Qui a tué Zia ?


Par Barbara Crossette − 2005 −Source World Policy Journal

De toutes les morts politiques violentes du XXème siècle, aucune de celles qui concernaient les États-Unis ne fut entourée d’autant de zones d’ombres que le mystérieux crash aérien qui tua le président pakistanais Mohammed Zia ul-Haq en 1988. Cette tragédie coûta également la vie à un ambassadeur américain, ainsi qu’à la plupart des membres du haut commandement qui entouraient le général Zia. La liste des coupables potentiels n’a cessé de s’étoffer au fil des années, avec tous les mystères que recèle cette affaire singulière et jamais résolue.

Une chose est certaine, aucune enquête sérieuse, concluante ou exhaustive n’a été mise en œuvre aux États-Unis, même si un diplomate de haut rang, Arnold Raphel, ainsi qu’un général américain ont trouvé la mort à bord d’un appareil US. Le Congrès a organisé quelques auditions mais le FBI a été tenu à l’écart de l’affaire pendant un an. Aucun rapport officiel n’a été rendu public. Un dossier dans les Archives Nationales comportant 250 pages de documents relatifs à l’incident demeure classifié.

Rares sont les faits faisant consensus autour du crash du Lockheed C-130 qui transportait le président pakistanais le 17 août 1988. Certains de ces « faits » demeurent même controversés et alimentent la méfiance à l’encontre des États-Unis en Asie du Sud.

Le général Zia était l’allié indéfectible des États-Unis contre l’Union Soviétique en Afghanistan. Il leur avait permis de faire du Pakistan une base pour la guerre sainte que ce prétendu moudjahidine entendait mener contre le gouvernement afghan soutenu par Moscou. Zia s’empara du pouvoir en 1977 après avoir écarté le Premier ministre Zulfikar Ali Bhutto à la faveur d’un coup d’État pacifique. Par la suite, il fit juger et exécuter Bhutto pour un meurtre politique dans le cadre d’un procès controversé. C’est pourtant Bhutto qui l’avait personnellement choisi pour en faire son chef d’État-major.
Zia débuta sa carrière militaire en Inde au sein de l’armée britannique en 1943, puis il partit pour le Pakistan après la partition de l’Inde coloniale résultant de l’indépendance acquise en 1947. Il fut à la tête de l’armée pakistanaise et président jusqu’à sa mort. S’il lui arriva de laisser entendre qu’il souhaitait établir un pouvoir démocratiquement élu, il maintint le pays sous la loi martiale pendant huit des onze années durant lesquelles il exerça le pouvoir.

Le général Zia ambitionnait de doter le Pakistan des équipements militaires américains les plus sophistiqués : des avions de combat F-16, des appareils de reconnaissance AWACS et de l’équipement terrestre. Il aspirait à égaler voire à surpasser l’arsenal indien fourni par les Soviétiques. À l’instar de Bhutto, il encouragea également le développement d’armes nucléaires après l’essai nucléaire indien de 1947.

Le 17 août 1988, le général Zia et cinq de ses principaux généraux se rendirent à un essai dans le désert afin d’assister à une démonstration du char d’assaut Abrams M-1/A-1. Les États-Unis faisaient pression sur le Pakistan pour qu’il achète ce char. Les experts du combat motorisé n’étaient pas emballés par ce char, et il se disait que le président pakistanais était bien plus intéressé par l’AWACS. Il voulut néanmoins assister aux essais et se déplaça jusqu’à la zone où ceux-ci devaient se tenir. Cette zone se situait non loin de Bahawalpur, à près de 530 kilomètres au sud de la capitale pakistanaise. Le C-130 fut disposé sur la piste d’atterrissage de Bahawalpur et le dirigeant se rendit sur place en hélicoptère. Une fois les tests terminés en fin de matinée, le général Zia et sa suite retournèrent à Bahawalpur pour déjeuner avant de reprendre l’avion à destination d’Islamabad. En quelques minutes, l’avion piqua vertigineusement pour se crasher au milieu d’une zone désertique. Aucun passager ne survécut.

Théorie du complot

Les théories conspirationnistes commencèrent à fleurir alors que l’épave du C-130 fumait encore sur la terre aride du Pakistan. Qui pouvait bien avoir manigancé le crash spectaculaire de l’Air Force One pakistanais, éliminant d’un coup Zia, l’ambassadeur Raphel, son attaché à la défense Herbert M. Wassom et la plupart des hauts gradés de l’armée pakistanaise ?

Dès le départ, les journalistes ne furent pas avares de théories. Il ne faisait aucun doute que c’était un coup des Russes, bafoués par leur cuisant échec à soumettre l’ensemble hétéroclite de combattants afghans ayant trouvé refuge au sein du Pakistan de Zia qui leur avait accordé un soutien généreux. Si les troupes soviétiques avaient amorcé leur retrait d’Afghanistan, Moscou venait de suspendre le processus en signe de protestation contre le maintien de la politique pakistanaise d’armement des rebelles.

Non, c’était sans doute un coup des Indiens, l’ennemi traditionnel du Pakistan, qui avaient des liens avec le gouvernement communiste afghan et redoutait les répercussions d’une victoire islamiste à Kaboul à laquelle œuvrait le général Zia. Les services secrets indiens avaient déployé des agents dans pratiquement chaque pays du sud de l’Asie, particulièrement au Sri Lanka où ils avaient formé et approvisionné les séparatistes tamouls qui tuèrent une génération de dirigeants politiques sri lankais.

Et si c’était les Afghans, menés par le perfide et impitoyable Najibullah, ancien chef de la police secrète qui traînait une redoutable réputation de tortionnaire ?

Les combattants religieux afghans pourraient également constituer un coupable, en raison du soutien que les USA leur apportèrent en la personne de Gulbadin Hekmatyar dans leur combat contre le gouvernement appuyé par les Soviétiques. Il était sans doute le plus cruel et le plus égocentrique des sept commandants moudjahidins. Hekmatyar, conspirateur malfaisant et brutal ayant parfois semé la discorde (il apporta son soutien à la cause talibane), semblait craindre la perte imminente du soutien financier et militaire que les Américains lui avaient apporté. Certaines personnalités éminentes au Pakistan et aux États-Unis furent probablement horripilées par ses frasques.

Qu’en est-il des Iraniens ? L’Iran, théocratie chiite, voyait d’un mauvais œil le projet d’une version sunnite (et pro-pakistanaise) de son régime à sa frontière. Certains bruits selon lesquels les Chiites pakistanais auraient une responsabilité dans l’attaque contre un président sunnite coururent dans la région.

Des éléments insatisfaits et ambitieux au sein de l’armée pakistanaise – chiites ou sunnites – auraient-ils mis en œuvre un coup d’État déguisé ? L’un des généraux les plus gradés, qui n’avait pas embarqué à bord de l’appareil destiné à s’écraser, devint chef des armées à la faveur du crash qui élimina le haut-commandement pakistanais.

On peut également évoquer le groupe ouvertement hostile à Zia connu sous le nom d’Al-Zulfikar. Ce groupe était mené par Murtaza Bhutto, frère de la femme politique pakistanaise Benazir Bhutto, qui fut par la suite le grand bénéficiaire de l’élimination du général Zia. Le fils de ce dernier, Ijaz ul-Haq me confia un an après le crash qu’il était « sûr à 101 % » que Murtaza était impliqué.

Benazir Bhutto, qui devint premier ministre en novembre 1988, alla jusqu’à dire que le crash pourrait bien avoir constitué « une intervention divine ».
Qu’en est-il de la Central Intelligence Agency ? Certaines personnalités pakistanaises et indiennes haut-placées firent immédiatement part de leur suspicion en faisant valoir que le général Zia était devenu gênant pour les États-Unis à plus d’un titre. Sa sympathie ambiguë envers un gouvernement plus démocratique, ainsi que la loyauté de son gouvernement pour certains extrémistes qui avaient échappé au contrôle américain au sein de la rébellion afghane, figuraient parmi les principaux griefs que les USA pouvaient nourrir à son égard.

On peut aussi, bien évidemment, envisager qu’un problème technique dans l’avion aurait été à l’origine de son crash. L’historique de cet appareil a fait l’objet d’un examen scrupuleux.

Accident ou sabotage ?

Alimentant les spéculations portant sur les causes de la mort du général Zia et apportant de l’eau au moulin de la théorie incriminant la CIA en Asie du Sud-Est, une enquête pour le moins douteuse fut conduite immédiatement après le crash. Le Pakistan prit la tête de l’investigation menée sur place, mais le Département de la Défense américain ainsi que des experts en aéronautique y participèrent. L’enquête était supposée être menée conjointement et déboucher sur une conclusion commune. Or, deux mois après le crash, le gouvernement américain conclut unilatéralement, sans la moindre preuve matérielle, qu’un dysfonctionnement mécanique était à l’origine de la chute de l’appareil. La plupart des Pakistanais s’inscrivirent en faux car ils privilégiaient la piste de l’assassinat depuis le début.

Cherchant sans doute à contrecarrer les conclusions pakistanaises à la veille de la publication du rapport officiel en octobre 1988, la thèse du dysfonctionnement mécanique fut envoyée au New York Times avant que d’autres résultats définitifs ne soient présentés aux journalistes à Islamabad. Les Pakistanais déclarèrent que le crash résultait d’« un acte criminel ou d’un sabotage à l’origine de la perte du contrôle de l’appareil ».

En outre, quand bien même un ambassadeur et un officier de haut-rang comptaient parmi les morts, le Département d’État et le Pentagone décidèrent de ne pas laisser le FBI mener l’enquête. Le FBI n’eut la possibilité de rouvrir le dossier qu’un an plus tard, une fois que l’examen des éléments cruciaux n’était plus concevable. Certains membres du Congrès s’insurgèrent contre la précipitation avec laquelle le gouvernement américain clôtura le dossier et émit des conclusions qui ne satisfirent pas les experts techniques américains. Aux États-Unis, l’affaire était déjà enterrée un an après la mort de Zia.

Il y a tout de même un Américain pour qui cette question demeure épineuse et qui ajoute une nouvelle théorie à la liste des coupables potentiels.

À l’époque où le C-130 privé du général Zia, aussi appelé Pak one, se crasha à Bahawalpur, près de Multan dans l’Est du Pakistan, John Gunther Dean était un ambassadeur américain posté en Inde. Dean, éminent diplomate ayant engrangé une plus grande expérience diplomatique que la plupart des émissaires de sa génération, était aussi connu pour ses opinions tranchées que des années d’expérience à l’étranger avaient forgées au gré de ses diverses affectations. Il eut de multiples prises de bec avec ses supérieurs et s’opposa souvent à la politique américaine qu’il était censé défendre. Les fortes têtes dans son genre ne sont pas les profils les plus appréciés dans le milieu diplomatique.

À New Delhi en août 1988, de nombreuses théories fleurirent dans l’esprit de Dean. Il eut immédiatement des soupçons concernant l’identité des responsables de la mort de Zia, mais le coupable éventuel qu’il avait en tête ne figurait sur la liste des conspirateurs hypothétiques qui circulait alors. Dean pensait que la conspiration pour éliminer Zia portait la marque d’Israël, notamment celle des services secrets israéliens : le Mossad.

Dean croyait à la « dissidence ouverte », il n’était pas partisan des fuites. Or, conscient de la polémique qu’une telle accusation publique déclencherait et de ses répercussions non seulement aux États-Unis, en Asie du Sud-Est mais aussi dans l’ensemble du monde musulman, il décida de rentrer à Washington afin d’expliquer sa théorie en personne à ses supérieurs au Département d’État. Cette décision lui coûta sa carrière diplomatique.

Du gaz toxique dans les mangues ?

Parmi les circonstances troubles entourant le crash d’août 1988, la présence d’autant de responsables et d’officiers à bord d’un appareil n’est pas la moindre. D’aucuns continuent de penser que l’ambassadeur Raphel et le général Wassom voyagèrent à bord de deux avions différents à destination de Bahawalpur et prévoyaient de retourner à Islamabad à bord de l’appareil de l’attaché. Ainsi, selon ce récit, la décision de monter à bord de l’avion de Zia prise à la dernière minute par Raphel compliqua la situation pour les conspirateurs supposés, ainsi qu’une tragédie qui aurait pu être évitée pour les Américains.

Cela est formellement démenti par le général Mahmud Ali Durrani, commandant désormais retraité de la division blindée et alors en charge des essais de tanks. Au cours d’une interview téléphonique en juillet depuis sa résidence à Rawalpindi, fief du quartier général de l’armée pakistanaise, le général Durrani, qui avait été le secrétaire militaire de 1983 à 1986, déclara que la liste des invités pour le vol à bord de l’avion présidentiel avait été établie vers le 13 août et que les Américains figuraient dessus. Il y avait également un avion diplomatique américain en fonction le 17, mais il transporta d’autres diplomates et des responsables de General Dynamics, qui fabriquait les tanks M-1.

La démonstration du tank sur un site désertique appelé Tamewali fut un fiasco, toutes les parties en convinrent. Le général Durrani affirma que le tank M-1 ne donna jamais satisfaction durant les 90 jours au cours desquels trois des véhicules, prévus pour la guerre en milieu désertique, furent prêtés au Pakistan afin d’effectuer des essais en conditions réelles. « Les tanks marchaient très mal, à vrai dire. Je ne me souviens pas d’un jour où les trois engins ont réussi les tests. L’un des problèmes avec ces tanks était leurs filtres qui étaient obstrués par la poussière propre à notre pays. Ce n’était pas du sable ordinaire, mais du sable mélangé à de la craie. »

Le général Zia et sa suite quittèrent Bahawalpur de bonne heure avant une tempête. Le C-130 présidentiel, un avion à turbopropulseurs à toute épreuve, comportait une capsule VIP confortable et climatisée dans laquelle Zia et ses invités américains étaient installés. Cette capsule était isolée du personnel navigant et de la partie réservée aux passagers et aux bagages à l’arrière, équipée quant à elle de seulement quelques sièges.

L’avion était rempli d’officiers pakistanais, « certains étaient censés se trouver là, d’autres non », selon le général Durrani pour qui la théorie du coup d’État militaire est irrecevable. Parmi les personnes à bord se trouvait le général Akhtar Abdul Rehman, chef d’état-major pakistanais et architecte de la guérilla antisoviétique en Afghanistan.

Il était prévu que le général Mirza Aslam Beg, chef d’état-major adjoint, embarque à bord d’un autre appareil plus petit. Sa décision de rentrer seul le rendit immédiatement suspect, mais il ne fit rien pour tenter de renverser le gouvernement ou d’empêcher les élections devant se tenir en novembre de la même année au cours des jours et des semaines qui suivirent. Et lorsque le Parti du Peuple Pakistanais de Benazir Bhutto remporta ces élections, l’armée n’interféra pas pour l’empêcher de devenir premier ministre, ce qui constitua un accomplissement hors du commun dans un pays musulman.

L’avion de Zia décolla de Bahawalpur à 15h46. Au bout d’à peine cinq minutes, selon des témoins au sol, l’avion se mit à « jouer les montagnes russes » dans le ciel avant de s’écraser dans le désert aride et de s’encastrer dans le sol, ses propulseurs fonctionnant encore à plein régime. L’appareil prit feu dès qu’il heurta le sol. Les experts pakistanais et américains ne parvinrent pas à s’accorder pour déterminer si une explosion survint en plein vol, ni sur l’existence de preuves attestant de coups de feu à bord. Il semblait évident que le pilote et le copilote avaient simplement perdu le contrôle de l’appareil, voire perdu conscience, quelques minutes voire secondes après le décollage. Durant ces funestes minutes, les contrôleurs aériens ne parvinrent pas à obtenir le moindre retour de l’équipage de l’avion. Le général Durrani, qui était déjà rentré à sa base de Multan et n’assista pas au crash, qualifie de « foutaises » le rapport selon lequel le copilote aurait été entendu hurler au pilote « qu’est-ce que tu fais ? ». Il n’y avait aucun enregistreur de données ni le moindre enregistreur vocal à bord du C-130.

Le rapport officiel des Pakistanais concernant le crash mit au jour des traces de produits chimiques dans les débris de l’avion dont une grande partie était ensevelie dans le sol sablonneux ou éparpillés dans les parages suite à l’impact. D’après les Pakistanais, ces produits chimiques incluaient du phosphore, du chlore, du potassium, de l’antimoine et du tétranitrate de pentaérythritol. Tous ces composants furent considérés comme pouvant entrer dans la composition de produits explosifs.

Les journalistes et les conspirationnistes de l’époque s’intéressèrent particulièrement au phosphore détecté sur des graines et des pelures de mangues retrouvées dans les débris. Certains envisagèrent immédiatement que les mangues embarquées dans l’avion au dernier moment avaient pu contenir des substances explosives. Mais suite à cette révélation, il était concevable d’imaginer que les fruits avaient été embarqués avec un gaz incapacitant, voire mortel. Khalid Hasan, un analyste pakistanais écrivant en 2004 dans le journal indépendant pakistanais Friday Times, affirma qu’il s’agissait du gaz VX dont peu de pays disposaient.

Le général Durrani, qui était présent lors du test sur le site de Tamewali lorsque le président vint en hélicoptère depuis Bahawalpur, déclara qu’il y avait deux assortiments de mangues dans l’avion lorsque celui-ci s’écrasa. Après les essais des tanks, il avait fait embarquer deux caisses remplies de ce fruit local sur l’hélicoptère retournant à Bahawalpur avec le général Zia à son bord. Ces caisses devaient ensuite être acheminées vers le C-130. Cela le fit paraître suspect aux yeux de certains. Mais selon lui, ses mangues avaient fait l’objet d’un contrôle minutieux, une par une, par la sécurité. « Il me semble que certaines mangues furent aussi embarquées à Bahawalpur, elles avaient été offertes par les militaires et les autorités civiles locaux ». Il affirme qu’il n’avait aucun contrôle sur ces derniers ni sur quelque bagage placé dans l’avion.

Néanmoins, Durrani pense que la théorie des mangues « fait fausse route » car les enquêteurs pakistanais qui se focalisèrent sur celles-ci pensaient aux explosifs, or aucune explosion n’eut lieu dans les airs ou au sol.

Le général déclara: « L’avion n’a pas explosé. Il s’est écrasé, a heurté le sol à un angle de 60 à 70 degrés, la queue est passée au-dessus du cockpit, avant que l’appareil ne prenne feu sur place. Il n’y a eu aucune explosion. À vrai dire, je me suis rendu sur les lieux le lendemain matin pour inspecter le site et on pouvait voir l’envergure complète de l’avion au sol. L’envergure et les moteurs étaient enfoncés dans le sol, de même que l’arrière de l’appareil qui était passé par-dessus l’avant. »

Le général Duranni n’évoqua pas l’hypothèse d’un gaz toxique dans les fruits qui n’auraient pas été vérifiés ou dans d’autres objets. Aucune autopsie ne fut effectuée sur les membres pakistanais de l’équipage pour déceler une éventuelle intoxication au gaz. Plusieurs raisons furent invoquées pour le justifier, comme le fait que les corps étaient trop fragmentés pour que l’examen soit concluant, ou encore que le rite musulman exigeait que les restes soient inhumés dans les 24 heures, ce qui ne laissait pas le temps aux légistes de faire leur travail. Le général Duranni déclara qu’il ne restait des dépouilles des passagers et des membres de l’équipage que des morceaux de chair carbonisée. Il affirma que les victimes n’étaient identifiables que par des vêtements ou des restes de papiers d’identité. Le Pakistan ne disposait pas de l’expertise technique nécessaire.

La géopolitique prend le relais

Robert Oakley, membre du Conseil de sécurité national durant la présidence Reagan, fut envoyé au Pakistan immédiatement après le crash afin de maintenir le dialogue avec les Pakistanais suite à la tragédie. Il y demeura en tant qu’ambassadeur, prenant la suite de Raphel. Dans une interview accordée en mai, il déclara que la première tâche qu’il eut à accomplir à Islamabad était de « s’impliquer dans l’enquête portant sur ce crash et les éventuels commanditaires ». Entretemps, Ghulam Ishaq Khan, ancien ministre des finances et président du Sénat, avait pris ses fonctions de président du pays.

Oakley déclara : « J’ai parlé au président du pays, au chef d’état-major ainsi qu’au chef des forces aériennes et, avec l’appui du Département d’État et du Département de la Défense à Washington, nous avons convenu d’un rapport conjoint plutôt que de deux rapports distincts, et que ce rapport serait rendu public une fois complété, et qu’il n’y aurait pas de rapports intermédiaires. Cela a agacé certaines personnes qui voulaient connaître la vérité, savoir ce qui se « tramait ». Mais le Département de la Défense et le Département d’État n’en démordaient pas, alléguant que c’était la seule chose à faire. Ils disaient « S’il y a la moindre fuite, cela mettra les Pakistanais dans tous leurs états. Nous pourrons tirer un trait sur leur loyauté envers nous et nous ne pourrons pas produire un rapport crédible ». Ironiquement, la fuite se produisit à Washington.

Le même Oakley rapporta qu’il avait dit aux Pakistanais que « le recours à un rapport conjoint nous permettait d’éviter des récriminations réciproques et des soupçons malvenus. Mais quelques semaines plus tard, les Américains voyaient se dessiner un dénouement portant sur l’aspect mécanique de l’événement. Du point de vue de l’équipe américaine envoyée pour mener l’enquête sur place, et avec tout l’appui dont nous bénéficiions de la part des services de renseignement, nous avions conclu qu’il n’y avait aucune preuve pour appuyer l’idée d’une intervention ou d’une implication extérieure. Aucun indice sur les débris ne laissait entendre qu’il y ait eu le moindre élément extérieur à l’origine du crash. Il n’y avait pas non plus la moindre trace d’explosifs ou d’explosion à l’intérieur de l’appareil. Nos techniciens et ceux qui se sont penchés sur ce dossier, y compris sur les archives portant sur tous les C-130, celles de l’Air Force et celles de Lockheed Martin, ont conclu qu’il s’agissait d’une défectuosité mécanique. Ils ont dit qu’il était très, très probable qu’une défectuosité mécanique se soit produite, même si nous ne pouvons pas le prouver car nous n’avons pas eu accès à suffisamment de composantes des débris. Tout ce qui est arrivé à l’avion correspond à ce qui s’est vu dans le cadre d’incidents antérieurs. Je pense qu’il y en a eu 19 sur les 20 où les C-130 ont dysfonctionné en raison d’un mauvais fonctionnement du palonnier, le système hydraulique. »

Les États-Unis s’attendaient à ce que le Pakistan rejette leurs conclusions. Selon Oakley, « Nous pensions bien que les Pakistanais seraient hostiles à notre analyse. Les Pakistanais disaient qu’ils ne détenaient aucune preuve spécifique démontrant une intervention extérieure ou une quelconque explosion à l’extérieur ou à l’extérieur de l’avion. Ils pensaient en revanche qu’il était très probable qu’un élément extérieur ait été impliqué d’une façon ou d’une autre dans le crash. En somme, nos opinions ont divergé publiquement. »

À Washington, la géopolitique avait pris le pas sur tout le reste. Pour Oakley, « Il était urgent de régler cette question pour garantir une bonne entente entre les USA et le Pakistan après la mort de Zia. Ils avaient leur mot à dire et nous avions le nôtre. Nous étions incapables d’apporter la preuve établissant qu’il n’y avait eu aucune conspiration, tout comme ils étaient incapables de prouver formellement qu’une telle conspiration avait eu lieu. »

Les Pakistanais laissèrent entendre que Washington ne voulait accuser personne à ce stade, pas même les Russes puisqu’il fallait s’assurer de leur bonne volonté de mener à bien le retrait définitif des troupes soviétiques d’Afghanistan sans contretemps de dernière minute.

À Islamabad, dans les jours et les semaines qui suivirent la mort du général Zia, Oakley, qui était soucieux de maintenir de bonnes relations avec le Pakistan durant la période charnière des derniers mois de présence soviétique dans la région, eut vent de toutes les rumeurs et suspicions. Les Israéliens ne figuraient pas parmi les suspects, selon lui. Mais se pourrait-il qu’Israël ait voulu empêcher le Pakistan de se doter de la bombe nucléaire, dont Zia avait affirmé vouloir se doter mais qu’il avait aussi promis de faire bénéficier à l’ensemble des nations musulmanes ? « La perspective de voir le Pakistan se doter de la bombe paraissait lointaine, voire hors de propos. Toutefois, les spéculations portant sur l’éventualité d’un tel événement allaient bon train. À ce stade, en 1988, il ne s’agissait pas d’une perspective proche. »

Yossef Bodansky, analyste stratégique ayant des liens étroits avec Israël et aux analyses parfois controversées, souscrivait à la théorie selon laquelle le KGB aurait probablement assassiné Zia. Dix ans après les faits, il écrivit que le Pakistan était bel et bien capable de concevoir des armes nucléaires en 1988. Et les pays du Sud de l’Asie avaient récemment vu, ainsi que tous les autres États, jusqu’où Israël était prêt à aller pour empêcher les nations islamiques de devenir des puissances nucléaires. En juin 1981, les Israéliens avaient bombardé les infrastructures d’Osirak afin d’empêcher Bagdad de se lancer dans la production d’armes nucléaires.

Les soupçons de l’ambassadeur Dean

Pendant presque deux décennies, John Gunther Dean a gardé le silence sur les raisons qui le poussèrent à suspecter les Israéliens pour ce crash au Pakistan. Il est également resté silencieux concernant le prix qu’il estime avoir payé pour avoir tenté d’attirer l’attention de Washington sur ses soupçons. Mais au cours des dernières années, Dean, désormais âgé de 80 ans, a fait part de ses vues auprès du public. Il a été longuement entendu dans le cadre d’une conférence d’histoire officielle de l’Association pour les études et la formation diplomatiques à Arlington, en Virginie. Une importante collection de ses documents diplomatiques a été confiée aux archives nationales et entreposée dans la bibliothèque Jimmy Carter d’Atlanta.

Il aspire également à rouvrir le débat concernant sa réputation au sein du Département d’État où il avait été déclaré inapte en 1988 après sa visite à Washington dans la foulée du crash. Dans le jargon diplomatique, cela signifie qu’il avait perdu son certificat d’aptitude médicale. Son habilitation de sécurité fut également levée et il finit par démissionner des services secrets à l’âge de 62 ans.

Le Département d’État exploita une lettre du médecin hygiéniste en chef du département pour l’Asie du Sud-Est, le docteur David Koch, qui disait que Dean avait semblé « en proie au stress » fin août 1988. Des examens neurologiques approfondis furent conduits sur Dean avec son accord alors qu’il se trouvait à Washington. Il passa également des tests de sa propre initiative et s’appuya sur l’avis de médecins pour contredire le diagnostic officiel.

Un ancien officier du Service extérieur qui avait travaillé sur cette affaire déclara que c’était l’état d’esprit de Dean et non pas ses suspicions à l’égard d’Israël qui était, officiellement au moins, le facteur déterminant dans la façon dont il fut ignoré par Washington.

Stephen J. Solarz, alors membre du Congrès, figure de premier plan concernant les affaires asiatiques à Capitol Hill, et ami d’Israël autant que de l’Inde, affirma qu’il s’était laissé dire que Dean traversait une dépression nerveuse.

Quoi qu’il en soit, il fut ordonné à Dean de retourner en Inde. Il fut renvoyé vers sa Suisse natale pour s’y « reposer » pendant plus de dix semaines avant d’être autorisé à prendre un avion pour New Delhi pour y rassembler ses affaires et faire ses adieux. Quelqu’un avait déjà été désigné pour lui succéder à l’ambassade de Delhi avant son funeste voyage vers Washington, et il était conscient qu’on s’activait en coulisse pour le remplacer plusieurs mois avant la mort de Zia.

Selon d’autres diplomates en fonction à cette époque, les enjeux politiques pesèrent également dans le sort qui fut réservé à Dean. Certains responsables au sein de l’administration Reagan considéraient que Dean était trop proche de l’Inde et de son premier ministre d’alors, Rajiv Gandhi. Ils lui reprochaient aussi d’être trop complaisant vis-à-vis de la politique indienne de soutien envers le gouvernement de Najibullah à Kaboul. (Le gouvernement indien en vint même à donner à Najibullah l’accès au centre de presse de Delhi pour y rencontrer la presse internationale.) L’Inde voulait, au même titre que Moscou, une coalition à Kaboul avec une faction pro-soviétique conservant un peu de pouvoir dans la capitale. Cela ne coïncidait pas avec le projet américain, même s’il y avait des partisans de cette coalition à Washington.
Cela n’explique toutefois pas la soudaineté avec laquelle Dean fut « chassé » du corps diplomatique américain, ni la promptitude avec laquelle son aptitude médicale fut réhabilitée avant qu’il se retire officiellement et définitivement des services diplomatiques en avril 1989. Comme il me l’a dit récemment, « Si j’ai tort, je ne peux pas en vouloir à quiconque de dire que j’ai tort. Mais qu’on ne dise pas que je suis mentalement détraqué. »

Il est possible que Dean soit principalement motivé par le souci de redorer sa réputation dont le point culminant fut, ironiquement, le couronnement d’une carrière impliquant l’ouverture de l’Afrique de l’Ouest post-coloniale aux États-Unis et l’élaboration d’un accord au Laos qui sauva le pays d’une guerre civile semblable à celles qui ravagèrent le Vietnam et le Cambodge. Par la suite, il fut ambassadeur au Cambodge (où il s’opposa à la décision d’Henry Kissinger de refuser de négocier avec les communistes, même les Khmers Rouges) ainsi qu’au Danemark, au Liban, en Thaïlande et enfin en Inde.

Mais en cherchant à rouvrir le dossier du sort funeste du général Zia, Dean veut aussi rappeler aux responsables politiques et au public les questions restées sans réponses concernant les disparitions du président pakistanais et d’un ambassadeur américain admiré par ses collègues du service diplomatique. Il se refuse à voir ces morts ignorées aussi facilement. Dean est déterminé à porter un éclairage neuf sur les événements autour du crash et à creuser la piste d’une éventuelle collusion américano-israélienne visant à saboter l’enquête qui s’ensuivit.

Dean ne dit pas qu’il pense qu’Israël était le seul responsable dans le crash du C-130 pakistanais. Il affirme plutôt que d’autres entités pourraient être impliquées dans cette conspiration : l’Inde (dont les relations avec Israël se sont considérablement améliorées depuis lors), les Afghans, peut-être certains Pakistanais, voire le KGB. Dean s’avoue circonspect devant le degré de sophistication requis par la mise en œuvre de cette machination qui, selon lui, tend à pointer vers une responsabilité israélienne. S’il s’agit d’un assassinat, c’est du travail d’orfèvre.

La seule enquête journalistique américaine faisant le tour de cette mystérieuse affaire a été écrite par Edward Jay Epstein et publiée dans Vanity Fair en septembre 1989. (Epstein, qui écrit désormais principalement des articles sur le milieu hollywoodien, n’a pas répondu à mes courriels lui demandant s’il continuait de se tenir informé sur cette affaire.) Si son enquête ne mentionne pas Israël, l’auteur la conclut en soulignant qu’il reste beaucoup d’éléments à éclaircir.

Depuis, Dean s’est retiré pour vivre à Paris et à Verbier, en Suisse, avec son épouse française, Martine. Je l’ai rencontré pour la première fois à l’époque où il était ambassadeur à Bangkok, puis à New Delhi dans le cadre de mes activités de correspondant pour le New York Times qui coïncidaient alors avec ses missions diplomatiques. J’ai par ailleurs eu vent de son travail auprès d’autres ambassades d’Asie. Cependant, nous n’avons pas correspondu depuis plus de dix ans.

Au cours d’une conversation qui s’est étalée sur deux jours dans son appartement du XVIème arrondissement parisien, Dean a évoqué les griefs qu’il a accumulés pendant des années vis-à-vis des diplomates israéliens, des membres pro-israéliens du Congrès et du lobby de l’AIPAC (American Israel Public Affairs Committee). Ceux-ci semblaient considérer qu’en tant que Juif né en Allemagne ayant fui le régime nazi en 1939, il devrait soutenir systématiquement le gouvernement israélien et sa politique. Le fait qu’un aussi petit pays qu’Israël semble avoir autant d’influence à Washington, aussi bien auprès des Démocrates que des Républicains, le préoccupait. « J’étais le petit rebelle parmi les nabots de l’AIPAC. »

Dean accusa publiquement les Israéliens d’avoir tenté de l’assassiner au Liban en 1980 alors qu’il était l’ambassadeur local des États-Unis et que ses positions pro-palestiniennes lui avaient valu des critiques à la Knesset. Il fut consterné d’apprendre grâce à l’aide du gouvernement américain que les munitions qui furent utilisées contre son convoi, constitué de trois voitures descendant des collines à proximité de Beyrouth, étaient américaines et provenaient d’un stock vendu à Israël.

La période durant laquelle il fut ambassadeur en Inde semble avoir été marquée par une tension permanente. Dean a déclaré qu’une fois arrivé à New Delhi en 1986, il subit des pressions constantes de la part de délégations du Congrès ou du Département d’État pour faire valoir les requêtes d’Israël auprès des Indiens. L’une de ces requêtes consistait, par exemple, à obtenir que le consulat d’Israël à Bombay, alors modeste et isolé, bénéficie d’une meilleure exposition à une époque où l’Inde soutenait pleinement Yasser Arafat et dédaignait outrageusement les diplomates israéliens.

Selon Dean, il eut aussi à subir des pressions pour faire valoir le point de vue israélien sur la dangerosité croissante du général Zia pour l’Asie du Sud-Est. Les Israéliens semblaient tenir à diaboliser Zia. Cela signifie-t-il pour autant qu’ils étaient prêts à l’éliminer ? Dean a dit: « Si vous me demandez, est-ce que je détiens une preuve irréfutable ? Non. Tout ce que je sais, c’est que des membres du Congrès sont venus me dire « John, compte tenu de vos origines, vous vous devez de vous impliquer en soutenant la cause israélienne dans la région. » J’ai répondu « Qu’est-ce que vous racontez ? Je suis l’ambassadeur des États-Unis [en Inde]. Quelles que soient mes convictions religieuses, ça ne regarde que moi et mon Créateur. Je trouve cela indigne. Allez parler à Arnie Raphel », qui était juif soit dit en passant, il s’entendait très bien avec le général Zia. Pourquoi ces membres du Congrès sont-ils venus vers moi pour me dire « John, vous devez nous aider à juguler les ambitions nucléaires pakistanaises » ? Pourquoi sont-ils venus me demander d’exhorter les Indiens à se montrer plus complaisants envers Israël ? »

Ces propos de Dean laissent à penser que son analyse du mystère Zia n’est pas exempte d’affects personnels. Mais cela n’enlève rien au fait que bien des observateurs de l’époque ont toujours considéré la théorie du dysfonctionnement de l’appareil comme peu crédible. De plus, en Asie du Sud-Est où les enquêtes tournent souvent court, seuls les Américains disposaient des moyens pour mener à bien une investigation de cette nature.

Le général Durrani, qui considère que la thèse israélienne est « tirée par les cheveux » et qu’elle est apparue en Asie du Sud-Est « où il est commun de mettre tous les malheurs sur le dos des Juifs », reconnaît tout de même que le refus de Washington de conduire une enquête de grande envergure sur le crash de 1988 tant qu’on pouvait encore y exploiter des preuves matérielles était ahurissant. « J’ignore pourquoi les USA n’ont pas pris la peine de mener une véritable enquête. Une investigation américaine aurait bien pu mettre au jour les preuves irréfutables d’une anomalie mécanique. Cela aurait permis de balayer certaines, si ce n’est toutes les théories conspirationnistes qui ne cessent de fleurir. L’une des plus persistantes et nocives pour les États-Unis est celle selon laquelle la CIA aurait éliminé le général Zia sans hésiter à tuer un ambassadeur américain dans la manœuvre. »

Le général Durrani a ajouté : « Cet avion n’est pas infaillible. J’ai voyagé à bord de cet appareil aux côtés du président et nous avons connu des problèmes mécaniques et électriques à répétition. À trois ou quatre reprises, nous avons dû abandonner l’appareil pour une raison ou une autre. C’est là mon grand regret, qu’aucune véritable enquête scientifique n’ait été mise en œuvre. »

L’histoire inachevée

L’histoire inachevée de la mort soudaine du général Zia a une certaine résonance avec notre époque, où les États-Unis doivent compter sur le soutien d’un autre général pakistanais imprévisible, Pervez Musharraf, alors qu’une nouvelle ère marquée par l’engagement en Afghanistan et la traque d’Oussama Ben Laden s’ouvre.

Dans les années 80, le général Zia ne se contenta pas de constituer un arsenal ou d’essayer d’acheter une quantité considérable d’avions et d’armement aux Américains. Il était soupçonné d’œuvrer à la conception d’une arme nucléaire pouvant rivaliser avec celle de l’Inde. Zulfikar Ali Bhutto l’appela « la bombe islamique » et Zia déclara qu’il serait heureux de la partager avec les autres nations musulmanes. Cela inquiéta l’Inde, mais aussi la Russie et Israël, entre autres. Depuis, le Pakistan n’a eu de cesse d’alimenter les craintes avec son programme d’armement nucléaire dont il ne fait pas mystère. Pire, le pays s’est révélé être un exportateur d’armes dangereuses et illégales.

Si se débarrasser du général Zia, en admettant que ce soit bien ce qui s’est produit, était censé résoudre certains des problèmes posés par la gestion du problème afghan, l’examen du dossier permet de constater que cet espoir n’était qu’une illusion dans le meilleur des cas. Mais quand bien même le général Zia serait véritablement mort dans un accident, la nonchalance manifestée par les Américains dans la conduite de l’enquête sur les raisons de ce décès a consolidé la défiance des Pakistanais et des Indiens à l’égard des États-Unis.

Étant donné l’implication persistante des USA auprès du Pakistan, le moment n’est-il pas venu de reconsidérer cette affaire mystérieuse avec plus de rigueur et de sérieux ? Tant que cette tragédie n’aura pas fait l’objet d’un examen minutieux, à défaut d’être concluant, cette histoire ne cessera de laisser perplexe tant elle est minée par des contradictions internes.

Barbara Crossette a été chef du bureau du New York Times en Asie du Sud de 1988 à 1991

Liens

Ce texte a été utilisé en lien par Ron Unz dans son article sur les assassinats du Mossad.

Traduit pas François, relu par Marcel pour le Saker Francophone

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