Ballons espions chinois : Buts potentiels de l’invasion à haute altitude


Par Brandon Smith − Le 4 février 2023 − Source Alt-Market

Mon État natal, le Montana, a récemment été présenté dans les fils d’actualités cette semaine comme le premier à observer et à identifier ce que l’US Air Force dit être un ballon espion chinois. Les Chinois affirment qu’il s’agit d’un appareil météorologique civil qui a été soufflé hors de sa trajectoire et ils ont exprimé des “regrets” pour cet événement, mais l’équipement visible sur les photographies suggère que c’est un mensonge. En outre, un autre ballon similaire a été repéré au-dessus de l’Amérique latine. Un ballon chinois high-tech égaré peut être crédible, mais deux ne sont pas une coïncidence.

Il existe de nombreuses théories sur la raison pour laquelle une telle plate-forme de surveillance serait utilisée par le PCC et sur ce qu’elle est censée rechercher, et j’ai pensé proposer quelques théories basées sur mes années d’étude de projets similaires poursuivis par le ministère de la Défense américain et la DARPA.

Tout d’abord, la question immédiate est de savoir pourquoi l’administration Biden n’a pas détruit le ballon ? Pourquoi ne pas tirer d’abord et poser des questions ensuite ? Le silence de Biden sur cette question suggère soit qu’il n’a pas de réponse, soit que la vérité mettra le public américain très en colère. La raison la plus probable pour laquelle le ballon n’a pas été abattu est qu’il est très difficile à abattre.

Les ballons à haute altitude voyagent à une altitude de 25 000 à 36 000 mètres. Un avion de chasse moyen peut atteindre une altitude de 20 000 mètres et les drones de nouvelle génération peuvent monter jusqu’à 17 000 mètres. Ces ballons émettent également peu ou pas de signature thermique, ce qui les rend très difficiles à cibler avec des missiles. S’il existe une technologie laser d’une telle portée, l’armée américaine n’en parle pas. Il serait en fait plus facile d’abattre un satellite chinois qu’un de ces ballons.

Y a-t-il un moyen ? On pourrait peut-être le faire avec un missile utilisant une grande ogive de type fragmentation, mais la Maison Blanche ne semble pas trop intéressée par l’exploration de ces options pour le moment.

Note de l’Auteur

Il semble que le ballon ait finalement été abattu, mais seulement après que l’appareil ait traversé tout le pays – Quelles que soient les données que la plate-forme était censée collecter, la Chine les a probablement maintenant.

Une autre explication est que le DoD attend de voir ce que font ces ballons. C’est là que je présente quelques théories quant à leur objectif. Voici ce que je pense être le plus probable étant donné les progrès de la technologie des ballons espions actuellement…

Le programme chinois de ballons ALTA

Depuis quelques années maintenant, la DARPA joue avec un concept de ballons de surveillance à haute altitude utilisant une technologie appelée Strat-OAWL. Les ballons sont utilisés depuis des siècles comme armes de surveillance, mais les vents et les changements atmosphériques imprévisibles poussent les ballons dans tous les sens, les rendant inutilisables en quelques jours dans une région spécifique.

Pour simplifier, Strat-OAWL est l’utilisation expérimentale de lasers pour lire la vitesse et la direction du vent loin devant un ballon. Le ballon utilise ensuite ces données pour augmenter ou diminuer son altitude afin de suivre les courants d’air dans la direction souhaitée par les militaires. Cela pourrait permettre d’améliorer le contrôle de la navigation, mais le Saint Graal recherché par la DARPA est un ballon à haute altitude capable de rester indéfiniment au même endroit.

Je trouve cette idée irréalisable, comme la plupart des projets de la DARPA, ne serait-ce que parce que les courants de vent peuvent changer plus rapidement qu’un ballon ne peut ajuster son altitude, mais je vois les utilisations potentielles ici. Les Chinois pourraient lancer des centaines de ballons espions à haut vol, dotés de capacités similaires à celles des satellites espions, pour une fraction du coût et avec un risque moindre de destruction par des tirs ennemis. Le PCC tente peut-être de tester sa propre version de la technologie des ballons directionnels de la DARPA, tout en attendant de voir si les États-Unis ont les moyens d’abattre ces appareils.

Observation lidar depuis une plateforme de ballon

Les Chinois se sont beaucoup intéressés à la technologie lidar ces derniers temps. Le lidar utilise des lasers pulsés pour mesurer les petites variations du terrain et découvrir des formes et des structures cachées. Il a également le don de traverser le couvert forestier et d’autres obstructions. Le problème du lidar est que les plates-formes couramment utilisées pour transporter l’appareil se déplacent plus rapidement et ne capturent qu’un instantané dans le temps. En outre, il ne peut pas voir à travers les nuages épais, la poussière, la pluie, la neige ou le brouillard.

La NASA et la DARPA ont toutes deux testé le lidar à partir de ballons comme moyen de maintenir les lasers dans le ciel plus longtemps au-dessus d’une zone spécifique. Le ballon chinois ressemble également à l’équipement utilisé dans les expériences européennes de ballons lidar.

Un ballon espion basé sur le lidar expliquerait l’intérêt de la Chine pour l’est du Montana, où se trouvent de nombreux silos de missiles nucléaires connus ainsi que des silos cachés présumés. Le ballon chinois s’est en effet approché d’au moins une base de missiles nucléaires connue près de Billings. Le Lidar pourrait être exploité pour trouver des bases cachées dans la région.

Imagerie multispectrale

Tout comme le Lidar, la technologie d’imagerie multispectrale dépend fortement de la plate-forme sur laquelle elle est montée. L’IM est utilisée pour mesurer les longueurs d’onde de la lumière qui ne sont pas visibles par l’œil humain et elle est testée dans de nombreuses applications scientifiques. Cependant, il existe des applications militaires, notamment l’utilisation de l’IM pour découvrir des variations cachées du terrain qui ne correspondent pas au milieu environnant. En d’autres termes, elle permet de repérer des bâtiments, des véhicules, des positions de combat camouflés, etc.

La Chine a lancé deux satellites d’imagerie multispectrale en 2019 et pourrait maintenant essayer de tester le même équipement sur des ballons. Il est difficile de dire s’ils recherchent une cible unique, ou s’ils établissent simplement des cartes d’images de base à utiliser à l’avenir pour… qui sait ?

Plate-forme de lancement d’armes

Les ballons à haute altitude sont des plates-formes de surveillance bon marché et relativement efficaces qui peuvent être utilisées comme des satellites mais qui, avec l’équipement adéquat, pourraient devenir beaucoup plus maniables. Compte tenu des ressources limitées du PCC, il est logique qu’il utilise des mesures peu coûteuses et peu visibles plutôt que des drones ou des avions espions à longue portée, coûteux et plus faciles à cibler.

Cependant, ces systèmes ne sont pas seulement utiles pour l’observation – Ils peuvent également être utilisés pour livrer des colis d’armes, y compris des armes EMP, des armes nucléaires et des agents biologiques. Les États-Unis ont testé des ballons pour la livraison d’armes nucléaires depuis l’opération Yucca en 1956.

En cas de guerre entre la Chine et les États-Unis, le PCC pourrait chercher un moyen de frapper avec des armes de destruction massive au moyen d’un système de livraison passif contre lequel il serait difficile de se défendre.

L’objectif final est difficile à cerner. Il ne fait aucun doute que les Chinois s’attendent à un conflit avec les États-Unis dans un avenir proche. La surveillance peut être une préparation à une invasion de Taïwan à court terme (les deux prochaines années). Il se peut aussi que tout ce cirque soit simplement conçu pour voir comment l’Amérique réagit. Jusqu’à présent, la Maison Blanche de Biden n’a rien fait et n’a rien dit.

Brandon Smith

Liens

Désinformation occidentale concernant le ballon chinois

Traduit par Hervé pour le Saker Francophone

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