Babylone 2.0


Par Zénon − Le 24 Juillet 2016

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Trente-et-unième étage du Ministère de l’Évolution. Salle A73. Un parterre d’officiels et autres sommités sapés en grande pompe assiste à la présentation de la nouvelle Charte internationale des Bastions-Unis contre les barbares. À l’écran 5D, le dernier programme d’intelligence artificielle autorisé par la Commission à l’usage des soldats-cyborgs…

Sur fond de décombres et d’immeubles en ruine, un coucher de soleil en technicolor irise de reflets mauves l’horizon bordé de nuages synthétiques. Le capteur d’ondes mimétiques enregistre l’activité cérébrale des convives, tandis que des esclaves MK déambulent dans l’assemblée avec leurs plateaux de gommes de sérotonine à mâcher. Les bien-zélés du Grand Monarque auront droit, si Sa Magnanimité le permet, à un défilé de sauvages ou un dégusté de viande clonée en récompense de leurs bons et loyaux sévices. Privilèges de caste… Tel est l’avenir que nous vendent les liquidateurs de l’espèce humaine. Du moins, celui qu’ils promettent à leurs plus dévoués collaborateurs. Car ne nous y trompons pas : « beaucoup d’appelés, peu d’élus ». L’accès de ces derniers aux bienfaits du Nouvel Ordre Mondial dépendra directement de leur degré d’implication en son sens.

Les plus passifs résidus d’hommes encore utiles au bon fonctionnement de la Machine ne seront plus esclaves par le travail. Celui-ci se trouve déjà, dans sa forme actuelle, voué à l’obsolescence par l’impitoyable essor de la robotique. Par ailleurs, les corps seront d’ici quelque temps trop ravagés par les polluants chimiques et autres nanoparticules pour servir de main d’œuvre. Ce ne sera plus la sujétion au salariat qui déterminera la condition du nouvel esclave, mais au contraire son impotence absolue. Il sera pour cela isolé ; craignant de s’aventurer au-dehors et confiné devant son interface numérique individuelle. Maintenu malade et sous dépendance, perpétuellement abruti par un cocktail de drogues et de métaux lourds en intraveineuse. Inexploitable comme force productive, le nouvel esclave le sera néanmoins – et probablement à meilleur profit – comme consommateur. Car d’où tiennent leur pouvoir les distributeurs de machines, si ce n’est par le désir et la capacité du plus grand nombre à en faire usage ? Pour accroître au maximum la rentabilité du nouvel esclave, on lui cédera tout le temps de cerveau nécessaire aux bonnes œuvres publicitaires, on peuplera son subconscient de messages subliminaux, la Bête binaire aspirera toute son attention et son moindre élan d’énergie vitale… Il n’y aura plus au sens strict d’exploitation de l’homme par l’homme, puisque la classe dominante sera, par vagues successives d’implantations génétiques, devenue déjà autre chose qu’humaine, tandis que les dominés continueront de perdre au fil des générations les aptitudes et qualités propres à notre espèce. Mais le plus incroyable et le plus pervers de cette histoire sera qu’en aucun cas, il ne pourra venir à l’esprit du nouvel esclave de remettre en cause sa liberté. Il sera le plus fermement du monde convaincu de s’appartenir. La finalité ultime, une fois le combustible épuisé, étant évidemment le recyclage… Développement durable, dis-moi ton N.O.M.

Cette vision de cauchemar n’est malheureusement pas tirée d’une anticipation d’Orwell ou d’Huxley. Il s’agit d’un présent bien réel, que nous voyons s’actualiser tous les jours. Peut-être qualifierez-vous mon discours de paranoïaque ou de complotiste. Examinons donc ensemble quelques aspects parmi les plus significatifs de notre modernité. Nous ne pourrons alors, au-delà du glaçant constat qu’elle sous-tend, qu’admettre notre part de responsabilité dans cet état de fait. Convenir que rien ici-bas n’arrive jamais sans notre consentement. Et que l’avenir, comme le reste, n’est avant tout et toujours qu’une affaire de choix.

Commençons par nous pencher sur le cas le plus banal et le plus symptomatique du téléphone portable. Il est communément admis que les ondes qu’il émet ou reçoit, ainsi que celles des antennes-relais, sont cancérigènes. Ceci ne concerne cependant que leurs conséquences physiques, et pourrait-on dire la partie émergée de l’iceberg. Car celles-ci agissent également sur la fréquence et l’activité cérébrales. Sur nos rythmes naturels de sommeil et alimentaire, sur notre humeur, nos pulsations cardiaques et sur la mémoire à court terme. Les ondes GSM peuvent induire chez un individu ou groupe ciblé n’importe quel état psychique ; de la pulsion suicidaire à l’extrême agressivité. Mais voyez surtout comment, sous couvert de nous connecter les uns aux autres, le portable en réalité nous aliène. Arpentez les rues de n’importe quel centre ville, et regardez donc ces troupeaux de pantins déambulant de traviole, corps et âme coupés de ce qui les environne, ou ceux attablés ensemble et s’ignorant ; familles, soi-disant amis, chacun le regard engoncé dans son miroir virtuel. Croyez-vous naturel d’être à chaque instant potentiellement mobilisé ailleurs, privé de votre immédiate présence à vous-même ? C’est pourtant le quotidien de plus en plus de gens et de la plupart de ceux de ma génération.

J’ai choisi d’attaquer par le portable car il est l’exemple le plus emblématique de toutes les prothèses qui nous enchaînent. D’une part, son imposition massive dans la société a nécessité le concours, volontaire ou non, du plus grand nombre. Puis il s’est, en à peine quinze ans, interposé dans la quasi-totalité de nos interactions sociales, au point d’être devenu facteur d’exclusion pour ceux qui n’en possèdent pas. Mais cet outil n’est qu’un anneau d’une longue chaîne dont tous les maillons ne sont pas forcément reconnus. Si l’on se place du point de vue macroscopique, on constate que la planète est littéralement baignée des ondes émises et reçues par les satellites. Que celles-ci sont relayées par les tours hertziennes, paraboles, bornes Wi-Fi et autres antennes. Qu’en plus des pollutions magnétiques, on observe partout en haute altitude, outre les perturbations classiques et nuées d’oxydes, de mystérieuses traînées de condensation persistante au passage de certains avions. Il suffit de quelques heures pour entièrement couvrir un grand ciel bleu matinal d’un voile opaque et laiteux, ne laissant subsister des rayons de soleil qu’une aveuglante luminosité uniforme. L’existence de ces traînées chimiques est officiellement niée, et controversée jusque parmi les alternatifs car personne au fond n’en connaît la finalité, mais le phénomène concerne toutes les zones habitées du globe. Et s’amplifie. Il suffit d’avoir les yeux ouverts et suffisamment de mémoire pour se souvenir qu’il n’en a pas toujours été ainsi. Les retombées de leurs composants ont été analysées par des labos indépendants de nombreux pays. On y a retrouvé des particules d’aluminium, de plomb, et de baryum pour n’en citer qu’un échantillon. La géo-ingénierie à des fins de contrôle climatique est certes une explication rassurante. Mais lorsque l’on sait que les résidus métalliques entraînent une dégénérescence de nos connexions neuronales et par suite, l’apparition de maladies auto-immunes entre autres pertes de facultés, on ne peut plus réfuter la thèse de l’empoisonnement.

Du côté microscopique de la lorgnette, on remarquera que des adjuvants aux plus récents vaccins comportent produits chimiques et dérivés de pétrole. Que le taux de troubles physiques et mentaux chez les enfants exposés in utero est en hausse exponentielle. Que ceux épargnés par leurs méfaits directs auront droit, toute leur croissance durant, à la calcification progressive de leur glande pinéale sous l’effet du fluor (dérivé industriel de l’exploitation d’aluminium) à la fois présent dans l’eau courante et dans leur dentifrice quotidien. Certains parents, bernés jusqu’à la moelle par la bonne parole du médecin de famille, vont jusqu’à leur en ajouter des pastilles ; croyant fortifier leurs dents. L’Ennemi aime à inverser le sens de chaque chose. C’est même la signature de ses crimes… Parlons maintenant de l’inénarrable et néanmoins bien connue puce RFID. Cette technologie se base sur la captation et la numérisation de nos données biologiques individuelles à des fins d’identification et de traçabilité. Son implantation corporelle, bien qu’elle puisse se répandre à titre récréatif pleinement consenti en boîte de nuit, ou de façon plus vicieuse dans certaines entreprises, reste relativement marginale. En revanche, sa diffusion sur l’ensemble des supports institutionnels – titre de transport, papiers d’identité, carte d’assurance maladie – s’opère à la sournoise mais de plus en plus sensiblement depuis une dizaine d’années. Il y a aussi les implants acceptés en guise de moyens contraceptifs. Ceux qui s’en font injecter sont des hackers ou des soldats en vue d’élargir leur potentiel d’action. Et il y a désormais les nanoparticules. Leur floraison vénéneuse est autorisée à s’insinuer dans le textile, dans les cosmétiques et dans notre nourriture. Capables de franchir nos tissus organiques et capsules cellulaires… Au plus extrême degré de subtilité de la chaîne, il y a enfin l’absorption tout entière de notre attention par l’omniprésence des écrans radars et tours de contrôle. De nos moindres photons d’énergie sous l’empire du numérique.

Je sais qu’il peut être terrifiant de l’admettre, mais en recoupant les éléments précités, il ne peut faire aucun doute que l’objectif de ces nouveautés couplées les unes aux autres est d’accroître la conductibilité de nos corps. De les rendre non seulement capteurs mais aussi vecteurs des impulsions électriques venues d’en-haut. De remplacer le continuum naturel entre les dimensions imbriquées de l’être par celui des relais du Faux-Messager, depuis les frontières de l’âme au plus profond de notre psyché. Mais il y a encore pire. Le décodage complet du génome humain offre aux détenteurs de ces armes la possibilité de moduler les fréquences émises pour obtenir n’importe quel effet sur nous. Le pouvoir de nous envoyer indifféremment à l’étreinte ou bien au combat. De nous stimuler à distance ou de nous éteindre. Outre de permettre notre contrôle physique et mental quasi-absolu, ces dispositifs réunis forment une grille électromagnétique retenant captifs nos esprits pour en empêcher l’élévation.

Lorsque l’on comprend la machiavélique finalité du projet, la façon dont s’articule son développement devient claire. La stérilisation générale par les pesticides, les organismes génétiquement modifiés ainsi que l’armada des perturbateurs endocriniens n’est pas un hasard. Corrélée avec le séquençage de notre ADN, la procréation médicalement assistée ou la gestation pour autrui, la perte de fécondité s’avère un élément-clef de la mécanique eugéniste d’ores et déjà fonctionnelle. Ils savent qu’une aptitude inexploitée se perd peu à peu. Alors, ils diffusent le GPS afin d’annihiler notre sens de l’orientation. Des bidules à roulettes au lieu de notre capacité à nous déplacer sur nos jambes. Et puis l’intelligence artificielle pour pallier l’abrutissement général, conséquence de tous ces facteurs cumulés avec beaucoup d’autres. La liste complète en serait trop longue mais vous aurez saisi le principe : il s’agit de remplacer, avec notre accord, toutes nos facultés naturelles par des substituts techniques correspondants. Le tout en se proposant bien évidemment de nous faciliter la vie. Toujours cet art de l’usurpation dont nous connaissons le maître et l’inspirateur. Ajoutez au tableau la réquisition d’office de nos organes en cas de décès brutal, la prochaine mise en service d’exosquelettes en terrain militaire ou la création de prothèses par des imprimantes 3D, vous aurez une image assez objective de la place de l’être humain dans un futur proche.

Il n’existe aucune échappatoire physique à cette condition. Aucun endroit sur Terre où fuir la destinée qui nous incombe. Il ne doit pourtant pas être question de s’effondrer ni de s’estimer vaincus d’avance devant cette perspective. Au contraire. Il faut considérer qu’ils font tout ceci pour nous asservir car en réalité, ils nous craignent. Alors que nous l’ignorons, eux savent que notre pouvoir est potentiellement illimité. Que de notre union naîtrait une force qu’ils ne sauraient concevoir. Une étincelle divine se trouve à la source de la conscience ; intermédiaire entre la densité matérielle et celle de l’Esprit. Nous sommes venus au monde afin d’éprouver la dualité. D’en incarner l’équilibre vivant et la transcender en retournant volontairement à l’Un. L’armée des clones de la Bête binaire est là pour nous en empêcher… Dès lors, la question de la lutte ne peut plus se poser comme possibilité optionnelle, mais comme imprescriptible devoir à remplir de façon la plus efficace. Cette mort que nous craignons tant ; l’inévitable disparition de notre petit moi n’est que passage. Franchissement des portes de l’Éternel. Le renoncement imposé toutes nos vies durant à notre nature, à notre intention d’amour et notre joie d’exister est en comparaison infiniment pire. Soit nous nous résignons à ce triste sort ; acceptons de nous laisser corrompre et asservir par l’impitoyable broyeuse transhumaniste, soit nous choisissons de refuser l’empire des machines sur nous et dans nos relations avec notre entourage. D’ignorer leurs injonctions permanentes au suicide collectif. De nous élever inlassablement contre toute forme de tyrannie. Et de rayonner…

Il ne tient qu’à nous de cesser d’alimenter la Machine de notre énergie. De lui concéder notre temps et notre attention. Celle-ci ne peut se nourrir que des émotions négatives auxquelles nous aurons ouvert la porte. Alors, il s’agit pour s’en libérer de nous élever dans la Joie. De nous recentrer sur notre présence à nous-mêmes et notre direct rapport à l’autre. De réapprendre le véritable échange ; qui ne saurait être une transaction. Il nous faut privilégier le local ainsi que l’immédiat. L’étroite fenêtre ouverte sur l’infini réside dans l’ici et maintenant. Renoncer au futile et au superflu. Réduire nos dépenses à nos plus simples besoins vitaux. Dans toute la mesure du possible, se passer d’argent. Surtout, nous devons cesser de chercher compulsivement vers l’extérieur les solutions ou réponses à nos maux, à la manière d’enfants appelant au secours leurs parents, mais au contraire sonder de l’intérieur la signification de notre souffrance. Apprendre à chaque pas. Progresser sans cesse pour enfin, au détour d’une expérience introspective, réaliser que la clef était en nous-mêmes. Nous pouvons, si nous le voulons, rendre en un clin d’œil leur libre-cours à notre créativité et à nos élans. Il suffit d’ignorer les chemins déjà balisés de nos connexions neuronales pour en créer d’autres ; inédits et sauvages. îlots de roches volcaniques au milieu des mers déchaînées. Ce n’est que par cet effort de détachement permanent vis-à-vis des manifestations connues que nous pourrons nous ouvrir à un monde nouveau. Libérés de toute croyance ou obsession. N’avez-vous jamais éprouvé, l’espace d’un instant, cet état de parfaite communion avec l’univers ? De félicité silencieuse et d’amour pour la Création toute entière ? Et n’avez-vous pas senti, à regret, qu’une fraction de seconde plus tard votre intellect reprenait le dessus, que votre petit moi se réfugiait fissa derrière son échafaudage de remparts fictifs ? Nous qui prétendons à la recherche du bonheur, nous craignons par-dessus tout l’abandon total qu’il suppose. Abandon de nos certitudes et préjugés. De notre propension à réagir et répondre à tout. Abandon de l’idée de soi. De cette paroi sur laquelle nous projetons continuellement les rayons de lumière émis par notre centre intérieur, au lieu de les laisser percer la coquille de l’espace-temps… L’épreuve peut paraître insurmontable. Mais rien ne nous arrive jamais qui soit au-dessus de nos forces. La libération est l’enjeu et le sens, la vocation-même de notre espèce. Ne laissons plus nos craintes nous dérober à notre destin.

Une fois parvenus à ce lâcher-prise, il se produit quelque chose de merveilleux et de magique : nous découvrons que notre voix intérieure nous guide à faire instinctivement les choix les plus opportuns, et que le monde entier semble concourir à la réalisation de nos objectifs. Comme lorsque l’on se jette à l’eau pour la première fois et qu’on s’aperçoit que celle-ci nous porte. Si vous connaissez la peur du rejet et de la solitude, bientôt vous apercevrez-vous que l’isolement était un sentiment propre à votre vie quotidienne sous l’ancien système. Que de la même manière, nos peurs du manque, du lendemain et de la nouveauté nous montrent du doigt les remparts à faire sauter pour habiter pleinement le présent. Que ce n’est qu’une fois dépassée la peur de mourir qu’il devient possible de vraiment vivre. La Peur est cette part de conscience mammifère hurlant : douleur, sang, sacrifice. Tandis qu’à l’autre antipode se trouve l’Esprit ; nous susurrant la paix, l’amour, l’Unité. L’expérience humaine consiste à faire la jointure des deux. À extraire de la plus élémentaire de nos craintes une future bénédiction. La Peur est à la Foi ce que la chenille est au papillon. Crucifixion et renaissance. Ouverture sur l’univers de tous les possibles. Infante à la fois du singe et de l’ange, l’humanité danse comme une funambule entre deux abîmes. Elle peut rester ancrée dans son animalité matérielle ou elle peut puiser son élan à la source de l’intuition ; dans cette dimension de l’Esprit d’où tout procède et où résonnent jusqu’au fond des cieux la moindre parole, la moindre intention. La vérité peut être appréhendée par le cœur, non par la raison. Vous l’avez ressenti mille et une fois : toute idée qui s’exprime a toujours un train de retard. En fait, elle n’est déjà plus qu’interprétation. C’est cet éveil à la conscience de notre connexion à l’Intemporel et de l’infinie portée de nos actes que les puissants craignent de notre part. L’accélération vibratoire dans l’univers y participe et rend inéluctable leur fin. Observez comme ils se pressent et ils se bousculent : le voile du Mensonge ne les dissimule déjà plus.

Cette civilisation tente par tous les moyens de nous entraîner dans sa chute. C’est vers le haut qu’il faut regarder pour en esquiver les pierres qui s’écroulent. Commençons par ne plus nous laisser dicter nos actions par les décideurs de toutes sortes ni nos choix par la publicité ou la norme sociale. Ne plus nous laisser cheviller à la technologie par de faux besoins ni harceler par les injonctions, les mises à jour ou les échéances. Ne plus prêter la moindre attention au spectacle politico-médiatique. Autant que les circonstances nous le permettent, vivre et s’organiser de façon solidaire. Collectivement autonomes. Enfin, lorsque tout le reste n’est plus possible, ne pas hésiter à faire son paquetage et prendre le maquis. Où serait-il possible ailleurs de nous retrouver ; nous autres êtres sensibles à ce qui papillonne et à ce qui vit ? N’entendez-vous pas que toute la Nature nous appelle ? Qu’elle nous attend ; qu’elle attend qu’on l’aime et qu’on la respecte ? Parmi toutes les créatures sur Terre, nous sommes la seule à pouvoir transformer ce qui nous entoure. Nous avions reçu pour mission la garde des troupeaux et de ce verger magnifique. Qu’en avons-nous fait ? Souillé les cours d’eau, rasé les forêts, massacré plus d’espèces vivantes que n’importe quelle grande extinction. Partout laissé pousser des villes comme autant de fleurs de génocide… Il n’est pas trop tard pour inverser le cours des choses. Mais il est plus que temps de se regarder bien en face. De considérer nos achats, nos emplois, nos factures et autres impôts ; d’observer en conscience jusqu’à nos ruades, jugements et petites compromissions pour y déceler ce à quoi réellement nous œuvrons. Nous avons la faculté d’inventer des couleurs et formes nouvelles. Des cascades incandescentes, des cristaux de Lune arrachés au ciel et des animaux fantastiques. D’aujourd’hui et par tous les temps donner naissance à la Beauté ; essence et destin de la Vie. Qu’attendons-nous pour en assumer l’opportunité ?

Je ne sais pas vous, mais je me rappelle d’une époque pas si lointaine où le soleil était jaune. Où l’on pouvait encore apercevoir la grande barrière de corail, le retour des oisillons au bercail et les neiges éternelles au sommet du Monde. Je ne sais pas vous, mais je refuse de voir décimés la faune et la flore au nom de l’exploitation marchande. Je refuse les castes, la hiérarchie, les procédures et la norme. Je refuse l’immortalité dans la chair et son cortège de fausses promesses. Je refuse de me laisser chaque jour un peu plus robotiser… Lorsque je vois le grand sourire d’un bambin émerveillé par tout ce qu’il touche et ce qu’il perçoit – envol de moineau ou écorce d’arbre – j’y retrouve le souvenir de la Grâce. La pureté de l’Amour indifférencié à l’origine de notre existence.  Je ne sais pas vous, mais je veux pouvoir encore pleurer d’émotion devant tant de beauté. Non de la tristesse infinie de la voir se perdre.

Mes frères, mes sœurs, nous sommes des enfants-rois errants, querelleurs et encore aveugles. Mais l’aube approche et déjà se lève l’épais brouillard de nos illusions. Bientôt verrons-nous pour ce qu’elles sont nos différentes opinions, cultures et croyances : fétus de paille comparés à l’universalité que chacun porte en lui. Nous découvrirons sous la poussière de nos vies passées la même lumière-source. Nos regards en seront les reflets. Et nous ne verrons plus seulement les étoiles : elles aussi verront par nos yeux. Nous connaîtrons la vraie liberté ; qui ne consiste pas à faire ce qu’on croit vouloir, mais en l’art de chercher le meilleur accord de l’acte avec la pensée. Non plus la justice, mais la justesse. Les sirènes et les haut-parleurs se seront tus. Nos descendants ne recevront plus l’onde mortifère télévisuelle, mais écouteront la merveilleuse histoire de la façon dont nous aurons appris la sérénité par l’action, la plénitude par le manque. Et dont, afin de triompher de nos mauvais sorts et tous nos malheurs, nous nous serons élevés pour terrasser l’hydre conçue de nos mains. Ce combat se déroule en nous-même, à chaque instant. Quelle que soit la part que nous aurons réalisée dans cette courte vie, d’autres reprendront le flambeau. Tôt ou tard, la finalité devra s’accomplir. Nous aurons reçu la Joie en partage. Et nous serons unis dans l’Amour pour l’éternité.

Zénon

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