L’augmentation vertigineuse de la dette par rapport à la diminution de la population des jeunes pour rembourser ou assurer le service de cette dette
Par Chris Hamilton – Le 26 juillet 2019 – Source Econimica
Résumé
- La dette mondiale s’élève actuellement à 246 500 milliards de dollars, principalement dans les pays les plus riches et les plus consommateurs du monde.
- La population jeune dans les pays consommateurs a chuté de 12 %, soit plus de 100 millions de personnes depuis le sommet atteint en 1975. (Ligne bleue)
- La dette par habitant, comparée à celle des pays consommateurs, devient parabolique pour les jeunes.
Depuis près d’un demi-siècle, la population des jeunes des pays riches est en baisse par rapport à celle des jeunes des pays pauvres… compensée par une baisse séculaire des taux d’intérêt et l’ajout de plus de 240 000 milliards de dollars de dette mondiale pour maintenir des taux de croissance économique anormalement élevés. La population des jeunes des pays consommateurs relativement riches est en déclin depuis près de quatre décennies et demie, avec une baisse de plus de 100 millions d’entre eux, soit 12 % de baisse au cours de cette période. La population des jeunes dans les nations relativement pauvres a augmenté de près de 190% ou encore 570 millions d’habitants.
En moyenne, chaque jeune des pays riches représente 26 500 $ de consommation par habitant, alors que chaque jeune des pays pauvres représente 1 500 $. Autrement dit, il faut 15 habitants des nations pauvres de plus pour remplacer la perte de chaque habitant des nations les plus riches pour simplement maintenir une consommation à l’étale, d’où l’élan de réductions des taux d’intérêt et d’augmentations massives de la dette dans les pays riches. Évidemment, la consommation n’est pas restée stable, mais elle a énormément augmenté, principalement grâce aux baisses de taux d’intérêt, à l’endettement bon marché et, dans une très faible mesure, à la croissance de la consommation dans les pays les plus pauvres qui ont vu leur population augmenter.
Comme je l’ai commencé dans mon dernier article, le monde est caractérisé par de fortes inégalités entre les nations mondiales des « nantis » et des « démunis ». La Banque mondiale a l’amabilité de classer les nations du monde en quatre catégories selon le revenu national brut par habitant de l’Atlas (géographiquement détaillé ICI et énuméré ICI). Les pays à revenu élevé vont de 84 000 à 12 000 dollars par habitant, les pays à revenu intermédiaire supérieur de 12 000 à 4 000 dollars par habitant, les pays à revenu intermédiaire inférieur de 4 000 à 1 000 dollars et les pays à faible revenu de moins de 1 000 dollars par habitant. Pour simplifier ce qui se passe, j’ai regroupé la population des pays à revenu élevé et à revenu moyen supérieur âgée de 0 à 15 ans (ligne bleue ci-dessus), car ces pays représentent 90 % du revenu mondial, de l’épargne et de l’accès au crédit. Ils consomment 90 % de l’énergie mondiale et achètent 90 % des exportations mondiales. Ils sont le moteur de l’activité économique mondiale. De même, je rassemble les populations démunies âgées de 0 à 15 an ensemble (ligne orange, ci-dessus). Pour avoir une vue d’ensemble, j’inclus la dette globale (ligne rouge) et le taux des fonds fédéraux (ligne noire en pointillés).
Si l’on examine le même graphique, mais jusqu’en 2050, les projections démographiques de l’ONU et l’endettement devraient continuer de croître au même rythme qu’en 1950 (ces chiffres tiennent compte de l’impact de l’immigration et de l’émigration). Le déclin continu des jeunes consommateurs riches, la croissance des jeunes non-consommateurs pauvres et la dette qui passe de 250 000 milliards dollars actuellement à 2 600 000 milliards de dollars (sic … NdT). La NIRP (politique de taux d’intérêt négatif) sera nécessaire pour permettre ce type d’endettement irresponsable.
Et si l’on examine la dette par habitant des jeunes des pays consommateurs, le graphique ci-dessous montre l’augmentation impressionnante de la dette par rapport à un long déclin chez les jeunes des pays consommateurs. En 2019, la dette par habitant dépassait 334 000 $ par jeune. Mais ce n’est rien comparé à ce qui s’en vient…
Le tableau ci-dessous présente les projections démographiques de l’ONU et l’estimation de la dette mondiale jusqu’en 2050. Et roulement de tambour, d’ici 2050, chaque consommateur âgé de moins de 15 ans sera responsable de plus de 4 millions de dollars de dette. C’est la magie de l’augmentation de la dette et du déclin de la population… et c’est tout à fait irréalisable. Il n’y a aucun moyen possible de rembourser ou même d’assurer le service de ce genre d’endettement de quelque façon que ce soit sur le marché libre.
Et pour compléter le tout, le graphique ci-dessous montre l’évolution annuelle de la population des pays les plus riches par rapport à celle des pays les plus pauvres chez les moins de 15 ans. L’augmentation de la dette est également incluse, pour avoir une certaine perspective sur le rôle de la dette dans le maintien de la croissance de la consommation.
Ok, pour compléter le tableau, voici le revers de la médaille… Voici les populations de 65 ans et plus des mêmes groupes de nations.
Et l’évolution annuelle de la population… notez la forte accélération de la croissance annuelle des personnes âgées des pays consommateurs depuis 2007 et les augmentations massives qui restent à venir. Il ne s’agit même pas de mentionner les pensions non capitalisées et les engagements dus à ces personnes âgées.
Et en mettant en perspective l’évolution de la croissance démographique, les mêmes regroupements ci-dessous, mais ne montrant que les changements annuels des gens de moins de 65 ans parmi les pays riches et les pays pauvres, à côté du taux des fonds fédéraux (ligne jaune). Notons le ralentissement de la croissance démographique des moins de 65 ans dans les pays les plus riches de 2007 à aujourd’hui et, d’ici 2023, et le dépeuplement complet et séculaire dans les pays riches des consommateurs de moins de 65 ans pendant le reste du siècle.
Encore une fois, la croissance de la consommation potentielle chez les populations beaucoup plus pauvres ne compense en rien la diminution du potentiel de consommation chez les populations plus riches… sans ZIRP (ou plus probablement NIRP) et sans dette aux proportions gigantesques.
Chris Hamilton
Traduit par Hervé pour le Saker Francophone
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