Par René Lamertume − Février 2023
Derrière les plaisanteries, il se cache souvent quelque chose de vrai. Voici ce qu’écrivait Cavanna dans son livre « Les Russkoffs » 1:
« On avait laissé Hitler se goinfrer l’Autriche, la Hollande, la Belgique, la France parce que la vraie raison pour laquelle on tolérait ces caprices était la grande croisade vers l’Est ; il était censé au bout de tout ça, écraser les Bolchéviks et y laisser tellement de plumes qu’il n’y aurait alors qu’à se baisser pour ramasser les morceaux, et liquider à son tour le nazisme, à moins que, réflexion faite, on ne se le soit gardé dans un coin, ça peut resservir. Et voilà que ce grand con s’y prend comme un manche et se fait casser la gueule par les Moujiks. (…). Hitler n’a pas pu casser les reins à Staline, c’est vrai, grosse déception pour le capitalisme mondial ».
L’ancienne chancelière de l’Allemagne s’est laissée aller à des confidences, reconnaissant qu’elle avait signé les accords de Minsk, tout en sachant qu’il s’agissait seulement de gagner du temps pour le gouvernement de l’Ukraine. Les accords de Minsk avaient pour objet de mettre un terme à la guerre civile en Ukraine. Considérer qu’ils n’avaient pas de valeur tout en les signant devait permettre à l’Otan de faire un travail d’organisation militaire dans le pays et préparer la guerre contre la Russie, car il était évident que la Russie ne laisserait pas massacrer les Russophones du Donbass sans réagir. Le non respect des accords de Minsk était en fait, en s’appuyant sur un problème interne ukrainien, créé de toutes pièces, la préparation à la guerre contre la Russie.
La France était aussi garante des accords de Minsk. Mais les intentions des autorités françaises à cette date étaient peut-être sans intérêt vu la fable du couple franco-allemand dans l’UE, fable destinée à nous faire oublier que les Allemands dirigent l’UE et que la France obéit, suit et paye sa part de soumission. Les autorités (françaises) qui ont pris le relais, auraient dû aussi garantir les accords, mais paraissent plutôt préoccupées par les intérêts d’outre atlantique.
Il est difficile de comprendre les calculs des dirigeants de ces deux pays : une guerre entre l’UE et la Russie était en préparation, l’UE s’occupant des aspects économiques, l’Ukraine et l’Otan des aspects militaires. Dans ce contexte, les dirigeants des deux plus grands pays de l’UE agissaient comme s’ils supposaient qu’une guerre avec la Russie n’aurait aucune conséquence sur leurs pays respectifs, puisqu’on ne discerne pas de mesures préparatoires significatives durant 8 ans2. Dans le tissu malsain des liens cachés entre l’UE et les intérêts d’outre-atlantique, la conviction a pu s’imposer que des «sanctions économiques» – le terme est modeste- devaient tout régler. Quoi qu’il en soit, « l’UE de la paix » préparait la guerre.
Les entités qui auraient dorénavant le projet de signer des documents internationaux avec ces deux pays sont prévenues : les futurs documents n’auront peut-être aucune valeur. Mais continuons à observer le coté Allemand. L’UE doit beaucoup dans sa conception et son fonctionnement à des personnes qui avaient des responsabilités dans l’Allemagne nazie3, et à des familles influentes qui ont de telles racines. Il ne s’agit pas d’accuser les descendants des errements ou des crimes des grands-parents mais on peut envisager l’hypothèse que la nostalgie de prendre une revanche sur la débâcle de 1945, hante toujours ce pays.
Une fois le conflit ouvert, les médias supposés du camp adverse ont été interdits. Cette situation paraît banale car elle n’a suscité que peu de réaction. La censure, à cette échelle, des informations gênantes, est pourtant, dans notre pays, la répétition d’une situation remontant à la guerre de 39-454. Par ailleurs, l’Ukraine baigne dans une ambiance surannée, composée entre autres de l’interdiction des partis politiques et de la presse d’opposition, de la désignation d’une partie de la population comme des « sous-êtres humains », de la tentative de destruction d’une « culture interdite », de tentatives de destruction des villes et des populations que l’armée ne peut contrôler, sans compter l’utilisation des symboles hérités du 3ème Reich. Or l’UE soutient l’Ukraine.
Ainsi, l’UE entraîne toute l’Europe dans un conflit majeur, militaire et économique, improvisé5. L’UE devient ouvertement le lieu de la mise en place d’un système politique nettement inquiétant, couleur vert-de-gris. Car il faut examiner la forme politique qui contrôle notre pays, dans lequel la censure s’amplifie, l’économie et le reste à l’avenant, s’effondrent ; un petit nombre de personnes peut entraîner notre pays, à tisser des liens avec un régime suspect, et à le soutenir dans la guerre. Et les « représentants du peuple » ne réagissent pas. Ce qui apparaît de plus en plus clairement ressemble, dans une tentative de revanche6, aux méthodes « qui peuvent resservir », évoquées par Cavanna. De plus, quand on considère le succès éclatant et la persistance des « sanctions économiques» infligées à l’adversaire, on peine à imaginer qu’il s’agit pour l’UE de gagner le concours de la couche administrative la plus stupide. C’est donc que le projet se déroule comme prévu.
René Lamertume
Notes
- Aux éditions Belfond,1979. ↩
- Durée écoulée entre le coup d’état en Ukraine en 2014 et le déclenchement de l’opération spéciale par la Russie en 2022. ↩
- Voir les travaux de François Asselineau ↩
- Elle inclue la création d’un système d’informations très orientées. ↩
- Ce qui explique peut-être l’embarras de l’Allemagne à s’insurger contre les auteurs d’un attentat majeur contre son autonomie énergétique. ↩
- Une guerre entre les peuples russe et ukrainien est déjà un succès pour ceux qui sèment le chaos. ↩
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