Le différend Chine-US : pourquoi ? Et jusqu’où ?


Par Stratediplo − Le 19 août 2019 – Source Les alertes de stratediplo

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Crédit Voxeurop.ue

Le monde s’interroge sur le sérieux et les conséquences possibles du différend sino-étatsunien.

Il faut rappeler que le terme de « guerre commerciale », utilisé par la presse en mal de titres à sensation, est utilisé à contre-sens dans ce cas. Ce terme a été inventé pour désigner une compétition entre deux pays fournisseurs convoitant le même pays marché, par exemple la France et les États-Unis rivalisant entre eux pour vendre des avions ou des armements à l’Inde ou à l’Arabie, à grand renfort de conditions préférentielles, de facilités de paiement, de promesses de transferts de technologies, voire de commissions occultes.

Mais on ne parle pas — normalement — de guerre commerciale entre un pays client et un pays fournisseur. Les négociations peuvent néanmoins s’appuyer sur les rapports de force, et notamment sur l’existence d’une alternative, à savoir d’une autre offre ou d’une autre demande vers laquelle le client ou le fournisseur pourrait se tourner pour obtenir une surenchère en sa faveur. Il est vrai que du côté fournisseur la Chine n’a pas besoin des États-Unis, d’une part parce qu’il y a suffisamment de marchés émergents solvables pour suppléer la demande du marché immergent insolvable, et d’autre part parce que le marché intérieur chinois suffit, depuis déjà plus d’une décennie, à entretenir une croissance économique  — certes à un seul chiffre  — dans la première économie mondiale. Pour la Chine l’exportation n’est plus qu’un appoint, ce qui lui permet d’ailleurs de choisir la monnaie de paiement ce dont elle ne se privera pas lorsqu’elle pourra accepter l’effondrement du dollar, c’est-à-dire lorsqu’il en restera peu dans ses réserves. Par contre du côté client les États-Unis ont besoin de la Chine, n’ayant plus d’industrie  — ni d’autre pays fournisseur — capable de produire, aux mêmes coûts, ce que la Chine fabrique à grande échelle pour le monde entier.

Les économistes professent que le protectionnisme, au moyen de barrières douanières, permet à l’industrie d’un pays de prospérer. C’est vrai lorsqu’il s’agit d’une politique continue à long terme, mais c’est faux lorsqu’il ne s’agit que d’un point de programme de la durée du ministre intérimaire d’une démocratie à alternance accélérée. Même dans les secteurs où un ancien pays industriel a conservé le savoir-faire technologique, les ressources humaines compétentes et la chaîne de sous-traitants et fournisseurs, infrastructure concrète qui n’est pas un simple concept économique, il faut l’assurance d’une bonne stabilité juridique et fiscale à long terme pour qu’une entreprise décide d’investir dans une ligne de production dont le point mort puis la rentabilité se situent à cinq ans voire plus, en tout cas au-delà de la prochaine alternance politique. Une politique protectionniste préventive protège, un expédient anti-importations temporaire à visée électoraliste après destruction de l’industrie nationale dite « délocalisation » libre-échangiste ne ressuscite pas une industrie défunte. L’économie est un corpus de doctrines et d’écoles à prétention scientifique, le tissu économique est une réalité sociale construite par des personnes entreprenantes prêtes à prendre un risque patrimonial et personnel.

Interdire l’importation de produits asiatiques pour une période incompressible de trente ans pourrait apporter la confiance nécessaire à l’initiative entrepreneuriale intérieure. Mais imposer une taxe additionnelle d’à peine 10%, dans un pays à TVA modeste, sur la consommation de tout produit laissé entrer de Chine, n’a aucune chance d’inciter une entreprise étasunienne à rapatrier sa production, et ne réduira d’ailleurs que marginalement les achats de consommateurs plus entraînés à accroître leur endettement qu’à diminuer leur consommation.

Il est difficile de déterminer les raisons exactes pour lesquelles on a fait endosser au président Trump, le 1er août, cette taxation à 10% du reste des importations d’origine chinoise à partir du 1er septembre, puis douze jours plus tard la décision d’en différer l’application à décembre. C’était évidemment une mesure d’hostilité spécifique envers la Chine, puisque d’éventuelles importations identiques mais d’origine indonésienne, russe ou mexicaine ne sont pas frappées de la même taxe, d’ailleurs les touitements qui tiennent désormais lieu de conférences de presse présidentielles étasuniennes visaient expressément la Chine. Évidemment la Chine pourrait s’en plaindre auprès de l’Organisation Mondiale du Commerce, au sein de laquelle elle a été admise (imposée) par les États-Unis en 2002, malgré l’opposition de certains pays européens pour raisons morales (compétitivité basée sur l’esclavage), et au moment même où les États-Unis refusaient l’admission d’un grand pays européen remplissant par contre les conditions. En comparaison de cette mesure douanière d’hostilité manifeste et dirigée, lorsque la Chine a vu ou laissé début août se déprécier sa monnaie d’un tout petit 1,5%, dévaluation qui ne joue pas qu’envers les États-Unis et peut se prévaloir de la liberté des changes qu’ils professent, ceux-ci l’ont vertement accusée de manipulation de sa monnaie.

En tout cas, cinq jours après l’annonce des nouvelles taxes sur les importations d’origine chinoise, la Chine a cessé d’importer tout produit agricole étasunien, dont elle avait laissé espérer fin juin une augmentation des importations.

Sur un plan strictement alimentaire et en faisant abstraction des questions économiques, la situation est aussi tendue aux États-Unis qu’en Chine. Depuis le début de l’année la Chine a perdu ou abattu plus d’un million de porcs et on estime que la moitié de ses femelles reproductives sont déjà mortes ou le seront avant la fin de l’année, ce qui diminue drastiquement les besoins de soja et maïs destinés à leur alimentation. Il y a quelques mois la Chine avait accru ses importations de viande porcine étasunienne pour compenser la chute de 30% de sa production, mais la jeune classe moyenne chinoise est de plus en plus exigeante en qualité et il n’est pas certain qu’on puisse longtemps lui faire avaler les poulets chlorés étasuniens que l’Union Européenne entend imposer à ses propres populations. En quelques mois les élevages chinois de canards ont doublé ou triplé leur production dans des conditions d’urgence et de surpopulation qui les rendent vulnérables à la moindre épidémie. Entre juillet 2018 et juillet 2019 l’ensemble des prix alimentaires a enflé de près de 10%, tirés notamment par les prix du porc. Faute d’indices on évitera de faire le moindre rapprochement entre l’origine inconnue de la fièvre porcine actuelle (affublée du surnom Ebola qui évoque la recherche biologique en dépopulation) et l’origine étasunienne de la grippe porcine Smithfield qui semblait menacer l’humanité en 2009, mais on évitera aussi de supposer que le gouvernement chinois ne fait aucun rapprochement.

Cependant depuis le début de l’année aussi les nuages s’accumulent   — et se déversent  — sur les terres fertiles étasuniennes, dont l’agriculture devrait produire cette année, selon les cultures, de l’ordre d’un quart à trois-quarts de moins qu’en période de normalité climatique. Les prix de beaucoup de denrées alimentaires ont déjà bondi de 20 à 40%, les supermarchés affichent des pénuries  — notamment en légumes  — dans tout le pays et l’on connaîtra à la fin de l’été le déficit en céréales. Il n’est donc pas exclu que les États-Unis doivent cette année réorienter vers leur consommation interne une part de la production habituellement exportée. Pourtant en ce mois d’août la presse étasunienne fleurit de déclarations tonitruantes du puissant secteur agricole se plaignant de ce qu’il considère comme une « déclaration de guerre » de la part de la Chine, et annonçant un grand sinistre du secteur agricole en raison non pas de la météo qui a détruit  — ou empêché de semer  — de 25% à 75% des cultures, mais de l’impossibilité d’exporter en Chine ce qui causerait un « coup mortel » à de nombreux agriculteurs. Or le gouvernement fédéral a décidé début août une aide exceptionnelle de 16 milliards de dollars pour les agriculteurs. Pour donner un ordre de grandeur, les exportations agricoles étasuniennes s’étaient élevées à 19,5 milliards de dollars en 2017 et 9,1 milliards en 2018, ce qui signifie que le gouvernement a indubitablement la capacité d’indemniser l’agriculture du boycott chinois, voire qu’il vient de le faire, même s’il laisse la presse surenchérir d’imprécations contre la Chine.

Pour revenir aux nouvelles taxes annoncées le 1er août, à savoir 10% sur 300 milliards de dollars d’importations chinoises, à moins d’entraîner une improbable baisse des importations elles rapporteront à l’État fédéral 30 milliards, soit à peine deux semaines d’impression monétaire. Cela ne devrait pas fondamentalement altérer l’image d’allégateur fiscal du président Trump, et encore moins le déficit budgétaire structurel du gouvernement. L’imposition, par exemple, de 50% de taxes sur les produits de luxe aurait pu contribuer à réduire le déficit commercial, l’imposition de 100% ou 200% de taxes  — voire l’interdiction formelle d’importation  — sur les quelques produits auxquels une concurrence interne existe ou dont des substituts pourraient être produits localement aurait pu contribuer à relever l’industrie, mais l’imposition d’un symbolique 10% de taxes sur la totalité des produits chinois  — et seulement chinois  — ne peut produire aucun effet économique notable et a donc certainement en réalité un but de politique internationale, qui reste à déterminer. En tout cas la Chine a dénoncé l’imposition surprise de ces nouvelles taxes, annoncées le 1er août, comme une sérieuse violation de l’accord conclu entre les présidents chinois et étasunien le 29 juin.

Car pour sa part la Chine est convaincue que les États-Unis cherchent une confrontation majeure. Début août aussi elle a été victime d’une fausse rumeur, propagée tant en Chine que dans les salles de marché des bourses du reste du monde, sur une imminente baisse du taux d’intérêt directeur chinois, et donc de la rentabilité financière des obligations et actions chinoises. Cela n’est pas sans rappeler l’attaque lancée, de la même manière, contre la France le 10 août 2011, au moment où les États-Unis avaient montré au monde leur hésitation à faire officiellement défaut sur leur dette  — crise du « debt ceiling »  — , se préparaient à attaquer la Suisse  — ultimatum du 31 août — et allaient mettre fin à la cotation libre de l’or, donc devaient abattre l’euro pour relever le dollar. Bien que démentie immédiatement par l’acteur qu’elle prétendait mettre en scène   — l’agence de notation de crédits Fitch — , la rumeur de dégradation savamment instillée simultanément dans plusieurs salles de bourse et dans la presse par de prétendus initiés « sous couvert d’anonymat » allait en quelques heures coûter aux entreprises françaises 5% de leur valeur boursière  — soit un an de bénéfices après impôts  — et aux Français et à leurs voisins, personnes physiques ou morales, 2% de tous leurs avoirs exprimés en euros  — comptes bancaires, maisons, entreprises  — , et une semaine de revenus. En résultat, la presse économique du monde entier cessa soudain de s’intéresser à la crise du surendettement étasunien pour s’interroger sur les soubresauts inexplicables de l’euro. Comme on l’écrivait à l’époque, 2% de tous les avoirs d’un pays c’est plus que ce que les aviations européennes arrivaient à détruire en Libye en une journée de bombardements.

Contrairement aux autorités françaises de 2011, le gouvernement chinois  — la banque centrale  — a saisi la justice et fait diligenter une enquête de police pour déterminer l’origine de la fausse rumeur, qui a entraîné une chute de 1,5% du yuan renmimbi donc causé un grave préjudice à la Chine qui vise au contraire la stabilité et la solidité de sa monnaie pour lui procurer un statut international, tant dans les échanges commerciaux que comme monnaie de réserve. Pendant ce temps, l’accusation étasunienne de manipulation de monnaie et de dévaluation dite compétitive  — dont la Chine n’a pas besoin car aucun pays ne peut se passer de ses produits  — porte ses fruits, puisque les économistes d’université et de ministère des grandes puissances économiques, en Europe notamment, se préparent à dévaluer artificiellement leurs monnaies face à l’unité de mesure internationale… à savoir le dollar, dont le pouvoir d’achat profitera.

Bien plus grave que ces hostilités économiques, les États-Unis ne cachent pas leur participation à la déstabilisation de Hong Kong. Ils ont d’abord, comme ailleurs, engagé leurs officines publiques, crypto-gouvernementales et privées dans les opérations de subversion, avec un budget que l’on ignore mais qui peut être du même ordre de grandeur que l’enveloppe qu’ils ont reconnu avoir dédiée à la préparation du coup d’État de février 2014 en Ukraine, à savoir cinq milliards de dollars  — en pluriannuel  — jusqu’à la fin 2013. Pour mémoire, après les deux premières manifestations des 31 mars et 28 avril, les protestations diverses sont devenues quotidiennes à Hong Kong à partir du 6 juin, et ont tourné à l’émeute violente après le retrait le 8 juillet du projet de loi contesté  — coopération judiciaire avec le reste du pays — , qui n’avait donc servi que de prétexte déclencheur. On entend par émeute les violences envers les passants, les destructions de biens privés ou publics, les incendies de voitures, les levées de barricades, les attaques de commissariats de police et les confrontations entre factions civiles, à savoir ce qui est universellement considéré comme atteinte sérieuse à l’ordre public — sauf en France les nuits du 31 décembre et des rencontres de football. Dès le 9 juin le gouvernement des États-Unis a proclamé son soutien aux manifestants, par la voix de la porte-parole du ministère des affaires étrangères Morgan Ortagus, puis un mois plus tard le parlement a fait de même par la voix de sa présidente Nancy Pelosi dont l’ingérence est allée jusqu’à exiger que le gouvernement hongkongais retire son projet de loi. Pour sa part, le 29 juin le président Donald Trump avait proposé au président Xi Jinping de retirer le soutien étasunien aux émeutiers, puis le 2 juillet il a justifié la prise d’assaut du parlement hongkongais la veille.

Par ailleurs les États-Unis alertent le monde sur un déploiement de forces chinoises à Shenzhen, de l’autre côté de ce qu’ils appellent une « frontière » à savoir la limite administrative du territoire chinois de Hong Kong, ingérence qui contraste singulièrement avec leur franc soutien, au printemps 2014, à l’envoi de l’armée ex-ukrainienne équipée de lance-roquettes multiples et de missiles balistiques SS-21 contre la population civile du sud-est qui occupait pacifiquement des bâtiments publics en protestation contre le coup d’État du 22 février…

Enfin les États-Unis apportent un support direct, par le biais de leur représentation diplomatique, aux insurgés hongkongais. Rappelant le peu de discrétion des diplomates étasuniens en poste à Caracas, mardi 6 août Julie Eadeh, chef de la section politique du consulat étasunien à Hong  —  en subversion et habituée des affectations en zones de conflit  — , a rencontré à l’hôtel Marriott des chefs séparatistes (Joshua Wong et Nathan Law), comme en témoigne une photographie publiée par des médias locaux, puis les aveux de l’un desdits activistes. Les autorités chinoises ont demandé à l’ambassade des explications sur les affirmations de la presse locale au sujet de cette réunion, mais au lieu de répondre ou de rappeler l’intéressée les États-Unis ont contre-attaqué en traitant la Chine de « régime bandit »  — thuggish regime  — pour avoir laissé publier cette photographie. L’affaire a fait la une de la presse chinoise dans le monde entier, et oblige le gouvernement chinois à riposter à ce qui, selon la résolution 3314 de l’Assemblée Générale de l’ONU, constitue un acte d’agression   — entrée en guerre  — caractérisé. Occultée par les médias occidentaux, cette agression n’est pas moins grave que si l’ambassade de Chine aux États-Unis avait été prise en flagrant délit d’aide aux séparatistes texans ou lakotas, ce qui aurait certainement débouché sur l’expulsion immédiate de tous les diplomates chinois des États-Unis, de leurs alliés et même de l’ONU  — en violation de l’accord de siège comme l’année dernière. Pour l’instant la Chine s’est contentée d’annuler l’escale à Hong Kong de deux navires militaires étasuniens.

D’après certains médias occidentaux la Chine menacerait maintenant de se défaire brutalement de toutes ses obligations étasuniennes. Car la relation la plus critique entre les États-Unis et la Chine n’est pas la relation client-fournisseur mais la relation débiteur-créancier. La Chine était jusqu’en mai  — elle vient d’être dépassée par le Japon  — le premier créancier des États-Unis, et elle a compris que cette dette est irrécouvrable puisque les États-Unis n’ont aucune intention de tenter de retrouver la solvabilité  — ce qu’ils ont montré en 2008  — , comme leur parlement l’a encore confirmé le mois dernier en suspendant une fois de plus, pour deux ans, le plafond d’endettement du gouvernement fédéral, c’est-à-dire en réaffirmant leur ambition d’endettement illimité. Évidemment la Chine n’a aucun intérêt à provoquer un effondrement subit du cours d’un dollar dont elle détient une quantité énorme. Elle n’agira vraisemblablement que lorsque cet effondrement inévitable lui paraîtra imminent, et pas uniquement de cette manière.

Sur le plan militaire on se rappelle que lorsque les États-Unis avaient fait connaître l’existence de leurs plans de bombardements nucléaires contre la Chine, début 2014, celle-ci avait annoncé sa capacité de vitrifier la totalité de leur territoire, concrètement en deux vagues par l’ouest et par le nord, espérant susciter ainsi aux États-Unis un mouvement de protestation populaire contre les plans du gouvernement. On se rappelle aussi de la tentation étasunienne, vingt ans plus tôt, de déclencher un conflit au motif des Paracels et des Spratleys tant que les États-Unis disposaient de la supériorité navale : ils connaissaient alors les plans de développement de la marine chinoise, tout en ignorant la percée technologique des missiles hypersoniques qui rendrait leur propre marine vincible même sans engagement de la marine adverse. Aujourd’hui les raisons de leur recherche manifeste d’un conflit sont obscures, mais s’il s’agit toujours d’affirmer leur suprématie il est trop tard.

S’ils obligent la Chine à choisir entre perdre Hong Kong  — puis évidemment Macau  — et perdre sa créance irrécouvrable de valeur faciale un billion de dollars (un trillion en échelle courte étasunienne, la Chine gardera Hong Kong et jettera les bons du trésor étasunien sur les marchés pour leur valeur réelle, révélant leur insolvabilité. Mais comme on le montrera prochainement elle peut frapper encore plus fort pour moins cher, toujours sur le plan économique et là où ça leur fera mal  — la bourse  — , sans autre but que défensif.

C’est alors que les États-Unis en viendront à l’assertion ultime qu’ils ont annoncée et qu’ils préparent contre la Russie, pour les raisons et de la manière qu’on vient d’exposer dans le Onzième Coup de Minuit de l’Avant-Guerre.

Stratediplo

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