Alors que le nombre de morts du COVID augmente la campagne politique accusant la Chine s’intensifie
Par Moon of Alabama − Le 4 mai 2020
L’administration Trump va poursuivre ses efforts pour que la Chine porte la responsabilité du nouveau Coronavirus, car la situation épidémique aux États-Unis va bientôt s’aggraver :
Alors que le président Trump fait pression sur les États pour qu'ils rouvrent leur économie, son administration prévoit, en privé, une augmentation constante du nombre de cas et de décès dus au coronavirus au cours des prochaines semaines, pouvant atteindre environ 3 000 décès quotidiens le 1er juin, selon un document interne obtenu par le New York Times, soit près du double du niveau actuel, à environ 1 750 décès. Les projections, basées sur la modélisation des Centres de contrôle et de prévention des maladies et rassemblées sous forme de tableau par l'Agence fédérale de gestion des urgences, prévoient environ 200 000 nouveaux cas par jour d'ici la fin du mois, contre environ 25 000 cas actuellement.
Il y a toujours des luttes intestines entre l’administration Trump et les services de renseignements quant aux accusations portées contre la Chine. L’administration voulait que les services de renseignements américains prétendent que le virus était probablement de fabrication humaine et qu’il s’était échappé d’un laboratoire du Wuhan. Les services de renseignement ont exprimé leur désaccord avec l’administration sur ces deux points.
L’administration a alors rédigé un document fait à partir de sources ouvertes qui contient ces allégations, ainsi que d’autres, et l’a transmis à des médias amis.
Un laboratoire du Wuhan est l’origine « la plus probable » du coronavirus, selon une analyse du gouvernement américain – Washington Times du 28 avril :
Un laboratoire de Wuhan est la source "la plus probable" de l'épidémie de COVID-19 qui ravage actuellement le monde, selon une analyse du gouvernement américain qui a archivé des preuves et conclut que les autres explications de l'origine du coronavirus sont moins crédibles. Le document, compilé à partir de sources ouvertes et non d'un produit fini, affirme qu'il n'y a pas de preuve irréfutable que le virus soit la faute de l'Institut de virologie de Wuhan ou de la branche de Wuhan du Centre chinois pour le contrôle et la prévention des maladies, tous deux situés dans la ville où les premiers foyers ont été signalés. Mais "il y a des preuves circonstancielles qui suggèrent que cela pourrait être le cas", dit le document. "Tous les autres lieux d'origine possibles du virus se sont avérés très improbables", conclut le document. Une copie du rapport, compilé ce mois-ci, a été obtenue par le Washington Times.
Une « analyse du gouvernement américain » basée sur des sources ouvertes n’est pas un produit des renseignements, mais un article rédigé par un stagiaire à partir de recherches Google. Des pressions ont été exercées pour en faire un jugement officiel des services de renseignement.
Des officiels sont accusés de faire pression sur les espions pour qu’ils établissent un lien entre le virus et les laboratoires de Wuhan – NY Times du 30 avril :
Des hauts fonctionnaires de l'administration Trump ont poussé les agences d'espionnage américaines à rechercher des preuves pour étayer une théorie sans fondement selon laquelle un laboratoire gouvernemental du Wuhan, en Chine, serait à l'origine de l'épidémie de coronavirus, selon des fonctionnaires américains. ... La plupart des agences de renseignement restent sceptiques quant à la possibilité de trouver des preuves concluantes d'un lien avec un laboratoire, et les scientifiques qui ont étudié la génétique du coronavirus disent que la probabilité écrasante est qu'il soit passé, hors laboratoire, de l'animal à l'homme, comme ce fut le cas avec le V.I.H., le virus Ebola et le SRAS.
Cette fuite a été le premier signe que les services de renseignement résistaient à la pression exercée par leurs supérieurs. Une déclaration officielle a suivi.
Déclaration de la communauté du renseignement sur les origines de COVID-19 – ODNI, 30 avril :
L'ensemble de la communauté du renseignement a constamment apporté un soutien essentiel aux décideurs américains et à ceux qui ont réagi au virus COVID-19, qui a pris naissance en Chine. La communauté du renseignement est également d'accord avec le large consensus scientifique selon lequel le virus COVID-19 n'a pas été fabriqué par l'homme ou génétiquement modifié. Comme nous le faisons dans toutes les crises, les experts de la Communauté réagissent en augmentant les ressources et en produisant des renseignements critiques sur des questions vitales pour la sécurité nationale des États-Unis. La Communauté du Renseignement continuera à examiner rigoureusement les informations et les renseignements émergents pour déterminer si l'épidémie a commencé par un contact avec des animaux infectés ou si elle est le résultat d'un accident survenu dans un laboratoire du Wuhan.
Ce n’était pas suffisant pour le secrétaire d’État Mike Pompeo, alias « Nous avons menti, volé et triché ».
Transcription de « Cette semaine« d’ABCNews, le 3 mai 2020 :
RADDATZ : Et, Monsieur le Secrétaire, avez-vous vu quelque chose qui vous donne la certitude qu'il provient de ce laboratoire du Wuhan ? POMPEO : Martha, il y a d'énormes preuves que c'est là que tout a commencé. ... Je peux vous dire qu'il y a une quantité importante de preuves que cela vient de ce laboratoire du Wuhan. RADDATZ : Croyez-vous que cela a été fait par l'homme ou génétiquement modifié ? POMPEO : Écoutez, les meilleurs experts semblent penser, jusqu'à présent, que c'était fait par l'homme. Je n'ai aucune raison de ne pas y croire pour l'instant. RADDATZ : Votre -- votre bureau du DNI dit que le consensus, le consensus scientifique dit que cela n'a pas été fait par l'homme ou génétiquement modifié. POMPEO : C'est exact. Je -- je -- je suis d'accord avec cela. Oui. J'ai -- j'ai vu leur analyse. J'ai vu le résumé que vous avez vu et qui a été rendu public. Je n'ai aucune raison de douter que ce soit exact à ce stade.
Ensuite, le même article douteux qui a été envoyé au Washington Times une semaine plus tôt est apparu dans un journal australien.
Coronavirus en Nouvelle Galles du Sud : un dossier présente le cas du virus chinois venant d’une chauve-souris – Daily Telegraph du 4 mai :
La Chine a délibérément supprimé ou détruit les preuves de l'épidémie de coronavirus dans une "attaque contre la transparence internationale" qui a coûté des dizaines de milliers de vies, selon un dossier préparé par les gouvernements occidentaux concernés par la contagion de COVID-19. Ce document de recherche de 15 pages, obtenu par le Saturday Telegraph, jette les bases montrant la négligence chinoise. Il indique qu'au "drame des autres pays", le gouvernement chinois a censuré les informations sur le virus en réduisant au silence ou en "faisant disparaître" les médecins qui s'étaient exprimés, en détruisant les preuves dans les laboratoires et en refusant de fournir des échantillons vivants aux scientifiques internationaux qui travaillaient sur un vaccin.
Un « document de recherche » préparé par des « gouvernements occidentaux concernés » n’est pas le résultat du travail des renseignements.
Mais Foxnews a pris le relais et a fait de ce document le seul et unique sur le sujet.
La fuite d’un dossier venant des renseignements occidentaux révèle comment la Chine a trompé le monde sur le coronavirus – Foxnews du 4 avril :
Un dossier de recherche compilé par l'alliance des services de renseignements des "Five Eyes" affirme que la Chine a intentionnellement caché ou détruit des preuves concernant l'épidémie de coronavirus, ce qui a entraîné la perte de dizaines de milliers de vies dans le monde entier. Ce document de 15 pages émanant des services de renseignement des États-Unis, du Canada, du Royaume-Uni, de l'Australie et de la Nouvelle-Zélande, a été obtenu par le journal australien Saturday Telegraph et affirme que l’attitude de la Chine constitue une "atteinte à la transparence internationale".
L’Australian Telegraph n’a jamais prétendu que le dossier était le produit d’un travail des « Five Eyes ». C’est une invention de Foxnews. Les pays du groupe des « Five Eyes » partagent des renseignements mais ne produisent pas d’analyses ou de dossiers communs. Chaque service le fait séparément pour son propre gouvernement.
Quelques heures seulement après que le Telegraph a publié ce qui précède, les services de renseignement australiens ont démoli cette absurdité.
Les services de renseignement australiens ne sont pas d’accord avec les affirmations du gouvernement américain disant que le virus vient d’un laboratoire du Wuhan – Sydney Morning Herald du 4 mai :
Des membres éminents de la communauté du renseignement australien ont déclaré au Sydney Morning Herald et à The Age que le document de recherche partagé dans les cercles politiques dans le cadre d’un soit-disant accord de renseignement entre les Five Eyes était principalement basé sur des articles médiatiques et ne contenait aucun matériel provenant de la collecte de renseignements. Un "dossier" de 15 pages a été largement cité par les médias locaux et internationaux sur la prétendue dissimulation du virus par la Chine. Les responsables des services de renseignement australiens ont depuis identifié un rapport de recherche qui était entièrement basé sur des documents de source ouverte. Les fonctionnaires ont déclaré qu'il était probable que les rapports étaient les mêmes. ... Plusieurs sources de haut niveau des services de renseignement qui se sont entretenues avec le Sydney Morning Herald et The Age ces derniers jours ont confirmé que l'Australie n'a toujours pas reçu de preuves suggérant fortement que l'Institut de virologie de Wuhan serait à l'origine de l'épidémie. Les agences de renseignement ne sont pas en mesure d'exclure ce fait, mais l’origine la plus probable du virus reste le marché de fruits de mer de Huanan, où des échantillons du virus ont été trouvés dans l’environnement.
L’OMS a également déclaré qu’elle n’avait reçu aucune preuve des États-Unis concernant l’affirmation « spéculative » contre le laboratoire du Wuhan.
L’administration Trump va probablement poursuivre ce jeu et les services de renseignement continueront, espérons-le, à résister à la pression qu’ils subissent.
Comme les États-Unis auront bientôt autant de morts du Covid-19 par jour qu’ils en ont eu dans la seule journée du 11 septembre, le risque d’une escalade – militaire ? – contre la Chine sur la base de fausses allégations deviendra bientôt exceptionnellement élevé.
Moon of Alabama
Traduit par Wayan, relu par Jj pour le Saker Francophone