants politiques ont perdu le contrôle de leurs propres tactiques. Pendant près d’un mois après l’assassinat du prince héritier autrichien en juin 1914 par un nationaliste serbe, la diplomatie a été menée sur le modèle dilatoire de nombreuses autres crises surmontées au cours des dernières décennies. Quatre semaines se sont écoulées pendant que l’Autriche préparait un ultimatum. Des consultations ont eu lieu ; comme c’était le plein été, les hommes d’État ont pris des vacances. Mais une fois l’ultimatum autrichien soumis en juillet 1914, son échéance a imposé une grande urgence à la prise de décision, et en moins de deux semaines, l’Europe s’est lancée dans une guerre dont elle ne s’est jamais remise.

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Todd et le tranquille écroulement anglo-saxon


Février 2025 – Source Nicolas Bonnal

Nicolas Bonnal

Je continue comme un gourmet son bouquin, bouchée par bouchée. Voyons d’abord les sanctions qui ont si bien réussi à la Russie et si promptement accéléré la déculottée européenne. D’abord Todd rappelle que l’occident (le monde « anglo-saxon » avec ses dominions européens en capilotade) ce n’est pas grand-chose, ni militairement, ni économiquement (les PNB sont invraisemblablement truqués…), ni démographiquement :

 L’Occident des sanctions ne représente que 12 % de la population mondiale. Les Brics comptent donc l’Inde, désormais le pays le plus peuplé, la Chine, deuxième pays le plus peuplé, tous deux situés sur le continent le plus peuplé, l’Asie. Le Brésil, quant à lui, est le pays le plus peuplé et le plus puissant d’Amérique latine : il a longtemps été un allié des États-Unis avant de devenir son principal opposant sur le continent américain, le Mexique ayant suivi une trajectoire inverse puisque, depuis l’accord de l’Alena, d’opposant principal il est devenu un satellite industriel. Enfin, l’Afrique du Sud est, de loin, le pays le plus puissant de l’Afrique subsaharienne.

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Georges Duhamel et le triomphe de la matrice US


Février 2025 – Source Nicolas Bonnal

Nicolas Bonnal

Livre légendaire, que je n’avais jamais lu. Mon lecteur Paul qui est ukrainien, admirateur de Parvulesco, ingénieur qui vit en Amérique, spécialiste de la recherche des livres sur le web, n’a rien trouvé. Je l’ai acheté car un éditeur a cru bon de le publier, avec d’ailleurs une très bonne préface de Catherine Cusset.

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Parvulesco et David Lynch sur le cauchemar US


Janvier 2025 – Source Nicolas Bonnal

Nicolas Bonnal

David Lynch est mort et il ne tournait plus depuis dix-sept ans. Les larmes de crocodile des uns (dont Spielberg) ne doivent pas nous faire oublier l’avarice des autres : qui a cessé en effet de le financer, et sur quel ordre ? Ce n’est certes pas parce que ses films ne rapportaient rien, malgré leur dimension de film-culte qui ne concernait qu’une chapelle peu éclairée. On a sciemment laissé crever son cinéma. D’un autre côté j’ai assez fréquenté Kubrick pour savoir qu’un long silence au cinéma est parfois préférable à une myriade d’opus ratés. Perte d’inspiration, disent les idiots ? D’autres savent qu’il vaut mieux se taire et mirer l’écran blanc. Certains maîtres dépérirent sous le nombre de leurs films sans inspiration : Godard, Resnais, Ridley Scott… Roule, torrent de l’inutilité, comme dit Montherlant.

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Bernanos et la « masse disponible » des temps totalitaires


Leur soumission au progrès n’a d’égale que leur soumission à l’Etat…


Janvier 2025 – Source Nicolas Bonnal

Nicolas Bonnal

Bernanos avait rêvé au début juste après la Libération, et ça donne la France contre les robots, livre qui doit être oublié – même par les ignares et les distraits – car il est dépassé un an ou deux après. Le grand esprit déchante vite (« votre place est parmi nous ! » lui chantait de Gaulle qui part vite aussi) et cela donne ensuite les prodigieuses conférences de « la Liberté, pour quoi faire ? », où le grand esprit pragmatique et non visionnaire remet tout le monde à sa place : la démocratie vaut les dictatures et le christianisme est crevé, surtout celui qui veut se moderniser. On relira mon texte fondamental (je pèse mes mots, car on est en enfer, on y est vraiment) sur Bruckberger qui va plus loin que Bernanos quand il découvre que l’Inquisition est la source et le prototype des méthodes totalitaires modernes.

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Marx et le devenir mongol de la globalisation 


Le désert croît ; malheur à qui recèle des déserts. La concentration de la population et la désertification d’autres territoires sont essentiels.


Janvier 2025 – Source Nicolas Bonnal

Nicolas Bonnal

Comme je l’ai souligné des pays comme le Canada ou l’Australie sont d’immenses territoires vides et féodaux qui concentrent leurs populations dans quelques (je dis bien : quelques) villes. Cinq villes possèdent 80% de la population australienne : Sydney, Melbourne, Brisbane, etc. En Arizona, Phoenix comprend 70% de la population de cet Etat démocrate « remplacé ». Et au Canada par exemple (40% de la population concentrée à Montréal et Toronto) 66% de la population du Manitoba vit à Winnipeg. Populations concentrées, soumises, vite remplacées et numérisées. On l’a vu au moment des grands confinements, vrai drill du totalitarisme global à venir. Tout cela fait partie du plan.

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Tocqueville et la vanité des peuples démocratiques


Janvier 2025 – Source Nicolas Bonnal

Nicolas Bonnal

Le G7 est devenu pitoyable (le pape, Biden, Scholz, Macron…), en même temps que la marque d’un incroyable complexe de supériorité occidentale, complexe de supériorité qui atteint son sommet lors des interminables massacres de Gaza (qui laissent tout le monde de marbre finalement, on est bien d’accord). Au G7 on dit nûment : nous décidons de ce qui est bien et de ce qui est mal ; nous sommes le modèle ; nous avons aboli les races, les sexes, les cultures, l’énergie, l’industrie, la vie, la médecine, la religion, tout le reste ; notre nihilisme bienveillant triomphe et vous devez vous écraser, sinon nous vous écraserons (enfin, presque). La vanité démocratique est infinie, particulièrement dans les peuples euro-américains, et dans l’infini du texte de Tocqueville nous retrouvons une magnifique analyse de ce problème.

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Sur Nietzsche et sa russophilie paradoxale


Décembre 2024 – Source Nicolas Bonnal

Nicolas Bonnal

Peut-on admirer les russes sans les aimer ? C’est ce que fait Nietzsche, et plus d’une fois. En feuilletant pour la millième fois de ma vie le Crépuscule des idoles, je tombe sur des phrases qui marquent une certaine admiration de Nietzsche pour la Russie, et qui rejoint le fondamental § 251 de Par-delà le bien et le mal ; et ça donne (§ 22) :

Les hommes méchants n’ont point de chants. D’où vient que les Russes aient des chants ?

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Les Tintin de la Fin des Temps


Décembre 2024 – Source Nicolas Bonnal

Nicolas Bonnal

On était en 1976. J’avais quinze ans et plus trop d’illusions en politique (Chirac ? Cochin ? La liste Weil ! Le PS ! Les Européennes !). On avait beaucoup attendu l’album, après l’étrange et drolatique Vol 714 pour Sydney qui recyclait le Matin des magiciens de Pauwels et Bergier : et l’on fut servi. Les picaros furent insultés ou incompris. C’était un album ingrat et exigeant, l’équivalent du cinéma d’auteur…

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Syndrome du Titanic et radeau de la méduse


Décembre 2024 – Source Nicolas Bonnal

Nicolas Bonnal

Nous sommes dirigés par des fous motivés et (aussi) d’efficaces incapables qui nous mènent au désastre. Ils organisent la faillite, détruisent, gaspillent, remplacent et dépeuplent, désirant enfin une guerre nucléaire, tout à leur rage messianique. Sinon c’est le totalitarisme au code QR et le camp de concentration numérique. Mais attention : il y a une élite autoproclamée (les 1% les plus riches et les hauts fonctionnaires) et elle veut se préserver. Stéphane Mallarmé pour mémoire :

Cette foule hagarde ! elle annonce : Nous sommes la triste opacité de nos spectres futurs !

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